© Nature et Zoo
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Le Lumigny Safari Reserve se prépare pour la Traversée Nordique et l’arrivée de nouvelles espèces

Dans quelques semaines, le Lumigny Safari Reserve, connu pour sa grande diversité de félins, va présenter de nouvelles espèces animales au public avec l’ouverture prochaine de la Traversée Nordique.

Dans un nouvel épisode de Nature et Zoo : Le Podcast, Hugo Jardin, jeune directeur du Lumigny Safari Reserve, revient sur l’histoire du parc, son arrivée en 2023 et les premières évolutions engagées. Cet article revient plus en détail sur les nouveautés à venir, notamment l’arrivée de nouvelles espèces. Un épisode à retrouver sur toutes les plateformes, dans la rubrique « Le Podcast » de notre site internet, ou en écoute libre directement dans cet article !

L’un des plus grands tournants de l’histoire du parc

Le changement de direction à la tête du parc amène évidemment son lot de nouveautés pour le Lumigny Safari Reserve. Après l’inauguration du Royaume des Lions, le premier complexe hôtelier du parc offrant une vue sur un territoire de 4 hectares pour une troupe de lions, le parc animalier va très bientôt amorcer la diversification de sa collection animalière. « Nous avons déjà commencé et nous allons continuer dans les prochains mois à nous diversifier dans la partie carnivores, explique Hugo Jardin, directeur du Lumigny Safari Reserve. Nous allons très bientôt accueillir des canidés, et ensuite nous travaillons actuellement sur la création de nouvelles installations pour l’accueil d’ursidés. À plus long terme, il y aura une plus grande diversification, c’est une idée que j’ai maintenant et je pense que ça nécessitera vraiment de voir comment nous évoluons. » Les différentes espèces de félins resteront les stars du Lumigny Safari Reserve, qui présente l’une des plus grandes diversités dans le monde. Mais pour le directeur du parc, l’ajout de nouvelles espèces est primordial pour la stabilité de l’établissement et pour continuer d’attirer des visiteurs. « Si nous restons uniquement focalisés sur les félins, le risque que nous avons est que d’ici quelques années, la moitié de la collection aura diminué et si jamais nous ne sommes pas prêts, nous nous retrouverions avec une multitude d’enclos vides ou bien beaucoup moins de diversité. »

Plusieurs espèces et sous-espèces de félins ont des populations de plus en plus faibles au sein des parcs zoologiques européens, ne bénéficiant parfois pas de programmes de reproduction. Certaines d’entre elles, en raison du vieillissement des individus, pourraient disparaître des collections zoologiques, en Europe tout du moins. « Ce que je fais à Lumigny maintenant, en 2025, c’est continuer ce qui a été amorcé par Patrick Jardin dès 2010 avec les lémuriens et encore plus en 2016 avec les primates et les oiseaux. Maintenant il y a aussi une notion d’intérêt pour les visiteurs. Lorsqu’ils viennent à Lumigny en plein après-midi au mois d’août et qu’il fait très chaud, les félins seront normalement dans leur cabane, ou à l’ombre et très peu actifs. Sauf qu’aujourd’hui, le parc doit vivre toute l’année, il doit être intéressant toute l’année, il faut que nous ayons des installations qui soient adaptées à toute saison, avec des espèces qui s’adaptent à toute température. C’est aussi pourquoi, pour le dynamisme, et bien nous avons cette volonté de diversifier notre collection avec d’autres espèces plus actives selon les périodes. Pouvoir observer une grande diversité d’espèces au cours d’une même balade permet de mieux appréhender le monde animal. Je trouve que le travail de sensibilisation induit par cette mixité d’espèces aide à mieux comprendre la beauté du monde sauvage. Non pas que uniquement des félins ce n’est pas beau, mais allier la plus grande collection de félins à une belle diversité d’ours, de canidés, de primates et d’oiseaux, c’est encore mieux ! »

