C’est la concrétisation d’un projet long de plus de 4 ans : un bébé tigre de Sumatra a vu le jour au Zoo d’Amiens en septembre dernier.
Une grande première pour le Zoo d’Amiens
C’est une grande nouvelle pour le Zoo d’Amiens mais aussi pour la conservation de l’une des sous-espèces de tigres les plus menacées de la planète. Le 17 septembre 2022, le parc a enregistré sa première naissance de tigre de Sumatra. Aujourd’hui âgé d’un mois, le nouveau-né est actuellement en coulisses aux côtés de sa mère, Ménya. « Cette naissance tant espérée est le dénouement heureux d’un projet débuté en 2018 et visant à accueillir cette espèce en danger critique d’extinction dans les meilleures conditions possible », indique le parc dans un communiqué. Après une gestation plutôt courte (entre 95 et 115 jours), Ménya a donné naissance à un petit mâle d’environ 20 cm pour 750 grammes et aux yeux encore fermés. La femelle avait été au préalable isolée dans une loge prévue à cet effet au sein du territoire des tigres d’Archipels. « Elle y a mis bas en toute intimité, restant seule avec son petit, sous l’observation quotidienne de ses seuls soigneurs animaliers. » À l’âge de deux semaines, le jeune tigre a commencé à ouvrir les yeux et à explorer son espace intérieur. Mais pour les visiteurs du Zoo d’Amiens, il faudra être patient pour pouvoir rencontrer le petit félin. Ce dernier devrait rester à l’abri des regards pendant encore plusieurs semaines avant de découvrir son environnement extérieur et ne devrait être visible que pour la saison 2023.
Seulement huit naissances en Europe en 2022
Le couple de tigres de Sumatra hébergé au Zoo d’Amiens participe au Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) dédié à cette sous-espèce de tigre et géré par l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums). Le coordinateur de ce programme, basé au Zoo de Londres, a pour objectif principal la reproduction des tigres de Sumatra dans les parcs zoologiques européens tout en conservant une génétique aussi diversifié que durable. Avant de rencontrer Argo au printemps dernier, Ménya vivait aux côtés de Tilak, un autre mâle aujourd’hui âgé de 6 ans et né à la Réserve Zoologique de la Haute-Touche. Pour assurer la diversité génétique de la population de tigres de Sumatra présente dans les parcs zoologiques européens, il a été décidé d’empêcher Tilak et Ménya de se reproduire et de transférer le mâle vers un autre établissement. C’est ainsi que Tilak a quitté le Zoo d’Amiens en avril dernier pour rejoindre le Zoo d’Osnabrück en Allemagne où il a fait la rencontre d’une autre femelle avec qui il pourra se reproduire. Quant à Argo, il est arrivé au Zoo d’Amiens dans la foulée, en provenance du même parc zoologique, pour y faire la rencontre de Ménya et former un nouveau couple reproducteur. La naissance du jeune mâle au Zoo d’Amiens est à la fois une excellente nouvelle pour l’avenir de cette espèce mais aussi pour la réussite du programme d’élevage. Aujourd’hui en Europe, 53 établissements zoologiques hébergent des tigres de Sumatra dont moins d’une quinzaine en France. Et cette année, seuls le Zoo de Berlin en Allemagne, celui de Londres au Royaume-Uni et celui d’Aalborg au Danemark ont également obtenu une naissance de tigres de Sumatra totalisant seulement 8 petits.
L’un des félins les plus menacés de la planète
Avec la perte de leur habitat et le braconnage, toutes les sous-espèces de tigres sont en danger d’extinction. Le tigre de Sumatra, plus petite des 6 sous-espèces de tigre encore existantes aujourd’hui, est la plus menacée d’entre elles. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) la classe comme « En danger critique d’extinction » (CR) sur la liste rouge des espèces menacées. Dans la nature, sur l’île de Sumatra, il en resterait moins de 500 individus répartis dans 5 zones protégées mais isolées les unes des autres, rendant de plus en plus difficile un brassage génétique de la population sauvage. Et bien que le tigre de Sumatra soit protégé, il est malheureusement braconné pour sa fourrure et pour certaines parties de son corps (dents, os…) recherchées pour la médecine traditionnelle asiatique. Les conflits avec les Hommes menacent aussi le félin, les éleveurs de bétail n’hésitant pas à le tuer en vue de protéger leurs troupeaux.
Par le biais de son parc zoologique, Amiens Métropole agit pour la préservation de cette espèce en lui donnant toutes les possibilités de se reproduire en captivité (conservation ex-situ), mais aussi en apportant un soutien financier à la Wildcats Conservation Alliance, une ONG implantée à Sumatra (conservation in-situ). Elle y coordonne des actions pour lutter contre le braconnage, développe des systèmes de surveillance des individus sauvages, et porte des projets éducatifs à l’attention des populations locales.