© Philippe Rivier

Harfang des neiges

Pour bien l’identifier…

  • Rapace de grande taille, reconnaissable entre tous.
  • Grosse tête ronde dotée d’un bec court et crochu, de couleur noirâtre.
  • Visage aplati formé d’un disque facial très peu visible, caché par des plumes abondantes.
  • Grands yeux fixes, jaune vif.
  • Ailes larges.
  • Pattes emplumées, munies de puissantes serres noirâtres.
  • Mâle : plumage entièrement blanc.
  • Femelle et jeunes : plumage blanc plus ou moins tacheté ou barré de brun.

Fiche d’identité

Généralités

Bien qu’il soit parfois appelé « chouette harfang », le harfang des neiges est en réalité un hibou ! Bien qu’elles soient quasi inexistantes, il possède comme eux des aigrettes. Ce sont des petites touffes de plumes qui ornent la tête des hiboux et qui les différencient des chouettes qui, elles, en sont complètement dépourvues.

Emblème officiel du Québec depuis 1987, le harfang des neiges est le plus grand des hiboux d’Amérique. C’est aussi l’un des plus grands représentants de sa famille. Comme chez de nombreux rapaces, la femelle est généralement plus grande que le mâle. 

Les deux sexes se différencient facilement à leur plumage. Les mâles sont entièrement blancs alors que les femelles sont plus foncées puisqu’elles arborent des rayures et des points bruns sur l’ensemble du corps. De manière générale, le plumage blanchit avec l’âge chez les deux sexes, les mâles pouvant devenir d’un blanc immaculé. Ainsi, les individus les plus clairs sont généralement les plus âgés, les juvéniles étant davantage foncés. Dans tous les cas, la couleur du plumage varie selon la saison pour permettre à l’oiseau de se dissimuler plus facilement dans son habitat naturel.

Répartition et habitat

Le harfang des neiges se rencontre sur l’ensemble du cercle polaire arctique. Son aire de répartition s’étend du Canada à la Russie en passant par le Groenland et la Scandinavie. C’est un oiseau migrateur partiel. En effet, les populations vivant le plus au nord migrent vers le sud pour échapper aux conditions climatiques rudes de l’hiver arctique et au manque de nourriture qui s’en suit. C’est pourquoi on peut parfois l’apercevoir dans le nord des États-Unis durant la saison hivernale.

Le harfang des neiges vit principalement dans la toundra arctique. Il fréquente aussi les grandes prairies ouvertes et herbeuses ainsi que les champs. Il s’aventure rarement en forêt. Quand il migre vers le sud, on le trouve le long des rivages des lacs, des côtes maritimes, des marais, et parfois, il se perche même sur les immeubles des villes.

Régime alimentaire

Le harfang des neiges est un rapace strictement carnivore. Il chasse principalement des petits mammifères, en particulier des rongeurs comme les lemmings et les campagnols, mais aussi des lapins et des lièvres. Il peut également se nourrir de petits oiseaux marins comme certains canards ou échassiers. Il ne dédaigne pas non plus quelques poissons, mollusques ou crustacés voire même de gros insectes tels que des coléoptères.

Ce rapace chasse à l’affût, perché sur un monticule de neige ou sur une branche, en attendant longuement qu’une proie se montre. Son excellente vision lui permet de détecter ses proies sans aucun problème. Lorsqu’il en a repéré une, il se lance dans les airs, plane pour se rapprocher le plus possible de sa cible, puis fonce d’un seul coup sur elle pour l’attraper à l’aide de ses puissantes serres acérées. La proie est mangée directement sur le sol. Elle est avalée entièrement, puis les éléments qui ne sont pas digérés (poils, os, dents) sont rejetés sous formes de boulettes appelées pelotes de réjection.

En plus de sa vue perçante, la grande force du harfang des neiges est sa discrétion : en vol, il ne fait pratiquement aucun bruit. Cette discrétion est un grand avantage qui lui permet d’attaquer par surprise sa proie et ainsi de maximiser ses chances de capture. Si sa volonté le veut bien, il peut alors manger jusqu’à 300 rongeurs en l’espace d’un mois !

