© Philippe Rivier

Chat de Pallas

Pour bien l’identifier…

  • Corps trapu recouvert d’une fourrure longue et épaisse, variant du gris argenté au gris rougeâtre selon la sous-espèce et la saison.
  • Ventre, menton, gorge, intérieur des oreilles et dessous des yeux blancs.
  • Pattes courtes marquées de bandes noires indistinctes.
  • Queue courte et épaisse, marquée de fins anneaux noirs et à l’extrémité noire.
  • Tête large et aplatie, marquée de taches noires sur le front et de deux bandes noires diagonales sur chacune des joues.
  • Oreilles courtes et arrondies, placées bas sur la tête et dépassant à peine de la fourrure.
  • Grands yeux vert clair ou jaune clair, à la pupille ronde.

Fiche d’identité

Généralités

Le chat de Pallas est un petit félidé méconnu que l’on appelle aussi manul. C’est la seule espèce du genre Otocolobus. Bien que son épaisse fourrure le fasse paraître plus gros qu’il ne l’est, le manul a un gabarit similaire à celui d’un chat domestique. S’il n’y a pas de dimorphisme sexuel notable, les mâles sont cependant plus lourds que les femelles.

On distingue deux sous-espèces chez le chat de Pallas :

  • Otocolobus manul manul, qui arbore la coloration la plus répandue et qui se rencontre dans la majeure partie de l’aire de répartition de l’espèce ;
  • Otocolobus manul nigripectus, qui affiche des marques noires plus prononcées et qui ne vit que dans une petite partie de l’aire de répartition de son espèce.

Répartition et habitat

Le chat de Pallas se rencontre de l’ouest au centre de l’Asie, sur une vaste aire de répartition allant de l’Iran à la Chine en passant par le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Afghanistan, le Turkménistan, le Pakistan, l’Inde, le Népal, le Bhoutan, la Mongolie et la Russie. Il semblerait que les principales populations du félin se trouvent en Chine et en Mongolie.

L’habitat de prédilection du manul se compose de steppes herbeuses et arbustives, de déserts alpins ainsi que de zones rocheuses et rocailleuses. Ce félin évolue entre 4 000 et jusqu’à plus de 5 000 mètres d’altitude. Plusieurs caractéristiques morphologiques l’aident à s’adapter à des conditions climatiques extrêmes et à un environnement ouvert et hostile :

  • Son pelage : il est relativement dense et épais, ce qui l’aide à supporter des températures pouvant chuter jusqu’à -50°C. Il lui permet aussi de conserver sa chaleur corporelle, notamment quand l’animal s’enroule sur lui-même pour dormir. En hiver, le poil s’épaissit permettant au manul de doubler son poids et d’atteindre les 5 kilos. De manière générale, le poil présent sur les parties inférieures du corps est presque deux fois plus long que celui qui est situé sur les flancs ou le dos. Cela permet au manul de marcher ventre à terre quand il chasse, tout en étant protégé du sol froid et gelé.
  • Sa tête : son profil bas et aplati est adapté à la chasse dans les milieux ouverts avec peu de couverture végétale. Ses oreilles discrètes et placées bas sur la tête contribuent à être caché de ses prédateurs et à s’approcher discrètement de ses proies lorsqu’il chasse à l’affût. De plus, la petite taille de ses oreilles limite la déperdition de chaleur.
  • Ses yeux : ils sont dotés d’une troisième paupière qui sert de protection contre les vents violents de sable ou de poussière, fréquents dans les milieux ouverts où vit le manul.

Le chat de Pallas est aussi maître dans l’art du camouflage ! Son pelage n’est pas uniformément gris et arbore des taches et des rayures qui lui permettent de se fondre dans son environnement. De plus, il présente d’importantes variations de couleurs en fonction des saisons. En hiver, plusieurs parties du corps blanchissent pour imiter l’aspect neigeux ou glacé de la steppe. Le reste de l’année, lorsque les rochers nus font leur apparition, son pelage retrouve des nuances jaunâtres ou rougeâtres typiques de la végétation des milieux arides. Ses yeux, vert ou jaune clair, participent aussi au bon camouflage du manul dans son environnement.