L’arrivée prochaine d’un nouveau carnivore : le loup à crinière

Seuls quelques animaux ont quitté le Lumigny Safari Reserve ces derniers mois, notamment pour libérer de la place et aménager de nouveaux enclos. « Pour l’instant, nous avons fait partir deux individus qui étaient des hybrides entre tigres de Sibérie et tigres du Bengale, poursuit Hugo Jardin. Ils sont partis dans un parc espagnol disposant d’enclos de qualité, ce qui nous a permis de libérer de la place pour nos tigres blancs qui sont en fin de vie et que l’on ne va plus reproduire. » Les deux tigres hybrides partis, ce sont ensuite les tigres de Malaisie qui ont pris leur place, puis les tigres blancs à la place des tigres de Malaisie. Un véritable jeu de chaises musicales profitant à certaines espèces et permettant au parc de créer de nouveaux espaces. En fin d’année 2024, le couple de lynx du Canada a également quitté le parc pour rejoindre le Domaine des Fauves en Isère. « Nous les avons transférés car nous présentons déjà au parc deux autres espèces de lynx, et l’un de nos collègues avait la volonté d’accueillir des lynx du Canada. À part cette espèce-là, nous n’avons arrêté aucun espèce sous EEP (Programme Européen pour les Espèces menacées) ni aucun espèce emblématique. »

Leur départ, associé au déplacement de l’ocelot, un petit félin sud-américain, a permis aux équipes du Lumigny Safari Reserve de créer un nouvel espace pour accueillir la première espèce de canidé du parc. « Nous avons supprimé l’installation des lynx du Canada, ainsi que l’ancienne installation des ocelots, en attendant de construire une nouvelle volière, et on s’est servi de tout cet espace, plus l’espace qui était vide, pour refaire un grand enclos. Donc nous avons fait de deux enclos une seule grande installation. Et nous avons de l’espace qui est encore disponible où nous allons refaire une nouvelle volière pour les ocelots, probablement dans le courant de l’été, plus grande encore que l’ancienne. » En ce début avril, une femelle loup à crinière est arrivée au parc pour prendre place dans un nouvel environnement de 2500 m², situé dans une zone de sous-bois, comprenant un point d’eau, des tanières ainsi qu’une grande maison. Nommée Jurema, elle est âgée d’un peu plus d’un an et devrait être visible dans les prochains jours. « C’est une femelle qui vient du Parc animalier de La Barben, donc elle connaît bien le territoire français. Le loup à crinière est une espèce intéressante, entre le renard et le loup, plus proche du renard dans son comportement, avec un pelage roux qui est magnifique, une crinière érectile, une odeur qui peut évoquer celle du cannabis à ce qu’on en dit. Plein de caractéristiques qui font de ce loup à crinière une espèce fascinante ! » D’un point de vue pédagogique, l’arrivée de cette espèce sur le parcours américain du parc permettra aux visiteurs de découvrir la diversité de carnivores d’Amérique du Sud, aux côtés des margays, des pumas et bientôt des ocelots.

