Au Zoo d’Amnéville, les nouveautés pour l’année 2022 tournent autour de trois projets avec comme point d’orgue le retour des ours polaires.
Le zoo présente à ce jour des valeurs et un positionnement éthique sans faiblesse ; où le bien-être animal, la pédagogie et la conservation sont les maître-mots du travail mené quotidiennement. Accueillis par Thomas Grangeat, éthologue et responsable pédagogique du parc, nous avons pu découvrir les dernières nouveautés du Zoo d’Amnéville. Porté par de nouveaux projets, le parc tend à perfectionner les structures déjà existantes et ainsi offrir un cadre de vie adapté aux différentes espèces accueillies. Bien que tout soit perfectible et qu’à ce jour le travail de développement du parc est loin d’être terminé, voici la présentation des axes et nouveautés majeures de cette nouvelle année.
Des naissances chez plusieurs espèces
Parmi les derniers-nés du Zoo d’Amnéville, il y en a trois qui ne sont pas passés inaperçus. Entre le mois d’octobre 2021 et le mois de février 2022, trois petits rhinocéros blancs ont vu le jour dans le groupe, deux mâles et 1 femelle. Le groupe est désormais composé des cinq adultes, un mâle et 4 femelles et des trois petits. Les deux bébés les plus âgés, Mosl et Cera, s’amusent désormais dans le plus grand enclos en compagnie de leurs mères respectives. Le petit dernier, Patchi, l’a découvert il y a seulement quelques jours et devrait rencontrer son frère et sa sœur très prochainement. De l’autre côté du parc, c’est un petit orang-outan qui a vu le jour en janvier dernier. Nommé Pulco suite aux votes des abonnés du Zoo d’Amnéville sur les réseaux sociaux, le petit mâle reste fermement accroché à sa mère qui ne le laisserai tomber pour rien au monde. D’autres naissances sont attendues notamment chez les oiseaux où la femelle aigle de Verreaux, déjà mère de plusieurs petits l’an passé, est actuellement en pleine couvaison.
Une nouvelle mini-ferme
L’une des principales missions que ce sont données les équipes du Zoo d’Amnéville vise à réaménager l’existant pour améliorer les conditions de vie des animaux et multiplier la pédagogie qui les entoure. Et cette année, une partie des modifications porte sur la mini-ferme. Noyau du Territoire des petits, l’espace des animaux domestiques a été entièrement repensé, permettant désormais aux visiteurs petits et grands d’y pénétrer pour se retrouver au contact des chèvres naines et des moutons. Les visiteurs pourront même y nourrir les pensionnaires grâce à de la luzerne disponible dans les points de vente du parc. Ils ne pourront cependant pas accéder à l’entièreté du territoire afin d’offrir aux animaux de nombreuses zones de repli et de tranquillité.
Plusieurs panneaux pédagogiques seront ajoutés au sein de la mini-ferme expliquant le mode de vie des animaux domestiques mais aussi l’histoire de leur domestication. Au centre de la zone, un ancien petit point de restauration a été transformé pour y accueillir un abri qui devrait compléter les différents panneaux et permettre à l’équipe pédagogique d’y effectuer d’éventuelles animations. À l’ouverture de cette nouvelle mini-ferme, dans le courant du printemps, les visiteurs ne pourront plus y croiser les cochons de Göttingen, ces derniers ayant quitté le parc récemment. Leur enclos, jugé trop petit pour des animaux de cette taille, accueillera prochainement et comme un clin d’œil, des cochons d’Inde.
L’agrandissement de l’espace des loups arctiques
Non loin de là, l’une des espèces les plus populaires du parc bénéficiera d’un enclos nettement plus spacieux. Le parc s’est récemment séparé de son groupe de bisons d’Amérique, profitant ainsi de ce départ pour effectuer de grosses modifications. La place laissée libre par les gros ruminants nord-américains a permis aux équipes techniques de travailler au réaménagement total de l’espace. Installation de roches, création d’une rivière, remplacement de la clôture, rénovation et agrandissement des points d’observation… Un gros chantier est sortit de terre cet hiver avec un seul et unique objectif : offrir une extension à l’environnement des loups arctiques.
Avec les naissances des dernières années, le groupe de loups arctiques du Zoo d’Amnéville s’est considérablement agrandit passant de 3 individus à 18 en seulement quelques années. Si certains loups ont depuis quitté le parc, d’autres, comme les plus jeunes nés en 2021, n’ont pas fini leur croissance et devraient rester encore quelques temps aux côtés de leurs parents, frères et sœurs. Il devenait donc primordial de permettre à toute la meute de déambuler dans un territoire aussi vaste que possible. Grâce à cet agrandissement, les loups arctiques vont bénéficier d’un espace plus de deux fois plus spacieux que leur enclos actuel. Côté visiteurs, les points d’observation ont subi de petites retouches notamment pour la sécurité et d’ici l’automne 2022, une nouvelle plate-forme surélevée devrait être installée dans un coin de l’enclos, permettant aux visiteurs de surplomber le territoire des loups arctiques.
