En 2022, le Zoo de La Boissière du Doré a inauguré la Vallée des Ours, une immense extension dédiée au relogement de ses trois ours bruns.
Un Territoire monumental
À l’image des nouveautés initiées ces dernières années, le Zoo de La Boissière du Doré poursuit cette année la métamorphose des espaces de vie de ses grands carnivores. Au printemps dernier, le parc a inauguré l’une de ses plus grandes extensions dans l’idée initiale permettait de reloger les trois ours bruns hébergés jusqu’ici en plein cœur du parc. Pendant plus de 7 mois, les équipes animalière, technique et paysagère ont travaillé d’arrache-pied pour faire sortir de terre la Vallée des Ours, un territoire unique en France, pensé et aménagé pour le bien-être des ours bruns. « En projet depuis quelques années, je suis extrêmement fier du travail de mes équipes pour la concrétisation de ce nouvel espace unique, précisait Sébastien Laurent, directeur du parc, dans un communiqué. Quelle joie de voir les ours explorer leur nouveau territoire dès leur sortie ! »
Côté chiffres, la Vallée des Ours du Zoo de La Boissière du Doré a de quoi faire tourner la tête. Le territoire, dédié à seulement trois ours bruns, s’étend sur 2,4 hectares soit plus de 13 fois la superficie de l’ancien enclos des ursidés. Celui-ci comprend également 2 000 m² de bassins et rivières et a nécessité de lourds moyens pour y intégrer les plus de 1 500 végétaux et les 1 300 tonnes de roches naturels qui enrichissent l’environnement. Avec un montant total avoisinant les 750 000 €, il s’agit du plus gros investissement du parc depuis son ouverture en 1984. La nouvelle résidence des ours est située au bout du parc, accessible via la grande passerelle qui surplombent le récent Royaume des Lions et qui débouche désormais sur un espace à ciel ouvert. Même si l’enclos est immense, les ursidés occupent parfaitement bien l’espace de sorte que les visiteurs peuvent voir les ours correctement, en fonction des heures dans la journée et grâce notamment aux différents visuels situés de chaque côté de l’espace d’observation.
Un déménagement sous haute surveillance
Cette grande nouveauté avait pour but principal l’amélioration des conditions de vie de la famille d’ours bruns, déjà présente au Zoo de La Boissière du Doré et composé d’Ursus, le mâle, Frisquette la femelle de 19 ans et Meya, la fille d’Ursus et Frisquette et née au parc au cours de l’hiver 2016/2017. Malheureusement, le mâle Ursus est décédé en mai 2022 à l’âge extrêmement avancé de 37 ans. Arrivé au parc en 1985 en provenance du Parc animalier de Gramat où il était né à peine un an plus tôt, il aura vécu la quasi totalité de sa vie à La Boissière du Doré et aura également profité durant quelques semaines de la Vallée des Ours. « Très fatigué depuis une quinzaine de jours et beaucoup impacté par son arthrose, Ursus n’arrivait plus à marcher et à lever ses 226 kg, indiquait le parc sur sa page Facebook. N’ayant plus d’appétit sur les derniers jours, nous avons décidé, en concertation avec l’équipe animalière et notre vétérinaire, de l’endormir définitivement avant que son état ne se dégrade davantage. L’autopsie a montré de nombreuses lésions liées bien sûr à son âge incroyable. »
Devenu l’un des plus vieux pensionnaires du parc, son transfert en compagnie de sa femelle et de sa fille vers leur nouvel espace avait d’ailleurs retenu toutes les attentions au sein des équipes du parc. Et même si la famille d’ours bruns n’a déménagé qu’à quelques centaines de mètres de leur maison historique, un tel transfert nécessite d’importantes précautions. « Tout s’est parfaitement bien déroulé, se réjouissait le directeur du parc. Nos ours avaient été auparavant pesés ce qui a permis d’optimiser le temps d’anesthésie. » Une logistique bien huilée qui a également permis aux équipes d’effectuer un examen complet de l’état de santé des trois ours comme l’atteste Tatiana, vétérinaire du parc. « Les anesthésies des trois ours et leur transfert se sont très bien passés. Nous en avons profité pour réaliser un examen clinique complet, un bilan sanguin et des soins dentaires légers. » Après une courte acclimatation à leur nouveau bâtiment, les trois ursidés ont pu rapidement découvrir leur nouveau terrain de jeux. Depuis le décès d’Ursus, le Zoo de La Boissière du Doré a accueilli un nouveau pensionnaire, un jeune mâle âgé de 2 ans et demi nommé Årkan. Ce dernier, qui pèse déjà plus de 160 kg, est arrivé en provenance d’un parc zoologique suédois dans le courant du mois de juin. Il a depuis rejoint Frisquette et Meya et profite des 2,4 hectares que lui offre la Vallée des Ours.
