Le gouvernement italien confie au Bioparc de Doué-la-Fontaine la responsabilité d’accueillir 21 aras de Lafresnaye, l’une des espèces de perroquets les plus menacées au monde.
Une saisie italienne exceptionnelle confiée au Bioparc
Le 19 juin 2025, après de longs mois d’attente, 21 aras de Lafresnaye sont arrivés au Bioparc de Doué-la-Fontaine. Ces oiseaux ont été confisqués par les autorités italiennes dans le cadre de la lutte contre le trafic illégal d’espèces sauvages. Une partie d’entre eux provient directement du milieu naturel, d’autres sont nés en captivité, mais tous sont issus de filières illégales. Le gouvernement italien a pris la décision inédite de regrouper tous ces oiseaux dans une seule institution zoologique agréée, et c’est le Bioparc qui a été choisi pour son expertise reconnue dans la prise en charge et la conservation d’espèces menacées. À leur arrivée, les aras ont immédiatement été placés en quarantaine et ont passé plusieurs examens vétérinaires et tests génétiques pour déterminer leur état de santé général et préciser leur origine. Ce protocole rigoureux est déterminant pour organiser l’avenir de tous ces oiseaux au sein du Programme d’Élevage Européen (EEP) de l’espèce, coordonné par le Zoo d’Edimbourg en Écosse. Alors que certains individus devraient rester au Bioparc de Doué-la-Fontaine pour intégrer la grande volière sud-américaine où vivent déjà plusieurs espèces de perroquets dont des aras de Lafresnaye, d’autres oiseaux pourront rejoindre d’autres parcs zoologiques européens. Cet accueil d’envergure témoigne également du rôle grandissant des parcs zoologiques dans la lutte contre le commerce illégal d’animaux sauvages, en offrant aux individus confisqués un nouveau lieu de vie, tout en participant activement à la conservation de leur espèce. « Accueillir ces oiseaux représente à la fois une responsabilité et souligne un engagement pour le Bioparc, explique François Gay, directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Cette opération illustre concrètement le rôle des parcs animaliers dans la lutte contre le commerce illégal et dans la conservation d’espèces menacées, en lien direct avec les projets de terrain, comme nous le faisons en Bolivie avec cette espèce. »


Une espèce au bord de l’extinction
L’ara de Lafresnaye (Ara rubrogenys) est endémique de Bolivie et figure parmi les perroquets les plus menacés de la planète. Sa population sauvage est aujourd’hui estimée à moins de 800 individus, concentrés dans quelques vallées andines. Les menaces qui pèsent sur l’espèce sont multiples : disparition de son habitat naturel avec la destruction des forêts sèches, braconnage pour alimenter le commerce illégal d’oiseaux de compagnie, mais aussi conflits avec les agriculteurs qui la considèrent nuisible aux cultures. Cette combinaison de pressions a conduit l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) à classer l’espèce « En danger critique d’extinction » (CR) sur la liste rouge des espèces menacées. Les parcs zoologiques européens jouent aussi un rôle crucial pour sa sauvegarde. Actuellement, moins d’une trentaine d’établissements hébergent des aras de Lafresnaye en Europe pour un total d’environ 110 individus. Le Bioparc de Doué-la-Fontaine détient déjà le groupe le plus important du continent avec une vingtaine de aras de Lafresnaye installée dans sa grande volière sud-américaine. Depuis 2009, le parc, avec son Fonds de dotation Bioparc Conservation, soutient en parallèle l’association bolivienne Armonía qui agit directement sur le terrain en faveur de l’espèce et de son milieu naturel. Ses projets incluent la surveillance et la protection des sites de reproduction, la restauration des forêts de palmiers Janchicoco (une espèce végétale locale également menacée) et le développement de l’écotourisme communautaire. En 2023, 24 nids actifs ont été observés dans la Réserve communautaire de l’espèce, et plus de 3 000 graines de palmiers ont été plantées. L’arrivée des 21 aras confisqués s’inscrit ainsi dans une démarche globale, qui combine protection directe des oiseaux sur le terrain, sensibilisation du public au sein du parc et gestion raisonnée des populations en captivité.




