À peine un an après l’ouverture du parc au public, les Terres de Nataé ont accueilli de nouveaux pensionnaires dans le but de relancer la reproduction pour plusieurs espèces. D’autres animaux rejoindront le parc dans les prochaines semaines et les prochains mois.
Relancer la reproduction en accueillant de nouveaux pensionnaires
La mission principale des Terres de Nataé n’est plus à démontrer : c’est la protection et la conservation des espèces les plus menacées de la planète. En cette première année d’ouverture, le parc soutient déjà six associations pour la protection de plusieurs espèces ; binturong, panda roux, panthères du Sri Lanka, lémuriens, ara de Lafresnaye ou encore félins africains. En 2023, l’objectif des équipes sera de relancer la reproduction pour un certain nombre d’espèces déjà présentes au parc. « La première année a été celle de la réouverture au public, la seconde sera celle qui nous amènera à retravailler sur notre logique de reproduction et de conservation, annonce Sébastien MUSSET, le directeur des Terres de Nataé. La priorité est de commencer à compléter les éventuels individus seuls que nous hébergeons ou pour lesquels nous avons des groupes de mâles ou des groupes de femelles. » De nombreux pensionnaires du parc sont dans ce cas actuellement à l’image des ouistitis pygmées, des tamarins pinchés, des tamarins de Goeldi ou encore des pandas roux, binturongs et mangabeys à collier blanc. « Une reproduction c’est toujours un moment compliqué, il faut pouvoir l’anticiper, l’accompagner mais aussi avoir les installations et les compétences adaptées. Et on peut maintenant se permettre de le faire parce que nous avons remis en place des procédures vétérinaires et soigneurs de bons niveaux, ce qui n’était pas le cas l’an passé. » Aujourd’hui, les Terres de Nataé emploient près de 25 soigneurs ainsi que deux vétérinaires à temps plein et avec les nombreux chantiers qui ont été entrepris depuis la reprise du parc en 2021, tout est prêt pour accueillir de nouveaux pensionnaires. L’enjeu des prochains mois réside donc dans l’accueil de nouveaux animaux qui rejoindront les individus seuls ou qui permettront de modifier les groupes unisexes ou composés de membres d’une même famille afin de lancer de la reproduction.
L’arrivée d’une femelle mangabey à collier blanc
C’est dans ce contexte qu’une femelle mangabey à collier blanc de 5 ans, nommée Pétra, a été accueillie au tout début du mois de mars par les Terres de Nataé. Elle est arrivée en provenance du Zoo de Barcelone et a rejoint Ajo, un mâle de 7 ans lui-même arrivé au parc en 2022 depuis un parc zoologique hongrois. Les deux primates vont former un couple reproducteur et s’inscrivent dans le cadre d’un EEP, un Programme Européen de conservation de l’espèce, coordonné par l’Association Européenne des Zoos et Aquariums (EAZA) dont l’objectif est la reproduction de l’espèce en parc zoologique. Depuis l’arrivée de la femelle, la mise en contact a été progressive et surveillée de près par les équipes animalières, permettant notamment de respecter le bien-être du couple. « À l’heure actuelle, cela fait quelques jours qu’ils sont en contact dans l’enclos et ça se passe très bien, se réjouit Sébastien MUSSET. Nous savons que tout peut changer d’une minute à l’autre donc nous restons très prudent. Mais jusque là, tout va bien et cela démontre les compétences des équipes vétérinaires et soigneurs, ça se passe très bien et les deux mangabeys sont très calmes. »
Le mangabey à collier blanc (Cercocebus torquatus) est un primate coloré reconnaissable à son ventre et son col blancs ainsi que sa toque rouge. Il est originaire des forêts tropicales de la côte atlantique africaine, du Nigeria au Congo et il est aujourd’hui considéré comme « En danger d’extinction » (EN) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). La survie de l’espèce est principalement menacée par la déforestation mais aussi par la chasse pour sa viande, par les conflits avec les agriculteurs et par la pollution industrielle. En parc zoologique, le mangabey à collier blanc est très peu représenté. En France, les Terres de Nataé sont le seul établissement zoologique à en héberger, et l’espèce n’est visible que dans une vingtaine de parcs à travers l’Europe. La population présente en parc zoologique garantit une chance de survie de l’espèce et permet de mieux l’étudier pour mieux la connaître. Le parc espère donc que Pétra et Ajo s’entendent à merveille et qu’un ou plusieurs petits naissent de leur union.
