L’année 2025 du Lumigny Safari Reserve a été marquée par l’arrivée de nouvelles espèces et la création de nouveaux espaces. Deux espèces d’ursidés et deux espèces de canidés ont fait leur entrée dans le circuit de visite, aux côtés des félins et des primates, marquant le début de l’évolution du parc pour les prochaines années.
L’arrivée des ours polaires : un tournant pour le parc
C’est une première historique pour le Lumigny Safari Reserve : deux femelles ours polaires, Anouck et Nickie, ont rejoint le parc au printemps dernier. Leur arrivée symbolise la volonté du site de faire évoluer sa collection pour présenter davantage d’espèces et plus seulement des félins et des primates. Anouck, âgée de deux ans, vient du Tierpark Hagenbeck à Hambourg en Allemagne où la cohabitation avec sa mère devenait compliquée. « Elle vivait dans un enclos vraiment petit, sans terre, avec juste du béton, raconte Hugo Jardin, directeur du Lumigny Safari Reserve. Il faut savoir que durant les trois premières semaines chez nous, elle s’est cantonnée à un espace devant le bâtiment qui correspondait à ce qu’elle avait dans son parc précédent. » Son arrivée au Lumigny Safari Reserve, en plus de lui offrir un environnement beaucoup plus spacieux, lui a permis de découvrir de nouvelles textures et de nouvelles odeurs. « Elle a mis plus de temps à s’adapter au territoire que l’autre femelle. Quand elle a découvert l’herbe, c’était extraordinaire, elle a adoré. Elle a aussi découvert l’odeur des lions à proximité ce qui l’a beaucoup intrigué. Elle n’avait jamais eu de profondeur de champs de vision avant ça, et c’est génial pour elle. » Curieuse mais prudente, Anouck a mis plusieurs semaines à explorer l’ensemble du territoire, ce qui n’est pas le cas de Nickie, 10 ans, habituée aux grands espaces du CERZA en Normandie. « Elle est un peu plus grosse puisqu’elle fait 300 kg. Elle avait rejoint la Normandie à l’âge qu’a Anouck aujourd’hui, elle y a passé la majeure partie de sa vie et a quitté le CERZA sur les recommandations du coordinateur du programme de reproduction de l’espèce. » Le Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) dédié aux ours polaires regroupe une centaine d’individus répartis dans une trentaine d’établissements zoologiques sur le continent. C’est dans ce cadre que le Lumigny Safari Reserve a pu accueillir Nickie et Anouck en mai dernier, toutes deux arrivées à quelques jours d’intervalle. « Dans le même temps, le CERZA a reçu la recommandation de reproduction de l’autre femelle qui est encore sur place. Nous espérons, d’ici quelques années, pouvoir nous aussi accueillir un mâle et potentiellement faire de la reproduction. »

Un territoire et un bâtiment sur mesure pour les deux nouvelles habitantes
À la suite du départ d’une troupe de lions vers l’hôtel le Royaume des Lions et du déplacement des derniers tigres blancs vers un autre enclos, les équipes du Lumigny Safari Reserve ont pu libérer un espace considérable, permettant notamment l’aménagement d’un nouvel enclos de 3,5 hectares pour les deux ourses polaires. « Nous avons bougé à peu près 20 000 m3 de terre pour aménager deux plans d’eau ainsi que des grottes qui n’existaient pas avant, explique Hugo Jardin. L’une d’elles est faite en roches, complètement recouverte de terre pour avoir une meilleure gestion thermique. Ensuite, il y a une cascade au niveau du plan d’eau principal afin que nos deux ourses puissent s’amuser et se mettre en dessous, ce qu’elles font souvent d’ailleurs. » Des zones ombragées et des promontoires en bois au bord des bassins ont également été ajoutés à cet espace entièrement repensé pour l’accueil d’une espèce bien différente et plus imposante. « Nous avons beaucoup travaillé la végétation pour augmenter les zones ombragées et désormais, nous aurons une nouvelle gestion de l’entretien des végétaux, de façon à laisser pousser des plantes que l’on pourrait retrouver dans la toundra, comme à l’état sauvage. » Le bâtiment intérieur, conçu sur les plans de celui construit au CERZA en 2018, comprend quatre boxes sur copeaux de bois et deux grands boxes de 64 m² chacun, tous reliés entre eux. Il est également doté de parois ouvertes sur l’extérieur afin d’assurer une bonne ventilation et une gestion naturelle de la température, tout en permettant aux animaux de rester en contact visuel et sonore avec leur environnement extérieur. « Elles passent de 30 minutes à une heure par jour dans leur bâtiment, uniquement au moment des repas. Autrement, elles sont en accès libre vers leur enclos, elles ont le choix d’aller se baigner le jour comme la nuit, d’aller ou non dans leur maison. Et ce qui est assez drôle la nuit, malgré la possibilité d’aller à l’extérieur, elles passent curieusement beaucoup de temps sur les copeaux à l’abri. »

