Attendu depuis plusieurs années, le nouvel espace consacré aux panthères de l’Amour est enfin sorti de terre au Zoo de La Boissière du Doré. Un premier félin y est même installé depuis quelques semaines, pour le plus grand plaisir des visiteurs mais aussi de Sébastien Laurent, directeur du parc, qui inaugure avec fierté le Panthera Camp.
Réaménager le centre du parc après les nombreux déménagements de pensionnaires
En 2024, le Zoo de La Boissière du Doré fête son quarantième anniversaire et ouvre un tout nouvel espace consacré aux panthères de l’Amour qui a été inauguré il y a quelques semaines au parc. Ce nouveau territoire, l’un des plus grands en Europe pour cette sous-espèce, s’inscrit dans la continuité de la volonté du parc d’offrir des enclos de plus en plus spacieux à ses carnivores. « Nous avons démarré il y a quelques années un programme de réhabilitation des enclos des grands carnivores, raconte Sébastien Laurent, Directeur du Zoo de La Boissière du Doré. Nous avions un peu de remarques sur les surfaces que l’on pouvait donner aux fauves notamment, donc je me suis dit qu’il fallait faire autrement. Nous avions déjà plus de 1000 animaux, l’objectif n’était pas de monter ce total à 2000 dans les dix années suivantes, il valait mieux proposer de bonnes conditions à nos animaux plutôt que d’en accueillir de nouveaux. » Grâce à l’acquisition de plusieurs hectares de terres accolées au parc existant, le directeur avait le souhait de déplacer tous les carnivores vers des enclos immenses mais a également mis de côté un autre projet ambitieux. « Mon projet de départ, c’était la création d’une troisième plaine africaine pour des éléphants, mais en faisant ça, on s’interdisait tout ce que nous pouvions imaginer. Donc en 2019, nous avons commencé par déplacer les panthères noires et les servals, à qui nous avons offert des espaces entre 4 et 6 fois plus grands qu’auparavant. Nous avons ensuite créé un espace de 2 hectares pour les lions en 2020, un autre de 2,5 hectares pour les ours en 2022 puis 3 hectares pour les tigres de Sumatra en 2023. »
La création de l’ensemble de ces nouveaux environnements animaliers a amené certains enclos à se vider de leurs pensionnaires, dégageant une place considérable dans le cœur névralgique du zoo qu’il devenait important de réaménager. Le nouveau projet est prévu depuis déjà quelques temps et s’affichait même dans le parc depuis près de 2 ans. Avec trois anciens enclos libérés, les équipes du Zoo de La Boissière du Doré se sont attelées à la construction d’un espace flambant neuf pour y accueillir un couple de panthères de l’Amour, un félin considéré comme le plus menacé de la planète. « Nous savions que nous ne pouvions pas tout faire en un jour, et nous voulions absolument déplacer nos lions, nos ours et nos tigres dans de nouveaux espaces. Et grâce à ça, cette année, nous avons créé notre enclos pour les panthères de l’Amour qui est d’office l’un des plus grands territoires en Europe pour cet animal. » Il reste encore de nombreux projets dans les cartons pour les équipes du parc qui ont même déjà entamé la création de la future nouveauté 2025. « L’hiver prochain, ce sont les loups qui seront déplacés, annonce le directeur du parc. Nous avons encore la clôture à installer dès la fin de l’été. Maintenant nous allons faire à un rythme un peu différent, nous allons poursuivre la progression plus doucement. Aujourd’hui, je suis très content que l’espace des panthères soit fait, avec les loups nous aurons bouclé la boucle. »
Un espace de 7000 m² exclusivement consacré aux panthères de l’Amour
