© E. Flautre
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Au Bioparc de Doué-la-Fontaine, les oryctéropes vont bénéficier d’un nouvel espace

Dans quelques jours, les oryctéropes du Cap du Bioparc de Doué-la-Fontaine vont déménager dans un nouvel enclos spécialement conçu pour eux.

Une année marquée par plusieurs naissances

L’année 2021 du Bioparc, marquée une nouvelle fois par une ouverture au public retardée de plusieurs mois, a tout de même été positive à plusieurs niveaux. Le parc est aujourd’hui fermé au public jusqu’aux vacances de Noël mais déjà un premier bilan peut être fait sur cette saison. « La saison a été plutôt bonne, une fois ouvert nous avons pu recevoir avec confort le public, indique François Gay, directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Les visiteurs étaient ravis de leur expérience et nous, nous étions aussi contents de cette saison malgré ces aléas, ces virages. » Cette année a également été marquée par de nombreuses naissances chez plusieurs espèces. « Nous n’avons pas toujours le feu vert pour laisser nos animaux se reproduire mais cette année, nous avions plusieurs possibilités, et cela a fonctionné. » La dernière en date, une petite femelle hippopotame pygmée qui a vu le jour au mois de novembre. Au printemps et à l’été, le parc a obtenu des naissances importantes chez les félins. Le 23 mai dernier, deux petites panthères des neiges ont vu le jour suivies par une petite lionne d’Afrique le 1er juillet 2021. « Nous sommes sur une bonne lancée et nous espérons en avoir d’autres prochainement. Nous avons aussi eu l’atèle marimonda et c’était une surprise d’avoir une petite femelle. » Dans un parc zoologique, toutes les naissances sont importantes, mais au delà du rôle de conservation et de reproduction des espèces, c’est aussi une grande source de joie et de motivation pour les équipes du zoo. « Évidemment les naissances plaisent toujours aux visiteurs, mais nous aussi avons besoin de ces belles nouvelles et quand elles se succèdent, c’est une base qui compte pour nos équipes qui s’engagent tous les jours, se réjouit François Gay. Et moralement, cela fait vraiment du bien. »

Le début de l’hiver marque un petit temps d’arrêt au Bioparc de Doué-la-Fontaine, du moins pour l’accueil du public. Le parc a fermé ses portes aux visiteurs le 14 novembre dernier mais à l’intérieur, l’entretien continu peu importe la saison. « Avec l’automne, il y a beaucoup de feuilles et de branches, l’entretien est régulier, que le parc soit ouvert ou fermé, afin d’assurer la bonne tenue du site. » Dans tout le parc, les équipes s’activent sur des petits chantiers qui contribuent à rendre la visite plus agréable. « Nous avons de multiples chantiers qui contribuent à améliorer la qualité de visite et les espaces des animaux, c’est de l’entretien, de l’amélioration, ce ne sont pas toujours des nouveautés et des agrandissements. Ce peut-être l’isolation d’un bâtiment, l’installation de pergolas sur les allées pour que les visiteurs supportent mieux l’ensoleillement l’été. C’est très diversifié, nous avons une longue liste de petits travaux à réaliser et pour cela, notre équipe technique est vraiment sur le terrain chaque jour l’hiver, malgré les intempéries. » Tous ces petits travaux sont attendus par les équipes du parc pour qui l’enrichissement du lieu est primordiale. Mais les animaux aussi ont droit à des améliorations de leurs enclos pour garantir leur bien-être et enrichir leurs lieux de vie. « Nous avons aussi des modifications à faire, parfois dans les enclos, parfois dans les abris, pour garantir que tout se passe au mieux lors de l’accueil de nouveaux animaux ou pour les futures naissances, indique François Gay. En fait, ces espaces, ces territoires occupés par les animaux, ils évoluent constamment et il faut s’en occuper. Quand nous créons un espace, il n’est pas ensuite laissé pendant 10 ans ou 15 ans sans y revenir, nous avons régulièrement des équipes qui viennent enrichir ces espaces. Ce sont des heures et des heures de travail que le public ne voit pas forcément. »

