© Zoo d'Amnéville
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Deux pygargues à queue blanche voient le jour au Zoo d’Amnéville

Il y a quelques jours, deux poussins de pygargues à queue blanche ont vu le jour au Zoo d’Amnéville. C’est une nouvelle naissance importante pour la conservation de cette espèce extrêmement menacée dans notre pays.

Un oiseau autrefois présent en France

Proche cousin du pygargue à tête blanche, emblème des États-Unis d’Amérique, le pygargue à queue blanche est l’un des plus grands rapaces diurnes d’Europe. Il est présent de l’ouest du Groenland jusqu’à l’est du continent asiatique, des zones tempérées jusqu’à la toundra. Malheureusement, comme pour de nombreux rapaces, le pygargue à queue blanche a dû faire face à la pression anthropique. Perte de son habitat, destruction des nids et des couvées ou encore exposition aux pesticides… L’espèce a même disparu du territoire français autour des années 1960. Depuis que le pygargue à queue blanche a de nouveau été observé et s’est reproduit en France, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a fait passer l’espèce de la catégorie « espèce disparue de France métropolitaine » au rang d’espèce « En danger critique d’extinction » (CR) en 2016. En revanche au niveau mondial, le pygargue à queue blanche est aujourd’hui classé en « Préoccupation mineure » (LC). Ce reclassement représente un premier pas vers le retour de ce grand prédateur dans le ciel français. Et pour poursuivre dans ce sens, un Plan National d’Action a été mis en place notamment par le Ministère de la Transition Écologique et la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) dont l’objectif est de continuer la réduction des menaces et favoriser l’implantation de nouveaux couples tout en dynamisant la génétique des populations.

Succès dans la reproduction du pygargue à queue blanche au Zoo d’Amnéville

Pour la seconde année consécutive, le Zoo d’Amnéville voit éclore des aiglons chez les pygargues à queue blanche. Les parents s’en occupent à merveille et c’est une excellente nouvelle qui permet au parc de s’engager véritablement dans la conservation de cette espèce et de participer au Plan National d’Action dédié à sa protection. « Nous ne réintroduirons pas ces nouveau-nés, car la réintroduction demande des conditions complexes d’élevage qui ne sont pas réunies ici, explique Thomas Grangeat, responsable de la conservation et de la pédagogie au Zoo d’Amnéville. En revanche, maintenant que nous savons que ce couple se reproduit, nous allons le transférer sur un site dédié à l’élevage et la réintroduction en Haute-Savoie, géré par nos collègues des Aigles du Léman. » Dans les années à venir, les futurs aiglons du couple du Zoo d’Amnéville seront donc les parfaits candidats pour une réintroduction dans la nature, au-dessus du Lac Léman. « Les jeunes nés chez nous l’an passé et cette année resteront au sein du réseau européen des parcs zoologiques, afin de former de nouveaux couples reproducteurs. »

Le pygargue à queue blanche est présent au Zoo d’Amnéville depuis de nombreuses années et les équipes du parc se donnent les moyens de faire découvrir cette espèce. Que ce soit au sein du secteur des Prédateurs du ciel ou lors de la présentation en vol libre, les visiteurs du parc peuvent rencontrer ce grand rapace et les menaces qui pèsent sur lui grâce à un dispositif pédagogique. « La pédagogie autour de ces problématiques nous tient à cœur, d’autant plus que la zone française pionnière dans le retour de ce merveilleux oiseau est la nôtre. Un couple reproducteur serait visiblement installé sur l’Etang de Lindre en Moselle depuis 2011. »