Les visiteurs du parc ont pu suivre le chantier de la nouveauté 2024 du Zoo de La Boissière du Doré depuis sa réouverture en février dernier, après sa traditionnelle pause hivernale. Aujourd’hui, le public peut découvrir le Panthera Camp, un tout nouvel environnement de près de 7 000 m² en lieu et place des anciens enclos des lions d’Asie, des tigres de Sumatra et des ours bruns, en plein cœur du circuit historique. « Il y a deux espaces afin que nous puissions séparer le mâle et la femelle, explique Sébastien Laurent. Il y a deux tunnels dans lesquels les animaux pourront passer et qui nous permettront d’effectuer les mises en contact entre les panthères. » D’un investissement total d’environ 500 000 €, le Panthera Camp offre différents points de vue aux visiteurs. Au centre se trouve une hutte d’observation au décor rappelant un campement de chercheurs et pensé pour permettre une visée pédagogique auprès des visiteurs du zoo. « Le résultat est vraiment chouette, la hutte fait 14 mètres de diamètre et c’est largement assez grand. Elle est faite majoritairement en poutres de châtaigner et nous l’avons monté en grande partie par nos propres moyens, c’est traditionnel et fait avec des matériaux locaux. »
Sur les deux enclos, seul le plus grand est pour le moment terminé mais les deux environnements ont été végétalisés grâce à l’installation de plus de 250 nouvelles plantes. Le second enclos est toujours en cours d’aménagement et sera finalisé dans les semaines à venir. « Il ne nous reste plus que le grillage à monter et l’ancienne maison des lions à réaménager, notamment repeindre la fresque qui se trouvait sur la façade. Dans l’enclos principal nous avons gardé le rocher qui servait aux ours mais aussi celui des tigres que nous avons un peu réduit car il se trouvait trop près des clôtures. Nous avons également coupé un gros chêne que nous avons laissé au sol dans l’enclos où il a toute sa place. » En plus des deux espaces et des deux maisons exclusivement dédiés aux panthères de l’Amour, un troisième enclos appelé pré-parc a été ajouté dans les coulisses. « On s’aperçoit dans la gestion du quotidien que c’est vraiment pratique. Ce pré-parc est couvert d’un filet, ce qui nous permet de sortir nos panthères toute l’année sans aucun risque. Le sol est bétonné en dessous et recouvert d’écorces de bois et si un jour, pour une quelconque raison, nous devons intervenir sur l’enclos, les animaux pourront toujours profiter d’un extérieur. » C’est d’ailleurs dans ce pré-parc que la première panthère de l’Amour du zoo a effectué ses premiers pas après son arrivée il y a quelques semaines…
L’arrivée d’Akeno, un mâle panthère de l’Amour
Arrivé le 25 avril dernier, un mâle panthère de l’Amour a rejoint le Zoo de La Boissière du Doré, devenant le premier félin à prendre possession du nouveau Panthera Camp. Le mâle de 7 ans, nommé Akeno, est né au Zoo de Leipzig en Allemagne en avril 2017 dans une portée de deux petits. Il a rejoint le Zoo de La Boissière du Doré en provenance du Zoo d’Olomouc en République Tchèque où il vivait depuis 2021. Son arrivée en Loire-Atlantique a été organisée dans le cadre du Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) destiné aux panthères de l’Amour dans les zoos européens. De nature plutôt discrète, Akeno a pris son temps pour s’acclimater à son nouveau territoire et peut encore être difficile à observer à l’extérieur. « Il est sortit quelques minutes quand il est arrivé, il est allé sur les tablettes et c’était super, se réjouit le directeur du parc. Sauf qu’il a pris la clôture électrique dans le nez, il est immédiatement rentré dans sa maison et a mis quelques jours avant de ressortir. » Aujourd’hui, Akeno passe de plus en plus de temps à l’extérieur, pour le plus grand plaisir des visiteurs et des photographes amateurs pour lesquels il pose aisément et démontre sa faculté à grimper. « Il adore avoir des points de vue dominants, c’est indispensable chez les félins. La première fois qu’il est sortit, il est tout de suite allé voir les points en hauteur, ce sont des animaux qui ont besoin de dominer un peu le monde, ce sont des chasseurs, il faut leur permettre de voir loin. » Avec l’arrivée de ce jeune mâle, le Zoo de La Boissière du Doré est devenu le 8ème parc zoologique français à présenter au public des panthères de l’Amour.
