Hébergée quelques mois dans les coulisses du parc, une nouvelle espèce africaine cousine du putois vient d’être installée sur le parcours de visite extérieur de Biotropica.
Une première dans un parc zoologique français
Chaque année, le parc animalier normand accueille de nombreuses nouvelles espèces qui sont, pour la plupart, rarement vues en parc zoologique. Ce fût le cas pour les viscaches des plaines il y a quelques années, puis les ratons crabiers et les rats-taupes nus en 2023 ou encore les souris sauteuses australiennes présentées depuis le début de l’année 2024 dans la serre tropicale. À l’image de ces dernières, longtemps élevées dans les coulisses du parc avant d’être présentées au public, les équipes de Biotropica réservent toujours de nombreuses surprises à leurs visiteurs. Et depuis quelques semaines, au cœur du circuit de visite, de nouveaux pensionnaires exceptionnels ont fait leur apparition : des zorilles du Sahara. Exceptionnels car cette espèce n’avait jamais été observée en captivité jusqu’à très récemment. Totalement absentes des parcs zoologiques à travers le monde avant 2019, les premières zorilles du Sahara arrivent en Europe en 2019 au Zoo de Nuremberg en Allemagne à la suite d’une saisie par les autorités. Ce parc est ensuite parvenu à les reproduire avec une première naissance en 2023, et Biotropica, habitué aux espèces atypiques et peu communes, se porte immédiatement volontaire pour accueillir les premiers jeunes. C’est ainsi qu’à leur arrivée en Normandie, le parc est devenu le deuxième parc zoologique dans le monde à héberger cette espèce, un vrai challenge pour une espèce dont on ne connaît quasiment rien. « C’est un défi incroyable pour nous, affirme François Huyghe, Directeur et vétérinaire de Biotropica. En partant des observations capitales de nos collègues allemands, nous devons encore découvrir énormément de caractéristiques de cette espèce : durée de la gestation, méthodes d’élevage parental, sociabilité, santé etc… Ce sont les bases ! Et sans ces bases, on ne peut pas comprendre l’espèce, encore moins la protéger, ici comme dans la nature. Savoir les élever, c’est le préalable à tout. »
Visibles du public depuis le début du mois d’août
Les nouveaux pensionnaires de Biotropica sont arrivés dans le courant de l’année 2023 et ont été installés dans un premier temps dans les coulisses du parc, à l’abri des regards et pour ne pas les perturber. « Les zorilles font partie des projets secrets de Biotropica, poursuit François Huyghe. Ici, nous aimons nous consacrer aux espèces atypiques, dont il y a encore tout à apprendre. Alors notre équipe s’est immédiatement mobilisée pour les recevoir dans nos coulisses. » Il n’aura fallu que quelques mois au couple fraichement formé pour obtenir sa toute première portée à Biotropica, des jeunes installés depuis le début du mois d’août 2024 dans un nouvel espace. « Afin de les faire connaître, ce sont les jeunes que les visiteurs pourront apercevoir durant leur visite. Les parents restants pour le moment encore en coulisses. Sans doute pour d’autres bonnes nouvelles ! » Les équipes de Biotropica ont donc aménagé un espace intérieur adapté à leurs besoins à la sortie de la volière africaine, sur la parcours de la brousse africaine. « Les zorilles occupent désormais l’ancien enclos de notre famille de mangoustes naines, explique Coraline Cnudde, leur soigneuse. Ces dernières ont déménagé en face des suricates. Il ne sera peut-être pas évident pour tous les visiteurs de voir les zorilles, c’est sûr, il faudra souvent s’armer de patience, car elles sont plutôt timides. Mais je suis sûre que tous ceux qui auront la chance de les apercevoir tomberont sous leur charme, tout comme l’ensemble de l’équipe ici ! »
Un petit carnivore africain proche du putois
La zorille du Sahara (Ictonyx libycus), ou zorille du désert, est un mustélidé, un carnivore de la famille des putois, des furets, des loutres, des martres ou encore des gloutons. Elle est originaire de la moitié nord de l’Afrique, dans le Sahara, entre l’Égypte et le Soudan au nord-est du continent et jusqu’au Sénégal et au Maroc à l’ouest. Plutôt nocturne, elle occupe différents habitats semi-désertiques où elle se nourrit principalement d’insectes, de petits oiseaux, de rongeurs, d’œufs ou bien encore de lézards. Difficile à apercevoir dans le Sahara, c’est une espèce assez méconnue qui se trouve classée en « Préoccupation mineure » (LC) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) et les scientifiques connaissent peu de choses sur elle. « La zorille du Sahara est une espèce d’une extraordinaire mignonnerie, ajoute Laëtitia Lassalle, assistante zoologique à Biotropica. Mais il ne faut pas oublier qu’elle fait partie de la famille des mustélidés ! Et comme les putois, la zorille du Sahara peut projeter un spray anal nauséabond quand elle se sent menacée. Et je vous assure que l’odeur est très, très, TRES désagréable ! » De nature plutôt solitaire, elle mesure en moyenne une vingtaine de centimètres et possède une queue d’une dizaine de centimètres, pesant de 200 à 600 grammes maximum. En terme de reproduction, les portées comptent généralement de 1 à 3 petits qui naissent aveugles, dépourvus de poils et pesant à peine quelques grammes.