Pour 2024, la Volière du Nouveau Monde au PAL a été renommée et le plan de collection des espèces qui y sont hébergées a été modifié ; place désormais à la Grande Volière tournée vers la conservation d’espèces menacées !
Un ancien enclos à éléphants transformé en volière géante
Aux débuts des années 2000, l’ancien enclos des éléphants a été réhabilité, d’abord pour y accueillir des mammifères sud-américains, puis transformé en une grande volière. « À l’époque, cet enclos hébergeait deux éléphants, explique Nicolas Géli, Responsable Zoologique au PAL. En 2002 ou 2003, il a été provisoirement dédié à des tapirs terrestres et des capybaras avant que nous décidions de faire quelque chose d’autre. Et en 2009, l’idée a germé de créer une volière à cet endroit là. » C’est ainsi que l’ancien bâtiment des éléphants comprenant deux loges a été complètement réaménagé pour créer un ensemble de boxes adaptés aux oiseaux de façon à faciliter la reproduction et pouvoir isoler des individus en cas de besoin. Le bâtiment a ensuite été quelque peu agrandi et l’enclos extérieur couvert d’un filet ; la Volière du Nouveau monde est née, c’était en 2010. « Nous avions pour thématique le Nouveau monde, intégrant des espèces des trois Amériques. Cette volière a été très bénéfique car cela nous a permis de découvrir la mixité avec plusieurs espèces d’oiseaux, nous avions des espèces qui étaient certes plutôt classiques mais qui étaient très intéressantes pour se faire de l’expérience, ce qui était primordial. C’était une étape importante pour maîtriser l’outil, la cohabitation, le bâtiment mais aussi la reproduction. »
Les différentes espèces occupaient la majeure partie de l’espace, au sol avec les tinamous élégants par exemple, des guiras cantara à mi-hauteur mais aussi des sternes incas ou des ibis rouges pour faire vivre les hauteurs de la volière. « C’était un milieu extrêmement végétalisé, nous voulions une volière pénétrante donc avec un parcours que l’on découvre au fur et à mesure, et la végétalisation y est pour quelque chose. Nous avons également souhaité préserver l’ancien bassin des éléphants pour avoir une pièce d’eau. » Le bassin a donc été comblé pour être réduit en profondeur, tout en gardant sa superficie, et le grand fossé qui entourait l’enclos, servant de séparation avec le public, a lui été rempli d’eau. « Nous nous en sommes servi intelligemment pour créer une filtration naturelle de l’ensemble du réseau d’eau. Il y a plusieurs couches de pierres filtrantes et de roseaux qui, avec un système de pompe, font parcourir l’eau partout de façon autonome et permettent de l’oxygéner. » Le bassin était jusqu’à l’an dernier occupé par plusieurs espèces d’anatidés, les oiseaux de la grande famille des canards, originaires d’Amérique du Sud notamment.
Se tourner vers la conservation d’oiseaux menacés
D’une superficie avoisinant les 3000 m², la volière culmine à 12 mètres de hauteur aux points les plus hauts et ne descend pas en dessous des 6 mètres sur les extrémités. « Nous avions envie de faire évoluer cet espace, détaille le Responsable Zoologique du parc. Nous voulions aller vers plus de conservation encore, et je pense que chaque parc doit le faire ou au moins s’interroger à le faire. Et les espèces que nous avions initialement n’étaient pas les plus intéressantes sur le plan de la conservation. De la volonté de l’équipe et de l’ensemble du parc, nous voulions nous donner de nouveaux objectifs à atteindre avec malgré tout une inconnue, à savoir la thématique de la volière qui nous fermait la porte à un spectre d’espèces que nous souhaitions y ajouter. » Après 14 ans de thématique sud-américaine, la volière a changé de nom en 2024 pour devenir la Grande Volière et s’ouvrir à un éventail d’espèces différentes bien plus large. « À partir de ce changement, si le milieu de vie correspond et est adaptée à une espèce, il n’y a aucune raison pour ne pas l’accueillir. Je ne dis pas que tout le monde doit faire ça, mais je trouve ça pertinent et les visiteurs aussi puisque nous avons déjà de très bons retours. C’est moins contraignant, nous avons de très bons résultats et on se rend compte que ce n’est pas un frein au niveau de la pédagogie, il y a des explications sur les espèces et leurs environnements. » Pour accueillir de nouvelles espèces, le PAL a donc du se séparer de plusieurs de ces oiseaux à l’image des conures soleil, des guiras cantaras mais aussi des anatidés, ou encore réduire le nombre d’ibis rouges, des oiseaux qui ont tous été transférés vers d’autres parcs zoologiques au cours des derniers mois.
