Dès le printemps 2026, le ZooParc de Beauval inaugurera deux nouveaux espaces immersifs regroupant plusieurs espèces chacun, l’un consacré à la faune australienne, l’autre aux races domestiques anciennes et locales.
Une nouvelle ferme pédagogique d’une surface d’un hectare
Au printemps, le ZooParc de Beauval inaugurera « Bucolia », un nouvel espace qui repense en profondeur le concept de ferme pédagogique, souvent relégué à un rôle secondaire dans les parcs zoologiques. Implantée sur près d’un hectare derrière la Gare des Éléphants de la télécabine le Nuage de Beauval, cette nouvelle ferme d’inspiration solognote et berrichonne se veut bien plus qu’un simple espace de découverte animale. Elle sera conçue comme un véritable village rural, structuré autour de granges, de bâtiments agricoles traditionnels, d’un restaurant et d’une boutique, pour une immersion architecturale et paysagère complète. « C’est un très gros investissement de 6 millions d’euros dont les travaux ont débuté en juin 2025, explique Rodolphe Delord, directeur du ZooParc de Beauval. Les visiteurs y auront accès juste derrière la Gare des Éléphants et le chemin rejoindra ensuite les parcs des éléphants. » Bucolia accueillera environ une centaine d’animaux, majoritairement issus de races domestiques françaises anciennes ou à faibles effectifs, dont certaines figurent sur des listes de sauvegarde patrimoniale. « Il y aura plusieurs parcs avec principalement des races françaises, notamment des moutons de Solgone, des chèvres du Berry, des ânes grand noir du Berry, des poules de Contres, des cochons, des lapins, ou encore des dindons de Sologne. Il y aura également nos alpagas mais que nous allons loger ici en attendant qu’ils partent dans une autre zone du parc plus tard. »


Sur le plan pédagogique, l’objectif est double. Il s’agit d’abord de sensibiliser le public à la notion de biodiversité domestique, souvent méconnue, en montrant que la conservation ne concerne pas uniquement la faune sauvage exotique. Il s’agit ensuite de recréer un lien direct entre les visiteurs et les animaux, notamment pour le jeune public. « Cette nouvelle ferme, c’est un petit zoo d’animaux domestiques, et ce sera finalement le seul endroit où les enfants pourront approcher les animaux et les toucher. Ils auront par exemple la possibilité d’aller dans un enclos où il y a des chèvres et des moutons. Nous avions déjà une mini ferme mais elle était classique et beaucoup plus petite. Celle-ci, avec une surface d’un hectare, pourra vraiment accueillir tous les animaux de la ferme. » L’espace intégrera également un potager, des animations quotidiennes, et inaugurera aussi une nouvelle aire de jeux : Les Roches Vives. « Nous allons y déplacer notre manège et il y aura une grande aire de jeux d’eau thématisée à destination des enfants avec des jets d’eau, des cascades et des petites chutes d’eau. En deux ans, nous avons couvert plus de deux kilomètres d’allées et l’idée, avec les serres et le Dôme équatorial, c’est d’adapter Beauval à toutes les météos, lorsqu’il fait froid, qu’il pleut ou qu’il fait chaud. Cette nouvelle grande aire de jeux d’eau sera à la fois ludique et permettra aux familles de se rafraîchir en été. Ce sera vraiment très beau. » L’ouverture est annoncée pour avril 2026, tandis qu’un nouveau tunnel sous la route est déjà prévu pour connecter Bucolia à une future zone asiatique encore à l’étude.


