Un petit tamanoir est né cet été à Biotropica, une grande première pour le parc mais aussi pour les parcs zoologiques normands.
Cette année, Biotropica enrichit son parcours de visite avec la construction d’un nouveau bassin pour les piranhas et l’arrivée des rats-taupes nus dans la serre tropicale ainsi que l’aménagement d’un nouvel espace pour un groupe de saïmiris à l’extérieur. Nature et Zoo est parti à la découverte de ces nouveautés au cours de l’été et a également pu rencontrer les nouveau-nés de ces derniers mois.
Le premier petit tamanoir de Normandie
Le 10 juillet dernier, après une longue gestation de 6 mois, le premier petit tamanoir de Biotropica a vu le jour. Il s’agit également d’une grande première pour les parcs zoologiques de Normandie qui n’avaient encore jamais enregistré une telle naissance. « Nous ne savons pas encore si c’est un mâle ou une femelle, explique Laëtitia Lassalle, Assistante zoologique à Biotropica. Cora est primipare, c’est son tout tout premier petit et elle est encore jeune. » Malgré son jeune âge justement, la femelle s’occupe à merveille de son nouveau-né et se révèle être une mère exemplaire, très attentionnée. « Nous préférons la laisser tranquille pour qu’elle s’en occupe. Et justement, comme c’est son premier bébé, nous ne voulions pas prendre de risques, donc nous ne sommes pas pressés de connaître son sexe. » Pour le moment, même si le jeune fourmilier commence à explorer son environnement, il ne se nourrit que du lait que produit sa mère qu’il ne quitte que très rarement.
Cette naissance exceptionnelle était attendue par les équipes de Biotropica qui ont pu déceler quelques signes de gestation il y a quelques mois. « Nous l’attendions, à partir du moment où nous avons eu le couple c’est quelque chose que l’on souhaitait. Au printemps, on s’est aperçu que Cora commençait à s’arrondir un petit peu mais nous n’étions pas certains. Nous avons eu l’occasion de faire une radio et c’est là que nous avons vu qu’elle attendait bien un petit. » Pour autant, il était impossible de connaître la date exacte de la mise-bas de Cora et il ne restait plus qu’à attendre patiemment. « Ce fut une très longue attente, c’était un peu la surprise. Le 10 juillet, Cora était dehors en train de dormir dans la pampa, et quand sa soigneuse est venue pour la rentrer, elle est allée la voir et elle a vu un petit truc bouger. » Durant les premiers jours, la femelle est restée dans son abri avec son petit pour se reposer et créer les premiers liens indispensables. Aujourd’hui, Cora et son petit alternent les sorties avec Gus, le père, et sont visibles du public dans leur bâtiment vitré ou bien dans leur espace extérieur.
Un couple de fourmiliers formé depuis seulement un an
Après plusieurs mois de chantier, Biotropica inaugurait la Pampa des fourmiliers pour l’année 2022. Un espace spécialement conçu pour y présenter un couple de fourmiliers géants aux côtés de quelques autres espèces originaires elles-aussi d’Amérique du Sud. « Quand nous avons créé cet espace, nous avons vraiment tout fait pour que nos fourmiliers s’y sentent le mieux possible, poursuit Laëtitia Lassalle. Il y a la partie pampa pour qu’ils puissent se reposer, le bassin pour qu’ils puissent se baigner, etc… et on se rend compte que c’est vraiment un enclos qui leur plaît bien, il passe du temps à gratter un peu partout, nous leur ajoutons également des souches de temps en temps pour qu’ils fouillent dedans. » Le premier a faire son entrée dans ce nouvel environnement fut Gus, le tamanoir mâle né au ZooParc de Beauval et arrivé à Biotropica en décembre 2021. Il a ensuite été rejoint, quelques mois plus tard et après de longues démarches administratives, par Cora, la femelle et mère du nouveau-né. « Cora est arrivée en juin 2022, elle devait arriver en même temps que Gus mais à cause du Brexit, vu qu’elle vient d’un zoo au Royaume-Uni, cela a été très compliqué de la faire venir chez nous. »
Rapidement les deux tamanoirs sont devenus inséparables, passant la plupart de leur temps ensemble dans le même espace. La Pampa des fourmiliers comprend une volière, où vivent les aras à gorge bleue, les viscaches des plaines et les chevêches des terriers, ainsi que deux enclos normalement consacrés aux fourmiliers géants. « Nous avions prévu un deuxième enclos dès le départ, explique Laëtitia Lassalle. Nous avons l’enclos principal, dans lequel sont les fourmiliers actuellement, et le second enclos qui peut servir justement lorsqu’il y a besoin d’isoler un jeune, ou si nous avions besoin d’avoir la mère et son petit d’un côté, et le père de l’autre côté. » Pour l’instant, les équipes du parc donnent accès à l’enclos principal à Gus le matin et échangent en milieu de journée pour que Cora et son petit puissent profiter eux aussi de l’extérieur. « La coordinatrice du programme des tamanoirs nous a interdit de mettre le mâle avec la femelle tant qu’il y a le petit, pendant a priori un an. Mais que ce soit le mâle ou la femelle, ils passent quand même une grosse partie de leur journée à dormir, donc qu’ils dorment en intérieur ou en extérieur, ça ne change pas grand chose. Comme il y a plus de visiteurs l’après-midi, cela permet à un plus grand nombre d’entre eux de voir le petit à l’extérieur, même s’ils sont quand même visibles lorsqu’ils sont à l’intérieur. »