Leur alimentation est adaptée à leur biologie : viande rouge, volaille, mouton, poisson, mais aussi fruits et légumes, comme la pastèque ou le concombre dont elles raffolent. L’huile de saumon, riche en graisses, leur est également ponctuellement proposée et rappelle la graisse de phoque, leur source de nourriture principale dans la nature. « À l’état sauvage, l’ours polaire mange du phoque, rappelle Hugo Jardin. Mais durant les six mois de l’année où il est sur la toundra, où il ne peut pas chasser, et c’est là le vrai problème de la fonte des glaces puisque ça l’empêche de se nourrir de phoque, il mange un peu ce qu’il trouve comme des petites baies. Donc nous devons parvenir à leur trouver une alimentation qui s’approche de ce qu’ils peuvent trouver dans la nature. Et l’huile de saumon elles adorent puisque ça s’approche de la graisse du phoque ! » Pour stimuler leur instinct de chasse, l’équipe animalière a introduit une centaine de kilos de poissons vivants dans les plans d’eau, qui peuvent se cacher grâce à des tubes en métal dissimulés au fond de l’eau, offrant aux deux femelles l’occasion de pêcher comme dans la nature. Le parc collabore actuellement avec deux éthologues italiennes, chargées d’étudier les comportements des ourses polaires avant leur mise en contact. « Les deux éthologues les observent en permanence pour essayer de mieux comprendre leurs comportements. Cela devrait nous permettre d’essayer de les mettre ensemble après les vacances scolaires de la Toussaint. » Le Lumigny Safari Reserve s’engage directement dans la protection in situ des ours polaires à travers un partenariat avec Polar Bears International, l’une des principales associations mondiales dédiées à l’espèce.

Avec les ursidés, le parc accueille également des canidés
De l’autre côté de la passerelle déjà en place, les déménagements de pensionnaires ont libéré un autre enclos de 2,5 hectares pour deux autres nouvelles espèces. Depuis quelques semaines, les visiteurs du parc ont la possibilité d’observer un couple de loups arctiques arrivé au cours de l’été. Le mâle, âgé de 2 ans et demi, vient du Safari de Peaugres en Ardèche, tandis que la femelle, âgée elle de 3 ans et demi, est arrivée au Lumigny Safari Reserve en provenance d’un zoo autrichien. Après avoir passé quelques semaines à découvrir tranquillement leur nouveau territoire, les deux canidés ont vu arriver en septembre dernier un binôme de nouvelles colocataires, marquant le début d’une nouvelle cohabitation. « Nous avons accueillis deux jeunes femelles ours bruns en provenance du Zoo de La Boissière du Doré, annonce le directeur du parc. Leur arrivée s’est très bien déroulée, elles ont récemment rencontré nos loups arctiques, tout le monde s’entend bien, ils exploitent bien tout le territoire et c’est vraiment super plaisant pour nos visiteurs. » Ce « mixed exhibit » est une première à Lumigny, et le résultat est à la hauteur des attentes. « Les interactions sont fascinantes. On observe les ourses se baigner pendant que les loups viennent boire à côté. Parfois, ils se sentent, ils se testent, et les loups se roulent même dans la crotte d’ours, c’est à la fois drôle et très instructif à observer. » Les deux jeunes ourses Annie et Quiala, nées fin 2023 au Zoo de La Boissière du Doré, n’ont pas encore deux ans mais explorent déjà avec assurance l’ensemble du territoire. Deux autres individus sont attendus depuis le Parque de la Naturaleza de Cabárceno en Espagne d’ici le début de l’année prochaine. « Nous aurons au total quatre ours bruns. Nous venons tout juste d’obtenir les documents de transport, mais pour le moment nous laissons les petites femelles grandir encore un peu et bien prendre possession de l’enclos. » Cette cohabitation entre ours et loups permet aux animaux de reproduire certaines interactions naturelles tout en offrant un enrichissement comportemental aux deux espèces.