Un nouvel enclos pour les oryctéropes

À côté des petits chantiers entrepris au Bioparc, il y en a un qui est plus gros et qui sort du lot : la construction d’un nouvel enclos pour les oryctéropes. « Le chantier des oryctéropes est un chantier très conséquent, nous y travaillons depuis plusieurs mois et il ne sera terminé que pour les fêtes de fin d’année, annonce le directeur du parc. C’est un très beau territoire qui termine bien le secteur et la boucle depuis les panthères des neiges jusqu’au cratère des carnivores et la volière africaine. » Le nouvel enclos, d’une superficie de 600 m², sera situé entre l’enclos des panthères des neiges et la nouvelle volière africaine ouverte depuis juin 2021. « Le chemin pour le public a été creusé cet été, il est ouvert depuis septembre seulement. Désormais, les visiteurs font une boucle quand ils passent sur le haut de l’amphithéâtre des vautours et devant les panthères des neiges, ils ne font plus demi-tour. Au bout de la passerelle qui surplombent le parc des panthères des neiges, ils continuent leur chemin, ils arrivent dans la volière africaine et ensuite ils passent au Cratère des carnivores. » Comme une tradition à chaque nouveauté, l’enclos des oryctéropes respecte le style troglodytique du parc. Ce nouvel espace, aménagé sur deux niveaux, répondra parfaitement aux besoins qu’ont les oryctéropes de constamment creuser avec une profondeur de plus de 4 mètres. « Ils auront une épaisseur de terre très importante, plus de 1000 m³ à brasser à loisir pour se faire des terriers plus ou moins durables. L’espace est aménagé sur deux niveaux, ils pourront être en partie basse, sous des grottes, ou en partie haute s’ils souhaitent être plus exposés et se mettre au soleil. Ils auront cette amplitude verticale qui va répondre à leurs besoins et qui nous permettra, je l’espère, de les admirer un peu plus souvent en journée. »

Un déménagement devenu presque indispensable

Les premiers oryctéropes du Cap, deux femelles, sont arrivées au Bioparc de Doué-la-Fontaine au printemps 2020 pour l’inauguration du Cratère des carnivores. Les femelles avaient investit l’enclos d’environ 800 m² au centre de la zone, en cohabitation avec les suricates et les otocyons. Elles ont ensuite été rejointes par un jeune mâle en 2021. Même si cet espace pouvait leur convenir, il est devenu presque nécessaire de les déplacer. « Les oryctéropes se plaisent bien où ils sont en ce moment, indique François Gay. Ils s’y plaisent si bien qu’ils s’amusent à soulever les matériaux du site. Les reliefs avaient été façonnés par de puissants engins qui sont arrivés à bout des mètres cubes de terre et de rochers qui pèsent des tonnes. Tout cela a été chamboulé, déstabilisé par ces taupes géantes qui nous surprennent de jour en jour. » À l’origine, cet espace n’était pas conçu spécialement pour les oryctéropes mais devait accueillir une autre espèce à leur place. « Nous avons fait un parc qui était initialement conçu pour suricates, otocyons et porcs-épics, mais nous avons eu cette opportunité de recevoir les oryctéropes et c’était un beau défi à relever. » Afin d’éviter de potentiels dégâts, les équipes du parc ont pris la décision de déplacer les oryctéropes pour leur préparer un environnement spécialement conçu pour eux. « Comme le terrain est extrêmement destructuré par leur présence, nous nous sommes décidés cette année, au printemps, de les déménager pour leur préparer un terrain qui soit conçu à 100% pour eux, qui leur permet de jouer tout autant mais sans menacer l’habitat des autres espèces qui vivent à côté. Et puis c‘est vraiment un animal fascinant, il fallait aussi le mettre encore plus en valeur. »

C’était également l’occasion de penser l’habitat des oryctéropes différemment, de leur offrir davantage d’ombre mais aussi de permettre aux visiteurs de mieux les observer. « Les oryctéropes sont toujours difficiles à observer. On a tendance toujours à dire qu’ils sont nocturnes mais en fait ils ne sont pas aussi nocturne que cela, ils veulent simplement éviter les coups de soleil l’été et ils sortent très peu quand le soleil tape, précise François Gay. L’idée c’était de se dire que tant qu’à faire un parc pour les oryctéropes et le concevoir dès la base pour cette espèce, il fallait leur permettre d’avoir un maximum d’ombre pour leur permettre de sortir sur des plages horaires plus larges, en pleine journée. » L’enclos où se trouve actuellement les oryctéropes est très ensoleillé et en été, les températures peuvent vite grimper. C’est principalement pour cette raison qu’ils sont assez difficiles à observer. « Nous sommes parfois surpris de les voir se balader dehors pendant 1h ou 1h30 en pleine journée, mais 9 fois sur 10, il y a un ciel gris ou une petite pluie qui tombe, dans ces journées maussades et souvent froides. Ce n’est pas gênant pour eux de sortir par ce temps là, d’ailleurs ils choisissent, nous leur garantissons une bonne température dans le bâtiment et c’est eux qui choisissent d’y aller ou non. Quand nous concevons les espaces pour les animaux, l’idée c’est de pouvoir leur donner le libre accès toute l’année, jour et nuit, à leur bâtiment intérieur. Et c’est ce qu’il se passe pour les oryctéropes, ils sont libres de rentrer dans le bâtiment ou dans leurs terriers pour dormir, où d’être vus par le public en pleine journée. »

