En 2022, le ZooParc de Beauval met l’accent sur des rénovations importantes, dans les plus anciens espaces notamment pour les oiseaux et certains primates.
D’autres nouveautés vont également voir le jour rapidement, dans les prochaines années. Une nouvelle entrée, un centre de soins pour la faune sauvage, construction de la plus grande volière d’Europe ou encore un cinquième hôtel… Rodolphe Delord nous a accordé un peu de son temps pour répondre à nos questions et nous dévoiler ce à quoi peuvent s’attendre les visiteurs prochainement.
Vers une fréquentation record en 2022 ?
Malgré un temps de fermeture conséquent en 2021, le ZooParc de Beauval avait réalisé l’un des chiffres de fréquentation les plus importants de son histoire en réunissant 1,4 million de visiteurs. « Nous avons eu deux années compliquées mais nous avons quand même réalisé notre meilleure année en 2021 avec seulement 7 mois et demi d’ouverture », indique Rodolphe Delord. Beauval s’érige désormais en destination incontournable en toute saison et les premiers chiffres de l’année 2022 en sont la preuve. « La saison s’annonce très bonne, nous avons accueilli 200 000 visiteurs entre le mois de janvier et le mois de mars, nous allons faire 300 000 sur le mois d’avril, donc nous sommes partis pour atteindre entre 1,8 et 2 millions de visiteurs sur l’année complète, ce qui représente un chiffre énorme même si c’est difficile à prédire. » Et après avoir été privé de visiteurs durant deux printemps successifs, celui-ci semble gommer ce désagrément. « Le mois d’avril est exceptionnel, se réjouit le directeur du parc. Janvier, février et mars ont été exceptionnels mais avril, c’est un gros mois de juillet au mois d’avril. » Pour rappel, lors de son année record en 2019, le ZooParc de Beauval avait accueilli 1,6 millions de visiteurs du 1er janvier au 31 décembre.
Une dernière année en France pour Yuan Meng ?
Premier bébé panda géant à voir le jour dans un parc zoologique français, Yuan Meng est toujours au Zoo de Beauval. Avec les naissances de Yuandudu et Huanlili en août 2021, le parc héberge désormais 5 pandas géants. Mais Yuan Meng, qui a atteint l’âge adulte et qui est séparée de sa mère depuis suffisamment longtemps, doit normalement rejoindre la Chine prochainement. « Yuan-Meng aurait déjà dû partir mais à cause du Covid, c’est compliqué en ce moment d’aller en Chine. Il repartira c’est certain et les jumelles aussi, autour de leur 4 ans, mais il n’y a pas d’urgence, nous avons suffisamment de bambou pour nourrir tout le monde ! » Aucune date n’a donc encore été choisie pour le départ du jeune panda. Concernant ses parents, Huan Huan et Yuan Zi, c’est une toute autre histoire. À leur arrivée à Beauval en 2012, les deux plantigrades devaient rester en France pour une période de 10 ans reconductible. Bien évidemment, il n’est pas question que le couple star ne regagne la Chine de sitôt, même si les dix premières années sont consumées. « C’est toujours en discussion, ce sera prolongé mais nous attendons un événement d’état pour l’officialiser. » Rodolphe Delord avait d’ailleurs accompagné le Président de la République, Emmanuel Macron, en 2019 lors d’un voyage d’état en Chine où il était en partie question de l’avenir des pandas de Beauval. « Les choses avancent mais aujourd’hui les voyages entre la France et la Chine sont compliqués, même pour un chef d’état. Donc nous attendons encore un petit peu, mais il n’y a pas de raison qu’ils ne restent pas de toute façon, ils sont en parfaite santé et ils ont eu des bébés. »
La refonte complète des anciennes volières à oiseaux et primates
Concernant les nouveautés pour 2022, le Zoo de Beauval a choisi de faire plus grand et plus beau pour ses oiseaux. Structures fondatrices du zoo d’aujourd’hui, les anciennes volières situées à l’entrée du parc ont été totalement réhabilitées cette année. « Nous avons refait presque toutes les volières à oiseaux et à perroquets. Maintenant, il y aura plus de mixités entre les espèces, les volières sont beaucoup plus grandes, de quatre ou cinq volières nous en avons fait une seule qui est plus grande et surtout plus haute. » Il a donc fallu jouer au jeu des chaises musicales cet hiver pour permettre aux chantiers d’avancer correctement. Pour cela, de nouvelles volières ont été construites en coulisses durant