© ZooParc de Beauval
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Un couple de binturongs et des takins dorés s’installent au ZooParc de Beauval

Chaque année apporte son lot de nouvelles espèces pour le ZooParc de Beauval. En 2024, le parc accueille quatre nouveaux pensionnaires avec un couple de binturongs et un couple de takins dorés.

Un couple de takins dorés dans les Hauteurs de Chine

En mai 2024, un couple de takins dorés (Budorcas taxicolor bedfordi) a rejoint le ZooParc de Beauval. La femelle, Daye, est arrivée le 15 mai en fin de matinée alors que le mâle, Hao, l’a rejoint le lendemain matin. « Le mâle vient du Zoo de Berlin en Allemagne et la femelle du Zoo de Liberec en République Tchèque, explique Madisson Matthieu, soigneuse à la plaine asiatique. Ils ont deux ans tous les deux et ils sont à maturité sexuelle. » Depuis l’ouverture des Hauteurs de Chine en 2011, le ZooParc de Beauval héberge des takins de Mishmi (Budorcas taxicolor taxicolor), une autre sous-espèce du takin qui vit dans le sud-ouest de la Chine, au Bhoutan et dans les régions frontalières de l’Inde et du Myanmar. « Nos deux takins dorés sont en mixité avec les takins de Mishmi, il nous reste deux femelles qui ont été placées sous contraceptifs pour éviter tout risque de reproduction entre sous-espèces. Ils vivent également avec des grues du Japon avec qui tout se passe très bien, chacun fait sa vie de son côté. » Les deux femelles takins de Mishmi, Pina et Colada, sont âgées de 8 et 5 ans et sont nées respectivement à la Réserve Zoologique de la Haute-Touche et au Zoo de Munich en Allemagne. Le ZooParc de Beauval espère cependant obtenir de la reproduction avec le couple de takins dorés récemment arrivé, ce qui représenterait une excellente nouvelle pour cette sous-espèce menacée de disparition dans la nature.

Un bovidé avec plusieurs sous-espèces, toutes menacées

Après plusieurs jours d’acclimatation à leur nouvel environnement à l’abri des regards, les deux takins dorés ont pu effectuer leurs premières sorties dans la plaine dans le courant du printemps. D’abord tous les deux, ils ont ensuite été mis en contact progressivement avec les deux femelles takins de Mishmi et les grues du Japon. « Ils se sont très bien adaptés, poursuit la soigneuse du secteur. Ils se sont tous les deux très bien entendus dès le début, cela a été un petit peu plus compliqué avec les femelles Mishmi mais nous avons fait en sorte de les adapter les uns aux autres et maintenant, ils sont tous les quatre ensemble sur la plaine et ça se passe super bien, il n’y a aucun souci. » Le takin doré, qui se distingue avec son pelage allant du blanc vers une teinte blonde sur le cou et la poitrine, notamment chez le mâle, vit exclusivement en Chine et est l’une des 4 sous-espèces de takin encore vivantes aujourd’hui : le takin du Sichuan, le takin du Bhoutan, le takin de Mishmi et donc le takin doré. Globalement, l’espèce est classée comme « Vulnérable » (VU) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) et selon les études, les sous-espèces de takin sont parfois considérées comme quatre espèces à part entière. Les principales menaces qui pèsent sur elles sont la perte et la fragmentation de leur habitat naturel, le braconnage et le dérangement par les activités humaines. Toutes les sous-espèces de takin sont protégées par la loi en Chine, en Inde et au Bhoutan, et des réserves naturelles ont même été créées pour protéger cet animal dans son habitat. Dans les parcs zoologiques européens, seules trois des quatre sous-espèces de takin sont représentées (exception faite au takin du Bhoutan), bénéficiant d’un Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) actuellement coordonné par le Parc animalier d’Auvergne.

Un couple de binturongs installé dans la zone centrale du parc

Cette année, une autre nouvelle espèce a fait son entrée au ZooParc de Beauval : le binturong. Ce petit mammifère carnivore de la famille des viverridés, comme les civettes ou les genettes, est endémique d’Asie et est accueilli pour la première fois au ZooParc de Beauval avec l’arrivée d’un couple au printemps dernier. « Ils sont arrivés au début du mois d’avril donc c’est assez récent, se réjouit Franck Scaramuzza, soigneur du secteur fauves au ZooParc de Beauval. Ils viennent tous les deux du Zoo de Berlin où ils vivaient déjà ensemble et c’est un jeune couple. » Le mâle, Hubert, âgé de 5 ans et la femelle, Shelly, de 6 ans, sont aujourd’hui en âge de se reproduire. « Ils sont chez nous dans ce but là, ce serait pour faire de la reproduction mais aussi pour faire connaître cet animal qui est quand même méconnu. » Aujourd’hui un peu plus visibles, il a fallu un peu de temps aux deux nouveaux pensionnaires de Beauval pour prendre leurs marques et se montrer aux visiteurs du parc. « Maintenant ça va bien, ça va même mieux, explique le soigneur animalier. Il a fallu qu’ils s’adaptent au bruit de la foule, notamment lors spectacles, ils étaient un peu énervés au début et là ça va beaucoup mieux. » Installés dans l’enclos qui a longtemps abrité les coatis roux, les binturongs bénéficient d’une cabane perchée construite par l’équipe technique au cours de l’hiver ainsi que de nombreuses plateformes en bois sur lesquels ils peuvent évoluer pour être en hauteur.

