Alors que 2022 touche à sa fin, il est temps de se remémorer, mois après mois, les événements qui ont marqué l’actualité des zoos et parcs animaliers en France cette année !
La conservation au cœur des préoccupations
L’année 2022 avait débuté sous la plus belle des manières avec l’annonce de la réintroduction d’une loutre géante née au Bioparc de Doué-la-Fontaine. Arirahna est née en 2013, elle a été choisie par un projet de réintroduction de l’espèce en Argentine, dans le Parque Nacional Iberá. Elle est devenue la première loutre géante née dans un parc zoologique français à retrouver ses terres d’origine et seulement la quatrième en Europe à participer à ce vaste programme. Depuis son arrivée en janvier, Arirahna a rencontré Nanay, un mâle né dans un zoo suédois, avec lequel elle devrait former un couple. Aujourd’hui, les deux mustélidés se sont bien acclimatés à leur nouvel environnement et évoluent dans un parc d’acclimatation. Le meilleur est à venir avec l’espoir de naissances futures et le relâché des loutres, permettant le retour de l’espèce dans cette région.
Du côté du Parc animalier de La Barben, un nouveau projet de conservation a vu le jour cette année et il est dédié à un tout petit animal qui passe presque inaperçu : le criquet de Crau ! En partenariat avec le Jardin zoologique du Muséum de Besançon, le Parc animalier de La Barben a lancé le Projet Life SOS Criquet de Crau et a créé une station d’élevage dédié à cette espèce classée « En danger critique d’extinction » (CR) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Endémique des pelouses sèches de la Plaine de la Crau dans les Bouches-du-Rhône, le criquet de Crau est une espèce dite « parapluie » ; sa préservation revient à protéger son milieu naturel et toutes les espèces qui vivent à ses côtés.
Un autre vaste projet de conservation a également vu le jour aux Aigles du Léman en Haute-Savoie. Après 15 ans de travail acharné, un programme de réintroduction du pygargue à queue blanche a pu être lancé en 2022 dans les Alpes françaises. Un centre de reproduction a été créé dans le parc animalier, hors public, afin d’héberger 9 couples reproducteurs dédiés au projet. Un véritable défi réussi par les équipes en charge du programme qui a permis de réintroduire les quatre premiers pygargues cette année. Ces jeunes individus sont nés en début d’année, de parents nés en parc zoologique, et seront rejoints au cours des 10 prochaines années par d’autres jeunes.
Enfin en septembre, une centaine de cistudes d’Europe, l’une des deux seules espèces de tortues aquatiques à vivre en France métropolitaine, a été réintroduite dans une zone humide restaurée en Alsace. Nées en captivité, ces tortues ont été élevées dans plusieurs établissements zoologiques du pays. Parmi eux figurent le Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse, l’élevage conservatoire de la Petite Camargue Alsacienne et le Parc Animalier de Sainte-Croix mais d’autres parcs ont également participé comme la Réserve Zoologique de la Haute-Touche, le Parc de Branféré et le Zoodyssée. Les 100 tortues relâchées en septembre sont les dernières d’un vaste projet qui visait la réintroduction de 500 cistudes d’Europe. Il s’agit de l’une des plus importantes réintroductions en France en termes d’effectifs relâchés.
Rhinocéros, okapi, tigre de Sumatra… Un carnet rose bien rempli
Comme chaque année, de nombreuses naissances ont été enregistrées dans les zoos français… Et comme il nous est impossible de n’en choisir qu’une, nous vous proposons de (re)découvrir les plus marquantes de ces douze derniers mois. À commencer par l’une des plus importantes, la venue au monde du premier petit rhinocéros noir du Bioparc de Doue-la-Fontaine. La petite Kinna a vu le jour en mars, c’est la première naissance viable qu’enregistre le parc et seulement la deuxième pour un zoo en France. Les rhinocéros blancs comptent également quatre nouvelles naissances cette année avec deux jeunes au Zoo d’Amnéville entre le mois de janvier et le mois de février, une petite femelle née cet été au CERZA et enfin un jeune mâle au Parc animalier de La Barben à la fin du mois d’août. Même si elles sont bien plus courantes que pour les rhinocéros noirs, les naissances de rhinocéros blancs restent des événements notables qui participent à la conservation de l’espèce.
