En 2023, les équipes de Biotropica aménagent de nouveaux espaces et ont accueilli de nouveaux pensionnaires au sein de la serre tropicale dont des rats-taupes nus.
Cette année, Biotropica enrichit son parcours de visite avec la construction d’un nouveau bassin pour les piranhas et l’arrivée des rats-taupes nus dans la serre tropicale ainsi que l’aménagement d’un nouvel espace pour un groupe de saïmiris à l’extérieur. Nature et Zoo est parti à la découverte de ces nouveautés au cours de l’été.
Un nouveau bassin géant pour les piranhas
L’un des gros chantiers cette année pour les équipes de Biotropica se trouvait au cœur de la serre tropicale avec la construction d’un bassin XXL pour y présenter l’un des plus grands groupes de piranhas en Europe. « Nous avions vraiment la volonté de faire quelque chose d’important pour avoir le plus de poissons possible, explique Laëtitia Lassalle, Assistante zoologique à Biotropica. Nous voulions quelque chose d’exceptionnel. Tout a été fait en interne que ce soit les faux rochers comme les cabanes en bois. » Pour observer les piranhas et les autres espèces avec qui ils cohabitent, les visiteurs ont accès à deux points de vision situés à deux hauteurs différentes. Pour le niveau du bas, le parc mise sur de larges baies vitrées offrant aux visiteurs une vue sous-marine du bassin. « Nous aurions bien voulu que ce soit prêt plus tôt mais les vitres ont mis beaucoup de temps à arriver et tant que nous ne les avions pas, nous ne pouvions pas commencer à créer les faux rochers ni à remplir le bassin évidemment. » Pour parler à la fois des espèces qui y sont présentées mais aussi de leur milieu de vie, une thématique a été mise en place dans ce nouvel espace. « L’idée c’est de pouvoir parler de l’orpaillage, c’est pour ça que nous avons fait des rampes d’orpaillage pour expliquer un petit peu ce gros problème en Amérique du Sud. La grue que nous avons installé et qui a été construite par notre équipe est fonctionnelle, elle va nous permettre de nourrir les piranhas. »
Le nouveau bassin des piranhas se trouve en lieu et place de l’ancien espace des coendous, ces petits porcs-épics arboricoles qui avaient été déplacés ailleurs dans la serre le temps des travaux. « Pour les coendous, nous avons tout cassé et refait intégralement leur enclos juste derrière le bassin. Nous en avons quatre désormais car nous avons récupéré les trois femelles du Zoo des Sables qui a arrêté de présenter cette espèce là. Nous, il nous restait une jeune femelle, nous verrons pour accueillir un mâle même si pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour. » En plus des coendous sur la partie terrestre et des piranhas dans la partie aquatique, d’autres espèces vont également cohabiter dans ce nouvel environnement. « Nous ne voulons pas nous précipiter à mettre tout le monde en même temps, nous préférons prendre notre temps. Nous avons déjà les canards à collier noir, les tortues, et petit à petit, nous allons remettre les poissons comme les raies, en prenant soin d’ajouter les piranhas en dernier. Les piranhas sont déjà chez nous, certains sont en présentation dans un autre aquarium mais nous en avons aussi en quarantaine qui sont arrivés petits et qui sont en train de grossir. »
Un nouveau petit primate très original
Depuis déjà plusieurs mois, une nouvelle petite espèce est visible à Biotropica. Un couple de loris grêles, des petits primates aux longs doigts et aux longues pattes, s’est installé dans la serre tropicale. « Ils sont deux, c’est un couple mais la femelle est implantée, annonce Laëtitia Lassalle. Nous n’avons pas l’autorisation de les reproduire pour le moment. » Il faut dire que l’espace dans lequel les deux primates ont été installés à de quoi questionner au premier abord puisqu’ils se trouvent dans la nurserie des gavials du Gange. « C’était assez inédit de les mettre dans un enclos avec des