La Traversée Nordique, grande nouveauté 2025 du Lumigny Safari Reserve

Une autre partie du parc est actuellement en cours de rénovation complète, un espace de plusieurs hectares qui accueillera très bientôt l’une des plus grandes nouveautés du Lumigny Safari Reserve depuis sa création. Au sud du parc, deux vastes enclos créés il y a quelques années ont vu leurs pensionnaires quitter leur territoire respectif il y a quelques mois. « Le départ des lions pour l’hôtel nous a permis de rapatrier les autres lions qui étaient présents sous la grande passerelle au bout du parc, raconte Hugo Jardin. Nos tigres blancs, qui étaient sept à l’origine, ne sont plus que trois et ont été déplacés dans un enclos de 2 hectares. Cela nous a permis d’avoir un espace total de près de 7 hectares disponibles pour réaliser notre principale nouveauté en 2025 : le Village Viking, avec un nouveau snack, La Taverne de Ragnar, des toilettes et des constructions thématiques sur les vikings. » Ce nouvel espace sera bien évidemment dédié à de nouvelles espèces, et pas des moindres, puisque un enclos de 2,5 hectares est actuellement en construction pour accueillir des ours bruns en cohabitation avec des loups arctiques. Un second enclos, de 3,5 hectares, accueillera très bientôt un duo d’ours polaires, les seuls en Île-de-France. « Nous espérons que cette zone va ouvrir pour les grands week-ends de mai, c’est notre objectif, annonce le directeur du parc. Aujourd’hui nous avons une recommandation pour nos animaux, il ne reste plus que le transport à gérer. Mais construire les infrastructures pour ces animaux-là prend du temps, et nécessite beaucoup de travail. Nous avançons bien, mais il faudra encore quelques semaines, donc peut-être que cela n’ouvrira que dans le courant du mois de juin, au plus tard, si nous prenons du retard. »

Une meute de loups avec des ours bruns

Les différents programmes de reproduction européens ont déjà sélectionné les animaux qui rejoindront le Lumigny Safari Reserve dans les prochaines semaines. « Nos ours bruns vont venir du Parc de Cabárceno, en Espagne, détaille Hugo Jardin. Nos loups arctiques, il y en a déjà deux qui sont prêts qui viennent de parcs zoologiques français, et nos ours polaires, l’un viendra de Hollande et l’autre du CERZA. » Les visiteurs pourront donc observer, depuis la passerelle déjà en place, les deux territoires qui se font face et découvrir, sur de grandes surfaces, les nouvelles espèces du parc. « La cohabitation entre des ours bruns et des loups existe déjà à l’étranger, c’est quelque chose d’assez courant mais dans des enclos plus petits. L’avantage du grand espace chez nous est qu’il permettra à chacun de trouver sa place. Nous avons aussi un enclos à l’arrière pour les loups, un enclos de 6000 m², qui servira si nous devions avoir des conflits entre les deux espèces. Les loups pourront ainsi aller se mettre à l’écart et y rester le temps qu’ils le souhaitent. »

Les seuls ours polaires en Île-de-France

Pour commencer et apprendre à gérer cette espèce exceptionnelle, le parc accueillera un binôme de femelles chez les ours polaires, avant de peut-être, un jour, se lancer dans la reproduction de l’espèce. « Pour le moment, nous n’avons pas encore de recommandation de reproduction. Par contre, ce qui est intéressant, c’est que l’accueil de ces ours polaires a déclenché une recommandation de reproduction au CERZA qui va pouvoir reproduire l’espèce et peut-être avoir des bébés si tout se passe bien. L’histoire est belle : que ce soit Lumigny qui permette au CERZA de reproduire ces ours polaires, c’est un beau message. » L’enclos des ours polaires et la maison qui lui est associée ont été construits de manière à pouvoir être scindés en deux parties, en fonction des affinités entre les deux femelles et du processus de leurs mises en contact. Les deux ourses profiteront également de deux plans d’eau de 700 m² et de 300 m², atteignant une profondeur de 3 mètres. « On pourrait se demander pourquoi accueillir des ours polaires en Seine-et-Marne. C’est un peu la même question que les ours polaires en Normandie, à Lisieux. Quand nous avons étudié les ours polaires, nous nous sommes rendus compte que, dans l’aire de répartition la plus au sud connue des ours polaires, donc au sud-est du Canada, il va y avoir des températures maximales qui correspondent aux maximales de Coulommiers, la ville où l’on fait les analyses météorologiques la plus proche de Lumigny. Ainsi, pour les ours polaires sauvages, une partie de la population choisit de vivre dans une zone où l’on va rencontrer les mêmes températures. La différence c’est qu’au sud du Canada, quand il fait froid il peut faire très froid, des froids que l’on rencontre rarement à Lumigny. »

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