l’été 2021. « Nous avons construit une station d’élevage, hors public et non visitable, comprenant 30 volières intérieures et 30 volières extérieures pour élever des espèces d’oiseaux rares, en danger, qui ont besoin de vivre par couple, précise Rodolphe Delord. Pour l’instant nous nous sommes surtout servis du bâtiment pour mettre les oiseaux pendant les travaux cet hiver mais maintenant que nous remettons les oiseaux en place dans le parc, nous allons pouvoir lancer l’élevage. » Bien sûr, les nouvelles volières, visibles des visiteurs, présenteront les nombreuses espèces qui vivaient déjà au parc, mais de nouvelles arriveront petit à petit. « Il y a plein de nouvelles espèces ! Il y a des espèces qui étaient présentées au public qui ne le seront plus et il y a de nouvelles espèces qui seront présentées en plus. Par exemple avec certaines espèces de perroquets il y aura une espèce dite de sol, comme des hoccos, des faisans, ou des éperonniers. Il y aura différentes espèces dans chaque volière, quatre ou cinq qui seront présentées en cohabitation. » Parmi les nouvelles espèces, le Zoo de Beauval va accueillir des inséparables à joues noires, des grands hoccos, des colombars giouanne mais aussi des éperonniers Napoléon. Certaines d’entre elles seront également uniques en France comme le hocco à face nue, le loriquet de Forsten, la perruche de Latham ou encore l’inséparable à tête grise. Chacune de ces volières aura pour thème une région précise du globe et chaque espèce ainsi que les différentes mixités mises en place ont été choisies en concertation entre les services conservation, vétérinaire et zoologique de Beauval et en partenariat avec les coordinateurs européens pour les espèces menacées.
Mais les oiseaux ne sont pas les seuls à bénéficier de nouveaux habitats cette année. Les différentes espèces de cercopithèques, situées entre la baie des manchots et les macaques de Barbarie, vivaient jusqu’à cette année dans des petites volières en forme de cloches. « Nous avons refait toutes nos volières à singes cercopithèques, poursuit Rodolphe Delord. Avant, il y en avait huit, maintenant il y en a quatre. Elles passent de 6 mètres de haut à environ 8 ou 10 mètres désormais, elles sont deux à quatre fois plus grandes, et surtout beaucoup plus modernes. » Les bâtiments dédiés aux cercopithèques ont également été transformés passant de trois à six mètres de hauteur.
Une vingtaine de chantiers dans le parc
Cette année encore, une vingtaine de chantiers de toutes tailles ont été entrepris dans l’ensemble du parc, des travaux d’embellissements et de réhabilitations d’anciens espaces notamment mais aussi quelques nouveautés. La crêperie la Roseraie, elle aussi dans le secteur des nouvelles volières, a subi une grosse modification avec l’ajout d’un étage à sa terrasse, permettant d’augmenter sa capacité d’accueil. Du côté de la Savane africaine, une nouvelle passerelle a été construite amenant dans le territoire des girafes, rhinocéros blancs et zèbres de Grévy et la terrasse du point de restauration a elle aussi vu sa terrasse s’agrandir. Mais il y également des chantiers en cours pour des nouveautés animalières. « Nous sommes en train de refaire un des aquariums marins dans la serre australienne avec prochainement une zone pour des méduses et des hippocampes, résume le directeur du Zoo de Beauval. Ce sera certainement prêt cet été. Et puis nous réalisons une nurserie pour des coraux qui sera visible du public, comme nous l’avions fait l’année dernière pour les dendrobates. Nous élevons beaucoup de petites espèces très intéressantes que nous ne montrons pas forcément au public et c’est l’occasion de les présenter. » Le Zoo de Beauval investit encore et toujours pour améliorer l’existant ou se développer davantage, en témoigne l’immense plan d’investissement prévu pour les deux à trois prochaines années. « Nous allons investir beaucoup pour la suite, 50 millions d’euros sur les deux prochaines années, ensuite on devrait partir sur un autre programme d’investissements, juste après. »
Un centre de soins pour la faune sauvage et un centre de recyclage