crocodiliens donc je pense que c’est qui a fait qu’au départ, il fallait tester pour voir comment cela allait se passer. Au final, ça se passe super bien, nous n’avons aucun souci et pour être honnête, les loris grêles ne vont pas du tout au sol, ils sont vraiment tout le temps en hauteur. » La gavial du Gange est l’un des plus grands crocodiliens de la planète, reconnaissable à son museau long et fin parfaitement adapté à une alimentation piscivore. Ce dernier se nourrit notamment de poissons, de crustacés, d’amphibiens ou encore de mollusques. « Ils ne sont pas dangereux, ils peuvent avoir le reflexe de donner un petit coup de dents pour se défendre mais ils n’attaqueront pas les loris. Cela fait maintenant un an qu’ils sont ensemble et tout va bien. » Le loris grêle est un primate nocturne originaire d’Asie du Sud, entre l’Inde et le Sri Lanka. Les individus arrivés à Biotropica il y a quelques mois sont visibles des visiteurs depuis le début de l’année mais sont encore très discrets. « Ces derniers temps, je les vois rarement, ajoute Laëtitia Lassalle. Mais je pense aussi qu’étant nocturnes, avec les longues journées en été, ils sont plus difficiles à observer qu’en hiver, comme les jours sont plus courts, ils ont tendance à bouger un peu plus facilement. » Biotropica est aujourd’hui le seul parc zoologique en France à héberger ce petit primate dont les populations sauvages tendent à diminuer fortement. En Europe, le loris grêle fait l’objet d’un EEP (Programme Européen pour les Espèces menacées) mené par le Zoo de Francfort en Allemagne.
Les rats-taupes nus présentés aux visiteurs
Attendue depuis plusieurs années, une autre nouvelle espèce a fait son entrée dans la serre de Biotropica. Depuis le début de l’été, un grand terrarium met en scène la vie souterraine d’un groupe de rats-taupes nus. « Nous sommes partis sur une présentation un peu différente de ce que l’on a l’habitude de voir, détaille Laëtitia Lassalle. Nous voulons rappeler vraiment que le rat-taupe nu vit sous terre, et ça plait aux visiteurs, ils passent beaucoup de temps devant. » Les rats-taupes nus de Biotropica vivent déjà depuis de nombreuses années dans les coulisses du parc mais leur installation à la vue du public a été repoussée à plusieurs reprises. « Nous les élevons depuis 2016 et ça faisait vraiment longtemps que nous voulions les présenter. Nous souhaitions d’abord voir comment la colonie se comportait en testant plein de choses par rapport aux loges et aux galeries que nous voulions créer, et nous les avons mis en présentation quand nous étions satisfaits de notre travail. C’est pour cette raison que nous avons mis quand même pas mal de temps, et puis nous avons des projets qui sont passés avant aussi. » Aujourd’hui, ils sont visibles à travers un labyrinthe de galeries souterraines et sont répartis en deux colonies distinctes. « Chaque colonie à trois loges visibles plus des galeries derrières, dans les coulisses. Elles ont chacune leur propre reine et comptent une quinzaine d’individus dans celle du haut et une vingtaine dans celle du bas. » Le rat-taupe nu est le seul mammifère eusocial connu, il vit en colonie de la même façon que les abeilles. « C’est le même principe que chez les abeilles en fait, il y a une reine qui se reproduit, c’est la seule à se reproduire, et ensuite les autres ce sont des ouvriers, des nourrices qui vont s’occuper des petits, s’occuper de l’ensemble des galeries, de les nettoyer ou d’aller chercher la nourriture. La reine se reconnaît facilement parmi les autres, elle est vraiment plus grande, plus grosse et on voit vraiment bien ses mamelles. » Autre fait étonnant qui a fait en partie la renommée de cette espèce, son espérance de vie allongée pour un rongeur. Chez le rat-taupe nu, la durée de vie tourne autour d’une dizaine d’années et peut aller jusqu’à 20 ou 30 ans pour les individus reproducteurs.
