© Victor Lahcen - Nature et Zoo
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L’AFdPZ lance la création d’un Centre de Sauvegarde des Espèces de l’UICN en France lors de son Assemblée Générale 2025 au CERZA

Au parc zoologique CERZA, lors de l’Assemblée générale de l’Association Française des Parcs Zoologiques (AFdPZ) en mai dernier, un événement historique s’est tenu avec la création du Centre pour la Sauvegarde des Espèces (CSS) de l’UICN en France.

Le rendez-vous annuel des parcs zoologiques français

C’est dans le cadre verdoyant du CERZA, en Normandie, que s’est tenue du 13 au 15 mai 2025 l’Assemblée générale de l’Association Française des Parcs Zoologiques (AFdPZ). Un événement qui a rassemblé de très nombreux professionnels issus de parcs zoologiques de métropole, d’outre-mer et même de Belgique, ainsi que des partenaires professionnels et institutionnels. Un rendez-vous annuel qui permet aux acteurs du milieu de faire le point sur les missions fondamentales des parcs zoologiques : la recherche, la pédagogie, le bien-être animal mais aussi la conservation des espèces. Cette Assemblée générale 2025 a été l’occasion de lancer officiellement un projet majeur de l’AFdPZ : la création du Centre de Sauvegarde des Espèces (CSS) de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le 20e centre dans le monde mais le premier dédié spécifiquement à la faune française. C’est en présence du Dr Jon Paul Rodríguez, Président de la Commission internationale de survie des espèces de l’UICN, de Maud Lelièvre, Présidente du Comité français de l’UICN et de Rodolphe Delord, président de l’AFdPZ et du ZooParc de Beauval, qu’a été signée le 13 mai 2025 la création du CSS marquant un signal fort face à l’extinction des espèces. « C’est aujourd’hui que ça s’est fait, se réjouit Thierry Jardin, fondateur du CERZA. Aujourd’hui nous recevons l’AFdPZ, il y a plus de 200 personnes présentes, et c’est un grand jour car nous avons signé une convention avec l’UICN sur les espèces protégées françaises. La vocation des parcs zoologiques est de préserver nos espèces, préserver notre biodiversité et bien entendu, les espèces de la faune locale. Alors il est vrai que protéger le criquet de Crau ou le petit crapaud sonneur est moins sexy que de protéger un lion ou une girafe, mais ils sont tout aussi importants. »

Un centre national pour une stratégie globale de conservation

Le Centre pour la Sauvegarde des Espèces France (CSS France) est le fruit d’un partenariat entre la Commission de la Sauvegarde des Espèces de l’UICN et l’AFdPZ et sera consacré à la sauvegarde des espèces françaises menacées. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce centre n’est pas un lieu d’accueil physique pour les animaux. Il s’agit d’un centre de coordination stratégique, qui centralisera données, expertises et actions de terrain pour accroître l’impact des programmes de conservation des espèces endémiques françaises. Il visera notamment à établir des priorités parmi les espèces menacées, à faciliter les synergies entre les parcs zoologiques, les chercheurs, les ONG mais aussi les pouvoirs publics. « C’est le 20e centre que nous inaugurons dans le monde, explique le Dr Jon Paul Rodríguez, Président de la Commission internationale de survie des espèces de l’UICN, présent au CERZA pour le lancement du CSS. L’idée de ces centres est de désigner toute une équipe pour travailler sur la conservation des espèces menacées. Dans le centre français, la priorité ce sont les espèces françaises mais les espèces françaises représentent des espèces du monde entier. »

La France se classe en effet parmi les pays abritant le plus grand nombre d’espèces menacées aux niveaux mondial et européen lui conférant une responsabilité importante face à la crise de la biodiversité. Avec ses départements et territoires d’outre-mer, elle est présente dans les quatre grands océans et dans cinq points chauds de la biodiversité mondiale. Le CSS devra donc gérer un large éventail d’espèces, plus de 2900 espèces françaises sont considérées comme menacées, mais ne pourra pas se focaliser sur toutes en même temps. Les situations des différentes espèces menacées seront analysées pour définir lesquelles nécessitent une attention particulière et définir les priorités de conservation en cohérence avec la liste rouge française de l’UICN (publiée par le Comité français de l’UICN). « On ne pourra pas sauver toutes les espèces d’un coup, ajoute le Dr Jon Paul Rodríguez. Il faut définir des priorités en fonction de l’état des populations, des ressources disponibles, de l’impact possible. Mais surtout, il faut montrer que la conservation fonctionne, et nous savons comment faire. Quand on met les moyens, la nature réagit. Mais il faut investir beaucoup plus dans la conservation de la biodiversité que dans sa destruction. »

