© Parc animalier d'Auvergne
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Naissance exceptionnelle d’une panthère de l’Amour au Parc animalier d’Auvergne

Pour la première fois de son histoire, le Parc animalier d’Auvergne enregistre la naissance exceptionnelle d’une petite panthère de l’Amour, une première depuis plus d’un an à travers l’Europe.

L’un des félins les plus menacés de la planète

Quand on sait que l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) place ce félin sur la liste des espèces « En danger critique d’extinction » (CR), on sait ô combien cette naissance relève d’une importance cruciale. La panthère de l’Amour (Pantheras pardus orientalis), aussi appelée léopard de l’Amour, est une sous-espèce de panthère qui vit dans le Sud-Est de la Russie et le Nord-Est de la Chine. Son nom fait référence au fleuve Amour qui coule en Sibérie et en Chine. La panthère de l’Amour possède une épaisse fourrure tachetée qui se distingue de celle des autres panthères par la couleur plus crème, la taille de ses tâches et la longueur de ses poils. « Cet animal a une aire de répartition qui est assez faible, commente Clémence Pleuvry, Responsable communication et commercial au Parc animalier d’Auvergne. La moindre menace est malheureusement ressentie et a beaucoup d’impact sur les individus dans le milieu naturel. » La panthère de l’Amour subit de nombreuses pressions telles que la destruction et la fragmentation de son habitat qui aurait diminué de plus de 80% entre les années 1970 et 1980. Elle fait aussi face au braconnage et à la disparition de ses proies naturelles, l’obligeant parfois à se nourrir d’animaux domestiques. « On pense qu’il y a entre 50 et 100 individus dans la nature. On sait en tout cas qu’il y a moins de 100 individus adultes capables de se reproduire, c’est un chiffre très bas qui fait même très peur. »

La première naissance depuis plus d’un an en Europe

C’est donc avec une grande fierté que les équipes du Parc animalier d’Auvergne ont annoncé en octobre 2024 la naissance exceptionnelle d’une petite panthère de l’Amour. Cette sous-espèce fait l’objet d’un Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) coordonné par le Zoo de Berlin en Allemagne et qui enregistre peu de naissances. Le bébé qui a vu le jour au Parc animalier d’Auvergne est le premier à voir le jour depuis plus d’un an à travers l’Europe. « C’est une petite femelle, elle est née le 28 août dernier, poursuit Clémence Pleuvry. C’est une naissance plus ou moins attendue, espérée en tout cas ! Nous avions observé les accouplements ce qui nous a permis de calculer approximativement la date à laquelle notre femelle pouvait mettre bas. Là c’est arrivé le matin du 28 août, la soigneuse qui faisait son tour a aperçu la petite boule de poils et même si on s’y attendait un peu, cela a quand même été la surprise générale et une excellente nouvelle. » La gestation a été suivie par l’équipe vétérinaire grâce à l’entrainement médical réalisé très régulièrement par les soigneurs avec le couple de panthères de l’Amour. « Nous n’avons pas fait d’échographies car cela nécessiterait une anesthésie, l’entrainement médical nous suffit et nous aide à peser la femelle pour suivre la courbe de poids et voir si cela peut correspondre à une potentielle gestation. » Ce sont les abonnés du Parc animalier d’Auvergne sur les réseaux sociaux qui ont choisi de nommer cette petite femelle Zeïa du nom d’une rivière en Russie, affluent du fleuve Amour. « Ça s’est passé en plusieurs temps, nos abonnés nous ont d’abord donné plusieurs idées de prénoms, plus de 600 au total, que nous avons trié pour en proposer une cinquantaine aux employés du parc. Ces derniers en ont choisi trois qui ont été de nouveau proposés aux votes sur nos réseaux sociaux et qui ont élu Zeïa comme prénom. »

Les premiers pas en extérieur de la petite Zeïa

Au cours des premières semaines de vie du nouveau-né, l’équipe animalière a modifié les protocoles des soins quotidiens apportés aux panthères de l’Amour pour déranger le moins possible la mère et son bébé. « Nous avons observé un changement de comportement de la femelle dans le bâtiment quand un soigneur rentrait, donc nous avons essayé de n’y aller qu’une fois par jour au moment du nourrissage pour éviter tout stress. Mais ça se passait très bien, elle nous le faisait comprendre de par son instinct, mais sans agressivité, elle avait un tempérament plus protecteur. » La petite Zeïa est passée entre les mains des vétérinaires en octobre pour s’assurer d’abord qu’elle était en bonne santé mais aussi dans le but de déterminer son sexe, de l’identifier à l’aide d’une puce électronique, et d’effectuer ses premiers vaccins. « C’est le premier bébé de notre femelle Suyiana, nous ne savions pas comment elle allait s’occuper de son petit mais finalement, elle a dépassé nos attentes car elle s’en occupe parfaitement bien depuis le début, se réjouit la Responsable de la communication. La petite Zeïa est en excellente santé, elle a un bon petit caractère et elle a passé le premier contrôle médical avec succès, il n’y a rien à signaler ! »