Mode de vie et reproduction

Bien qu’appartenant à la famille des rapaces nocturnes et possédant une vue perçante de jour comme de nuit, le harfang des neiges est un rapace plutôt diurne. En effet, il vit et chasse principalement pendant la journée. En hiver, ses mœurs sont cependant plus crépusculaires. Il occupe un territoire d’environ 3 km² dont la taille varie en fonction de la disponibilité en proies. Certains oiseaux changent de territoire l’hiver, mais de nombreux individus sont néanmoins sédentaires et restent fidèles à leur territoire.

Comme certains autres rapaces, le harfang des neiges vit en couple monogame, uni et fidèle à vie. Lorsque arrive la période de reproduction, là où la nourriture est suffisamment abondante, le mâle effectue une parade de haut vol pour attirer l’attention de sa partenaire. Il réalise alors des montées en spirale et des piquées au cours desquelles le mâle montre sa dextérité à la femelle, en rattrapant des cailloux ou des branches qu’il laisse tomber de haut.

La femelle confectionne ensuite un nid rudimentaire à même le sol, dans un simple trou garni de plumes, de brindilles et de mousse. Elle y pond entre 3 et 14 œufs, à raison d’un œuf tous les deux jours, qui constituent la seule et unique couvée chaque année. Son plumage bariolé de brun l’aide alors à se camoufler pendant la grosse trentaine de jours durant laquelle elle couvera seule ses œufs. Quant au mâle, il est chargé de la protection du nid et du ravitaillement en nourriture de la femelle et, ensuite, des oisillons. Ces derniers sont nidicoles et sont nourris par les deux parents. Ils prennent leur premier envol au bout de 50 jours et commencent à chasser seuls une dizaine de jours plus tard.

Menaces et conservation

Le harfang des neiges est une espèce actuellement considérée comme « Vulnérable » (VU) par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Ce rapace est menacé par les changements climatiques qui entraînent une dégradation progressive de son habitat. La pénurie alimentaire peut aussi représenter un danger, en particulier pour les immatures et les oiseaux inexpérimentés qui errent au-delà de l’aire normale d’hivernage. Heureusement, la grande mobilité du harfang lui permet de se déplacer dans des zones où la nourriture est suffisante.

Les activités humaines représentent probablement la plus grande menace pour le harfang des neiges. Lorsqu’il passe la saison de non reproduction près des zones habitées, il fait face à de nombreuses menaces. Les collisions avec des lignes électriques, des clôtures métalliques, des véhicules ou d’autres structures sont une cause importante de mortalité chez les harfangs. 

À une certaine époque, la chasse était également l’une des principales menaces pour l’espèce. Les règlements provinciaux et territoriaux visent aujourd’hui à interdire l’abattage de ces oiseaux dans toutes les régions du Canada. Il est aussi interdit de détruire les nids ou les œufs.  Le pays soutient également des projets écologiques sur l’Arctique qui comprennent l’étude des harfangs des neiges. C’est une espèce essentielle à la chaîne alimentaire, jouant un rôle primordial dans la régulation naturelle des populations de rongeurs.

Le saviez-vous ?

  • Sous son plumage, le harfang des neiges possède une épaisse couche de duvet qui recouvre tout son corps, du bec au bout des pattes et des doigts, lui permettant de l’isoler complètement du froid. D’ailleurs, grâce à cette protection efficace, l’oiseau est capable de maintenir sa température corporelle aux alentours de 38°C, même lorsque les températures chutent jusqu’à -50°C ! 
  • Proportionnellement à sa taille, les yeux du harfang sont assez grands. Ils sont aussi grands que les nôtres ! Étant disposés vers l’avant et fixes, le harfang doit donc fréquemment tourner sa tête et, ce, jusqu’à 270° !
  • Des études scientifiques menées par des archéozoologues ont révélé la présence du harfang des neiges en France il y a 20 000 ans. 

En parc zoologique

Le harfang des neiges est un oiseau largement représenté à travers les parcs zoologiques français, plus d’une trentaine d’entre eux accueillant ce rapace. Consultez la liste des zoos et voleries qui hébergent cette espèce en France.

Le harfang des neiges fait l’objet d’un EEP (Programme Européen pour les Espèces menacées), coordonné par le Zoo de Helsinki, en Finlande.

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