Un réseau engagé pour la sauvegarde de la biodiversité française

Grâce à l’engagement de ses 106 membres (en 2025) et aux nombreux programmes de protection des espèces qu’elle soutient sur le terrain, l’AFdPZ s’appuie déjà sur un large réseau d’acteurs mobilisés. Elle souhaite aujourd’hui renforcer ses partenariats, donner plus de poids aux parcs zoologiques et aquariums dans la protection de la biodiversité, améliorer l’efficacité des actions menées grâce au travail en commun, et participer à orienter les politiques publiques pour mieux protéger les espèces. « En tant qu’acteur clé de la protection des espèces françaises, l’AFdPZ utilisera ce nouveau projet pour porter la recherche et l’innovation sur la scène internationale, et contribuer à faire progresser collectivement les politiques publiques françaises », a précisé Maud Lelièvre, Présidente du Comité français de l’UICN.

Pour Rodolphe Delord, président de l’AFdPZ et du ZooParc de Beauval, les parcs zoologiques jouent un rôle essentiel dans cette dynamique. « Les parcs zoologiques du monde entier sont les deuxième ou troisième financeur de la conservation in situ (dans le milieu naturel), un peu partout dans le monde, et nous travaillons en étroite collaboration avec l’UICN qui reconnaît le rôle primordial des parcs zoologiques et aquariums dans la conservation de la biodiversité. Et c’est pour cela qu’aujourd’hui nous inaugurons ce Centre pour la Sauvegarde des espèces françaises, qui est inauguré et créé en lien avec l’UICN. » Au-delà des espèces emblématiques qui attirent le public, les parcs zoologiques jouent aussi un rôle crucial dans la préservation d’animaux bien moins visibles. « Bien sûr que les visiteurs viennent voir des rhinocéros, des lions ou des tigres par exemple, mais en visitant un parc zoologique, ils peuvent financer la conservation d’espèces beaucoup plus menacées, moins attractives, moins spectaculaires, mais tout aussi importantes à conserver comme l’apron du Rhône par exemple, certaines espèces d’écrevisses, d’amphibiens, de batraciens, le vison d’Europe, l’outarde canepetière… Des espèces bien souvent méconnues qui disparaissent dans l’indifférence la plus totale, mais que l’on se doit de conserver et de protéger. Ce sont des espèces indispensables à l’équilibre de notre biodiversité. »

Dans cette même logique d’action concrète, l’AFdPZ s’est également vue confier une mission inédite par le ministère de la Transition écologique à la fin de l’année 2024 : la création du SAAS, le Service d’Assistance aux Animaux Saisis. Ce dispositif national unique en Europe permet à l’association de coordonner la prise en charge des animaux sauvages saisis par les autorités. « Désormais avec le SAAS, quand les douanes, l’OFB (Office Français de la Biodiversité), la gendarmerie, les pompiers, les DDPP (Directions Départementales de la Protection des Populations), saisissent un animal sauvage, c’est l’AFdPZ qu’ils contactent, ajoute Rodolphe Delord. Nous avons deux salariés payés par le Ministère de l’Environnement, qui s’occupent de trouver une solution pour placer ces animaux et qui assurent également leur suivi. Cela n’existait pas auparavant, c’est une première en Europe, même dans le monde. » L’objectif est clair : garantir le bien-être de ces animaux souvent victimes de trafic ou d’abandon, tout en apportant une réponse organisée et professionnelle à une problématique jusqu’ici mal encadrée. Chaque année, de nombreux animaux saisis par les autorités sont accueillis bénévolement par les parcs zoologiques membres de l’AFdPZ.

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