© Philippe Rivier

Manchot de Humboldt

Pour bien l’identifier…

  • Dos, dessus de la tête, face et gorge noir brillant ou bruns.
  • Bande blanche encerclant le visage.
  • Petites taches noires parsemant l’abdomen et le bas-ventre blancs.
  • Poitrine barrée d’une large bande noire descendant vers les flancs, et s’amincissant autour des cuisses.
  • Nageoires noires et blanches en dessous.
  • Courtes pattes noires.
  • Bec noir, rose à la base.

Fiche d’identité

Généralités

Le manchot de Humboldt tient son nom d’un célèbre explorateur allemand, Alexander Von Humboldt, qui a également donné son nom au courant marin froid de Humboldt où vit ce manchot, le long des côtes péruviennes et chiliennes, et dont dépend également sa nourriture.

Le manchot de Humboldt se reconnaît à son plumage noir sur les parties supérieures et blanc sur les parties inférieures. On distingue chaque individu grâce aux petites taches noires parsemant leur abdomen, qui sont uniques à chacun d’eux. Le manchot de Humboldt adulte possède une zone rose à la base du bec, qui le différencie des autres espèces de manchots.

Il est, comme tous les manchots, inapte au vol mais très bien adapté à la nage. Son plumage est court mais extrêmement dense et composé de plusieurs couches, dont une couche d’air entre la peau et les plumes, lui assurant ainsi une parfaite flottabilité et imperméabilité. Il joue également le rôle d’isolant thermique, permettant alors à l’oiseau de réguler sa température corporelle. De plus, les ailes rigides et fuselées du manchot lui permettent de nager à plus de 30 km/h ! Il est également capable de rester en apnée 10 minutes et de plonger jusqu’à 70 mètres de profondeur.

Le manchot de Humboldt pratique le « marsouinage », une technique consistant à nager rapidement vers la surface pour effectuer des petits sauts hors de l’eau, permettant au manchot de reprendre son souffle. Le nom de cette pratique fait référence au marsouin, un mammifère aquatique proche du dauphin.

Répartition et habitat

Le manchot de Humboldt se rencontre en Amérique du Sud et plus précisément sur la Côte Pacifique du Pérou et du Chili. Cette côte bordée de déserts est très chaude, mais elle est léchée par le courant froid de Humboldt particulièrement poissonneux, ce qui convient parfaitement aux manchots. Pour résister à ce froid, le manchot est doté d’une épaisse couche de graisse sous-cutanée.

Régime alimentaire

Le manchot de Humboldt est carnivore à forte tendance piscivore, c’est-à-dire qu’il se nourrit principalement de poissons (sardines, anchois…). Il consomme aussi des crustacés et, occasionnellement, des petits céphalopodes et du krill.

La technique de chasse du manchot consiste à tourner autour de sa proie, de l’attaquer sur le côté et de lui manger la tête en premier. Leur bec et leur langue sont pourvus de petites épines orientées vers l’arrière afin de maintenir facilement la proie dans le bec.

Mode de vie et reproduction

Le manchot de Humboldt vit en vastes colonies de plusieurs centaines d’individus appelées rookeries. Ces dernières sont composées de couples monogames, unis pour la vie, et de groupes de jeunes célibataires.

La femelle pond 1 ou 2 œufs qu’elle couvera entre 39 et 42 jours à tour de rôle avec le mâle. Les œufs sont déposés dans une cavité rocheuse ou un nid fabriqué à l’aide de guano, un amas de déjections d’oiseaux marins ou de chauves-souris.  

Les deux parents participent aussi à l’élevage des petits, ces derniers étant regroupés en « crèches » pendant que les adultes partent chasser. Après 10 à 12 semaines, les petits sont prêts à chasser en mer et sont matures sexuellement vers l’âge de 3 ans. Si les conditions le permettent, une femelle peut pondre deux fois dans l’année.

Le manchot de Humboldt est l’une des nombreuses espèces chez laquelle on peut observer des couples de même sexe, en milieu naturel comme en parc zoologique. Lorsque vient la saison des amours, ces couples nidifient également mais, ne pouvant pas avoir de petits, ils se rabattent souvent sur des cailloux semblables aux œufs. Dans la nature, certains peuvent adopter un œuf abandonné qu’ils trouvent sur le rivage. En captivité, on peut parfois remplacer la pierre couvée par un œuf délaissé par un autre couple. Cette méthode permet de garantir un maximum de naissances, sans intervention de l’humain dans l’élevage des petits. 

Menaces et conservation

Au XIXème siècle, les manchots de Humboldt ont été massivement chassés pour leur graisse utilisée pour l’éclairage urbain, pour tanner la peau et pour chauffer les maisons. Aujourd’hui, ce manchot est encore chassé pour sa viande, appréciée en Amérique du Sud. Les poussins sont également capturés pour être revendus en tant qu’animaux de compagnie, bien que cette pratique soit aujourd’hui illégale.

À partir de 1850, la récolte et l’exploitation du guano a entraîne le déclin de l’espèce, cette matière lui étant indispensable pour la construction des nids. Le guano est très concentré en nitrates et en azote, ce qui en fait un engrais naturel extrêmement riche et donc très prisé.

Le manchot de Humboldt est également menacé par la destruction de son habitat au profit de l’industrie minière notamment ainsi que par la pollution. Cet oiseau marin fait également face à une diminution importante du nombre de poissons à cause de la surpêche, mais aussi, à certaines périodes de l’année, du phénomène El Niño qui entraîne le réchauffement des eaux et par conséquent la réduction des poissons. 

Selon les dernières estimations, il resterait un peu moins de 24 000 manchots de Humboldt dans le milieu naturel. L’espèce est classé « Vulnérable » (VU) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Le saviez-vous ?

Les manchots ont la particularité de pouvoir boire l’eau de mer, grâce à des glandes situées près de leur bec qui permettent de dessaler cette eau.

En parc zoologique

Le manchot de Humboldt est actuellement représenté dans une douzaine de zoos en France. Découvrez la liste des parcs zoologiques qui hébergent des manchots de Humboldt.

Le manchot de Humboldt fait l’objet d’un EEP (Programme Européen pour les Espèces menacées), coordonné par le Zoo de Košice, en Slovaquie.

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