En 2025, le parc refuge les Terres de Nataé vit une nouvelle année de grands changements, marquée par l’arrivée de nouvelles espèces, l’agrandissement ou la création d’enclos, et des aménagements pensés pour améliorer le bien-être animal tout en enrichissant le parcours de visite.
L’arrivée de nouveaux animaux pour renforcer la plaine africaine
Le début de l’été aux Terres de Nataé a été marquée par l’arrivée de nouveaux pensionnaires au sein de la plaine africaine, venant notamment créer de nouveaux couples chez les herbivores qui y sont présentés. Arrivée en provenance de la Réserve Africaine de Sigean, une femelle éland du Cap a rejoint le mâle du parc, avec la perspective probable d’une reproduction. Quatre jeunes femelles gnous bleus, originaire du même parc, espèce emblématique des grandes savanes africaines, ont également été introduits dans cet espace. Une femelle nyala est également arrivée en provenance du ZooParc de Beauval afin de rejoindre le mâle déjà présent. À terme, l’idée sera de regrouper dans un même espace, toutes les espèces aujourd’hui réparties entre deux zones distinctes. « Nous avons d’un côté les girafes avec les nyalas, et de l’autre côté il y a les zèbres, les autruches, les élands du Cap et désormais les gnous bleus, déclare Sébastien Musset, Capitaine de la team Nataé. Mais nous réfléchissons à réunir toutes les espèces ensemble dans les prochains mois, cela fera plus de place pour tout le monde. »


Ce renforcement de la plaine africaine intervient après les pertes naturelles liées à l’âge des individus. « Nous avons eu des décès progressifs de vieux animaux. Nous avons perdu la femelle éland du Cap, qui est décédée il y a à peu près un an, le second mâle nyala également, et la dernière femelle gnou bleu à l’âge de 23 ou 24 ans, un âge remarquable. » Mais ces arrivées représentent également une manière pour le parc de préparer un projet d’envergure où les herbivores africains bénéficieront de nouveaux espaces dans les années à venir. « Toutes ces arrivées s’inscrivent dans une perspective d’agrandissement du parc dans le futur, nous prenons de l’avance en renforçant dès aujourd’hui notre plaine. » Un agrandissement futur du parc, conditionné par l’accord de la municipalité pour la modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU), permettra la création de nouveaux enclos plus spacieux pour différentes espèces du parc, notamment celles de la plaine africaine, et offrira des conditions de vie plus proches des dynamiques naturelles observées en milieu sauvage, avec des associations interspécifiques qui stimulent les comportements.
Les loups gris européens emménagent dans un nouveau territoire
Les loups gris européens des Terres de Nataé ont déménagé dans un nouvel enclos de 1 800 m², situé à l’entrée du parc, entre la mini ferme, les ibis chauves et les ratons laveurs. L’installation s’est faite sans stress apparent, la meute s’étant rapidement approprié son nouvel espace, pensé pour optimiser à la fois le confort des animaux et le travail des soigneurs. « Nous avons fait un nouveau bâtiment en retapant un vieux conteneur, poursuit le directeur du parc. Nous avons réalisé un bardage en bois, tout a été fait en interne. Et pour le petit clin d’œil, nous avons réutilisé les fenêtres et la porte du chalet d’époque dans lequel vivait Pierre Thomas (le fondateur du parc), qui avait été détruit par la tempête Ciarán en 2023. » Ce projet de nouvel enclos, envisagé de longue date, avait été retardé par les difficultés techniques de construction sur ce site. La naissance des trois jeunes femelles de la meute, aujourd’hui âgées d’un peu plus d’un an, a été l’élément déclencheur pour le mener à bien cette année.