Objectif reproduction pour les nouvelles espèces arrivées
Depuis la réouverture du parc en avril dernier, en plus des panthères nébuleuses qui ont récemment été installées à la place des panthères des neiges, les visiteurs du PAL ont la chance de pouvoir découvrir plusieurs nouvelles espèces d’oiseaux. Ces dernières, installées dans la nouvelle Grande Volière, répondent au critère de conservation voulu par les animaliers du PAL. « Pour les nouvelles espèces, nous avons d’abord beaucoup réfléchi autour des choix, et puis quand nous avons récupéré toutes nos idées, nous nous sommes tournés vers l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums) pour voir les programmes qui pouvaient correspondre à telle ou telle espèce, la possibilité d’y accéder aussi car parfois les animaux ne sont pas disponibles ou il y a des listes d’attente, et fort de tout ça, nous nous sommes tenus à une liste finale avec des coordinateurs qui étaient très réceptifs au projet. » Les équipes du PAL ont présenté le futur projet de la volière, ce qu’ils avaient pour ambition et quelles espèces elles espéraient y intégrer. « C’est nouveau pour cette année mais c’est quelque chose qui va encore s’étoffer, annonce Nicolas Géli. Pas forcément en grand nombre parce que nous sommes attachés à ce qu’il y ai de l’espace, qu’on respire, aussi bien la végétation que les oiseaux et les visiteurs mais aussi les soigneurs, nous ne voulons pas de quelque chose qui soit surchargée. »
La plupart des nouvelles espèces de la Grande Volière font l’objet de Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP), comprenant de forts enjeux de reproduction pour des espèces bien souvent menacées dans leur milieu naturel. Parmi elles, le parc compte désormais des éperonniers napoléon, un magnifique oiseau de la famille des faisans originaire exclusivement d’une île aux Philippines et classé comme « Vulnérable » (VU) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). « Cette espèce est endémique de l’île de Palawan aux Philippines. C’est un projet super intéressant pour lequel il y a un programme de réintroduction qui devrait se mettre en place. » Autre espèce considérée comme « Vulnérable » (VU), le goura couronné récemment intégré à la volière également. « Il est moins courant que le goura de Victoria, c’est une espèce nouvelle pour nous et la coordinatrice est vraiment emballée par l’idée, elle est contente de voir des installations comme celle-ci. » Pour accompagner les ibis rouges, le choix s’est porté sur une autre espèce d’ibis, l’ibis du Cap, un oiseau menacé (classé aussi comme « Vulnérable » (VU) par l’UICN) qui n’est présent que dans une poignée de parcs seulement en France et en Europe. « Nous avons conservé quelques ibis rouges car c’est une espèce magnifique. L’ibis du Cap vit dans les montagnes du sud de l’Afrique, et sur le plan de la conservation, il est aussi super intéressant. » Dans les rangs des espèces menacées, le PAL a également accueilli des tragopans de Cabot, un autre oiseau de la famille des faisans, également « Vulnérable » (VU) selon l’UICN et qui est originaire du continent asiatique, plus précisément du sud-est de la Chine.
Afin d’animer les différentes strates de la volière, comme ce fut le cas auparavant, d’autres espèces ont également fait leur arrivée dans cet espace renouvelé. « Le modèle reste le même, je crois qu’il est important dans une volière d’essayer de proposer de voir des oiseaux qui occupent un peu toutes les dimensions, poursuit le Responsable Zoologique du PAL. Nous avons donc accueilli quelques nicobars à camail, une espèce qui est « Quasi menacée » (NT) selon l’UICN avec une population en diminution et un habitat très fragmenté. Nous avons aussi accueilli des touracos gris, qui sont très peu fréquents. » En effet, le touraco gris, originaire de l’ouest du continent africain, est un oiseau qui n’est visible que dans deux autres parcs zoologiques en France et seulement une dizaine au total en Europe. « La réflexion autour de cette espèce était de remplacer les conures soleil qui ont la fâcheuse habitude de cueillir les bourgeons. On se retrouvait au printemps avec une végétation rapidement dévastée et on avait des buissons et des arbres avec des bouts de branches qui pendaient parce qu’elles étaient passées par là. Donc le choix a été fait de prendre une espèce qui est moins tape à l’œil au premier abord mais qui le deviendra car nous espérons bien réussir leur reproduction et en avoir quelques-uns. Et c’est quand même un bel oiseau quand on tombe dessus, il est très beau. C’est une histoire de concession ; nous perdons en dynamisme et sur le plan sonore, mais nous allons y gagner en végétation et en curiosité aussi car il faudra peut-être les chercher pour les observer. » Le PAL est fier d’annoncer déjà des premières naissances avec des petits chez les spatules roses et les savacous huppés, deux espèces déjà présentes auparavant, ainsi qu’un premier petit chez les éperonniers napoléon. De belles promesses pour l’avenir de l’élevage d’espèces menacées au cœur de la nouvelle Grande Volière.