Habituées aux félins et aux primates, les équipes du Lumigny Safari Reserve ont du parfaire leurs connaissances pour accueillir ces nouveaux pensionnaires dans les meilleures conditions. « Avec l’arrivée de ces nouvelles espèces, notre chef soigneur et notre cheffe soigneur adjointe, qui est un poste que nous venons de créer, sont allés se former au CERZA sur l’accueil de canidés et d’ursidés. » En 2025, une autre espèce de canidé a également fait son entrée au Lumigny Safari Reserve, cette fois au cœur du circuit américain. Depuis le mois d’avril, à la suite du départ et du déplacement de certains félins, un nouvel enclos de 2500 m² a été créé au cœur de ce circuit piéton dans lequel sont visibles des loups à crinière. Une femelle âgée de plus d’un an et demi, nommée Jurema, a rejoint le parc au printemps en provenance du Parc animalier de La Barben dans le sud de la France. Elle vit depuis peu aux côtés de Guaraci, un jeune mâle venu de République Tchèque. Séparés durant les premières semaines, le temps pour le mâle de s’acclimater à son nouvel espace, les deux canidés sont désormais réunis et visibles dans leur enclos. « Son arrivée s’est très bien passée également, les deux loups à crinière s’entendent à merveille, ils chantent beaucoup et c’est très agréable à entendre. Ils sont ensemble en permanence désormais, et il est possible qu’ils se reproduisent à l’avenir, même si ça devrait prendre un peu de temps car ils sont encore jeunes. » L’arrivée des loups à crinière au parc enrichit la découverte des carnivores américains pour les visiteurs. Espèce emblématique d’Amérique du Sud, ce canidé au pelage roux et aux longues pattes joue un rôle écologique majeur dans la régulation des rongeurs et la dispersion des graines dans son milieu naturel. Classé « Quasi menacé » (NT) par l’UICN, il fait l’objet d’un EEP au sein des parcs zoologiques européens auquel participe désormais le Lumigny Safari Reserve.



