Le 2 juin 2022, deux jeunes éléphants d’Asie sont arrivés à Touroparc.Zoo en provenance de Pairi Daiza, le célèbre parc zoologique belge.
Un transfert de taille longuement préparé
Ravi et Thambi, âgés respectivement de 5 et bientôt 6 ans, sont deux jeunes éléphants asiatiques arrivés à Touroparc il y a quelques jours. Il s’agit d’un transfert inédit qui a eu lieu entre Pairi Daiza, en Belgique, et le parc zoologique situé en Saône-et-Loire. Un long voyage en préparation depuis de longs mois. « La direction et les équipes zoologiques et vétérinaires se sont rendus tour à tour en Belgique puis en France, indique le parc dans un communiqué. Le staff de Touroparc a ainsi pu faire connaissance avec les petits et échanger avec l’équipe dirigeante et soigneurs de Pairi Daiza. » Ces différentes visites ont permis aux équipes du parc de connaître la journée-type des jeunes éléphants mais aussi leurs habitudes comportementales et alimentaires afin de poursuivre le travail réalisé par les soigneurs de Pairi Daiza et leur assurer un apprentissage extrêmement important. L’arrivée de Ravi et Thambi n’est pas dû au hasard puisqu’à cet âge là, les jeunes éléphants entrent en début de maturité sexuelle. Dans leur milieu naturel, c’est également à cet âge que les jeunes mâles quittent leur groupe maternel pour vivre leur vie d’adulte.
Une coopération entre parcs zoologiques européens
Cet échange inédit entre Pairi Daiza et Touroparc.Zoo entre dans le cadre du Programme d’Élevage Européen (EEP) de l’espèce. Il s’agit d’un programme de gestion des individus d’une espèce animale, ici les éléphants d’Asie, présents en captivité dans les parcs zoologiques et animaliers en Europe. Chaque EEP est dirigé par l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums) et géré par un coordinateur en charge du placement de chaque individu à travers le continent. En France, les éléphants d’Asie sont hébergés dans quelques parcs et chaque individu est inscrit dans l’EEP de l’espèce. L’objectif de ce programme est de favoriser la reproduction de l’espèce en captivité tout en évitant la consanguinité à l’aide d’une base de données mondiale qui permet de suivre la situation génétique de chaque individu. Les parcs zoologiques participent ainsi à la préservation de ces espèces menacées et à terme, les programmes pourraient également permettre la réintroduction de certaines d’entre elles dans la nature. La population des éléphants d’Asie est menacée dans la nature. On estime qu’il ne resterait plus que 30 000 à 40 000 individus à l’état sauvage. Le braconnage et le réchauffement climatique étant les principales raisons de ce déclin. « Faire partie d’une telle mission de sauvegarde pour les éléphants d’Asie est une raison supplémentaire d’exercer ce métier de passion », ajoute le parc.
Devenir de futurs mâles reproducteurs
À Pairi Daiza, Ravi et Thambi ont déjà vu et compris quelques codes de vie en groupe, mais ils doivent désormais passer à l’étape suivante. En quittant le parc belge, les jeunes éléphants quittent également leur groupe familial et sont prêts à devenir de futurs mâles reproducteurs. À Touroparc, ils rejoignent Maung-Htoo, le mâle de 24 ans présent au parc depuis plusieurs années et seul depuis le décès de Birma en décembre 2021. Ce dernier va entrer en jeu dans la poursuite de l’éducation de Ravi et Thambi en tenant le rôle de grand frère avec des codes qu’il sera le seul à pouvoir transmettre. Le Touroparc a été nommé « First Bachelor Group » en début d’année 2022 par les coordinateurs en charge des éléphants d’Asie en Europe. Avec cette nomination, le parc va ainsi contribuer à l’élevage et l’éducation de jeunes éléphants mâles, via Maung-Htoo, afin qu’ils puissent partir ensuite se reproduire dans d’autres parcs zoologiques, en France ou à l’étranger, dans le cas où le coordinateur en donnerai l’indication.
Main dans la main contre l’herpès virus
Les nouveaux pensionnaires de Touroparc vont être scrupuleusement surveillés par les équipes du parc. Les premières années d’un éléphanteau sont décisives pour sa survie car l’espèce est touchée par un virus mortel qui décime sa population depuis une cinquantaine d’années : l’herpès virus. Celui-ci est malheureusement très grave chez les jeunes pachydermes, pouvant les emporter en seulement 24 à 48 heures. Ces dix dernières années, 20% des nouveau-nés chez les éléphants d’Asie ont succombé à l’herpès virus. Ce 9 juin, le Tierpark Hagenbeck de Hambourg a annoncé le décès de l’un de ses jeunes éléphants mâles, Raj, 4 ans, des suites de l’herpès virus. Et en accueillant Ravi et Thambi, le parc prend un sérieux risque vis à vis de ce virus. « Il est plus simple de gérer des pachydermes adultes plutôt que travailler sur l’éducation et la transmission de codes entre jeunes individus avec les risques que l’on connait, explique Thomas Gervais, directeur général du parc. Pour toute la famille Touroparc, il s’agit là d’une mission d’intérêt général. » Depuis plusieurs mois déjà, Touroparc a ainsi créé un partenariat privilégié avec Pairi Daiza, une des références en matière de gestion des éléphants et de lutte contre ce virus mortel. Le parc belge héberge d’ailleurs le plus grand groupe d’éléphants d’Asie en Europe. D’autres partenariats, avec des zoos français, des laboratoires européens, des universités ou le Département de Saône-et-Loire via le laboratoire Agrivalys 71, pourraient voir le jour très prochainement. « Touroparc se veut de jouer un rôle primordial dans la lutte contre l’herpès même si nous n’en sommes qu’au début de la recherche sur les traitements dans le monde. »