Dans cette première tranche d’investissement conséquente, de nombreuses nouveautés vont voir le jour. Et non loin de là, le Zoo de Beauval a choisi de s’investir et d’investir d’avantage dans la protection de la biodiversité locale et a débuté il y a quelques semaines le chantier d’un centre de soins pour la faune sauvage locale. « Ce sera l’un des plus importants centres de soins de faune sauvage en France, il représente un investissement d’environ 2 millions d’euros. Il y aura 7 salariés à temps plein dont 3 vétérinaires au départ et il sera ouvert 7 jours sur 7, avec la possibilité d’apporter des animaux blessés 365 jours par an. » Le parc estime à environ 5000 le nombre d’animaux sauvages qui pourront y être soignés chaque année. « Il y aura probablement des hérissons, des hirondelles, des buses, des chouettes, des hérons, etc… » Mais ce nouvel édifice restera éloigné du parc, dans une ancienne usine rachetée et réhabilitée par le parc. Et pas question de mêler les différentes espèces sauvages récupérées au centre de soins avec celles vivant au sein du zoo. « Les animaux blessés seront soignés et relâchés dans la région. Le centre ne sera pas visitable, il est situé à environ 1 km du zoo, près de notre centre technique et logistique. Les directives sanitaires imposent que le centre de soins soit à une distance importante du parc zoologique. Et en plus aucun animal, jamais, du centre de soins ne devra aller à Beauval. » Si Beauval Nature, l’association du ZooParc de Beauval, agit énormément pour la conservation des espèces menacées au quatre coins de la planète, Rodolphe Delord souhaite en faire davantage pour la biodiversité locale. « C’est un énorme projet pour Beauval Nature, pour faire plus dans la conservation locale. Nous en faisons de plus en plus, récemment, nous avons racheté une cave, une ancienne cave à champignons de 3km de long uniquement pour protéger les deux espèces de chauves-souris qui y vivent. »
Au delà de la protection des animaux sauvages, celle de l’environnement figure aussi au cœur des préoccupations du parc. Depuis 2014, une usine de méthanisation permet de transformer les fumiers et déchets organiques du zoo en énergie, servant notamment à chauffer différents espaces, comme la serre des gorilles. Et après l’usine de méthanisation, Rodolphe Delord souhaite se lancer dans un projet encore plus fou : recycler tous les déchets du parc. « Nous avons un nouveau projet qui va bientôt démarrer, c’est une déchetterie, un nouveau centre de tri pour pouvoir recycler 100% de nos déchets aux alentours de 2025. C’est encore un investissement, environ 3 millions d’euros. » Ce nouveau projet part d’un constat simple qui se vérifie chaque jour de grosse affluence. « Beauval c’est une ville, nous l’avons vu encore au week-end de Pâques où nous avons fait 60 000 visiteurs, et au niveau des déchets c’est énorme. Nous trions déjà le carton, le plastique, le verre, mais ce que nous voulons c’est que 100% de nos déchets soient recyclés. »
Les Rivages de Beauval : la construction d’un cinquième hôtel
Dans le plan d’investissement d’environ 50 millions d’euros, le ZooParc de Beauval prévoit la construction d’un nouvel hôtel, le cinquième de la destination. Et après les thématiques indonésienne, chinoise, africaine et vietnamienne, cap sur le Mexique pour ce nouvel hébergement. « L’hôtel sera en plein milieu de Saint-Aignan, sur deux friches industrielles que l’on désamiante et que l’on refait entièrement, précise Rodolphe Delord. Sur l’ancien hôpital de Saint-Aignan, désaffecté depuis 10 ans, nous construisons un hôtel de 139 chambres. » Pour permettre aux futurs résidents de l’hôtel de garer leurs véhicules facilement, un parking est également en construction. « Juste à côté nous avons racheté une usine, l’ancienne usine Pasquier qui était elle aussi désaffectée mais depuis 45 ans. C’est une verrue au milieu de Saint-Aignan, nous sommes est en train de la démolir totalement pour faire un parking sur deux niveaux pour l’hôtel. » Avec l’augmentation de la fréquentation du parc mais aussi celle du temps de visite, il devient nécessaire de proposer davantage d’offres de séjours aux alentours. « Même s’il y a déjà 12 000 lits dans la vallée du Cher avec les chambres d’hôtes, les gîtes, et les hôtels, nous avons besoin de plus de chambres avec la fréquentation. Quand nous avons 20 000 personnes par jour, il faut beaucoup de chambres. » L’hôtel de 139 chambres comprendra également un grand restaurant de 500 m² et devrait ouvrir ses portes au printemps 2023.