Une femelle attendue pour la fin de l’année
D’ici la fin de l’année 2024, les équipes du Zoo de La Boissière du Doré devraient accueillir une seconde panthère de l’Amour, une femelle cette fois-ci. « La femelle arrivera dans 5 mois à peu près, promet Sébastien Laurent. Elle vient d’un zoo du Royaume-Uni mais il y a de nombreuses démarches sanitaires nécessaires à son transfert qui retardent son arrivée. » Âgée de 6 ans, la future panthère de l’Amour du parc se nomme Katya et vit actuellement au Highland Wildlife Park en Écosse. Malgré l’attente et la distance, la femelle a déjà une patte au Zoo de La Boissière du Doré et les visiteurs peuvent même l’observer depuis quelques jours. « Nous voulons installer un caméra dans le zoo écossais, reliée à un écran ici chez nous, pour permettre à nos visiteurs d’observer la femelle dans son enclos là-bas, avant qu’elle n’arrive. » La mission principal du zoo, avec l’accueil des panthères de l’Amour, est de reproduire cette sous-espèce de panthère extrêmement menacée de disparition afin de participer à sa conservation dans les zoos européens mais aussi participer à la réintroduction d’individus dans le milieu naturel. « Génétiquement, cette femelle est très importante. Nous espérons rentrer dans le projet de réintroduction mais nous ne savons pas si ce sont les petits qui vont naître chez nous ou bien les petits de nos petits qui y participeront. En tout cas, c’est un grande fierté de se dire qu’un jour, il y aura des panthères qui vivront dans la nature et qui seront issus de notre parc. » Dans les zoos européens, la panthère de l’Amour est inscrite dans un EEP coordonné par le Zoo de Berlin en Allemagne et qui ne compte que quelques dizaines d’individus. « Il y a environ 90 panthères de l’Amour aujourd’hui en Europe. L’EEP a vraiment à cœur de mettre les individus importants ensembles, afin de favoriser la reproduction. Nous sommes allés voir la femelle en Écosse, elle est très sauvage et aurait même du être réintroduite en Russie, mais à cause de la guerre, tout a été annulé. »
La panthère de l’Amour, le félin le plus rare du monde
La panthère de l’Amour (Pantheras pardus orientalis), aussi appelée léopard de l’Amour ou panthère de Chine, est une sous-espèce de panthère qui vit dans le Sud-Est de la Russie et le Nord-Est de la Chine. Son nom fait référence au fleuve Amour qui coule en Sibérie et en Chine et qui a également donné son nom à un autre félin de la région, le tigre de l’Amour ou tigre de Sibérie. La panthère de l’Amour possède une épaisse fourrure tachetée qui se distingue de celle des autres panthères par la couleur plus crème, la taille de ses tâches et la longueur de ses poils. « C’est le félin le plus rare du monde, explique le directeur du parc. C’est une panthère qui est en plus complètement différente de celles que nous abritons déjà. Avec les panthères de neiges et les panthères noires, il nous manquait une panthère tachetée. » La panthère de l’Amour est malheureusement considérée comme le félin le plus rare mais aussi le plus menacé de la planète, comptant moins d’une centaine d’individus dans la nature. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) considère cette sous-espèce comme « En danger critique d’extinction » (CR) depuis près de 30 ans sur la liste rouge des espèces menacées.
En cause, les nombreuses activités humaines qui nuisent à l’épanouissement de ce félin dans son milieu naturel. Parmi les principales menaces, il y a la fragmentation et la destruction de son habitat, qui aurait reculé de plus de 80% entre les années 1970 et 1980 et qui a conduit à un appauvrissement génétique de la population. La panthère de l’Amour subit également le braconnage ainsi que la raréfaction du nombre de proies disponibles, l’obligeant à se tourner vers le bétail domestique. Celle-ci entre alors en compétition avec les populations humaines qui n’hésitent pas à la tuer en guise de représailles ou qui procèdent à des abattages préventifs. Au fil des années, des projets de conservation ont été mis en place, permettant notamment la création de plusieurs aires protégées où la panthère de l’Amour vit encore à l’état sauvage. Un programme de renforcement de la population a été établit afin de réintroduire dans la nature des individus nés dans les parcs zoologiques. Un vaste programme auquel devrait participer le Zoo de La Boissière du Doré dans les prochaines années.
Tentez de remporter le nouveau livre du Zoo de La Boissière du Doré
En juillet 2024, le Zoo de La Boissière du Doré célèbre son quarantième anniversaire ! À cette occasion, Nature et Zoo a décidé de vous offrir la possibilité de remporter le nouvel ouvrage du parc, « Dans les coulisses d’un zoo », paru en juin dernier aux éditions d’Orbestier et écrit par Johann Pailloux. Ce livre de plus de 200 pages, le seul dédié au Zoo de La Boissière du Doré, raconte le quotidien des équipes et des pensionnaires du parc et retrace son histoire depuis sa création. Pour avoir une chance de remporter cet ouvrage, rendez-vous sur le compte Instagram de Nature et Zoo et participez au jeu concours mis en place dans l’une de nos publications. Pour y accéder, cliquez sur l’image ci-contre, le jeu-concours est accessible jusqu’au 19 juillet 2024.