Si de nombreux primates ont vu le jour cette année en France, les naissances les plus marquantes seront très probablement celles de quatre petits bonobos à la Vallée des Singes. Seul établissement zoologique à héberger cette espèce en France, le parc animalier entièrement dédié aux primates a vu son groupe de bonobos s’agrandir considérablement cette année, œuvrant parfaitement à la sauvegarde de l’espèce à travers le Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) mis en place dans les zoos européens. Après un mâle et deux femelles entre les mois d’avril et de juin, un dernier petit a vu le jour en décembre, de quoi clôturer l’année en beauté. Autres naissances marquantes, celles d’un petit propithèque couronné à la Citadelle de Besançon et de deux petits varis roux au Parc animalier d’Auvergne. Pour ces deux espèces classées « En danger critique d’extinction » (CR) par l’UICN, ces naissances sont extrêmement importantes et cruciales pour leur sauvegarde.
Au rayon des félins aussi on peut compter plusieurs naissances, à l’image du Zoo de La Boissière du Doré qui a vu naître un petit margay et trois lionceaux cet été. Événements plus rares, deux parcs zoologiques français ont accueillis des naissances de jaguars cette année ; deux mâles sont nés à Parrot World et un autre au Zoo de Bordeaux-Pessac. Du côté des Parcs Zoologiques de Lumigny, spécialisés depuis plus de 15 ans dans l’élevage et la reproduction des félins, les équipes auront encore vu naître des dizaines de bébés en 2022. Mais les plus notables seront sans doute les quatre lionceaux d’Angola et les trois panthères du Sri Lanka qui ont ravi les visiteurs et les photographes de ces derniers mois. Avec seulement 96 individus répartis dans les zoos du monde entier, le programme d’élevage des panthères du Sri Lanka peut se réjouir d’avoir vu naître trois autres petits au CERZA en août dernier. Enfin, c’est au Zoo d’Amiens que les regards se sont tournés en septembre avec l’annonce de la naissance d’un petit tigre de Sumatra, quatre ans après l’arrivée de l’espèce au parc. Même s’il s’agit de la sous-espèce de tigre la plus représentée dans les zoos en France, le tigre de Sumatra est surtout la plus menacée, comptant moins de 500 individus dans la nature.
Il y aussi eu des premières cette année comme la première naissance d’un raton crabier dans un parc zoologique français, au Zoo de Pescheray. Seul et unique parc à présenter ce cousin du raton laveur en France, le parc est l’un des quatre établissements européens à participer à l’élevage de l’espèce. Au ZooParc de Beauval, habitué aux naissances en tout genre, plusieurs petits ont encore vu le jour cette année. Les plus marquantes pour les soigneurs sont probablement celles qui n’avaient encore jamais été enregistrées auparavant. C’est le cas pour la première reproduction complète (de l’accouplement à la naissance) obtenu par un zoo français pour des tortues géantes des Seychelles, qui a abouti à l’éclosion de plusieurs petits au printemps. Un événement peu courant tant la reproduction de l’espèce est compliquée. En 2022, Beauval retiendra également la première naissance viable d’une portée de loutres géantes. Nés en septembre, quatre petits sont nés au cœur du Dôme Équatorial, là où l’espèce évolue depuis seulement deux ans. Malgré la perte de l’un des petits quelques semaines après la naissance, la petite tribu est aujourd’hui visible et profite de son bassin tout en longueur, pour le plus grand bonheur des visiteurs du parc. Pour finir, il faut prendre la direction du Zoo du Bassin d’Arcachon pour l’une des naissances les plus marquantes de l’année. Cet automne, le zoo girondin a annoncé la naissance exceptionnelle d’un bébé okapi, le tout premier à voir le jour dans le parc. Resté aux côtés de sa mère depuis sa naissance et à l’abri des regards, nul doute qu’il attirera de nombreux visiteurs l’an prochain.