Régime alimentaire

Le chat de Pallas est un carnivore spécialisé dont le régime alimentaire est majoritairement composé de petits mammifères comme les rongeurs (marmottes, gerboises, gerbilles, campagnols, écureuils terrestres…) et les pikas (des petits lagomorphes, comme les lapins). Le félin peut aussi consommer, plus rarement, des oiseaux (perdrix, alouettes…), des reptiles, des invertébrés et des charognes.

Les habitudes alimentaires du manul varient selon la saison. En été, il consomme davantage de pikas car ils sont deux à trois fois plus gros que les autres proies disponibles. Ils sont aussi plus faciles à repérer et à capturer du fait de la lenteur de leurs déplacements et des sentiers distincts qu’ils utilisent pour aller de terrier en terrier. L’hiver, le manul diversifie nettement son alimentation pour pallier à la diminution du nombre de proies disponibles.

Le chat de Pallas est un médiocre coureur qui a dû développer d’autres stratégies que la vitesse pour chasser. Il utilise différentes techniques de chasse basées sur la discrétion. Il peut glisser lentement au ras du sol en utilisant la végétation ou les rochers pour se dissimuler, jusqu’à ce qu’il soit assez prêt pour saisir sa proie. Il peut aussi chasser à l’affût en se tenant en embuscade devant un terrier et en attendant qu’une proie se montre pour lui bondir dessus par surprise. 

Mode de vie et reproduction

Comme la majorité des félins, le chat de Pallas est un grand solitaire. Son pic d’activité a lieu au crépuscule mais il peut être actif à tout moment pendant la journée ou la nuit. C’est un félin qui s’abrite dans de petites grottes, des crevasses rocheuses ou des terriers abandonnés par d’autres animaux comme les marmottes, les renards ou les blaireaux. Ces cachettes servent aussi à mettre au monde et à élever les petits.

Les manuls sont polygames et se reproduisent entre décembre et mars. Un mâle s’accouple donc avec plusieurs femelles, ces dernières ayant des périodes de chaleur très courtes, comprises entre 1 et 5 jours. Après une gestation d’un peu plus de 2 mois, la femelle donne naissance à une portée pouvant compter jusqu’à 6 petits. Ces derniers, pesant entre 70 et 100 grammes, sont aveugles et vêtus d’un duvet déjà assez dense, foncé et nettement rayé sur les flancs. À l’âge de 2 mois, ils acquièrent la vue et un nouveau pelage. Les jeunes ont été observés chassant dès l’âge de 3 à 4 mois mais ne deviennent indépendants que vers 8 mois, après quoi ils atteindront leur maturité sexuelle.

Menaces et conservation

Historiquement, le chat de Pallas était fortement chassé pour sa fourrure qui servait à confectionner des chapeaux ou des manteaux. L’espèce est désormais protégée par la loi dans la plupart des pays de son aire de répartition et le commerce de sa fourrure a considérablement régressé. 

Cependant, deux grandes menaces subsistent de nos jours. D’abord, la destruction et la fragmentation de son habitat au profit de l’agriculture, de l’urbanisation, de l’industrie, de la construction de routes ou encore du tourisme. La seconde menace est la raréfaction des proies dont se nourrit le manul. Tout comme le félin, les petits mammifères subissent eux aussi la perte de leur habitat mais sont en plus empoisonnés en masse car considérés comme des nuisibles. Il arrive alors que les manuls s’empoisonnent via des proies contaminées.

Malgré ces menaces et une tendance des populations à la baisse, le chat de Pallas n’est pour l’heure pas considéré comme une espèce menacée. L’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) classe ce petit félidé en « Préoccupation mineure » (LC).

Le saviez-vous ?

  • Le chat de Pallas doit son nom au zoologue allemand Peter Simon Pallas qui fut le premier à le décrire.
  • Son nom scientifique, Otocolobus, signifie « oreilles coupées », en référence à la petite taille de ses oreilles et à la manière dont elles sont dissimulées sous sa fourrure.
  • Le manul est dépourvu de prémolaires supérieures, ce qui rend sa mâchoire plus petite que celle des autres félins de sa taille.

En parc zoologique

Le chat de Pallas est une espèce relativement rare dans les parcs zoologiques français. Consultez la liste des zoos qui hébergent cette espèce en France.

Le chat de Pallas fait l’objet d’un EEP (Programme Européen pour les Espèces menacées), coordonné par le Zoo d’Edimbourg, en Écosse.

Articles similaires