Un grand projet de réintroduction aux abords du Lac Léman

Si le couple de pygargues à queue blanche du Zoo d’Amnéville rejoint le parc des Aigles du Léman, c’est dans le cadre d’un projet bien précis. Depuis plusieurs années, le parc situé près du Lac Léman en Haute-Savoie souhaite réintroduire l’espèce dans la nature, là où elle était présente il y a plus d’une centaine d’années, autour du bassin lémanique. Un long combat qui pourrait aboutir en cette année 2022 avec le premier relâché de jeunes nés de parents captifs. Les premiers couples ont rejoint le programme en 2021 et les premiers aiglons ont vu le jour en ce printemps. Le couple de pygargues du Zoo d’Amnéville, désormais expérimenté dans l’élevage de poussins, pourrait faire partie du programme et verra peut-être ses futurs petits arpenter le territoire sauvage de leurs ancêtres. À terme, le projet des Aigles du Léman prévoit le relâché de plus de 80 pygargues à queue blanche sur plusieurs années afin de repeupler le secteur du Lac Léman et renforcer la population européenne de l’espèce.

Mais la réintroduction d’une espèce dans son habitat naturel n’est pas un acte aussi simple qu’il n’y paraît. « Réintroduire un animal dans son habitat naturel est une finalité qui implique que celui-ci soit restauré de manière pérenne, précise Thomas Grangeat. Sans quoi, les animaux relâchés seront les premières victimes de menaces qui ont déjà fait leurs preuves. Tout l’investissement n’aura alors servi à rien. Pour cela, il est important de considérer le sujet sous toutes ses facettes. Dans un premier temps, comprendre et agir sur les menaces comme la sylviculture, l’aménagement du territoire, l’assèchement des zones humides, la destruction des nids, le prélèvement des œufs, les réseaux autoroutiers et ferroviaires ou encore les polluants et les lignes électriques. Pour ce faire, il faut mobiliser tous les acteurs de ces menaces, les sensibiliser et trouver des compromis avec eux pour préserver leur activité tout en la rendant inoffensive pour le pygargue comme pour l’ensemble de la faune et de la flore autochtone. Une zone enfin protégée sera propice à accueillir des nouveaux habitants, et c’est dans ce cas bien précis que la réintroduction est possible. »

Le Zoo d’Amnéville engagé dans la conservation des espèces menacées

Au Zoo d’Amnéville, plusieurs espèces de rapaces font l’objet de programmes de reproductions en vue de potentiels réintroduction dans la nature. « La réintroduction des espèces dans leur environnement naturel est la dernière des actions de conservation car elle traduit l’impact parfois irréversible de l’Homme sur son environnement, indique Albane Pillaire, présidente du Zoo d’Amnéville. Mais nous sommes fiers de pouvoir y contribuer et d’affirmer ainsi notre rôle dans la conservation des espèces en danger. » Dans le cadre d’un Programme d’Élevage Européen (EEP), le Zoo d’Amnéville héberge un jeune couple de gypaètes barbus confié par d’autres parcs zoologiques européens. Devenue rarissime en France en raison d’activités humaines, l’espèce est également sous étroite surveillance. Mis en contact il y a maintenant 6 ans, les deux jeunes oiseaux arrivent à maturité et devraient avoir leurs premiers œufs dans les années à venir. À l’âge de 90 jours, le jeune gypaéton sera placé en pleine nature sur une aire artificielle appelée « taquet » entre les Alpes et les Pyrénées. Des soigneurs continueront de le nourrir jusqu’à ce qu’il soit en mesure de déployer ses ailes et de prendre son envol. Ce programme appelé Gypconnect tend à repeupler l’arc alpin français en gypaètes barbus où l’espèce occupe une place décisive dans l’équilibre naturel de son biotope.

La chouette de l’Oural, reine du camouflage, fait elle aussi l’objet d’action concrète pour rétablir son aire de répartition originale. « Un jeune couple a été formé courant de l’année dernière, ajoute Thomas Grangeat. Il est très prometteur car ils ont déjà pondu deux fois cette année. Les œufs n’étaient pas fécondés, mais pas d’inquiétude, c’est leur première saison et le mâle est encore très jeune, il manque encore sûrement d’expérience ! » D’autres parcs zoologiques français ont déjà participé à la réintroduction de jeunes chouettes de l’Oural, notamment en Allemagne, comme le Parc animalier de Sainte-Croix et le Zoo d’Amiens.

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