Bientôt deux compagnes pour le mâle panda roux
Dans les prochaines semaines, les Terres de Nataé accueilleront également deux nouvelles têtes : deux femelles pandas roux qui viendront tenir compagnie à Bonifac, un mâle déjà hébergé au parc. « Elles devraient arriver avant la fin mai, annonce le directeur. Ce sont deux femelles qui ont une petite année. Nous ne voulions pas précipiter leur arrivée, nous voulions que les transports se fassent quand il fait ni trop froid, ni trop chaud, ce qui nous permet de viser le mois de mai. » À l’heure actuelle, les transports des jeunes femelles vers la Bretagne s’organisent avec l’objectif de les faire arriver en même temps. « En plus, elles ne viennent évidemment pas du même endroit, ce serait trop simple ! » Pour pouvoir accueillir ces deux femelles, le parc a misé sur une toute nouvelle installation, assez spacieuse et entièrement conçue au cours de cet hiver. « Notre nouvel espace est assez grand, il fait quasiment 800 m², dans un univers très boisé, et c’est assez sympa aujourd’hui de voir notre panda dans la canopée bretonne. » Auparavant, le mâle panda roux était hébergé dans un espace beaucoup plus petit qui ne répondait plus à ses besoins, et il a été rapidement décidé de lui offrir un nouvel environnement. « L’un des enjeux était de baisser son niveau de stress, nous trouvions qu’il n’était pas bien et nous avions essayé tout ce que nous pouvions dans son enclos précédent, avec beaucoup de stimulation et de la phytothérapie. Mais on s’est rendu compte que, malgré tout, cela ne changeait rien, et nous en avons conclu qu’il fallait changer l’enclos. » Aujourd’hui, Bonifac va beaucoup mieux, il ne montre plus aucun signe de stress et profite, seul pour encore quelques semaines, des grands chênes de son nouvel espace.
Si d’ordinaire, les pandas roux sont présentés en couple ou entre individus de même sexe, les Terres de Nataé, en lien avec le programme de reproduction de l’espèce en parc zoologique, vont expérimenter un nouveau type de présentation en faisant cohabiter un mâle avec deux femelles. « Nous tentons quelque chose de nouveau, souligne Sébastien MUSSET. C’est aussi un enjeu pour nous, évidemment ça aurait été plus simple de prendre un couple et d’attendre la reproduction, d’autant qu’avec l’espace à disposition, nous aurions du temps pour pouvoir placer les petits. Mais le coordinateur nous a indiqué qu’il aimerait bien tenter l’aventure de voir comment se déroule la cohabitation dans un trio avec un mâle et deux femelles, dans un espace aussi grand. » Cette nouvelle approche de présentation des pandas roux va servir les réflexions et les recherches sur les comportements de l’espèce en captivité et sera spécifiquement suivie par une éthologue. « Nous avons convenu avec le coordinateur que si cela ne se passait pas bien, l’une des femelles pourrait repartir. Mais nous avons aussi un enclos de repli, caché du public, dans lequel nous pourrons isoler un individu s’il y a le moindre problème. »
Contribuer à la reproduction des panthères nébuleuses
Au cours de l’année, il sera également question de revoir la structure du groupe de panthères nébuleuses hébergées aux Terres de Nataé. Classée « Vulnérable » sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), la panthère nébuleuse subit la déforestation et le trafic pour sa fourrure et ses canines. Et pour pouvoir là aussi se lancer dans la reproduction de cette espèce menacée, le parc animalier devrait faire partir certains individus pour en accueillir d’autres qui seront prêts à se reproduire. « Pour rendre service au programme de reproduction des panthères nébuleuses, nous avons accueilli à l’époque un frère et deux sœurs en provenance de Mulhouse. Mais notre objectif depuis le début, avec l’enclos que nous avons conçu qui est l’un des plus grands d’Europe, c’est vraiment de faire de la reproduction avec cette espèce là. » Le parc espère donc présenter un couple reproducteur de ce félin menacé au cours des prochains mois. « Nous avons beaucoup travaillé avec le programme de conservation pour que nous puissions constituer un couple reproducteur, ajoute Sébastien MUSSET. Cela doit être fait dans les semaines qui viennent avec des transferts qui restent à valider. »
Les quatre primates de laboratoire bientôt présentés au public