L’entrée principale totalement réaménagée
D’ici deux ans, Beauval prévoit également une refonte totale de son entrée principale. Depuis l’inauguration du dôme équatorial en 2020, le parc dispose d’une seconde entrée, permettant de réaliser plus facilement des travaux sur la plus ancienne. « Nous allons refaire l’entrée sud, en deux fois six mois de travaux, de septembre 2022 à mars 2023 puis de septembre 2023 jusqu’à l’ouverture définitive en mars 2024. » Mais comme à son habitude, Rodolphe Delord voit grand pour son parc et si une passerelle n’est pas imaginable pour enjamber la route, alors il choisit de passer en dessous. « Nous allons déplacer la départementale sur 100 mètres de long et 7 mètres de large pour faire passer deux grands tunnels, un sous le parking et un sous la route, en forme d’escargot et il y aura une entrée en spirale. Les gens devraient arriver dans une serre, sans animaux. » Le coût du projet, qui comprend en outre de nouveaux bureaux et un bâtiment technique, est estimé à environ 14 millions d’euros, mais celui-ci permettra aux visiteurs de ne plus traverser la route pour rallier le parking et l’entrée du parc. « Ce projet permettra de sécuriser totalement l’entrée, d’éviter de traverser la route et d’immerger le public dès son arrivée, de le dépayser. »
La plus grande volière d’Europe pour 2023
L’avenir du parc se dessine peu à peu et les grands projets s’enchainent. Rodolphe Delord s’est récemment lancé un nouveau défi de taille dont les oiseaux et d’autres animaux se réjouiront forcément. « Nous avons commencé les travaux de la plus grande volière d’Europe, elle s’étendra sur 1,6 hectare, 35 mètres de hauteur aux points culminants, et entre 10 et 20 mètres de haut sur les côtés, au plus bas. Elle fera deux fois la surface du dôme et trois fois pratiquement la volière des hippopotames. » Avec ces mensurations vertigineuses, l’ouvrage sera entièrement recouvert d’un filet et couvrira également une partie de forêt. « Dedans il y aura un restaurant, une grande maison de nuit pour les oiseaux, il y aura des passerelles accessibles à tout le monde, des ponts de singes avec des cordes… » Ce nouvel espace ne se visitera qu’en hauteur, par un cheminement de passerelles à différentes hauteurs. Quant à la région du monde d’où seront originaires les différentes espèces que les visiteurs pourront rencontrer à l’intérieur, c’est déjà tout trouvé. « C’est une volière sud-américaine ! Il y aura des flamants, des ibis rouges, tout un tas d’oiseaux sud-américains, des canards, parce que j’adore les canards, des vautours, des pélicans… » Mais cette volière ne se contentera pas de présenter des oiseaux puisque plusieurs espèces de mammifères pourront également y évoluer. « Il y aura également quelques enclos pour des mammifères, poursuit Rodolphe Delord, où les oiseaux pourront aller bien sûr. Nous prévoyons notamment un très grand enclos pour nos fourmiliers géants, ce qui libèrera de la place là où ils sont pour bouger certaines espèces comme les jaguars. Dans la volière il y aura également des singes, des atèles, il y aura des singes hurleurs normalement, des pécaris aussi et peut-être des pudus. Voilà, nous aurons plusieurs enclos en plus dans la volière. »
L’un des principaux objectifs de la réalisation de cette volière concerne donc les oiseaux, afin de leur permettre d’exprimer au maximum leurs comportements naturels. « Nos flamants de Cuba, qui sont actuellement à l’entrée du parc, vont y déménager pour qu’ils puissent voler. Et puis à la place des flamants, sur cette grande île qui sera libérée et que nous allons revégétaliser, nous devrions y installer des gibbons », annonce le directeur du Zoo de Beauval. La nouvelle volière sud-américaine nécessite un investissement tout aussi colossal que ses dimensions, entre 12 et 14 millions d’euros. Celle-ci sera située entre le spectacle des Maîtres des Airs et celui de l’Odyssée des Lions de mer, sur un terrain inexploité qui vit ses premiers coups de pioches depuis quelques semaines. « Les visiteurs y accèderont par une passerelle, qui sera sur le chemin qui mène aux condors des Andes et au restaurant le Kilimandjaro. Pour l’instant ce sera une boucle et un cul-de-sac avant d’agrandir plus loin et de prolonger. » La grande volière sud-américaine du Zoo de Beauval devrait ouvrir ses portes dès le mois de mars 2023.
Quant aux futurs projets du parc, Rodolphe Delord évoque la poursuite des rénovations des anciens espaces et probablement d’autres nouveautés. « Nous avons plusieurs projets de grandes volières comme celle-ci pour les oiseaux. Dans les prochaines années, il y a beaucoup d’animaux qui vont bouger, nous avons encore quelques parties anciennes, la plupart ont été rénovées ces dernières années mais il reste quelques parcs à fauves qui seront agrandis. Nous avons beaucoup d’idées, par exemple les mangoustes naines, l’enclos n’est pas très grand à l’extérieur, les porcs-épics non plus. Dans le même style que les lions, il y aura probablement un grand projet pour les tigres dans le futur également, Beauval bouge tout le temps ! »