La fin du mois de novembre a été l’occasion pour le petit félin de découvrir l’extérieur aux côtés de sa mère. « Le 29 novembre, elle a fait sa première sortie dans le pré-parc, c’étaient ses premiers pas dans l’herbe, ses premières explorations, sous l’œil avisée de sa maman quand même. Suyiana vérifie si tout se passe bien et les petites sessions de jeu confirment qu’elles sont à l’aise dans l’espace. » L’équipe animalière laisse du temps à la femelle et son bébé avant de sauter le pas et de leur ouvrir les portes du grand enclos. « Nous travaillons avec la coordinatrice du programme qui nous conseille beaucoup, nous essayons d’être entourés au maximum pour que cette naissance soit une réussite. » Le parc travaille également avec Akongo, un organisme de recherche qui accompagne les parcs zoologiques sur des sujets liés à l’éthologie et au bien-être animal. Actuellement fermé, le Parc animalier d’Auvergne va rouvrir ses portes le week-end du 14 et du 15 décembre puis durant les deux semaines des vacances de Noël, à l’exception du 24 et du 25 décembre. « Avec de la patience nos visiteurs pourront l’observer dans son pré-parc voir même dans le grand enclos ! »

Le premier bébé du couple présent au Parc animalier d’Auvergne

Au Parc animalier d’Auvergne, Zeïa découvrira prochainement l’un des plus grands enclos pour panthères de l’Amour en Europe, un espace de 5000 m² qui a été inauguré en 2021. Le parc avait dans un premier temps accueilli Suyiana, une femelle aujourd’hui âgée de 11 ans originaire d’un zoo en République Tchèque. Initialement, Suyiana devait être rejointe par un mâle d’un parc zoologique anglais, mais les événements liés au Brexit ont un peu compliqué la tâche. « Pour la petite histoire, la coordinatrice du programme, qui devait former un couple reproducteur chez nous, avait trouvé un mâle en Angleterre. Mais avec le Brexit, tous les transferts d’animaux sont devenus très compliqués à mettre en place, c’était même devenu mission impossible. » Un second mâle a été recommandé par la suite mais celui-ci vivait dans un zoo ukrainien, et là encore, le contexte géopolitique a freiné l’arrivée de ce nouveau pensionnaire. « Parfois en parc zoologique, on se rend compte qu’il faut faire le choix qui est le plus optimal pour plein de paramètres, pas seulement la génétique. »

Ce n’est qu’à la fin du mois de mars 2022 que les équipes du Parc animalier d’Auvergne ont pu enfin accueillir un mâle compatible génétiquement avec Suyiana. « Nous avons donc accueilli Baruto, il a 13 ans aujourd’hui et nous sommes allés le récupérer dans un parc zoologique en Italie. Ses premières sorties étaient assez timides mais au final, il a pris l’habitude et il a réussi à s’adapter. » Baruto s’est déjà reproduit par le passé mais pour Suyiana, la petite Zeïa est son tout premier bébé. Les mises en contact entre les deux félins, d’ordinaire progressives, ont pu être rapidement mises en place. « Nous avons eu un peu de chance car Suyiana s’est mise en chaleurs rapidement, donc nous en avons profité pour les mettre en contact, et depuis ils vivent ensemble toute l’année. Alors forcément, au départ nous prenions des précautions, nous les mettions ensemble la journée mais pas la nuit parce que nous ne savions pas comment cela allait se passer, mais sinon ils étaient tout le temps ensemble. » Avec la naissance de Zeïa, les choses ont changé car le mâle ne prend jamais part à l’élevage de sa progéniture, cette tâche est exclusivement réservée à la femelle. Baruto occupe donc seul le grand enclos depuis la fin du mois d’août et les équipes du Parc animalier d’Auvergne espèrent pouvoir organiser une rencontre entre les trois animaux à l’avenir. La jeune Zeïa grandira paisiblement aux côtés de sa mère et c’est l’EEP qui décidera, dans les prochaines années, de l’âge auquel elle prendra son indépendance pour être transférée dans un autre parc zoologique européen et perpétuer à son tour la conservation des panthères de l’Amour.

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