Des porcs-épics pour remplacer les oryctéropes

Le nouvel enclos offrira donc davantage d’ombre aux oryctéropes pour leur permettre de sortir un peu plus qu’actuellement et donc aux visiteurs d’avoir peut-être plus de chance de les observer lors de leurs visites au parc. Le départ des oryctéropes vers un nouvel espace devrait permettre au Bioparc d’accueillir une nouvelle espèce dans les prochains mois. « Notre idée c’est de repartir sur l’espèce qui était initialement prévue pour cet espace à savoir les porcs-épics, pour garder une mixité toujours intéressante. Pour les animaux c’est assez épatant de se retrouver dans un même territoire, et en terme d’observation c’est aussi fascinant. Nous ne voulions pas non plus réduire la diversité des espèces et on y présentera les porcs-épics comme nous l’avions pensé au départ. » Pour maintenir une certaine cohérence géographique dans la présentation des espèces, le Bioparc accueillera des porcs-épics du Cap, une espèce assez peu présente dans les zoos français. À côte de cela, de nouvelles espèces d’oiseaux viendront probablement s’ajouter à celles déjà présentes dans la volière africaine inaugurée cette année.

Les visiteurs pourront découvrir le nouvel enclos des oryctéropes en cette fin d’année 2021. Le parc ouvre ses portes durant les vacances de Noël, du 18 décembre 2021 au 2 janvier 2022 (excepté le 25 décembre et le 1er janvier). Par la suite, la saison 2022 sera lancée, comme chaque année, en février 2022.

L’oryctérope du Cap, un animal séduisant

L’oryctérope du Cap, également appelé « cochon de terre », est un mammifère insectivore vivant en Afrique et pouvant peser de 40 à 80 kg. Il se rencontre généralement dans la moitié sud du continent africain, notamment dans les savanes et les zones semi-arides. Son rôle écologique est extrêmement important puisqu’il se nourrit de termites et de fourmis, jusqu’à 50 000 par jour, à l’aide de sa longue langue gluante régulant ainsi leurs populations. L’oryctérope du Cap possède de courtes mais puissantes pattes à l’avant munies de solides griffes lui permettant à la fois d’éventrer les termitières pour se nourrir mais également de creuser des terriers dans le sol. « Les oryctéropes ont vraiment une puissance dans les pattes et dans les griffes qui est étonnante. » Il est capable de creuser des tunnels allant jusqu’à 15 mètres de longueur, servant par la même occasion à d’autres espèces tels que les phacochères, les mangoustes ou encore les otocyons.

L’espèce est classée en « Préoccupation mineure » (LC) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), et il semblerait que ses populations se portent plutôt bien actuellement. Dans les parcs zoologiques européens, l’oryctérope est inscrit dans un ESB (European StudBook) coordonné par le Burgers’ Zoo d’Arnhem aux Pays-Bas et permettant de collecter toutes les données sur les naissances, les morts et les transferts auprès de tous les zoos de l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums) qui accueillent cette espèce. En France, le Bioparc de Doué-la-Fontaine est le seul et unique endroit où il est possible de découvrir cet animal séduisant. Avec un mâle et deux femelles, le parc se prépare pour des naissances dans les années à venir. « Nous avons le feu vert pour reproduire avec ses trois individus, explique François Gay. Le mâle est encore un peu jeune mais, nous laissons faire la nature, comme toujours. » Il ne reste plus qu’à patienter pour espérer un jour, voir de jolis petits oryctéropes gambader au Bioparc de Doué-la-Fontaine.

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