Soucieux d’offrir de vastes espaces à ses carnivores, le Zoo de La Boissière du Doré a ouvert sa nouveauté 2023 avec une nouvelle extension d’envergure dédiée à ses tigres de Sumatra.
Pour cette dernière semaine de l’année, Nature et Zoo vous propose une dernière série de trois articles qui sont consacrés, cette fois-ci, aux naissances et aux nouveautés du Zoo de La Boissière du Doré au cours de l’année 2023.
Un espace pour tigres parmi les plus grands au monde
Coutumier du fait depuis quelques années, le Zoo de La Boissière s’est une nouvelle fois agrandi en 2023 avec l’ouverture d’une toute nouvelle extension. Depuis l’été, les visiteurs du parc peuvent emprunter un tout nouveau chemin de 800 mètres de longueur et prendre la direction de Sumatra, à la découverte de la Terre sacrée des Tigres. « C’est une très grosse nouveauté, se félicite Sébastien Laurent, le directeur du Zoo de La Boissière du Doré. Je pense qu’elle ne sera pas égalée dans le futur, c’est vraiment grand et cela devrait très bien vieillir avec la végétation qui sera de plus en plus belle. » Et pour cause, ce nouveau territoire bat une nouvelle fois tous les records : 3 hectares de vie pour les tigres de Sumatra, 3 km de clôture de 4 mètres de hauteur, plus de 2600 végétaux plantés autour du chemin et de l’enclos, un bassin de 1500 m² ou encore 1400 tonnes de roches pour façonner le paysage. Réalisé en grande partie par l’équipe technique du parc, le chantier aura duré près de 10 mois sur une surface qui n’était jusque là pas exploitée. « Nous avons pris un champ qui était plat et sur lequel on cultivait du blé pour y planter des centaines de végétaux dessus. Les travaux ont commencé début octobre 2022 et nous avons sorti les tigres à la mi-juin. C’était un gros chantier et comme c’était aussi une extension du parc, il fallait construire une double clôture. »
Pour proposer aux visiteurs la meilleure visibilité possible, plusieurs terrasses ont été créées et la clôture a été placée en contrebas du chemin de visite. « Le terrassement nous a surpris parce que nous avons trouvé de la pierre et cela a rendu le travail compliqué. Nous avions prévu un terrassement de fin septembre jusqu’à la Toussaint et puis finalement nous avons terminé à Noël. Nous avons bougé près de 100 000 m3 de terre, ce que nous avons enlevé d’un côté, nous l’avons remis de l’autre côté pour créer des terrasses, et je pense aujourd’hui que c’est réussi. » La Terre Sacrée des Tigres a pu ouvrir ses portes cet été, au mois de juillet dernier, et selon le directeur du parc, les premiers retours ont été plus que satisfaisants. « Nous avons des retours extra ! Nos abonnés et nos photographes amis ont fait de superbes photos, c’est vraiment prometteur pour l’avenir et puis ça se passe super bien. » Pour accéder à ce nouveau territoire, les visiteurs du parc empruntent une nouvelle boucle qui débute au niveau de la Vallée des Ours, la nouveauté 2022, et qui se termine à l’enclos des servals situé à une autre extrémité du parc.
Le déplacement des deux tigres de Sumatra
Depuis quelques années, le Zoo de La Boissière du Doré héberge un couple de tigres de Sumatra, Kuasa et Suma, qui vivait jusqu’ici au cœur du parc. Kuasa, le mâle, fêtera ses 10 ans en mars prochain et a rejoint le parc en 2016 en provenance d’un zoo anglais. Suma quant à elle, est âgée de 18 ans et fait partie des 9 plus vieux tigres de Sumatra en captivité dans le monde. Les deux tigres ont été transférés dans leur nouvel environnement avec quelques mois d’écart car ces derniers ne vivent aujourd’hui plus ensemble. « Suma est une femelle âgée, explique Sébastien Laurent. Nous avons construit un deuxième enclos, en coulisses du nouveau territoire, qui fait 4000 m² où nous l’avons installé pour qu’elle profite de sa retraite au calme. Il est non visible du public mais il est quatre fois plus grand que celui dans lequel elle était avant. Nous nous sommes demandés, au vue de son âge, si ça valait le coup de la déplacer et puis en fait elle va très bien, elle est partie fin septembre et aujourd’hui elle vit très bien. » Aujourd’hui, Kuasa a rencontré une nouvelle femelle, plus jeune et en âge de se reproduire. Avant le départ de l’ancien vers le nouvel enclos et pour s’assurer de sa bonne santé, l’équipe animalière du parc a réalisé un bilan médical de Suma, sous anesthésie : une échographie, un examen complet et des prélèvements sanguins. Mais que ce soit pour Suma comme pour Kuasa, la procédure de déplacement a été la même pour les deux félins. « Nous les avons tout simplement endormis, car nous n’avions pas le choix, il y a quasiment 1 km à parcourir entre les deux enclos. Ils ont ensuite été réveillés dans leur nouvelle loge et ont pu sortir au bout de quelques jours. »
Surya, la nouvelle femelle sur laquelle se tournent les espoirs de reproduction
