© Bioparc - E. Flautre
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Un bébé vari roux est né au Bioparc de Doué-la-Fontaine

Il y a quelques semaines, le Bioparc de Doué-la-Fontaine a vu naître une petite femelle vari roux, un lémurien gravement menacé de disparition et pour lequel le parc s’engage dans sa protection depuis plusieurs années.

Une grande première depuis 24 ans

C’est l’année des varis au Bioparc ! Après la toute première naissance d’un vari à ceinture blanche au parc en avril dernier, c’est un petit vari roux qui a vu le jour le 8 mai 2023. C’est la première fois depuis 24 ans que l’espèce se reproduit avec succès au sein du parc, la dernière naissance remontant à 1999. Le nouveau-né est une petite femelle qui a vu le jour après une gestation de près de 100 jours. Il s’agit de la première portée pour les parents, avec une faible probabilité que l’élevage fonctionne. Placés dans un premier temps à l’abri des regards, la mère et son petit ont pu prendre apprendre à bien se découvrir l’une et l’autre. Finalement, la mère s’occupe parfaitement de son bébé et s’est montrée particulièrement attentionnée. L’équipe animalière du Bioparc a pu examiner le jeune vari roux quelques semaines après sa naissance, permettant de constater qu’il s’agissait d’une petite femelle et qu’elle était en parfaite santé. À l’issue de ce contrôle vétérinaire, les soigneurs ont choisi de la nommer Masoana, un nom d’origine malgache, en référence au pays d’origine du vari roux. Depuis quelques jours, la petite femelle est visible aux côtés de ses parents et découvre peu à peu son environnement extérieur.

Un Projet Nature pour protéger le vari roux et son environnement

Le vari roux, comme la majorité des espèces de lémuriens, est un animal menacé de disparition dans la nature. Endémique de Madagascar, l’espèce habite les forêts tropicales de la baie de Masaola, dernier refuge de l’espèce à l’état sauvage. Sa population sauvage, dont les effectifs ne cessent de diminuer, est principalement menacée par la déforestation mais aussi par le braconnage et le réchauffement climatique. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), classe le vari roux comme une espèce « En danger critique d’extinction » (CR) sur la liste rouge des espèces menacées. Depuis 1999, le Bioparc de Doué-la-Fontaine soutient financièrement l’association Antongil Conservation basé à Madagascar et dont il est le référent européen. Au Nord-Est de l’île, l’association protège 1660 hectares de la forêt de Farankaraina avec la participation des communautés locales. Le vari roux y avait été complètement éradiquée il y a près de 60 ans et pour favoriser le retour de l’espèce dans cette forêt, un long travail de sensibilisation des populations et d’études d’impact a eu lieu au cours des 20 dernières années. Deux opérations de translocation (un transfert d’animaux sauvages d’une forêt condamnée à être détruite vers la zone protégée de Farankaraina) ont eu lieu entre 2018 et 2019, permettant le transfert de 5 lémuriens. En 2021, deux des femelles déplacées ont même donné naissance à trois petits, confirmant l’adaptation de l’espèce à son habitat historique. D’autres varis roux présents dans une zone boisée menacée pourraient les rejoindre dès cette année afin de renforcer encore un peu plus leur présence dans la réserve. La prochaine étape, et non des moindres, pourrait être la réintroduction d’individus nés en parc zoologique, et pourquoi pas en provenance du Bioparc…

Réintroduire l’espèce pour la première fois…

Si la naissance de Masoana est une très bonne nouvelle pour le Bioparc et pour la conservation de l’espèce, son avenir pourrait bien s’écrire loin de son lieu de naissance. En effet, il est envisagé que la petite femelle et ses parents soient réintroduits à Madagascar après l’élevage d’une seconde portée dans les prochaines années. Il faudra également attendre l’accord des scientifiques malgaches pour que toute la famille soit réintroduite dans la forêt de Farankaraina. Pour ces animaux dont il ne reste que quelques centaines d’individus à l’état sauvage, souvent isolés par petits groupes, le renforcement des populations sauvages grâce à des animaux nés en parc zoologique est l’une des solutions privilégiées. Le vari roux fait également l’objet d’un Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP), mené à travers les parcs zoologiques européens, visant la reproduction de l’espèce en captivité et dont la finalité serait de réintroduire des individus dans la nature. La réintroduction d’une famille complète de varis roux nés en parc zoologique serait une première mondiale pour l’espèce et un formidable espoir pour les lémuriens de Madagascar, dont les populations ne cessent de décliner dans la nature.

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