La création d’un nouveau centre de reproduction pour les guépards
Cette année, les équipes du parc se sont également attaquées à la création d’un nouveau centre de reproduction pour les guépards, un autre projet ambitieux. Situé à l’écart des zones fréquentées par les visiteurs, il comprend plusieurs enclos spacieux connectés à une grande maison centrale. « Il y a en tout quatre nouveaux enclos avec une grande maison pour gérer la reproduction, détaille Hugo Jardin. Ce nouveau centre est situé à la place de l’ancien enclos qui abritait notre groupe de mâles géladas, transférés près de l’entrée du parc il y a plusieurs mois. » Pour limiter la vue du public, seuls deux des quatre enclos seront visibles des visiteurs, et uniquement à bord du train du parc. « Cela nous permet de les laissez assez tranquille et de favoriser la reproduction. Ils disposeront en plus de loges spacieuses et lumineuses, ils seront bien mieux installés qu’avant. » Le parc abrite actuellement sept guépards, dont quatre femelles et trois mâles. Ces derniers seront introduits ponctuellement auprès des femelles selon leurs cycles de reproduction. « Nos mâles sont visibles depuis la passerelle à l’entrée du parc. Nous les placerons à tour de rôle près des femelles, en période de chaleurs, spécialement pour la reproduction. Nous avons trois femelles qui sont disposées à se reproduire, la quatrième est plus âgée et n’a pas de recommandations, elle vivra au calme dans un grand enclos de 2,5 hectares. » Obtenir des naissances chez les guépards demande beaucoup de patience et une méthodologie particulière. Chez cette espèce, la femelle choisit son partenaire et peut refuser plusieurs mâles avant d’accepter l’un d’eux, rendant la reproduction particulièrement complexe dans certains cas. Grâce à la création de ce nouveau centre dédié à la reproduction mais aussi à l’élevage de petits, les équipes du parc auront la possibilité de varier les conditions, de proposer différents environnements aux animaux et d’introduire progressivement chaque mâle pour stimuler le comportement reproducteur des femelles et espérer voir naître de nouveaux bébés. « Nous avons déjà eu des petits par le passé, notamment nos trois mâles qui sont nés ici en 2017. Mais depuis, nous n’avons pas enregistré de nouvelles naissances et nous espérons de tout cœur en avoir rapidement, même si avec les guépards c’est compliqué. »

Vers de nouveaux habitats, de nouvelles espèces et de nouvelles expériences
Les chantiers s’enchaînent au Lumigny Safari Reserve. Après les grands carnivores, le parc va s’attaquer dès cet hiver aux nouvelles volières destinées aux petits félins sud-américains. « Nous allons commencé les travaux, avec un peu de retard car le centre de reproduction des guépards nous a pris plus de temps que prévu, explique le directeur du parc. Les nouvelles volières seront visibles à partir de l’année prochaine, elles seront consacrées aux chats de Geoffroy, aux oncilles du Nord et aux oncilles du Sud. » Ces nouvelles structures, en filet inox noir et au design plus aérien et volumineux, offriront un environnement encore plus spacieux aux petits carnivores. « Le volume va être plus important, et puis surtout elles seront plus travaillées à l’intérieur pour que nos petits félins puissent vraiment profiter de tout le volume. Visuellement pour les visiteurs, ce sera beaucoup plus aéré car il y a aura beaucoup moins de poteaux à l’intérieur. Il y aura également deux grands points d’observation par volière avec des vitres qui feront 2,50 m de large par 1,50 m de haut, ce qui offrira une meilleure visibilité. » Mais le Lumigny Safari Reserve ne compte pas s’arrêter là. « Nous allons commencer de gros travaux cet hiver, il y a plein de nouveaux projets qui sont en cours sur le parc avec notamment l’arrivée de quatre nouvelles espèces en 2026 ! » En parallèle, le public peut déjà profiter d’une nouvelle expérience avec le « Jurassic Train », sur le parcours du traditionnel « Safari Train », qui s’anime désormais de 25 dinosaures animatroniques grandeur nature, en remplacement des anciennes animations. « Le Jurassic Train commence pour les vacances scolaires de la Toussaint. Nous avons démonté toutes les anciennes scénographies qui étaient assez vieilles pour y ajouter ces dinosaures géants. Il y a notamment un brachiosaure de 11 mètres de haut et 21 mètres de long, un tyrannosaure ou encore un tricératops, installés dans des scènes cohérentes inspirées des connaissances que nous avons des dinosaures aujourd’hui. » Cette nouvelle animation est accessible sans supplément jusqu’au 30 novembre prochain et le sera de nouveau à la réouverture du parc le 1er février 2026 et ce jusqu’au 10 mars.