Sensibiliser les visiteurs aux ours bruns
Le transfert effectué en mars dernier a par ailleurs été l’occasion de faire mouler les empreintes de pattes des trois ours. Des moulages qui serviront de support pédagogique pour les médiateurs lors des animations avec le public et les scolaires. « Il était important de profiter de cette occasion unique pour étoffer le matériel pédagogique sur lequel nous nous appuyons lors de nos animations, souligne Romain, responsable pédagogique au Zoo de La Boissière du Doré. Grâce à cette intervention, les enfants pourront désormais manipuler une empreinte d’ours à taille réelle ! » Si l’objectif principal d’une telle nouveauté vise surtout à améliorer les conditions de vie de ses pensionnaires, le parc souhaitait également en faire un nouvel outil pédagogique. Avec cette nouvelle zone, l’équipe pédagogique a travaillé sur la création de nouveaux aménagements éducatifs afin d’agrémenter l’immersion des visiteurs dans la Vallée des Ours, mais aussi de pouvoir éduquer et sensibiliser le public à différentes thématiques en lien avec les ours bruns. « L’ours est un animal emblématique, dont on nous parle depuis l’enfance, nous avons donc à cœur de faire découvrir cet animal autrement grâce aux légendes comme celle de la Grande Ourse ou encore de l’histoire de l’ours sur notre territoire », explique Julie, médiatrice pédagogique.
L’amélioration du bien-être animal en ligne de mire
Depuis toujours, le Zoo de La Boissière du Doré porte comme engagement primordial le bien être de ses pensionnaires et s’emploie à créer des espaces toujours plus grands et aménager selon les besoins de chaque espèce. Marque de fabrique du parc depuis près de 15 ans, les deux plaines africaines totalisant 5 hectares ont inspiré les équipes pour proposer des environnements aux dimensions exceptionnelles. Pour les 35 ans du parc zoologique en 2019, la direction a souhaité marquer un tournant décisif dans cet engagement en prenant la décision de mener une nouvelle politique, visant à reloger dans les 5 ans tous les grands carnivores, afin de leur offrir de nouveaux espaces beaucoup plus spacieux et mieux adaptés à leur bien-être. Des espaces qui assurent également la sensibilisation du public aux menaces et aux modes de vie des différentes espèces et qui peuvent également être porteurs d’émotion pour le visiteur. Cette nouvelle dynamique a permis au parc de réaffirmer sa philosophie d’accueillir et de présenter des espèces peu connues, rares et surtout menacées dans la nature.
C’est ainsi qu’en 2019, les panthères noires et les servals ont été les premiers carnivores à bénéficier de cette politique et ont pu emménager dans des espaces respectivement 4 et 6 fois plus grands que ceux dans lesquels ils vivaient auparavant. En 2020, le Zoo de La Boissière du Doré a pu inauguré un nouvel espace de 2 hectares appelé le Royaume des Lions et entièrement dédié à un groupe de trois lions d’Afrique de l’Ouest. Retardée par la crise sanitaire, la Vallée des Ours et ses 2,4 hectares a, quant à elle, pu ouvrir ses portes au public cette année dans la même optique d’amélioration des conditions de vie des carnivores. Et le Zoo de La Boissière du Doré ne compte pas s’arrêter en si bon chemin puisque dans les mois et années à venir, d’autres espèces pourront bénéficier du même traitement de faveur. Les tigres de Sumatra devraient prochainement déménager vers une nouvelle extension tout comme les loups du Canada. Les différents relogements permettront au parc de récupérer une place non négligeable au cœur du parcours de visite pour y aménager, probablement entre 2024 et 2025, le Territoire des Panthères de l’Amour, l’un des félins les plus menacés de la planète. Un espace devrait occuper plus de 8 000 m², faisant de lui l’un des plus grands en Europe pour cette espèce.
Autre nouveauté en 2022, l’euro pour la Nature
En 2022, les visiteurs du Zoo de La Boissière du Doré deviennent également des acteurs de la protection des espèces menacées avec le lancement de l’opération « l’euro pour la nature ». Pour chaque billet d’entrée acheté, un euro sera automatiquement reversé à l’association BMC (Boissière-Mervent Conservation), liée au Zoo de La Boissière du Doré et au Natur’Zoo de Mervent en Vendée, qui soutient financièrement des projets de protection des espèces dans la nature. « L’euro pour la nature va permettre à nos visiteurs de lier l’utile à l’agréable. En visitant le parc, ils deviennent donc acteurs de la conservation des espèces menacées. » L’association BMC soutient financièrement plus d’une vingtaine de programmes dans le monde, pour les lémuriens à Madagascar, les calaos et les orangs-outans en Indonésie, les titis au Pérou ou encore les rhinocéros en Afrique du Sud. Chaque année, l’association reverse entre 30 000 et 40 000 € de fonds à ces différents programmes de conservation. Grâce à l’opération « l’euro pour la nature », le parc espère ainsi élever ce budget à plus de 120 000 € par an. Depuis sa création en 2014, l’association a notamment participé au financement d’une clinique vétérinaire sur l’Île de Sumatra, dans une forêt au nord de la province d’Aceh et qui a pour but de soigner les animaux braconnés, accidentés ou blessés afin de pouvoir les relâcher ensuite dans leur forêt natale.