© Espace Zoologique de Saint-Martin-la-Plaine
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Une pluie de naissances dans les meutes de loups des zoos français

De nombreux parcs zoologiques à travers le pays ont enregistré une vague exceptionnelle de naissances au sein de leurs meutes de loups, témoignant de la réussite de l’élevage de cette espèce en captivité en France.

Des naissances chez plusieurs sous-espèces

Trois sous-espèces de loups sont concernées par des naissances de louveteaux depuis le début du printemps : le loup arctique, le loup gris européen et le loup du Canada. Ensemble, ces naissances représentent près d’une cinquantaine de louveteaux, une dynamique rare et particulièrement encourageante pour la conservation du loup en général. Pour les loups arctiques (Canis lupus arctos), originaires des régions polaires d’Amérique du Nord et sous-espèce la plus représentée au sein des zoos français, le Zoo du Bois d’Attilly a vu naître quatre louveteaux, un petit est né au Domaine des Fauves, un autre au Parc de Courzieu, trois bébés au Parc animalier les Loups du Gévaudan et enfin, au CERZA, c’est une portée de six petits qui a vu le jour. Proches cousins des loups arctiques, les loups du Canada (Canis lupus occidentalis) ont également enregistré de nombreuses naissances ces dernières semaines. Une portée de six louveteaux a vu le jour à Legendia Parc début mai, trois mâles et trois femelles, tous en parfaite santé. À l’Espace Zoologique de Saint-Martin-la-Plaine, ce sont six autres petites têtes qui ont pointé le bout de leur museau le 13 avril dernier, et enfin, le Parc animalier des Monts de Guéret signale également une naissance chez les loups du Canada sans encore en préciser le nombre exact.

De nombreuses naissances chez les loups gris européens

Ces naissances en série sont loin d’être anodines. En captivité, la reproduction des loups dépend fortement des conditions de vie, de la qualité des soins et de la stabilité des meutes. Elles reflètent donc l’attention portée par les soigneurs et les équipes vétérinaires à la santé physique et comportementale des animaux. Par ailleurs, ces naissances renforcent les meutes mais aussi les efforts de sensibilisation du public à la préservation de l’espèce. Elles permettent aux parcs zoologiques de mettre en avant, auprès de leurs visiteurs, la vie sociale du loup, son rôle dans les écosystèmes où il évolue et les menaces qui pèsent sur les différentes sous-espèces dans certaines régions du monde. Parmi elles figure le loup gris européen (Canis lupus lupus), qui vit notamment dans l’ouest de l’Europe et que l’on rencontre jusqu’en France. Et justement, pour cette autre sous-espèce, le printemps a lui aussi été très prolifique. Un louveteau est né au Parc de Courzieu et cinq autres sont nés au PAL, la première portée du nouveau couple arrivé seulement au mois de mars dans l’Allier. Au Parc animalier de Sainte-Croix, le couple de loups gris européens a donné naissance à sept nouveaux louveteaux il y a quelques semaines, quatre mâles et trois femelles, après avoir mis au monde leurs deux premiers bébés l’an dernier. Enfin, c’est au Parc Zoo du Reynou que la plus grande portée de cette sous-espèce a vu le jour puisque huit petits y ont pointé le bout de leur truffe le 26 avril dernier. Cette portée, composée de cinq femelles et trois mâles, a été vue pour la première fois par l’équipe vétérinaire à la fin du mois de mai, permettant leur identification, leur sexage et leur premier examen de santé.

La situation préoccupante du loup gris en Europe

Le loup gris européen, longtemps pourchassé puis réhabilité, est aujourd’hui au cœur des politiques de conservation et des controverses. Au sein des parcs zoologiques européens, le loup gris et toutes ses sous-espèces sont inscrits dans un Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) coordonné par le Zoo de Dublin en Irlande. Animal emblématique des zoos en France, le loup gris européen est par exemple hébergé dans une vingtaine de parcs zoologiques à travers le pays. Des établissements qui jouent un double rôle : celui de sensibiliser le public aux menaces et à la conservation du loup gris, et celui de la conservation ex situ de l’espèce en obtenant régulièrement des naissances. Dans la nature, le loup gris a effectué un retour progressif en France depuis les années 1990, principalement à partir des Alpes italiennes. Sa population sauvage est actuellement estimée à moins de 1100 individus et selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), il est classé en « Préoccupation mineure » (LC) au niveau international mais atteint la catégorie « Vulnérable » (VU) en France métropolitaine. Le loup est strictement protégé par la Convention de Berne et la Directive Habitats Faune et Flore dont les textes interdisent sa destruction sauf dérogation encadrée, ce qui nourrit les tensions avec certains éleveurs, notamment dans les régions de forte activité pastorale. Après plusieurs mois de discussions, le Conseil de l’Union Européenne a officiellement adopté la révision du statut de protection du loup gris, le faisant passer de l’annexe IV à l’annexe V de la Directive Habitats, autorisant ainsi des mesures de gestion encadrées. Une décision dénoncée par le Comité français de l’UICN, qui alerte sur le recul en matière de protection de la biodiversité, alors que plusieurs populations de loups en Europe restent menacées.

Dans un épisode inédit de notre podcast, plongez au cœur de ce sujet d’actualité représenté par le reclassement du loup gris par la Convention de Berne, enregistré avant l’adoption de cette mesure. Pour y répondre, l’un de nos chroniqueurs a pu échanger par téléphone avec Maud Lelièvre, Présidente du Comité français de l’UICN, qui apportait un éclairage sur les enjeux de cette évolution. Et pour aller plus loin, notre chroniqueur partage également ses échanges avec Marc Enderby, le coordinateur de l’EEP du loup gris au sein des parcs zoologiques européens, révélant une autre facette de la gestion de cette espèce emblématique. Un épisode à retrouver dans la rubrique « Le Podcast » de notre site internet ou via toutes les plateformes d’écoute (Deezer, Spotify, Apple Podcast…).

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