© Philippe Rivier

Tamarin pinché

Pour bien l’identifier…

  • Pelage soyeux.
  • Dos brun, parfois mêlé de gris argenté et de jaunâtre.
  • Croupe et arrière des cuisses roux.
  • Membres et parties inférieures blanc crème.
  • Queue longue, marron rouge à la base et noirâtre sur le reste.
  • Face nue et noire, avec quelques poils blancs.
  • Tête surmontée d’une grande crinière blanche et cotonneuse.

Fiche d’identité

Généralités

Le tamarin pinché est un petit primate impossible à confondre avec un autre ! Il est immédiatement reconnaissable à sa grande crinière cotonneuse lui donnant un aspect ébouriffé. Celle-ci est 3 ou 4 fois plus grande que le volume réel du crâne. Elle est également plus courte chez les jeunes individus.

Chez les tamarins pinchés, les femelles sont légèrement plus lourdes que les mâles. À savoir que les spécimens captifs sont plus lourds que ceux vivant à l’état sauvage. L’espèce est aussi connue sous les noms de tamarin à crête blanche ou pinché à crête blanche.

Il s’agit d’un petit singe particulièrement vif et actif et c’est un excellent sauteur.  Il est capable d’effectuer des bonds de plus de 3 mètres ! Ceci est notamment possible grâce à sa longue queue qui l’aide à corriger sa direction et qui lui sert de stabilisateur de « vol ». Cette queue, non préhensile et plutôt encombrante quand le singe marche, est souvent enroulée en spirale.

Répartition et habitat

Le tamarin pinché est une espèce endémique de la Colombie. Autrement dit, on ne la retrouve nulle part ailleurs dans le monde ! On peut le rencontrer à des altitudes variant entre le niveau de la mer et 1 500 mètres. Au sud du pays, le tamarin pinché évolue dans les forêts tropicales humides, alors qu’il a une préférence pour les forêts sèches de feuillus dans le nord. Son territoire peut s’étendre sur une surface allant jusqu’à 10 hectares.

Régime alimentaire

Le tamarin pinché a un régime alimentaire omnivore. Les insectes représentent 40 % de son alimentation et les fruits plus de 38 %. Il se nourrit également de gomme arabique à hauteur de 14 %, en revanche sa mâchoire n’est pas adaptée à creuser des sillons dans l’écorce des arbres, il ne consomme que la gomme déjà disponible. 

Pour compléter son alimentation, ce petit singe se délecte également de nectar et peut chasser des petits animaux allant de l’araignée à l’oiseau, en passant par des escargots, des lézards ou encore des grenouilles. Les œufs peuvent aussi faire partie de son menu. Pendant la saison sèche, lorsque les fruits se font plus rares, le tamarin pinché consommera tous ces aliments en plus grande quantité.

Il fait partie des rares singes à partager sa nourriture, une caractéristique qu’il partage avec d’autres espèces de tamarins et de primates, comme les titis, les douroucoulis, les gibbons et les chimpanzés.

Mode de vie et reproduction

Le tamarin pinché vit en petits groupes d’environ une dizaine d’individus. Ces groupes se composent généralement d’un couple reproducteur monogame accompagnés de leurs jeunes et de subordonnés souvent apparentés. Il peut également exister des individus solitaires, en particulier des mâles, qui sont amenés à rejoindre de nouveaux groupes, le plus souvent, à la mort du mâle alpha. Sinon, ils peuvent exercer des fonctions subalternes, ce qui peut les contraindre à attendre la mort du mâle reproducteur et ainsi, à mener une « guerre d’usure » jusqu’à renverser le dominant ou même à séparer le groupe en deux unités !

Les tamarins pinchés communiquent entre eux par de nombreux moyens. Ils utilisent d’abord la communication orale à l’aide d’un répertoire de près d’une quarantaine de vocalisations différentes. Celles-ci sont émises dans différents contextes comme les appels territoriaux ou le partage de nourriture. Ils utilisent aussi la communication visuelle à travers divers gestes et postures, en gonflant leur crinière, en se dressant sur leurs pattes postérieures, en faisant différentes grimaces, en agitant leur langue ou encore en exposant leurs parties génitales. D’ailleurs, lorsqu’ils rencontrent un groupe inconnu, les tamarins pinchés défendent leur territoire non pas physiquement mais uniquement par des postures. Enfin, ils utilisent également la communication olfactive. Par exemple, les femelles produisent des sécrétions glandulaires et des dépôts d’urine pour marquer leur territoire.

Chez les tamarins pinchés, les femelles donnent toujours naissance à des jumeaux ! La période des chaleurs est assez courte avec une durée de quinze jours seulement. Ces singes ont un système de coopération très rare au sein des primates. Il existe ce que l’on appelle des « helpers » qui vont aider à l’élevage des jeunes du couple reproducteur. Cela permet d’augmenter considérablement le taux de survie des jeunes. De plus, le mâle s’investit beaucoup dans l’élevage des petits, il aide la femelle à mettre bas et porte toujours les petits sur son dos, sauf durant la tétée. À savoir qu’une seule femelle peut se reproduire au sein d’un groupe. Les autres ne se reproduisent pas et n’ovulent même pas en présence de la dominante. Par contre, leurs cycles naturels reprennent quand elles sont placées hors de leur groupe natal et exposées à des mâles étrangers !

Menaces et conservation

Le tamarin pinché est l’un des primates les plus menacés au monde. L’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) classe l’espèce « En danger critique d’extinction » (CR) sur sa liste rouge des espèces menacées. En cause, l’exportation massive de ce petit singe vers les laboratoires de recherche biomédicale dans les années 1960 et 1970. De plus, bien que protégé depuis 1969 en Colombie, il est victime de la destruction de son habitat au profit de l’agriculture. 

Malgré une interdiction stricte de son commerce dans le monde entier, mis en vigueur par la CITES ou Convention de Washington en 1977, le tamarin pinché fait l’objet d’un commerce illégal, celui des animaux de compagnie exotiques. Une autre menace sérieuse mettant en péril la survie de ce petit primate, dont les effectifs ne dépasseraient pas les 2 000 individus dans la nature.

Le saviez-vous ?

Contrairement à plusieurs autres espèces de tamarins, les pouces du tamarin pinché ne sont pas opposables et ses doigts ne sont pas munis d’ongles mais de longues griffes. Ces caractéristiques morphologiques placent cette espèce parmi les singes les plus primitifs. C’est aussi ce qui lui a valu son nom scientifique « oedipus » (« aux pieds enflés »), qui fait allusion au personnage mythique grec d’Œdipe et à son pied déformé !

En parc zoologique

Le tamarin pinché fait partie des espèces de primates les plus répandues dans les parcs zoologiques français, où il s’y reproduit très bien. Consultez la liste des zoos qui hébergent cette espèce en France.

Le tamarin pinché fait l’objet d’un EEP (Programme Européen pour les Espèces menacées), coordonné par le Zoo de Bristol, en Angleterre.

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