Depuis plusieurs mois, les Terres de Nataé se sont transformées en terre d’accueil pour des animaux issus de laboratoire. Quatre macaques crabiers ont rejoint le parc en octobre dernier dans le cadre d’un partenariat avec l’association le GRAAL, spécialisée dans la réhabilitation d’animaux sortis de laboratoires de recherche médicale. Choyés dans les coulisses du parc depuis leur arrivée, les quatre primates devraient pouvoir découvrir un espace spécialement conçu pour eux dans les prochaines semaines et partir à la rencontre des visiteurs. « Nous sommes repartis sur la base de l’ancien enclos du panda roux, le bâtiment a été démoli en janvier, un nouveau bâtiment est quasiment terminé et va pouvoir accueillir une dizaine de macaques. Nous travaillons également sur une grande volière en filet inox, comme pour notre très grande volière sud-américaine, ce qui étendra l’espace au sol et permettra aux crabiers d’avoir un bel espace. » Le groupe de macaques devrait grandir d’années en années avec l’arrivée de nouveaux individus eux aussi sortis de laboratoires. Une autre installation hors public est également prévue de manière à accueillir les futurs primates avant de les mettre en contact avec le reste du groupe. « Avec les dimensions actuelles que nous prévoyons, nous serions sur un groupe d’une dizaine d’individus mais avec une capacité d’extension, tant sur les bâtiments que sur la structure filet, qui nous permettrait de monter potentiellement à un groupe de 30 ou 40 macaques crabiers à terme. »
La construction de cette nouvelle installation repose sur une campagne de dons lancée il y a quelques mois. « Nous avons fait un appel aux dons pour la volière et le bâtiment, le GRAAL nous a confié un montant qui n’est pas négligeable et puis une entreprise du Morbihan, qui s’appelle Nat&Form, nous a fait un don de 50 000 €. » Les travaux sont toujours en cours dans le parc, mais Sébastien MUSSET a bon espoir pour que les primates intègrent leur nouvel environnement dans les prochaines semaines. « Nous avons bien avancé, le bâtiment est bientôt terminé, je pense qu’il sera terminé pour la fin du mois d’avril, les macaques pourront y emménager. Ensuite, nous avons pris un peu de retard sur la volière mais nous essayons malgré tout de viser le mois de juin, et si nous voyons que c’est compliqué, nous les laisserons sortir dans le périmètre actuel de la volière du panda roux et nous finirons les travaux à l’hiver prochain. »
Un refuge et un centre de soins dans les cartons du projet Nataé
Au-delà du parc animalier, un autre projet doit voir le jour prochainement. Un partenariat entre Nataé et l’association Trisk’ailes, dédiée à la sauvegarde de la faune sauvage endémique de Bretagne et à la préservation de la biodiversité, vise à développer un centre de soins pour la faune sauvage locale. Un centre qui aura pour objectif de venir en aide aux animaux sauvages de la région, blessés ou accidentés. « Nous avançons, il y a une municipalité qui est passionnée par notre projet et qui nous a confié un terrain. Nous travaillons désormais avec les autorités pour qu’elles acceptent la construction d’un centre de soins sur ce terrain. » Afin de pousser cette idée encore plus loin, le directeur des Terres de Nataé espère mettre en place un système simple et efficace pour récupérer les animaux blessés. « Nous avons lancé, avec l’aide de la LPO sur la région Bretagne, un projet que nous appellerons le « Samu des animaux », pour la faune sauvage locale. C’est beau d’avoir des centres de soins, mais lorsqu’un animal est retrouvé blessé à 30 kms du centre le plus proche, il faut des bénévoles qui puissent récupérer ces animaux pour les y apporter. Il faut également un numéro unique, que les gens puissent facilement composer pour que nous puissions leur dire où aller ou bien leur conseiller de ne pas toucher l’animal par exemple. » À l’avenir, le projet Nataé ambitionne également de créer un refuge pour les animaux de la faune sauvage exotique, saisis par les autorités ou abandonnés par leurs propriétaires. « Cela fait partie de ce que nous voulons créer, et le refuge verra le jour dès lors que nous aurons réussi à acquérir les terrains que nous attendons. Et c’est toujours très compliqué. Les Terres de Nataé, le refuge et le centre de soins sont aujourd’hui les trois pierres du projet Nataé. »