Un animal atypique et menacé
Le tamanoir, également appelé fourmilier géant, est un animal véritablement atypique, originaire d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Exclusivement insectivore, il est capable, à l’aide de sa longue langue gluante de 60 centimètres, de consommer jusqu’à 30 000 insectes par jour qu’il débusque dans des souches d’arbres, dans le sol ou dans des fourmilières. Malheureusement, le tamanoir est aujourd’hui une espèce menacée, considérée comme « Vulnérable » (VU) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). « Il n’est pas encore gravement menacé, mais il subit notamment la fragmentation de son habitat et les accidents de la route, ce sont les principales causes de disparition de l’espèce. » En parc zoologique, l’espèce fait l’objet d’un Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) coordonné par le Zoo de Dortmund en Allemagne et auquel Biotropica, mais aussi une quinzaine d’autres zoos en France participent en abritant un ou plusieurs individus. Le jeune tamanoir né à Biotropica cette année devra un jour ou l’autre faire ses valises pour aller à son tour se reproduire avec un congénère dans un autre parc zoologique européen. « Il va rester avec sa mère pendant environ un an, poursuit l’Assistante zoologique du parc. Ensuite, nous devrons voir avec le coordinateur du programme pour savoir si nous gardons les trois fourmiliers quelques temps, quand nous devrons séparer le petit de sa mère et si nous pouvons remettre le couple à nouveau ensemble. » Cette année, par le biais de son association les Amis de Biotropica, le parc animalier normand a commencé à soutenir l’association Bandeiras e Rodovias. Cette association, basée au Brésil, a lancé en 2017 un grand projet pour mieux comprendre les impacts écologiques liés aux collisions de véhicules avec la faune dans le Cerrado, notamment sur les fourmiliers géants.
Un petit tamandua pour compléter le carnet rose
Depuis plusieurs années, les équipes de Biotropica se sont spécialisées dans la reproduction d’espèces inhabituelles, et notamment dans le groupe des Xénarthres auquel appartient justement le tamanoir. Les Xénarthres sont des mammifères d’Amérique du Sud, ayant la particularité de ne pas avoir de dents antérieures, voire même aucune dent du tout, comme chez les fourmiliers. Apparus parmi les premiers mammifères sur Terre, ce super-ordre regroupe les paresseux, les fourmiliers ou encore les tatous. Et justement, Biotropica présente 4 espèces de ce groupe original : le paresseux à deux doigts, le tamanoir, le tamandua et le tatou à trois bandes. Ces derniers mois, le parc a enregistré des naissances chez chacune de ces espèces. « Nous avons eu un bébé chez les tatous, c’est le septième depuis l’ouverture de Biotropica, se réjouit Laëtitia Lassalle. Ça marche plutôt bien, il grandit bien, il se balade et c’est un petit mâle. » Ce dernier est né le 19 juin et lui non plus n’est pas voué à rester auprès de ses congénères à Biotropica.
Chez les paresseux à deux doigts, le parc détient le record du nombre de naissances avec la venue au monde d’un 9ème petit, en octobre 2022, en l’espace de seulement 10 ans. Enfin, le couple de tamanduas, un petit fourmilier arboricole, a donné naissance à un nouveau bébé récemment. Il a vu le jour le 27 août dernier, après une gestation d’un peu plus de 4 mois et se trouve fermement accroché au dos de sa mère, Paco. Cette dernière avait déjà donné naissance à d’autres petits dont Nahua, une jeune femelle qui a vu le jour le 30 mai 2022 et qui vit toujours au parc mais qui a été séparée de sa mère avant la naissance du nouveau petit. Côté naissances exceptionnelles, après la venue au monde d’un nouveau petit viscache des plaines au printemps, les équipes s’attendent également à voir de nouveaux petits crocodiles éclore dans les prochaines semaines. « Nous avons des œufs de faux-gavial d’Afrique en incubateur donc si tout se passe bien, nous aurons de nouveaux bébés en fin d’année. »