Il y a quelques jours, Gandhi, l’éléphante d’Asie des Terres de Nataé (anciennement Zoo de Pont-Scorff), a été transférée vers le sanctuaire Elephant Haven dans le Limousin.
Le départ du dernier éléphant d’Asie du parc
Dans son objectif d’amélioration des conditions d’accueil et de bien-être pour ses pensionnaires, les Terres de Nataé ont décidé de faire partir la dernière éléphante d’Asie du parc. Gandhi, qui a entre 53 et 58 ans selon les évaluations, vivait dans ce qui est devenu l’ancien Zoo de Pont-Scorff depuis maintenant 23 ans et avait été confiée, en 1998, par le Givskud Zoo au Danemark. Gandhi appartient à un plan d’élevage européen pour la conservation des éléphants d’Asie en captivité, un plan géré et coordonné par l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums). Depuis quelques années, le parc hébergeait également Ant Bwe Lay, un éléphant mâle d’environ 25 ans. Malheureusement, ce dernier est décédé à la fin du mois de Mai, à peine quelques jours après l’arrivée de Sébastien Musset à la tête de l’ancien Zoo de Pont-Scorff. « Ce fut un moment très difficile pour nous tous de perdre un éléphant comme Ant Bwe Lay, présent depuis de nombreuses années à Pont-Scorff », indique le Président des Terres de Nataé. Une autopsie a été réalisée et a révélé plusieurs insuffisances dont une importante insuffisance rénale due à l’absence d’un rein. « Notre vétérinaire référente, Florence Ollivet-Courtois, m’a indiqué que cela faisait déjà assez longtemps que Ant Bwe Lay vivait sans son deuxième rein, peut-être même depuis toujours ». Le décès d’Ant Bwe Lay a conforté l’idée de la direction de ne pas maintenir Gandhi sur le site de Pont-Scorff, dans les mêmes conditions de vie et surtout seule.
Au cours de sa vie, l’éléphante a vécu plusieurs épreuves compliquées notamment dans sa relation avec les autres éléphants. Elle vivait depuis plusieurs années isolée des autres qui étaient présents au parc alors que les éléphants d’Asie vivent naturellement en groupe de plusieurs individus. Une mise en contact avec d’autres éléphants est possible, mais dans les conditions d’accueil actuelles du parc, cela doit se faire dans un autre environnement, plus vatse, dénué de connotation négative pour elle et avec la nécessité d’un grand savoir-faire, de dévouement et d’engagement. Privilégiant avant tout le bien-être animal, et donc celui de Gandhi, la direction des Terres de Nataé en a conclu l’impossibilité de garantir son bien-être et a décidé d’offrir à l’éléphante un espace plus adapté, dans l’espoir qu’elle reprenne progressivement confiance en ces congénères.
Elephant Haven, un sanctuaire français dédié aux éléphants
Pour Gandhi et son âge relativement avancé, la possibilité d’un départ vers un sanctuaire en Asie a été écartée, le transfert devait être le plus bref possible notamment car elle souffre d’arthrose. En partenariat avec le Programme d’Élevage Européen (EEP) de l’espèce et la Fondation Brigitte Bardot, la direction des Terres de Nataé a choisi de transférer Gandhi vers Elephant Haven, le premier sanctuaire européen dédié aux éléphants et basé dans le Limousin en France. C’est le projet fou d’un couple de belges amoureux des éléphants, Tony Verhulst et Sofie Goetghbeur. Tous deux ont travaillé pendant une vingtaine d’années dans les zoos et œuvrent depuis 2012 à la création de ce sanctuaire.
Elephant Haven est donc apparu comme la meilleure destination dans le contexte de vie de Gandhi. Le comité des espèces menacées de l’EAZA a été consulté et a validé sa destination. Ce transfert concrétise également les excellentes relations entre les Terres de la Nataé et la Fondation Brigitte Bardot (qui avait déjà soutenu l’ancien zoo de Pont-Scorff en début d’année durant le processus de liquidation judiciaire pour nourrir les animaux), qui est un partenaire très important du sanctuaire Elephant Haven et qui a co-financé en grande partie le bâtiment de nuit des éléphants.