De nombreuses nouveautés et des espèces nouvelles
Avec l’arrivée des loutres géantes au Zoo de La Palmyre, celle d’un couple de gibbon à bonnet au ZooSafari de Thoiry ou encore le retour des ours polaires au Zoo d’Amnéville, l’année aura été marquée par un certain nombre de nouveautés remarquables. La plus vaste d’entre elles est immanquablement la Vallée des Ours du Zoo de La Boissière du Doré. Un territoire de 2,4 hectares consacré aux trois ours bruns déjà pensionnaires du parc. Après les panthères noires et les servals en 2019, le Royaume des Lions et ses deux hectares en 2020, le Zoo de La Boissière du Doré devient coutumier du fait et souhaite continuer sur cette lancée en relogeant tous ses carnivores d’années en années. Le Parc de Branféré a lui aussi été ambitieux en 2022 ! Le parc a inauguré l’une de ses plus grandes extensions avec l’ouverture au public de la Forêt des Okapis. Quatre ans de préparation ont été nécessaires au parc animalier breton pour faire sortir de terre un espace de 2 hectares dédié à cet animal emblématique. En mai dernier, deux mâles ont rejoint Branféré dans le cadre du programme européen dédié aux okapis, devenant le cinquième parc français à présenter l’espèce. Ces derniers sont aujourd’hui accompagnés de sitatungas, de céphalophes du Congo ou encore de grues couronnées et pourront être rejoint par une femelle dans les mois à venir.
Comme chaque année, le ZooParc de Beauval s’est distingué avec l’accueil de nouvelles espèces. Débarqué en provenance des États-Unis, un couple de céphalophes à dos jaune a pris place aux côtés des okapis. Une arrivée exceptionnelle pour Beauval qui est aujourd’hui l’unique zoo français à héberger l’espèce, présente dans seulement trois autres établissements en Europe. Cette année a également été l’occasion pour le parc d’entreprendre de grands travaux de réaménagement pour les anciennes volières situées à l’entrée du parc. Plus grandes, plus spacieuses et aménagées au plus prêt des besoins des espèces qu’elles abritent, ces nouvelles structures permettent aux différents oiseaux et primates de bénéficier de nouveaux environnements. Un avant-goût de la future grande volière sud-américaine actuellement en construction et dont l’ouverture est programmée pour 2023…
Pour finir, il était important d’évoquer une autre grosse nouveauté qui a marqué l’année : la réouverture au public de l’ancien Zoo de Pont-Scorff. Après 10 mois de travaux de réhabilitation, le parc animalier a rouvert ses portes en juin 2022 avec une toute nouvelle identité, une nouvelle équipe de passionnés et surtout, de nouvelles ambitions. Le Zoo de Pont-Scorff s’appelle désormais les Terres de Nataé et s’engage dans un projet à long terme où le bien-être et la protection des espèces les plus menacées est la priorité.
Un événement marquant
Bien sûr, il est impossible de conclure cette rétrospective sans rappeler cette incroyable mobilisation des zoos français pour venir en aide aux équipes du Zoo du Bassin d’Arcachon lors des incendies qui ont fait rage cet été en Gironde. Le 18 juillet dernier, à l’approche des flammes, la préfecture du département ordonnait l’évacuation du zoo et de ses pensionnaires. Une situation d’urgence qui avait nécessité la mobilisation générale des parcs zoologiques français pour déplacer dans une rapidité fulgurante une grande majorité des animaux du parc. Au total, 370 des 900 animaux que compte le Zoo du Bassin d’Arcachon avait été envoyé, en moins de 72 heures, dans près d’une trentaine d’établissements à travers le pays, le temps que la situation se stabilise. Malheureusement, cette difficile intervention aura coûté la vie à une quinzaine d’animaux. D’autres pensionnaires, plus difficiles à transporter aussi rapidement, sont restés sur place aux côtés d’une poignée de personnes. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre, le parc n’a finalement pas été touché par les incendies et pu retrouver, au fil des semaines, l’ensemble de ses animaux. Saluons donc une nouvelle fois l’engagement et la solidarité dont ont fait preuve l’ensemble des parcs zoologiques français mobilisés aux côtés du Zoo du Bassin d’Arcachon.