Le retour des ours polaires
Durant l’hiver, les équipes du Zoo d’Amnéville ont travaillé sur plusieurs chantiers dont l’un des plus importants concerne un espace bien connu des habitués. L’enclos des ours polaires, laissé vide après le décès de Tromso, à l’âge honorable de 34 ans, a été l’objet de mûres réflexions quant à son avenir. Le choix s’est porté sur une rénovation de cet espace composé de deux enclos extérieurs et d’un bâtiment de nuit permettant d’y accueillir un ou deux individus. Le plus grand des deux enclos a subi plusieurs modifications avec l’ajout de nombreux arbres et arbustes, la réfection des roches bordant le grand bassin à vision sous-marine ou encore la construction d’une nouvelle zone d’entraînement. Celle-ci apportera la possibilité aux équipes, notamment lors des animations pédagogiques, de présenter aux visiteurs le déroulement d’un entraînement médical.
Le Zoo d’Amnéville n’était pas candidat pour l’accueil d’un couple, la reproduction des ours polaires en captivité imposant des conditions qui ne peuvent être réunies au parc. Finalement, deux ours mâles sont arrivés il y a quelques jours en Moselle en provenance d’autres parcs zoologiques européens. Le premier, Henk, est arrivé dans le courant du mois de février depuis le Dierenrijk Zoo situé aux Pays-Bas. Il est âgé de 16 ans et s’adapte peu à peu à son nouvel environnement. Dans les prochains jours, il rencontrera son demi-frère, Akiak, âgé de 7 ans et arrivé quant à lui à la toute fin du mois de mars en provenance du Rostock Zoo en Allemagne. Les deux ours pèsent respectivement 600 et 700 kilos, des gabarits très impressionnants, surtout dressés sur leurs pattes arrières. La pédagogie de l’ensemble de la zone a été entièrement revue. De nouveaux panneaux seront ajoutés tout autour des enclos expliquant notamment les menaces qui pèsent sur les ours polaires dans leur milieu naturel, leurs mœurs mais aussi les conséquences du réchauffement climatique sur leur mode de vie.
L’espèce est actuellement classée « Vulnérable » (VU) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) et les individus présents dans les parcs zoologiques européens sont des ambassadeurs de leurs cousins sauvages mais aussi de l’ensemble de l’écosystème dans lequel ils vivent. Le retour des ours polaires au Zoo d’Amnéville associé à la présentation des loups arctiques et de la loutre du Canada, forme également une nouvelle zone au sein du parc : la Zone Arctique.
La volonté de réintégrer l’EAZA
Avec l’ouverture du très controversé Tiger World en 2015, l’histoire du Zoo d’Amnéville a été quelque peu bousculée. Ce lourd investissement de près de 20 millions d’euros, aura eu raison de la présence du parc au sein de l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums). Spectacle de domptage de tigres dans une salle de 2000 places assises, Tiger World a créé la polémique dès son ouverture pour sa très forte ressemblance avec un numéro de cirque traditionnel. Cette nouveauté a conduit l’EAZA vers l’exclusion du Zoo d’Amnéville de la liste de ses membres en 2016. Aujourd’hui, l’immense salle existe toujours mais propose une toute autre activité. Depuis la reprise du parc en 2020, la direction a pris position et a choisi de stopper purement et simplement Tiger World sous sa forme initiale. Exit donc le spectacle de tigres, depuis juin 2021 la salle accueille Extended Reality World, le plus grand cinéma holographique du monde. Cette nouveauté propose une découverte d’animaux de toute la planète et de leur environnement naturel, le tout en réalité étendue. À partir de cette année, l’accès à la salle sera compris dans le prix d’entrée du parc.
Cette importante modification au sein du parc démontre la volonté de la nouvelle direction de remplir l’un des ses principaux objectifs : permettre au Zoo d’Amnéville de réintégrer l’EAZA. Aujourd’hui, le parc repose sur cinq fondements majeurs à savoir le respect du bien-être animal, la recherche, la pédagogie, le loisir et la conservation. Le souhait de réintégrer l’EAZA est bel et bien présent et la première étape administrative a déjà été validée. D’ici quelques mois, une visite d’inspection sera organisée au sein du Zoo d’Amnéville et une décision sera rapidement prise quant à l’acceptation du parc parmi les membres de l’EAZA. Les équipes ont bon espoir pour un retour du zoo dans l’association dès 2022.