Habitué des espèces rares, menacées et méconnues, le parc a également souhaité présenté deux autres espèces aux côtés des rats-taupes nus. « Il y a aussi un petit terrarium avec un scorpion empereur qui partage le même habitat, qui reste lui aussi sous terre et qui ne sort que pour aller chercher de la nourriture. Nous en avons présenté à l’ouverture, c’est quelque chose que nos visiteurs nous demandaient régulièrement et c’était le bon moment pour en remettre. » Entre les deux colonies de rongeurs et le scorpion empereur, une dernière loge abrite une espèce pour le moins exceptionnelle et proche du rat-taupe nu. « Nous avons aussi les rats-taupes de Zambie, ils ne sont pas très faciles à voir et encore plus timides que les rats-taupes nus. Ils passent leur temps à remettre de la terre devant la vitre pour qu’on ne les voit pas et passent beaucoup de temps dans une autre partie à l’arrière qui n’est pas visible. » Biotropica héberge un petit groupe de trois mâles rats-taupes de Zambie, une espèce de rongeur qu’il est extrêmement rare de rencontrer en parc zoologique puisque seuls trois établissements en Allemagne et un en Suisse en abritent une poignée d’individus. « En Europe, il y a très peu de parcs qui en ont et comme il y a peu d’animaux, nous avons accueillis ses trois mâles qui sont arrivés juste avant que nous terminions l’installation. Les rats-taupes de Zambie ne sont pas nus, ils ont les yeux un peu plus gros que les rats-taupes nus, ils voient un peu mieux même s’ils ne voient pas très bien, mais nous pensons que c’est la raison pour laquelle ils remettent de la terre devant la vitre. »
Des femelles roussettes de Livingstone rejoignent la colonie de Biotropica
Bien connue des habitués du parc, la colonie de renards-volants de Biotropica compte aujourd’hui deux espèces : le renard-volant de Lyle et la roussette de Livingstone. Si les renards-volants de Lyle se reproduisent parfaitement bien à Biotropica, qui envoie régulièrement des jeunes dans d’autres parcs zoologiques européens, les roussettes de Livingstone n’avaient jusqu’ici aucune possibilité de procréer. Depuis quelques semaines, de nouveaux individus ont rejoint la grande volière dans le but de lancer la reproduction de cette chauve-souris menacée. « Cela fait 10 ans que nous présentons des roussettes de Livingstone mais nous n’avions que des mâles, détaille l’Assistante zoologique du parc. Avec l’arrivée de femelles dans le groupe, nous allons enfin pouvoir lancer la reproduction. » Originaire des Comores, la roussette de Livingstone est aujourd’hui considérée comme « En danger critique d’extinction » (CR) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
Rare dans la nature, cette espèce l’est encore plus en parc zoologique puisque seuls deux autres zoos au Royaume-Uni présentent cette espèce avec Biotropica pour l’Europe. L’an dernier, les équipes de Biotropica ont également reçu, durant quelques jours, une équipe de scientifiques venue étudier les deux espèces de chauves-souris du parc pour mieux protéger leurs congénères dans la nature. L’objet de leur visite portait sur la mise en place de balises GPS sur certaines chauves-souris du parc dans le but d’en récolter les données en direct pour ensuite pouvoir les traduire sur des chauves-souris sauvages. « Nous n’avons pas encore les résultats finaux, nous savons que ce qu’ils ont obtenu ici les a énormément aidé pour l’appliquer dans la nature. Pour le moment ce n’est pas terminé, nous savons que ce type d’études prend beaucoup de temps à réaliser. Mais nous sommes fiers de les avoir reçus et de participer à cette étude. Et puis quelque part, pour nous, cela nous permet d’avoir une certaine légitimité quand nous expliquons à nos visiteurs que les parcs font de la recherche, ils ont souvent du mal à le croire. Là nous en avons un exemple concret. »