© ZooParc de Beauval
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En 2025, le ZooParc de Beauval va accueillir des rhinopithèques de Roxellane

Le ZooParc de Beauval s’apprête à célébrer son 45ème anniversaire de la plus belle des manières en accueillant une espèce jusqu’ici invisible en Europe : le rhinopithèque de Roxellane !

Un primate unique en Europe

En 2025, à l’occasion des 45 ans du parc, le ZooParc de Beauval deviendra le premier parc zoologique en dehors de l’Asie à présenter les extraordinaires rhinopithèques de Roxellane, également appelés singes dorés. « Je ne pensais pas que ce soit possible, estime Rodolphe Delord, Président Directeur Général du ZooParc de Beauval. Nous en avions parlé il y a quelques années avec nos amis chinois, et ils nous ont expliqué que c’était impossible, c’est un trésor national en Chine, comme les pandas géants, et ils n’en ont jamais confié. » Aujourd’hui, la très grande majorité des rhinopithèques de Roxellane présents en captivité sont visibles dans de nombreux parcs zoologiques chinois. « Les seuls singes dorés en dehors de la Chine actuellement se trouvent en Corée du Sud et à l’Ocean Park d’Hong-Kong. Il y en a eu par le passé pendant quelques mois à Los Angeles et en Irlande, mais il s’agissait de présentations temporaires, ce qui est complètement différent. Là, ce sont vraiment les premiers qu’ils confient en dehors de l’Asie, et je pense qu’ils vont ouvrir à un ou deux autres parcs zoologiques dans le monde pour étendre le programme d’élevage. » Dans quelques mois, le ZooParc de Beauval sera donc l’unique parc zoologique en dehors du continent asiatique à présenter des rhinopithèques de Roxellane au public. Un petit groupe de trois individus, composé d’un mâle et de deux femelles, est attendu dans le courant de l’année 2025 dans une nouvelle installation. « À l’image des pandas géants, ils nous sont confiés pour une durée de 10 ans. C’est un programme de conservation, de recherche et d’élevage qui sera mené entre le ZooParc de Beauval et nos collègues chinois. » Le parc espère réussir la reproduction de cette espèce menacée et comme pour les pandas géants, les petits nés à Beauval devraient repartir en Chine vers l’âge de 5 ou 6 ans.

L’un des trésors nationaux de Chine bientôt en France

La Chine a plusieurs trésors nationaux dans le règne animal, des espèces rares et emblématiques qui sont protégées pour leur importance culturelle, écologique et scientifique. Le rhinopithèque de Roxellane est hautement vénéré dans le pays et fait partie de ces trésors nationaux, au même titre que le panda géant, le cerf du Père David ou l’ibis nippon. La signature de l’accord scellant la collaboration pour la conservation des singes dorés entre le ZooParc de Beauval et la China Wildlife Conservation Association (CWCA) a eu lieu le 27 novembre 2024 au Shanghai Wild Animal Park, le parc zoologique chinois d’où vont arriver les trois rhinopithèques confiés à Beauval. Ce parc est également un haut lieu de la reproduction de l’espèce en parc zoologique puisqu’il abrite quelques groupes composés de plusieurs dizaines d’individus. « C’est une première qui illustre le rôle clé de Beauval dans la préservation des espèces menacées, détaille le directeur du parc. Je crois que peu de monde connait ou a déjà vu des singes dorés en Europe, c’est surtout grâce au Président chinois et au Président français que nous pouvons les accueillir, les relations bilatérales sont très bonnes et les deux pays très proches. C’est lors d’une visite d’état en France en mai dernier que le Président Xi Jinping a annoncé au Président Emmanuel Macron le prêt des singes dorés à Beauval, c’est aussi voire plus symbolique encore que les pandas géants. » Après l’arrivée des pandas géants en 2012, celle des rhinopithèques de Roxellane en 2025 symbolise une avancée majeure dans les relations franco-chinoises en matière de conservation de la biodiversité. « À Beauval, avec les pandas tout se passe très bien et les chinois sont très très content de la collaboration mise en place depuis 13 ans maintenant pour cette espèce, c’est aussi pour cette raison qu’ils nous confient ces trésors nationaux. » Les scientifiques, vétérinaires et soigneurs des deux pays vont continuer de travailler ensemble pour également favoriser la reproduction des futurs pensionnaires et œuvrer à leur conservation.

