© La Ferme aux Crocodiles
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Plusieurs nouveaux crocodiliens sont arrivés à la Ferme aux Crocodiles

Depuis quelques mois, la Ferme aux Crocodiles abrite plusieurs nouveaux pensionnaires. De nouveaux crocodiliens appartenant à des espèces gravement menacées dans la nature ont rejoint le parc en provenance de plusieurs zoos français.

L’arrivée d’un groupe de 8 faux-gavials de Malaisie

C’est à la toute fin de l’année 2023, juste avant Noël, que la Ferme aux Crocodiles a accueilli un groupe de 8 faux-gavials de Malaisie. « Ils sont arrivés en décembre en provenance du ZooParc de Beauval, indique Samuel Martin, directeur de la Ferme aux Crocodiles. Nous avons récupéré 8 jeunes, nous avions déjà une femelle adulte et cette arrivée nous permet d’avoir un grand groupe. » Avec 9 individus, la Ferme aux Crocodiles héberge actuellement le plus grand groupe de faux-gavials de Malaisie présent dans les parcs zoologiques européens. « Ce sont des animaux qui ont besoin d’espace, nous leur offrons un ensemble de 9 bassins où chacun pourra avoir le sien, ces bassins seront communiquant et l’idée c’est d’avoir un bel outil zootechnique pour essayer d’obtenir de la reproduction. » Également appelé tomistoma, le faux-gavial de Malaisie est une espèce en grand danger de disparition et sa présence en parc zoologique reste assez clairsemée. Seule une vingtaine de zoos à travers l’Europe en présente au public pour quelques dizaines d’individus au total. « Il y a très peu de reproduction sur cette espèce, à ma connaissance seulement le Bioparc Fuengirola en Espagne et un autre zoo au Royaume-Uni. »

Arrivés au ZooParc de Beauval en 2019 alors qu’ils étaient encore assez jeunes, il était temps pour les 8 faux-gavials de Malaisie de quitter le zoo Loir-et-Chérien. « Les équipes de Beauval étaient très intéressées par cette espèce pour le Dôme équatorial. Ils avaient récupéré un trio d’adultes à Hong-Kong dans un parc public où ils vivaient dans 20 cm d’eau, ils n’étaient pas en très bon état, pas très bien présentés et dans un environnement où il faisait toujours chaud. Il y avait un fort enjeu de bien-être animal et la municipalité de la ville était contente de s’en débarrasser. À côté de cela, le Zoo de Beauval est allé dans un centre d’élevage dans le sud-est de l’Asie, où l’espèce se reproduit assez régulièrement, pour récupérer un groupe de 8 jeunes. » Les jeunes tomistomas ont bien grandi depuis leur arrivée en France. Leur transfert vers la Ferme aux Crocodiles leur permettra de poursuivre leur croissance paisiblement et d’éventuellement se reproduire dans quelques temps.

Une nouvelle femelle faux-gavial d’Afrique et un couple de crocodiles de Morelet

Les faux-gavials de Malaisie ne sont pas les seuls crocodiliens à avoir rejoint la Ferme aux Crocodiles ces derniers mois puisque le parc a également recueilli trois autres pensionnaires de deux espèces différentes. Les premiers, ce sont le mâle et la femelle crocodiles de Morelet, aussi appelés crocodiles du Mexique, qui sont arrivés eux aussi en fin d’année en provenance du Reptilarium du Larzac. Là encore, cette espèce n’est pas nouvelle pour le parc et plus encore, les nouveaux arrivants n’arrivent pas en terre inconnue. « Nous avons récupéré un couple qui était au Reptilarium du Larzac mais qui est déjà passé par chez nous il y a quelques années, poursuit le directeur du parc. C’est une saisie qui avait conduit les animaux chez nous, nous avions gardé un couple et puis nous avions envoyé les autres dans un autre parc. Ils étaient devenus trop gros pour l’enclos où ils vivaient et avec le mâle, nous espérions former un trio avec la femelle qui nous restait. » En effet, la Ferme aux Crocodiles abritait encore une femelle crocodile de Morelet et espérait relancer la reproduction de cette espèce, déjà obtenue à plusieurs reprises par le passé, avec l’arrivée d’un mâle. « Malheureusement, nous avons eu la tristesse de perdre le mâle quelques semaines après son arrivée chez nous pour une raison encore inconnue. Il y a toujours un risque lorsque l’on déplace des animaux adultes. Nous avons encore les deux femelles, nous allons les mettre progressivement en contact et peut-être que nous pourrons accueillir un nouveau mâle dans le futur. »