La meute se compose désormais de cinq individus : le couple dominant et ses trois filles, formant un groupe équilibré et stable. « Nous n’avons pas vasectomisé le mâle, non pas que nous souhaitions à nouveau de la reproduction, car de toute façon les femelles sont toutes implantées, mais nous voulions prendre le temps de voir si la meute s’équilibrait bien. Si ce n’est pas le cas et en suivant les conseils de Florence Ollivet-Courtois, notre vétérinaire référente, nous laisserons une reproduction de plus. Mais une petite meute de cinq loups, c’est très bien ! » Le transfert a été une opération de grande ampleur, mobilisant vingt-cinq personnes dont les pompiers animaliers du département, venus s’entraîner sur le terrain, et les vétérinaires de Faun’Vet. « Je suis hyper fier de l’équipe, il faut tirer un énorme coup de chapeau à Mathilde, notre vétérinaire, parce que l’organisation d’un transfert de cinq loups, ce n’est vraiment pas facile. » En une heure, les cinq loups ont été fléchés pour être anesthésiés, examinés, puis réveillés et installés dans leur nouvel espace. Déplacés un matin de juin, leur ancien enclos était déjà en chantier le jour même à 14 h, et deux jours plus tard il accueillait ses nouveaux occupants.
L’arrivée d’un trio de dholes, un pari pour la conservation et la pédagogie
Le vide laissé par les loups a été très rapidement comblé par l’arrivée d’une espèce méconnue du grand public : le dhole (Cuon alpinus), ou chien sauvage d’Asie. Classé « En danger d’extinction » (EN) par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), ce canidé social vit en groupe et occupe encore quelques zones en Inde, en Chine et en Asie du Sud-Est. Mais ses populations déclinent fortement, il resterait moins de 2 500 individus dans la nature, victimes de la destruction de leur habitat, de la baisse de l’accès aux proies et des persécutions directes des Hommes. Les Terres de Nataé ont ainsi accueilli trois mâles arrivés il y a quelques semaines en provenance du Parc animalier d’Auvergne. « Ce sont de supers animaux, se réjouit Sébastien Musset. D’abord, c’est une espèce assez incroyable à observer : ils sont beaucoup plus visibles et joueurs que pouvaient l’être les loups. Et puis les trois mâles sont déjà en interaction avec les visiteurs et nos soigneurs, c’est incroyable. Ils rentrent dans le bâtiment quasiment quand nous leur demandons alors qu’ils viennent d’arriver. Nous pouvons d’ailleurs envisager de belles choses sur le training à terme avec eux, donc les équipes sont très contentes. »

L’aménagement de l’enclos a été repensé, la topographie retravaillée, de nouvelles plantations installées, et une séparation centrale permet désormais de faire passer le groupe d’un côté à l’autre pour sécuriser l’entretien, évitant tout contact direct avec les animaux, contrairement à l’époque des loups. L’accueil de ces dholes répond à une demande du Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) de l’espèce, coordonné par la Réserve Zoologique de la Haute-Touche dans l’Indre, et s’inscrit dans un projet à long terme pour les Terres de Nataé. « Pour nous, accueillir une meute de mâles, c’est le moyen d’acquérir toutes les compétences sur cette espèce et de rendre service au programme en même temps, car cela a libéré de la place au Parc animalier d’Auvergne pour qu’ils puissent accueillir des femelles et faire de la reproduction. De notre côté, nous avons déjà l’idée d’une autre zone plus grande dans laquelle nous les transférerons à terme, avec l’envie, nous aussi, de faire de la reproduction. Mais nous allons nous laisser au moins deux à trois ans pour apprendre, comprendre et développer nos connaissances sur cette espèce. »
Réorganisation et agrandissements chez les félins, en attendant l’arrivée d’une nouvelle espèce
Le chapitre félin est particulièrement dense cette année aux Terres de Nataé. Dans la catégorie des petits félins, les anciennes volières héritées de l’ancien Zoo de Pont-Scorff, abritant les chats de Geoffroy et les jaguarondis, ont été surélevées de quatre mètres, transformant l’expérience tant pour les animaux que pour les visiteurs. « Ça change tout, souligne Sébastien Musset. J’aimais beaucoup l’aspect extérieur de ces volières, mais c’était vraiment bas de plafond et obscur. Aujourd’hui, les petits félins peuvent monter pour profiter du soleil. Ce sont des espèces qui aiment être en hauteur, qui aiment dominer, donc c’est vraiment chouette. On a d’ailleurs surpris les chats de Geoffroy se dorer la pilule au soleil, car ils n’y avaient pas accès avant, c’était trop bas. » Chez les grands fauves, la future volière pour panthères issues du monde du cirque prend forme. Pensée comme un chapiteau avec un filet, elle permettra aux félins de grimper et offrira une belle visibilité au public. Pour les panthères du Sri Lanka (Panthera pardus kotiya), une sous-espèce de panthère classée « Vulnérable » (VU) par l’UICN, les deux mâles de 8 ans déjà présents au parc vont bientôt profiter d’un espace élargi et enrichi de nouveautés baptisé « Le Coteau des Sri Lanka ». « Nous travaillons avec l’entreprise Zoopoli, ce devrait être prêt pour le mois de septembre, annonce le directeur du parc. Les panthères passeront au-dessus du chemin de visite, ajoute Valy Gourdon, responsable de la communication aux Terres de Nataé. Ce sera un agrandissement d’un peu plus de deux fois leur espace actuel. La configuration sera totalement différente également : à l’heure actuelle, ils ont un espace plutôt plat, alors que là, ils auront beaucoup d’enrochements et pourront bien grimper. »