Une immersion en Australie avec Les Terres Rouges
Entre les panthères des neiges et les éléphants, à l’emplacement de l’actuelle mini ferme, déjà en cours de démantèlement, les équipes du ZooParc de Beauval vont développer en parallèle « Les Terres Rouges », un espace de 4 500 m² entièrement dédié à la faune australienne pour un budget évalué à un million d’euros. Également prévue pour avril 2026, cette nouvelle zone s’inscrit dans la volonté du parc de renforcer ses immersions géographiques, à l’image des Rocs de Dodoma inaugurés en 2025, où la mixité interspécifique et la cohérence paysagère jouent un rôle central dans la sensibilisation des visiteurs. Une dizaine d’espèces australiennes seront présentées, avec un accent mis sur les marsupiaux et les oiseaux emblématiques du continent. « Nous allons concevoir deux enclos pour des wombats et un pour des émeus, une espèce que nous n’avions plus depuis longtemps, détaille Rodolphe Delord. Il y aura également un enclos pour des wallabies des rochers à pattes jaunes et un parc d’immersion pour les kangourous roux et des wallabies de Parma. »


Les kangourous roux, déjà présents à Beauval, bénéficieront ainsi d’un nouvel enclos immersif partagé avec des wallabies de Parma, une nouvelle espèce. « Les visiteurs pourront rentrer avec les kangourous, ils seront canalisés sur l’allée mais les kangourous pourront venir et s’approcher. Il y aura une cascade et un bassin où évolueront des anatidés australiens. Nous ne mettrons que les femelles kangourous dans cet espace, les mâles seront séparés car ils peuvent être dangereux pour les visiteurs. » L’ensemble affichera une scénographie minérale et végétale évoquant les paysages semi-arides du bush australien. La zone sera pensée en continuité avec les installations existantes, notamment celle des diables de Tasmanie jusqu’à la serre australienne des koalas, afin de renforcer la cohérence géographique entre les enclos. « L’enclos actuel des kangourous roux va être conservé et nous permettra notamment d’y abriter les mâles. Nous essayons de plus en plus de concevoir plusieurs enclos pour une même espèce, notamment pour gérer les naissances. »



Wombats, wallabies des rochers et wallabies de Parma, ambassadeurs méconnus de l’Australie
Parmi les espèces emblématiques des Terres Rouges, le wombat et les wallabies occupent une place particulière, soit par leur rareté en parc zoologique, soit par leurs statuts de menaces dans la nature. Le wombat commun (Vombatus ursinus), marsupial fouisseur endémique d’Australie au mode de vie majoritairement nocturne, demeure rare dans les parcs zoologiques avec moins d’une quarantaine d’individus élevés en dehors de l’Australie, dont 34 sont répartis dans 9 parcs zoologiques européens. L’arrivée prochaine de cette espèce au ZooParc de Beauval s’inscrit dans le cadre du Programme d’Élevage Européen (EEP) de l’espèce, coordonné par le Zoo de Duisbourg en Allemagne, et nécessitera des aménagements spécifiques, avec des substrats adaptés au creusement et des zones ombragées afin de respecter les besoins de cette espèce. Le ZooParc de Beauval devrait accueillir deux individus, un mâle et une femelle, devenant ainsi le premier et unique établissement zoologique en France à accueillir le wombat commun.


Aux côtés du wombat, le parc accueillera deux espèces de wallabies elles aussi suivies dans le cadre d’EEP. Le wallaby des rochers à pattes jaunes (Petrogale xanthopus), classé « Quasi menacé » (NT) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), fait l’objet d’un suivi attentif de ses populations dans la nature et n’est présent que dans six parcs zoologiques en France actuellement. Vivant dans des habitats rocheux escarpés, sa maintenance en parc zoologique implique un enclos mêlant reliefs, blocs rocheux et zones de retrait afin de favoriser l’expression de ses comportements naturels. Le wallaby de Parma (Notamacropus parma), plus discret mais un peu plus représenté en captivité, est quant à lui particulièrement menacé, puisque classé « Vulnérable » (VU) par l’UICN. Au-delà de leur attrait pour le public, ces trois marsupiaux jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation des visiteurs à la richesse de la biodiversité australienne et aux menaces qu’elle peut subir. Leur intégration dans une zone immersive cohérente, aux côtés des kangourous roux, des émeus d’Australie et à proximité des espèces australiennes déjà présentent dans le parc (diables de Tasmanie, kookaburras, koalas ou encore dendrolagues de Goodfellow), permettra à Beauval d’aborder des thématiques liées aux animaux originaires de cette région du monde.




