© Nature et Zoo
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Le ZooParc de Beauval accueille une nouvelle espèce unique en France

Depuis quelques semaines, les okapis du ZooParc de Beauval partagent leur environnement avec une nouvelle espèce : le céphalophe à dos jaune.

L’arrivée d’un couple depuis les États-Unis

Depuis la fin du mois de mai 2022, le ZooParc de Beauval héberge une toute nouvelle espèce : un couple de céphalophes à dos jaune qui a traversé l’Atlantique pour rejoindre l’Europe. Gale, la femelle, est âgée de 2 ans et demi et arrive du Houston Zoo aux États-Unis. Quant à Kimbo, le mâle, il est bientôt âgé de 4 ans et vient lui aussi des États-Unis, en provenance du Gladys Porter Zoo à Brownsville. Les deux bovidés ont fait route ensemble du Texas jusqu’à Saint-Aignan pour un long trajet en camion puis en avion. « Il y a plusieurs heures d’avion et un peu de route au Texas jusqu’à l’aéroport, mais les animaux ont été entraînés pour monter dans les caisses et tout s’est très bien passé », explique Rodolphe Delord, directeur du Zoo de Beauval.

Il aura fallu de nombreuses années aux équipes du parc pour concrétiser l’arrivée d’un couple de céphalophes à dos jaune en France. « Cela fait presque 10 ans que nous travaillons pour héberger cette espèce à Beauval ! C’est une espèce qui n’a pas beaucoup d’intérêt pour le public, c’est plutôt pour nous car cela ne changera pas grand chose aux visiteurs. Il n’y avait pas d’urgence, nous avons pris notre temps et aujourd’hui nous sommes très contents d’en accueillir. » Une longue attente qui s’explique notamment par la complexité des transferts d’animaux entre l’Amérique du Nord et le contient européen. « Cela nous a pris de nombreuses années car c’est très compliqué de faire venir des ongulés des États-Unis, il y a un certain nombre de conditions sanitaires à respecter. Donc il a fallu mettre en place des quarantaines, et obtenir des autorisations particulières. » Il fallait également former les futurs soigneurs pour l’élevage d’une espèce que l’on ne trouvait dans aucun zoo français avant cela. « Nous avons envoyé les soigneurs en stage à Wuppertal en Allemagne où il y a également un couple pour qu’ils se préparent comme il faut », ajoute le directeur du parc.

Très rare en Europe et unique en France

Le céphalophe à dos jaune est un animal très rare en parc zoologique. À l’échelle mondiale, la population élevée dans les zoos n’est composée que d’environ 70 individus dont la très grande majorité se trouve en Amérique du Nord. En Europe, l’espèce n’est aujourd’hui hébergée que dans trois autres établissements ailleurs qu’à Beauval, tous situés en Allemagne : au Zoo de Francfort, au Tiergarten Nürnberg et au Zoo de Wuppertal. Chacun de ces parcs zoologiques hébergent également un couple portant la population européenne à seulement 8 individus. En important plusieurs couples de céphalophes à dos jaune depuis les États-Unis, les parcs zoologiques européens espèrent créer une seconde population de ce mystérieux animal, notamment à travers la reproduction. « Nous avons ouvert une voie pour d’autres échanges d’ongulés avec les États-Unis, c’est aussi pour cela que nous l’avons fait », ajoute Rodolphe Delord. L’espèce fait l’objet d’un plan d’élevage international dont la mission est de gérer l’ensemble des individus présents en parc zoologique afin de maintenir une population génétiquement diversifiée, biologiquement saine et démographiquement variée.

Au Zoo de Beauval, Gale et Kimbo auront donc pour mission de se reproduire afin de participer à ce vaste plan d’élevage. « Ils sont là pour se reproduire mais ils sont encore jeunes. C’est une espèce qui ne fait qu’un petit à la fois mais qui se reproduit très bien en parc zoologique. » Les deux céphalophes cohabiteront avec les okapis du parc, comme cela peut se produire dans la nature. « C’est une très belle espèce pour mettre avec les okapis, se réjouit Rodolphe Delord. Ce sont deux espèces forestières, qui vivent dans les forêts d’Afrique centrale. » Pour autant, le couple ne sera pas réuni toute l’année dans le même espace. « Pour l’instant ils sont séparés, c’est un animal qui ne s’entend pas trop avec ses congénères. Il faut les mettre ensemble principalement au moment des chaleurs de la femelle. Nous prenons notre temps, il n’y a pas d’urgence. »

La plus grande espèce de céphalophe

Le céphalophe à dos jaune (Cephalophus silvicultor) fait partie de la famille des bovidés et il s’agit de la plus grande espèce de céphalophes, pouvant facilement atteindre les 80 cm au garrot. Il tient son nom du triangle de poils jaunes qu’il possède sur le dos et qu’il peut dresser en cas de danger. Dans son milieu naturel, l’espèce est classée comme « Quasi menacée » (NT) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) et sa population sauvage est estimée à environ 160 000 individus avec une tendance à la diminution. « C’est une espèce qui n’est pas très menacée mais qui pourrait rapidement le devenir. » Le céphalophe à dos jaune est principalement mis en péril par la chasse et le braconnage, il fait partie des espèces les plus chassées d’Afrique notamment pour sa viande revendue illégalement. Il est également victime de la disparition de son habitat engendrée par l’expansion des activités anthropiques.

L’espèce est très peu étudiée sur le terrain mais elle pourrait avoir une importance capitale au niveau de la dispersion des graines. « Le céphalophe à dos jaune vit en milieu humide et forestier, c’est pour cette raison que dans la nature, il est très difficile d’en observer », ajoute Rodolphe Delord. Bien qu’herbivore, les fruits et les graines constituent une très grande partie de l’alimentation du céphalophe à dos jaune (environ 70 %). Ce dernier a même été observé se nourrissant de viande comme des petits reptiles (caméléons, jeunes tortues), des petits oiseaux ou encore des insectes. Cette étonnante espèce est d’ores et déjà visible au ZooParc de Beauval, dans l’un des enclos des okapis. Les plus chanceux pourront peut-être observer Gale ou Kimbo s’aventurer à l’extérieur pour découvrir leur nouvel environnement ou bien les apercevoir à l’intérieur du bâtiment des okapis.

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