© Nature et Zoo
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Biotropica inaugure la Forêt des Saïmiris, une nouvelle zone péruvienne

Comme chaque année, les équipes de Biotropica agrandissent le parc et installent de nouvelles espèces. En 2023, c’est sur le parcours extérieur que vient de s’installer un groupe de saïmiris du Pérou au cœur d’une nouvelle zone péruvienne.

Cette année, Biotropica enrichit son parcours de visite avec la construction d’un nouveau bassin pour les piranhas et l’arrivée des rats-taupes nus dans la serre tropicale ainsi que l’aménagement d’un nouvel espace pour un groupe de saïmiris à l’extérieur. Nature et Zoo est parti à la découverte de ces nouveautés au cours de l’été et a également pu rencontrer les nouveau-nés de ces derniers mois.

Réaménagements au cœur du parcours extérieur

Afin de créer le nouvel espace consacré aux saïmiris du Pérou, les limites du Bush australien de Biotropica sont actuellement en cours de modification par l’équipe technique du parc. « Tous les travaux ne sont pas encore complétement terminés, indique Laëtitia Lassalle, Assistante zoologique à Biotropica. Cela nous prend du temps, nous avions aussi le chantier des piranhas en même temps mais les travaux vont continuer rapidement. » Pour le bien-être de ses pensionnaires, le parc a temporairement déplacé plusieurs des espèces australiennes, plantés des dizaines d’arbres et arbustes et prépare un nouveau parcours de visite. « Les animaux ont été répartis dans d’autres enclos avant que nous puissions leur redonner à tous un espace définitif. Nous avons une partie qui sera consacrée aux kangourous gris, qui ne peuvent pas être au contact des visiteurs, et les oies pies pour qu’elles gardent leur mare. Il y aura aussi une autre partie qui restera pour les wallabies de Parma, mais la différence c’est qu’on ne sortira pas au même endroit qu’aujourd’hui. »

Les kangourous gris seront très bientôt visibles depuis une passerelle dans cet enclos agrandi et les wallabies de Parma auront également accès à une zone forestière, tout en préservant la proximité du public qui traverseront toujours leur enclos pour y observer un groupe aujourd’hui conséquent. « Il nous reste un seul wallaby de Bennett, mais cela fait déjà quelques années que nous avons basculé sur les wallabies de Parma. Nous avons le premier ou le deuxième plus gros groupe au monde de wallabies de Parma en captivité, ils se reproduisent bien et c’est hyper important pour nous de mettre cette espèce là en valeur, qui est plus menacée que le wallaby de Bennett, qui est mignonne et qui plait bien aux visiteurs. Avec les incendies en 2019 en Australie, le territoire sauvage des wallabies de Parma a vraiment été dévasté, et si jamais il y avait besoin de renvoyer un jour des individus là-bas, pour nous ce serait possible. »

L’arrivée d’un groupe d’une vingtaine de saïmiris

Depuis quelques semaines, le parc animalier Biotropica abrite donc une toute nouvelle espèce de primate avec l’arrivée d’un grand groupe de saïmiris du Pérou. « Les saïmiris sont une vingtaine aujourd’hui, poursuit Laëtitia Lassalle. Il n’y a qu’un mâle reproducteur avec 16 femelles mais aussi deux mâles castrés et un jeune mâle qui n’est pas encore mature. » L’ensemble de ce nouveau groupe est arrivé il y a déjà quelques mois en provenance de deux parcs animaliers français différents. « Ils viennent tous de la Vallée des Singes sauf le mâle reproducteur qui lui est arrivé du ZOA de Sanary-sur-Mer. » À Biotropica, les saïmiris profitent pour le moment d’une volière d’un bâtiment construits cette année par le parc. Ce dernier, vitré, est optimisé pour y accueillir un grand groupe de saïmiris et permet aux visiteurs d’y observer les primates lorsqu’ils préfèrent rester à l’abri. L’espace jusqu’ici dévolu aux kangourous est en cours d’aménagement pour proposer, dans les prochaines semaines, un espace extérieur adapté à la vingtaine de saïmiris récemment arrivée. « Ce ne sera pas une île, mais il y aura de l’eau au centre. L’enclos sera délimité par de grandes tôles et il y aura une passerelle avec un point de vision et une étendue d’eau. Nous allons modifier le circuit de visite pour que ce soit plus simple. »

Le chemin qui menait au Bush australien est donc enrichit de cette nouvelle zone péruvienne habitée par ces petits singes très dynamiques. « Ils bougent tout le temps, ils viennent très souvent le long des vitres pour observer les visiteurs, surtout quand il y a des poussettes. Et comme ils vivaient dans un enclos d’immersion, dans lequel les visiteurs pouvaient entrer, ils sont habitués à la présence des humains. » Le saïmiri du Pérou (Saimiri boliviensis peruviensis) est une sous-espèce du saïmiri de Bolivie originaire d’Amérique du Sud. Bien que ce petit primate ne soit pas encore considéré comme une espèce menacée, la population de saïmiris du Pérou est tout de même en baisse. Son aire de répartition subit de nombreuses modifications dues notamment aux intempéries climatiques. Mais ce petit singe-écureuil souffre également de la déforestation et surtout du braconnage, représentant 36% des animaux prélevés au Pérou. Les saïmiris du Pérou sont utilisés en tant qu’animaux de compagnie ou encore comme cobayes de laboratoire pour la recherche médicale. Dans les parcs zoologiques européens, ils font l’objet d’un Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) afin de favoriser leur reproduction tout en contribuant à la diversité génétique des individus présents en captivité.