Une fois le choix validé, il a fallu préparer Gandhi à son transfert. Les équipes des Terres de Nataé y ont travaillé dès le mois de juillet, en compagnie des équipes d’Elephant Haven venues sur place pour apprendre à découvrir Gandhi et lui permettre également de rencontrer ses nouveaux soigneurs. Par la suite, la caisse servant à son futur transport a été installée dans son installation et grâce à l’entrainement quotidien, il ne lui a fallu que quelques jours pour entrer à l’intérieur seule et sans stress. Le transfert a été réalisé à la mi-octobre, il a nécessité la présence de deux vétérinaires et a également été supervisé par The Elephant Sanctuary, un autre sanctuaire dédié aux éléphants et basé aux États-Unis, reconnu mondialement dans le bien-être des éléphants en captivité. « C’était un moment très émouvant pour moi mais aussi pour toute l’équipe de la voir partir, précise Sébastien Musset. Une fois sur place, Ghandi est rentrée toute seule comme une grande dans son nouveau bâtiment et a pu découvrir l’extérieur très rapidement, tout s’est très bien déroulé ». Grâce à ce partenariat entre un parc zoologique, un sanctuaire, une association reconnue dans la protection des animaux et un programme de conservation européen, la direction des Terres de Nataé confirment sa volonté d’ouvrir ses frontières aux différents acteurs œuvrant à la protection et au bien-être des animaux. « Je souhaite vraiment casser les codes et travailler avec tous ceux qui partagent notre vision ».
Ghandi devient le premier pachyderme à rejoindre le sanctuaire Elephant Haven depuis sa création, où elle va profiter d’environ deux hectares dans un premier temps avant d’éventuellement être rejointe par d’autres congénères et de vivre dans un espace encore plus vaste. Elle bénéficiera d’un suivi personnalisé par une équipe de soigneurs n’utilisant que des méthodes d’entraînement positives. Des nouvelles de Ghandi seront données régulièrement aux équipes des Terres de Nataé mais aussi aux visiteurs à l’avenir.
L’avenir des éléphants aux Terres de Nataé
Les Terres de Nataé sont désormais orphelins des éléphants, une espèce présente en continue depuis de très nombreuses années au parc. Mais le départ de Gandhi ne signe pas pour autant la fin des éléphants à Pont-Scorff. D’importants travaux de réhabilitation doivent avoir lieu au sein de l’établissement pour viser des standards plus hauts d’accueil des animaux mais aussi pour améliorer la qualité de vie des pensionnaires. Et l’espace des éléphants fait partie du projet. « Nous travaillons actuellement sur les dessins d’un nouvel enclos, pour lequel nous pouvons également avoir des projets d’extension », répond Sébastien Musset à la question de l’avenir des éléphants à Pont-Scorff. Il est donc fort probable que dans les prochains mois ou prochaines années, les Terres de Nataé accueillent de nouveau un ou plusieurs éléphants pour s’inscrire dans une démarche de conservation de l’espèce en lien avec le plan d’élevage européen. « Nous pourrions peut-être avoir la capacité d’accueillir un petit groupe de mâles ou une petite famille ».
Pour obtenir davantage d’informations sur les Terres de Nataé, relisez l’article dans lequel Sébastien Musset, président des Terres de Nataé, aborde les objectifs de ce nouveau projet dont les maîtres-mots sont conservation et protection des animaux. Rendez-vous également sur les réseaux sociaux du parc pour suivre l’avancée du projet.
Et pour plus d’informations sur le sanctuaire Elephant Haven rendez-vous sur son site internet accessible juste ici : https://www.elephanthaven.com/fr/home .