En avril dernier, les équipes de la Vallée des Singes ont eu l’immense joie d’annoncer la naissance exceptionnelle de jumeaux atèles à ventre blanc, une espèce en grave danger de disparition.
Une naissance gémellaire extrêmement rare
Près de Poitiers, la Vallée des Singes enregistre chaque année plus d’une trentaine de naissances différentes. Mais en avril dernier, l’une d’elles a particulièrement retenue l’attention : la venue au monde de jumeaux au sein du groupe d’atèles à ventre blanc ! Les équipes du parc s’étaient préparées à accueillir une nouvelle naissance mais n’attendaient qu’un seul petit. La femelle, nommée Mika, est âgée de 29 ans et a déjà eu plusieurs petits parmi lesquels figurent d’autres jumeaux, nés il y a 20 ans. Après une gestation d’environ 7 mois et demi, la naissance a eu lieu le 5 avril dernier en début d’après-midi, sous les yeux de quelques visiteurs chanceux et des soigneurs animaliers du parc. La femelle a rapidement pris en charge son premier petit, lui prodiguant les premiers soins, et a mis au monde le second à peine quelques minutes plus tard. L’équipe animalière du parc a suivi de très près la gestation de Mika mais la surprise fut grande de découvrir qu’il n’y avait pas un mais deux petits. Les bébés sont aujourd’hui solidement accrochés à leur mère, ils se portent très bien mais n’ont pas encore eu droit à leur premier examen médical. Il est en revanche facile, chez les atèles à ventre blanc, de connaître le sexe des petits puisque chez la femelle, le clitoris est long et très visible. En l’absence de cet appendice chez les deux nouveau-nés, l’équipe animalière de la Vallée des Singes les a identifié comme étant deux petits mâles.
Deux bébés importants pour la conservation de l’espèce
L’atèle à ventre blanc est l’une des 25 espèces de primates les plus menacées dans le monde, se classant dans la catégorie « En danger critique d’extinction » (CR) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Ce primate, aussi appelé singe-araignée, est reconnaissable à sa queue préhensible qui lui sert non seulement à assurer ses déplacements dans les branches, mais aussi à se suspendre. Originaire de Colombie et du Venezuela, où il se nourrit de fruits, de feuilles et de fleurs, il est notamment victime de la destruction de son habitat à cause de la déforestation grandissante mais aussi de la chasse. La population sauvage d’atèles à ventre blanc a chuté de 80% en moins de 50 ans et serait encore en forte diminution. Cette espèce fait l’objet d’un Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) mené par le Bioparc de Doué-la-Fontaine et qui ne compte que 70 individus à travers l’Europe. Avec 13 individus aujourd’hui, la Vallée des Singes abrite par ailleurs le plus grand groupe de cette espèce sur le vieux continent. Le parc y enregistre régulièrement des naissances, il contribue fortement à la préservation de l’atèle à ventre blanc et travaille à constituer une population de secours de cette espèce vouée à disparaître si des mesures ne sont pas prises pour sa sauvegarde. Le Conservatoire pour la Protection des Primates, l’association créée par la Vallée des Singes, soutient financièrement depuis plusieurs années un projet au Venezuela, le « Projet Caparo », qui tente de sauver une des dernières populations sauvages de cette espèce au bord de l’extinction.
Une naissance aussi chez les atèles à face rouge
Un autre heureux événement a eu lieu un peu plus tôt dans l’année, dans le courant du mois de janvier. Il s’agit de la naissance d’un bébé atèle à face rouge, un autre primate sud-américain menacé d’extinction. La femelle, dont c’est le premier petit, est aussi le premier atèle à face rouge née dans un parc zoologique en France métropolitaine, c’était en 2011. La Vallée des Singes présente cette espèce au public depuis 2006, à la suite de l’arrivée d’un petit groupe en provenance de Guyane. Aujourd’hui, le groupe est composé de 8 individus et le parc se trouve être le seul zoo en France métropolitaine à présenter ce primate (le Zoo de Guyane, le Zoo de Guadeloupe et le Zoo de Martinique en présentent également). L’espèce est actuellement classée comme « Vulnérable » (VU) sur la liste rouge de l’UICN et subit sensiblement les mêmes menaces que l’atèle à ventre blanc.