L’autre nouvelle pensionnaire, c’est une femelle faux-gavial d’Afrique qui a rejoint la Ferme aux Crocodiles en début d’année en provenance du Zoo de La Palmyre. « C’est aussi une espèce que nous avions déjà hébergé, explique Samuel Martin. Nous avions un groupe de plusieurs femelles avec un mâle qui sont partis vers Biotropica il y a quelques années, ce qui fait que nous n’en avions plus depuis. Nous allons donc repartir sur de nouvelles bases, dans de bonnes conditions, pour présenter correctement cette espèce. » Pour le moment, cette femelle vit seule dans l’un des bassins de la serre tropicale du parc mais l’objectif principal sera de lui trouver un ou plusieurs compagnons de route. « Nous allons voir avec le coordinateur européen pour récupérer un mâle ou un couple. » En France, seul Biotropica a obtenu des naissances pour cette espèce également très menacée dans la nature. « Ils ont effectivement sorti beaucoup de petits de la même combinaison, du même couple, donc si nous voulons faire un peu de brassage génétique, il faut essayer de regarder comment faire les choses intelligemment. » Cette nouvelle pensionnaire se trouve dans un bassin qui était jusque là inoccupé mais qui va subir quelques modifications afin de mettre l’espèce en valeur auprès des visiteurs. « C’est une chute de bassins qui était entièrement dédiée aux tomistomas au départ. Et puis après, avec l’arrivée de différents animaux, nous l’avons divisé en deux parties, l’une pour les crocodiles des Philippines et l’autre pour un crocodile d’Afrique de l’Ouest qui n’est plus en présentation. C’est là que nous avons mis la femelle faux-gavial d’Afrique, nous sommes en train de faire une passerelle et attendons que ce soit fait pour bien finir l’enclos. »

Des crocodiliens menacés de disparition avec un enjeu de reproduction

Parmi ces trois espèces de crocodiliens, deux d’entre elles font l’objet de Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) : le faux-gavial d’Afrique et le faux-gavial de Malaisie. Ces deux espèces très rares dans les institutions zoologiques européennes sont inscrites à l’Annexe I de la Convention de Washington. Leur arrivée à la Ferme aux Crocodiles permet ainsi d’illustrer l’engagement du parc en faveur des espèces menacées. Pour le faux-gavial d’Afrique, classé « En danger critique d’extinction » (CR) sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), c’est le parc animalier Biotropica en Normandie qui coordonne le programme de reproduction, ne comprenant qu’une quinzaine de parcs zoologiques détenteurs à travers l’Europe. Cette espèce est fortement chassée pour sa peau, elle subit une modification intense de son habitat et sa population sauvage est assez difficilement estimable. Le faux-gavial de Malaisie quant à lui est considéré comme « En danger d’extinction » (EN) par l’UICN, il est visible dans une petite vingtaine d’établissements en Europe et l’EEP qui lui est consacré est coordonné par le Bioparc Fuengirola en Espagne. On estime à environ 2400 le nombre d’individus restant à l’état sauvage, entre l’Indonésie et la Malaisie, là où l’espèce survit encore aujourd’hui. De part leurs niveaux de menaces et leur faible nombre en captivité, le faux-gavial d’Afrique et le faux-gavial de Malaisie font l’objet de forts enjeux de reproduction. Dans quelques années, les tomistomas de la Ferme aux Crocodiles auront atteint leur maturité sexuelle et pourront très certainement participer à la reproduction de l’espèce en captivité. L’arrivée de nouveaux individus aux côtés de la femelle faux-gavial d’Afrique pourrait elle aussi apporter d’excellentes nouvelles pour le parc et pour la conservation de l’espèce.

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