© Biotropica
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À Biotropica, des petites raies de Léopolde ont vu le jour

Surprise pour les équipes de Biotropica près de Val-de-Reuil qui ont eu la joie de découvrir la naissance d’une douzaine de petites raies de Léopolde, un poisson menacé de disparition.

Une douzaine de petites raies « Diamant noir »

Biotropica est devenu au fil des années une véritable nurserie pour des espèces rares et extrêmement menacées dans leur milieu naturel. Après les paresseux ou encore les Faux-gavials d’Afrique, bien connus du public, le parc animalier normand a annoncé récemment la reproduction exceptionnelle d’une espèce de poisson atypique et menacée. Ces dernières semaines une douzaine de petites raies « Diamant noir » aussi appelées raies de Léopolde, sont nées au parc dont 9 petits sur la seule matinée du samedi 18 février dernier. « Nous avions déjà eu d’autres naissances auparavant mais à chaque fois il n’y avait que deux ou trois petits, précise Laëtitia LASSALLE, responsable de la conservation à Biotropica. Là nous en avons eu neuf d’un seul coup, donc c’est un peu surprenant un samedi matin de tomber sur neuf bébés raies comme cela ! » Avec ces nouveau-nés, le parc héberge un groupe d’une vingtaine de raies de Léopolde dont les adultes sont présentés dans l’un des bassins de la serre tropicale. Les petits ont rapidement été pris en charge par l’équipe animalière et une partie d’entre eux est visible dans un aquarium proche des adultes. « Nous récupérons les petits immédiatement pour les garder quelques semaines en observation et garantir qu’ils s’alimentent facilement, sans la compétition des adultes, ajoute François HUYGHE, vétérinaire et directeur de Biotropica. L’opération est délicate, ces poissons sont venimeux dès la naissance, il s’agit de ne pas se faire piquer ! » En effet, la raie de Léopolde est un poisson venimeux possédant une épine au bout de sa « queue ».

C’est également une espèce ovovivipare ; après l’accouplement, des œufs se développent dans l’abdomen de la femelle pendant plusieurs semaines avant d’éclore à l’intérieur. Les petits sont ensuite expulsés, complètement formés, et en mesure de se nourrir immédiatement. « Une belle surprise pour démarrer la journée, témoigne Jessica ROMAN, leur soigneuse. C’est pendant la tournée du matin que j’ai aperçu quelques mini-raies cachées dans le décor. Nos raies vivent en eau douce et ne pondent pas d’œufs, les petits naissent comme répliques exactes de leurs parents. Une portée de 9 petits, tous vivants, c’est une première et ça nous rend très fiers de nos protégés ! » Assez peu représentée dans les zoos et aquariums en France, les naissances chez cette espèce ne sont pas courantes.

Leur unique lieu de vie est aujourd’hui menacé

La raie de Léopolde (Potamotrygon leopoldi) est un poisson d’eau douce endémique du bassin du fleuve Rio Xingu au Brésil. « On ne trouve cette espèce que dans un seul fleuve du Brésil, sur une portion limitée, poursuit Laetitia LASSALLE. Malheureusement, un énorme barrage hydroélectrique vient d’être inauguré au cœur du seul sanctuaire de l’espèce. Une énergie « verte » mais qui détruit le lieu de vie d’espèces qu’on ne trouve nulle part ailleurs. » Sujet à de nombreuses controverses, notamment pour son impact sur l’environnement et sur les populations locales, le barrage de Belo Monte est considéré comme l’un des plus gros barrages du monde et a été mis en service en 2019 après plus de 10 ans de travaux.

Depuis peu, la raie de Léopolde a été classée comme « Vulnérable » (VU) sur la liste rouge des espèces menacées éditée par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Ses effectifs dans la nature sont en diminution et subissent de nombreuses autres menaces comme la pêche illégale pour le commerce des aquariums d’ornement ou encore la pollution et la fragmentation de son environnement. « Le rôle de Biotropica est de participer à faire en sorte, au moins par l’élevage, que cette espèce fabuleuse ne disparaisse pas : ces petits partiront à terme créer des couples dans d’autres aquariums du monde entier, dans l’attente de voir la situation évoluer au Brésil. C’est précisément l’une de nos vocations. »

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