Un primate avec une structure sociale très féministe

Les saïmiris vivent en groupe pouvant compter jusqu’à une centaine d’individus et pour cela, le parc a tout prévu. Avec le nouveau bâtiment, la volière et le futur enclos extérieur, les équipes de Biotropica espèrent bien évidemment voir le groupe en place s’agrandir d’années en années. Les groupes de saïmiris sont composés en grande majorité de femelles, qui sont les dominantes, et qui ne tolèrent les mâles que lorsqu’ils sont jeunes ou lors de la reproduction. « La base du groupe, ce sont les femelles et la famille : un groupe, c’est un ensemble de femelles liées par le sang – des mères et filles, sœurs, cousines- accompagnées de leurs derniers petits, explique François Huyghe, le directeur et vétérinaire de Biotropica dans un communiqué. Les petites femelles resteront pour renforcer le groupe, les petits mâles devront les quitter une fois la maturité arrivée. Et quand un tel groupe « féministe » devient trop grand, il se scinde en deux ou trois plus petits groupes, mais toujours en respectant les liens du sang, les lignées grands-mères/mères/filles/petites-filles sont préservées et non mélangées. C’est ce qui s’est passé à la Vallée des Singes de Romagne, c’est tout un sous-groupe familial composé d’une quinzaine de femelles et de leurs derniers bébés, qui a du quitter le territoire principal. »

Les équipes du parc espèrent donc voir ce groupe s’agrandir au fil des années et attendent déjà les premières naissances. « Nous avons pas mal de femelles qui sont déjà bien arrondies, ajoute Laëtitia Lassalle. Nous attendons avec impatience le premier bébé saïmiri. Il faut bien évidemment une contribution masculine pour assurer une descendance et le brassage des gènes au sein de la famille, mais c’est un rôle mineur, le mâle restant très périphérique au groupe, limité à un rôle de « fécondateur » des femelles adultes. » À Biotropica, la mission de reproducteur est assurée par Yamango, le mâle de onze ans, arrivé du ZOA de Sanary-sur-Mer. « Il nait en captivité autant de mâles que de femelles, et les jeunes mâles qui quittent la famille à la puberté sont rassemblés en groupes de mâles dans d’autres zoos qui assurent ce rôle de réservoir de reproducteurs. Yamango devrait rester environ trois ans chez nous car si nous le gardons davantage, le risque c’est qu’il s’accouple avec ses filles, et ce n’est évidemment pas quelque chose que nous souhaitons. » À la naissance, les jeunes saïmiris du Pérou pèsent plus de 100g, soit 1/7 du poids de la mère, l’équivalent de 9kg pour un bébé humain.

Une cohabitation unique avec des ratons crabiers

Les saïmiris du Pérou de Biotropica auront également comme colocataires un trio de rarissimes ratons crabiers, une espèce proche du raton laveur mais beaucoup moins connue. Ces derniers sont arrivés en tout début d’année en provenance du Zoo de Pescheray près du Mans et ont été installés quelques temps dans le bâtiment intérieur de la volière africaine. « Cela faisait vraiment un moment que nous voulions présenter cette espèce et nous avons saisi l’opportunité avec le Zoo de Pescheray qui souhaitait faire partir ses jeunes, complète l’Assistante zoologique de Biotropica. C’est aussi pour ça que nous les avons récupéré plus tôt et que nous les avions mis dans le box des calaos à joues grises. Mais nous voulions redonner leur box aux calaos parce qu’il était encore temps pour eux de se reproduire. »

Aujourd’hui, les ratons crabiers restent pour le moment séparés du groupe de saïmiris et ont élus domicile, temporairement, dans le bâtiment de ces derniers. « Ils restent pour l’instant dans le bâtiment mais ils sont séparés et on les voit assez mal. Mais à terme, ils ne resteront pas dans ce bâtiment, ils vont avoir leur maison. Nous allons faire une extension du bâtiment des wallabies et ils auront leurs loges là-bas et après ils pourront partager la partie extérieur avec les saïmiris. » Le raton crabier est une espèce très rare en parc zoologique, représentée par seulement une douzaine d’individus au sein de 5 zoos européens. En France, seuls le Zoo de Pescheray et Biotropica présentent cette espèce peu commune. « Ce n’est pas une espèce menacée, mais ce n’est pas connu, et ça change des ratons laveurs. Je pense que c’est ce qui plaît chez nous, ce sont vraiment ces animaux atypiques qu’on ne voit pas ailleurs qui intéressent. »

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