La nouveauté la plus attendue côté félins concerne l’arrivée imminente de chats pêcheurs (Prionailurus viverrinus), félins semi-aquatiques originaires d’Asie du Sud-Est et eux aussi classés « Vulnérable » (VU) par l’UICN. Spécialistes de la chasse dans les zones humides, ils souffrent de la disparition de leur habitat et bénéficient également d’un EEP au sein des zoos européens, avec un fort besoin de reproduction. Libre depuis le décès de Kédar, le vieux mâle du parc à l’âge de 18 ans, l’ancien enclos des panthères des neiges, situé entre les espaces des binturongs et des dholes, est en cours de réaménagement pour accueillir un premier chat pêcheur. « L’EEP a validé notre projet, donc nous devons simplement terminer les travaux, explique Sébastien Musset. C’est une volière dans laquelle l’animal aura un accès libre la nuit. Nous ne savons pas encore quel sera l’individu que nous recevrons, mais nous avons demandé à être dans une stratégie de couple, car juste à côté nous allons aménager un second enclos pour cette espèce. » Dans les prochains mois, les binturongs devraient déménager dans un nouvel espace près des éléphants, en mixité avec des loutres naines d’Asie, libérant ainsi un second enclos attenant pour le ou la partenaire du premier chat pêcheur. Pour les panthères des neiges, un nouvel enclos est en cours d’étude actuellement au sein des équipes du parc pour accueillir de nouveau cette espèce près de la Forêt des pandas roux.
D’autres petites nouveautés et nouveaux pensionnaires en 2025
Du côté des petites nouveautés, le parc poursuit le développement de ses infrastructures et de ses présentations pédagogiques. L’espace Insectarium, récemment installé à côté du Reptilarium, invite les visiteurs à découvrir de nouveaux insectes. « Nous avons créé ce nouvel espace dans un bâtiment qui existait déjà et que nous avons réaménagé pour diverses espèces de fourmis et de phasmes, explique Valy Gourdon. Parce qu’aux Terres de Nataé, nous accueillons des espèces allant de la fourmi jusqu’à l’éléphant ! » Non loin de là, un nouvel espace dédié aux reptiles accueille désormais des couleuvres d’Esculape et se prépare à recevoir prochainement des tortues d’Hermann, issues d’un partenariat avec l’association SOS Tortues Bretagne, dans une optique de sensibilisation du public à la faune française et à la législation qui la concerne. Dès l’entrée du parc, la nouvelle volière des harfangs des neiges, perchée sur la falaise, attire également l’attention. Sa taille et son aménagement pourraient permettre d’envisager, à terme, une cohabitation avec une autre espèce comme la chouette de l’Oural, afin de dynamiser la présentation dans cet espace et participer à un nouveau programme de reproduction.

Chez les primates, l’actualité est d’abord marquée par l’arrivée de Suna, une jeune femelle mangabey à collier blanc (Cercocebus torquatus), venue du Colchester Zoo en Angleterre. Âgée d’environ 3 ans, elle vient renforcer le groupe déjà composé de Petra, Ayo et leur petit né en début d’année 2025. Son arrivée a demandé une logistique complexe, conséquence directe des procédures administratives post-Brexit, nécessitant une première mise en quarantaine en Angleterre, puis une seconde à son arrivée en France. À la fin de cette période d’isolement, Suna pourra rencontrer ses nouveaux partenaires ainsi que son nouvel environnement. Le parc finalise par ailleurs l’aménagement d’un nouveau bâtiment pour les mangabeys à collier blanc, pensé pour leur offrir plus d’espace et de confort. À terme, ce nouveau groupe reproducteur participera à l’accroissement de la population du Programme d’Élevage Européen (EEP) de cette espèce encore très peu représentée en captivité. Enfin, l’une des îles pour petits primates situées près des pélicans est en cours de réaménagement, bientôt prête à accueillir ses nouveaux habitants. « C’est l’une des îles du bas du parc, explique Sébastien Musset. C’est une toute petite île qui n’était pas suffisante pour un projet avec des tamarins et une potentielle mixité avec d’autres primates. » Une partie de l’eau entourant cette île a été comblée, permettant d’agrandir la surface de près de 350 m². L’EEP des tamarins-lions dorés et le gouvernement brésilien ont donné leur accord pour confier des individus aux Terres de Nataé, mais l’arrivée des animaux attendra la fin des travaux de contention et la pose de vitrages pour l’observation. « De toute façon, nous ne voulions pas faire arriver ces animaux en plein été, ce n’est pas une bonne idée. Donc nous devrions terminer tout cela en septembre ou en octobre, et si ce n’est pas le cas, nous attendrons le printemps prochain pour éviter les périodes trop froides. »




