En mars dernier, un jeune vautour fauve né au Bioparc de Doué-la-Fontaine a rejoint la Bulgarie où il sera relâché dans la nature.
Parti en mars dernier pour la Bulgarie
Depuis 1983, tous les vautours fauves et les vautours moines nés au Bioparc de Doué-la-Fontaine ont été réintroduits dans la nature. Cela concerne aujourd’hui plus de 60 individus qui ont ainsi été relâchés soit dans le Sud de la France, soit en Bulgarie. Le 20 mars dernier, un nouveau jeune vautour fauve né le 15 mai 2023 dans l’amphithéâtre des vautours du parc est parti pour la Bulgarie avec pour objectif un relâcher dans le milieu naturel. Après avoir voyagé en avion au départ de la France, le jeune mâle nommé Oilo est depuis son arrivée en phase d’acclimatation dans une volière prévue à cet effet, sous les soins de l’ONG Fund for Wild Flora and Fauna (FWFF), à l’origine de ce projet de réintroduction. Dans les prochains jours, il sera relâché dans les Gorges de Kresna, au Sud-Ouest de la Bulgarie. Devenu centre de recueil pour les vautours handicapés ou incapables de voler, le Bioparc de Doué-la-Fontaine s’est vu confier des vautours par des associations de protection de la nature. Ces derniers, blessés accidentellement ou par des actes malveillants, ne pouvaient plus survivre à l’état sauvage mais sont restés cependant de très bons reproducteurs. Pour obtenir un élevage le plus naturel possible et favoriser le retour à la nature des jeunes oiseaux issus de la reproduction de ces adultes, les pontes sont soit directement couvées par les couples, soit placées en couveuse et rendus aux parents au moment de l’éclosion. Ensuite, à la naissance, les parents jouent leur rôle d’élevage, de nourrissage et de protection des poussins sans intervention de l’équipe animalière pour garantir un comportement le plus sauvage possible.
La réintroduction des premiers individus en France puis en Bulgarie
Au début des années 1980, les populations de vautours dans la nature étaient au plus bas. Un projet inédit, porté par Michel et Jean-François Terrasse, envisageait la réintroduction de vautours fauves dans les Cévennes avec le soutien du Fonds d’Intervention pour les Rapaces (FIR) et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Pierre Gay, alors directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine et soucieux de participer à la protection de ces oiseaux, a été le premier à proposer les poussins nés au Bioparc comme candidats à la liberté. En 1983, le premier poussin né au zoo fut relâché dans les montagnes françaises, il fût également le premier animal au monde né en parc zoologique et réintroduit dans la nature pour la sauvegarde de son espèce. Une longue série de réintroductions a donc eu lieu, toujours en France, jusqu’en 2009 et aujourd’hui, la population de vautours fauve est autonome et des petits naissent régulièrement à l’état sauvage. Une fois la population stabilisée en France, le regard de Pierre Gay s’est tourné vers la Bulgarie. L’ONG FWFF y réalise un travail remarquable depuis les années 2000 afin de préserver durablement la nature dans les monts Balkans, en recherchant des solutions bénéfiques à tous les utilisateurs du milieu pour sécuriser l’avenir de la biodiversité et des hommes. Disparu des monts Balkans depuis 60 ans, le vautour fauve a été réintroduit en Bulgarie pour la 1ère fois en 2007 par FWFF. Probablement attirés par le retour du vautour fauve, les vautours moines et percnoptères ont recommencé à fréquenter la zone en 2010, partageant les mêmes placettes d’alimentation. Les Gorges de Kresna sont aujourd’hui l’un des rares lieux en Europe où il est possible d’observer ces trois espèces de vautours et des loups sauvages.
Le Bioparc engagé auprès de trois espèces de vautours européens
En plus des vautours fauves présents dans son amphithéâtre, le Bioparc a créé des volières d’élevage conservatoire, en dehors de la zone de visite du parc. Les populations de vautours moines et de vautours percnoptères, deux autres espèces que l’on rencontre naturellement en France, sont trop faibles en Europe, à l’état naturel comme en parc zoologique. Il ne naît pas suffisamment d’oiseaux chaque année pour maintenir à la fois assez d’individus dans les Programmes d’Élevage Européen (EEP) consacrés à ces espèces et en même temps pour en relâcher dans la nature afin de renforcer les populations sauvages. En 2023, les parcs zoologiques européens n’ont dénombré que 9 naissances de vautours moines et 5 de vautours percnoptères. Pour augmenter le nombre de naissances chez ces animaux, le Bioparc a installé 4 volières accueillant ces espèces dans ses coulisses. Les jeunes qui y verront le jour, à l’instar des vautours fauves, seront soit réintroduits dans la nature, soit pourront rejoindre le Programme d’Élevage en parc zoologique afin d’assurer la continuité de ces deux espèces. Le Bioparc n’en est pas à son coup d’essai avec les vautours moines puisqu’il a également déjà participé à des réintroductions et a confié son premier jeune en 1996. Aujourd’hui, les populations actuelles de vautours, toutes espèces confondues, sont étroitement suivies, étudiées et protégées par un ensemble d’acteurs, d’associations, de parcs régionaux et nationaux mais aussi de centres de soins pour la faune sauvage.