Créer une cohabitation entre deux carnivores

Hubert et Shelly vivent en cohabitation avec les loutres naines d’Asie, à proximité du bassin des otaries et du Self Le Tropical. « Chez les loutres, nous avons eu une petite fracture du groupe reproducteur actuel, poursuit Franck Scaramuzza. Nous avons du séparer les jeunes mâles car arrivés à un certain âge, ils ne s’entendent plus. Donc nous avons déplacé un de ces mâles de l’autre côté, dans l’enclos des binturongs, et celui-ci va être rejoint par une nouvelle compagne avec qui il pourra se reproduire. Donc il y a des loutres avec les binturongs et d’autres dans l’enclos original des loutres, juste à côté. » La mise en contact entre les deux espèces de carnivores s’est très bien passée et les soigneurs surprennent même les loutres à des endroits peu habituels. « Il y a eu beaucoup de curiosité, notamment de la part des loutres qui ont très vite trouvé le moyen de rentrer dans la cabane des binturongs, ce sont de bonnes petites grimpeuses. Mais les deux espèces vivent sur des strates différentes car les loutres restent normalement au sol alors que les binturongs sont arboricoles et restent en hauteur. Au final ça se passe bien, nous verrons quand il y aura de la reproduction mais pour l’instant tout va bien. » Le binturong, comme la loutre naine d’Asie, est considéré comme un carnivore, mais il consomme plutôt des fruits. « Il est principalement frugivore même s’il peut manger de temps en temps des proies animales, mais ça reste quand même principalement des fruits. Chez nous à Beauval, nous leur donnons principalement des fruits, si possible mûres, une partie de légumes parce qu’il en faut aussi, et des petites proies animales le soir notamment. »

Un mammifère menacé qui sent le popcorn

Le binturong est originaire d’Asie du Sud-Est, il vit notamment au Bangladesh, en Thaïlande, au Laos, au Bhoutan, au Cambodge, en Inde, en Chine, en Malaisie, au Népal, aux Philippines et au Vietnam, mais il se trouve aussi, plus rarement, sur les îles indonésiennes de Sumatra ou encore de Java. « C’est un animal qui est naturellement solitaire, les mâles et les femelles ne se rencontrent que pour s’accoupler. Les mâles sont même très méfiants envers femelles et ont tendance à s’agiter un petit peu. Ici, au besoin nous avons toujours la possibilité de les séparer mais ça devrait théoriquement bien se passer, le mâle reste à l’écart mais il est toléré par la femelle. » Le binturong est également un mammifère arboricole qui se rencontre dans la canopée des forêts tropicales hautes et denses. Il passe la plupart de son temps à grimper dans les arbres et à dormir dans les branches. Pour l’aider dans ses déplacements, il est doté d’une queue préhensile qu’il utilise comme un cinquième membre lui permettant de grimper plus facilement aux arbres. Il communique principalement de manière olfactive et possède des glandes anales grâce auxquelles il marque les arbres lorsqu’il grimpe. Ce marquage dégage une odeur particulière, décrite comme ressemblant à celle du pop-corn, provoquée par un composé contenu dans son urine qui lui permettrait de communiquer avec ses congénères.

Dans la nature, le binturong est classé « Vulnérable » (VU) par l’UICN et sa population aurait chuté de 30% au cours des 30 dernières années. « C’est un animal qui est menacé, c’est une certitude, mais il n’y a pas vraiment de chiffres sur la population car ce n’est pas si simple de l’étudier dans le milieu naturel. » L’espèce subit notamment la déforestation et la dégradation de son habitat, mais se trouve également victime de la chasse pour sa fourrure et sa viande mais aussi pour alimenter le marché de la médecine traditionnelle ou pour le commerce des animaux de compagnie. En parc zoologique, elle fait elle aussi l’objet d’un EEP et se trouve dans quelques parcs zoologiques français et européens, permettant aux visiteurs de la découvrir et d’apprendre à la protéger. « C’est une espèce qui n’est pas très répandue, c’est un animal qui est placide et plutôt impressionnant, les visiteurs adorent le découvrir. Ils sont visibles mais ça reste un animal nocturne qui passe la majorité de sa journée à dormir. »

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