Le physique incroyable d’une espèce qui est menacée

Originaire des forêts de montagne dans les provinces du Sichuan, du Gansu, de Shaanxi et du Hubei, le rhinopithèque de Roxellane (Rhinopithecus roxellana), également connu sous le nom de singe doré ou singe doré à nez retroussé, est l’un des primates les plus emblématiques des montagnes de Chine centrale. Il doit son nom à sa ressemblance avec une esclave du XVIIe siècle, nommée Roxellane, qui avait la particularité d’avoir un nez aplati et retroussé. « Les singes dorés sont des animaux vraiment magnifiques que l’on ne voit jamais, souligne Rodolphe Delord. Ils vivent dans les montagnes, dans des zones très froides, c’est pour ça qu’ils n’ont pas de nez. » Habitué aux conditions extrêmes, le rhinopithèque de Roxellane évolue en effet dans les forêts montagneuses situées entre 1 500 et 4 000 mètres d’altitude, où les températures peuvent descendre bien en dessous de zéro. La taille de son nez, qui semble absent, pourrait permettre au primate de limiter l’accumulation de neige et d’humidité lors de la respiration à haute altitude. Son épais pelage, dont les teintes contrastent avec son visage bleu pâle, joue aussi un rôle essentiel dans sa capacité à résister à ces climats hostiles. « Pour résister au froid notamment, ils ont un long pelage roux, parfois couleur or. Les mâles dominants peuvent même être presque rouges. »

Cette espèce se nourrit principalement de feuilles mais consomme également du lichen, des écorces, des graines et parfois des fruits. La vie sociale du singe doré est tout aussi remarquable puisqu’il vit au sein de grands groupes pouvant compter de 20 à 30 individus qui peuvent eux-mêmes se regrouper pour former des groupes encore plus vastes comptant plus de 200 individus, notamment en été. Les groupes sont organisés en une structure hiérarchique complexe dirigée par un mâle dominant avec plusieurs femelles et leurs jeunes de différents âges. Les mâles, plus imposants que les femelles, présentent une crinière particulièrement dense et flamboyante, qui les rend encore plus impressionnants. Malheureusement, cette espèce est aujourd’hui classée « En danger d’extinction » (EN) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), subissant la destruction de son habitat due à la déforestation et au développement humain, en dehors des zones protégées. Elle est aussi victime du piégeage pour d’autres espèces, de la chasse illégale et du tourisme. Malgré l’instauration d’aires protégées et les efforts de conservation mis en place, le rhinopithèque de Roxellane reste une espèce fragile, symbole de la biodiversité unique et précieuse des montagnes chinoises. La sauvegarde de ce primate charismatique et son accueil au ZooParc de Beauval est un véritable défi qui va permettre au parc de renforcer sa mission de protection des espèces menacées et de sensibilisation auprès du grand public.

Une installation sur-mesure pour le printemps 2025

Pour accueillir les trois rhinopithèques de Roxellane dans les meilleures conditions possibles, les équipes du ZooParc de Beauval travaille actuellement sur une toute nouvelle installation. Les primates seront hébergés dans des conditions optimales garantissant leur bien-être au sein d’une zone conçue spécialement pour eux. Les travaux ont d’ailleurs déjà débuté, à proximité des Hauteurs de Chine. « Ce sera dans la continuité des pandas géants, derrière les takins dans une nouvelle extension, explique Rodolphe Delord. C’est le début d’une toute nouvelle zone qui va relier le chemin des ours bruns et des loups arctiques, qui forme actuellement une impasse, et qui va nous permettre de créer une boucle jusqu’aux takins. C’est le début d’une très grande extension asiatique dont les rhinopithèques seront les premiers habitants. »

Le futur espace qui leur sera consacré reprendra la thématique du secteur où vivent actuellement les pandas géants, rappelant les décorations chinoises, et comprendra toute une pédagogie autour de l’espèce. « Nous avons commencé les travaux il y a un mois et nous espérons qu’ils se termineront à la fin du mois de février. En revanche, nous n’avons pas encore la date à laquelle les rhinopithèques vont arriver. Cette installation sera donc composée de deux très grandes volières extérieures qui iront jusqu’à 10 mètres de hauteur avec de grandes structures, des abris, et une très grande maison dans laquelle la température pourra être contrôlée, en fonction des besoins des animaux. Tout sera fait pour respecter leur bien-être. Les visiteurs ne pourront observer les rhinopithèques que lorsqu’ils seront à l’extérieur, il y aura des brumisateurs, beaucoup d’ombre, et l’avantage pour ces primates, c’est qu’ils peuvent être dehors même s’il fait très froid, par tous les temps et par toutes les météos. » Il faudra donc attendre encore quelques mois avant de connaître la date exacte de l’arrivée des singes dorés au ZooParc de Beauval qui ne manquera pas de tenir informé les habitués sur les réseaux sociaux. Mais une chose est sûre, leur venue en Europe et plus précisément en France sera l’un des événements les plus marquants de l’histoire du parc. « Le rêve de maman, c’était d’installer des pandas et peut-être un jour des rhinopithèques de Roxellane. Ils arrivent pour les 45 ans de Beauval, ce sera exceptionnel ! »

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