En mai dernier, quelques semaines avant l’ouverture au public de la Terre Sacrée des Tigres, une nouvelle tigresse de Sumatra a fait son entrée en grandes pompes au Zoo de La Boissière du Doré. Arrivée tout droit en provenance du Zoo Jihlava en République-Tchèque, Surya a rejoint la Loire-Atlantique dans le cadre du Programme d’Élevage Européen (EEP) des tigres de Sumatra. Son transfert, réalisé par la société de transports Siane, a pour but de former un nouveau couple reproducteur de cette sous-espèce de tigre avec Kuasa, le mâle d’une dizaine d’années déjà présent au parc. « L’idée c’était de déménager Kuasa quand Surya arrivait, détaille le directeur du zoo. Donc quand elle est arrivée chez nous, quelques jours après nous avons emmené Kuasa, comme ça le nouvel enclos était nouveau pour les deux tigres en même temps, le territoire n’appartenait à aucun des deux. » Surya est aujourd’hui âgée de 5 ans et elle est la petite-fille de Suma, la femelle âgée du Zoo de La Boissière du Doré. L’histoire de la famille débute en 2013 à Jihlava quand Suma donne naissance à Cinta, qui va elle-même donner naissance à Surya en 2018. Suma a été transférée vers le Zoo de La Boissière du Doré en 2016 où elle sera présentée à Kuasa et avec qui elle aura donné naissance à une autre petite femelle en 2017. Fraichement installée à La Boissière du Doré, Surya a pris son temps pour découvrir son nouvel environnement et partage désormais les 3 hectares de la Terre Sacrée des Tigres avec Kuasa. « Quand elle est arrivée, elle ne connaissait que sa mère avec qui elle a vécu pendant 5 ans dans un tout petit enclos. Elle toquait un peu devant la maison les premières semaines, c’était difficile mais la solution a été de les laisser en accès libre pour la nuit, et là elle s’est mise à visiter l’enclos dans toute sa grandeur. Maintenant, elle profite vraiment bien, bon, elle n’aime pas trop notre mâle encore mais elle a le temps, le plus dur est fait. »
Le tigre de Sumatra est la plus petite des sous-espèces de tigres encore existantes et bien qu’elle soit la plus représentée dans les zoos en France aujourd’hui, elle est aussi l’une des plus menacées. Avec une population estimée à moins de 500 individus dans la nature, elle se trouve actuellement considérée comme « En danger critique d’extinction » (CR) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) et subit de nombreuses menaces telles que le braconnage et la perte de son habitat. Avec l’arrivée de Surya, le Zoo de La Boissière du Doré place tous ses espoirs dans une nouvelle reproduction de cette sous-espèce. « Suma ne peut plus se reproduire donc la condition pour pouvoir reproduire à nouveau c’était d’accueillir une nouvelle femelle. Kuasa et Surya sont séparés la nuit, sinon ils sont ensemble dans l’enclos. Elle lui crache dessus et puis il s’en va mais il est gentil parce qu’il pourrait être plus méchant que ça. L’espace leur permet de se tolérer plus facilement mais elle a un mauvais caractère, elle n’a jamais vu de mâle de sa vie. Donc il faut attendre, mais nous avons hâte ! »
Des projets d’ampleur pour les carnivores depuis 2018
Ce nouveau territoire aux dimensions hors normes reflète une nouvelle fois la politique du parc en faveur du bien-être de ses pensionnaires. Depuis 2019, le Zoo de la Boissière du Doré a pour principal projet de reloger les grands carnivores déjà sur place afin de leur proposer des espaces les plus vastes possible et les mieux adaptés à leur bien-être. « En 2018, nous avons commencé une réflexion sur la taille de l’enclos de nos panthères noires, explique Sébastien Laurent. Donc nous avons fait un essai en 2019 avec la rénovation de cet enclos et celui des servals, en multipliant par 4 et par 6 les deux espaces, et pour les gens, notamment ceux qui nous suivent, ça a été un grand pas vers l’avant. Du coup, comme le parc avait déjà bien assez d’animaux, j’ai décidé de rénover tous nos enclos à carnivores dans les 5 ans. » C’est ainsi qu’ont vu le jour successivement un espace de 2 hectares pour les lions en 2020, un autre de 2,5 hectares pour les ours bruns en 2022 et le territoire de 3 hectares pour les tigres de Sumatra cette année. Sur de telles surfaces, il peut paraître difficile de voir les animaux au premier coup d’œil, mais au Zoo de La Boissière du Doré, on constate que le jeu en vaut finalement la chandelle. « Il y a très peu de gens qui se plaignent de ne pas voir les animaux. Chez nous, les visiteurs sont habitués à les chercher un petit peu mais nous avons de la chance ici avec les lions puisque nous avons une grande famille maintenant, nous avons de la chance aussi aux ours parce qu’ils sont super actifs, ils se baignent tous les jours et ils sont très visibles. On s’aperçoit que même dans de grands espaces, on peut voir les animaux et encore une fois, les gens qui viennent chez nous savent ce qu’ils viennent voir et puis s’ils ne voient pas tout de suite, ils peuvent revenir un quart d’heure ou une heure après ce n’est pas grave. »
Quelques projets sont encore dans les cartons au Zoo de La Boissière du Doré notamment un nouvel enclos qui sera consacré à une toute nouvelle espèce. « Il n’y a pas beaucoup de prévisions de nouvelles espèces dans les deux ou trois prochaines années, mis à part l’enclos des panthères de l’Amour qui sera un nouveau territoire. Nous préférons plutôt reloger des animaux sur de grands espaces, en ayant pour priorité de garantir leur bien-être. Nous allons quand même créer ce nouvel enclos pour les panthères de l’Amour qui se situera à la place des anciens enclos des lions d’Asie, des ours bruns et des tigres de Sumatra, et ça, ça va être classe. Et puis ensuite, nous emmènerons nos loups dans une autre nouveauté où ils auront 1,5 hectares et dès lors, tous nos carnivores auront des enclos XXL. » Et la bonne nouvelle, c’est que les chantiers de ces nouveaux territoires ont déjà démarré cet automne et que le parc prévoit d’inaugurer le premier, celui des panthères de l’Amour, dans le courant de l’année 2024…