Pour le lancement de sa saison 2025, le Zoo de La Boissière du Doré vient d’inaugurer le dernier-né de la famille des enclos XXL avec un nouveau territoire pour sa meute de loups.
Un territoire dix fois plus grand qu’avant
Après plusieurs mois de travaux, le Zoo de La Boissière du Doré a inauguré un nouvel espace il y a quelques semaines, lors de la réouverture du parc. Un nouvel enclos qui permet de reloger les derniers carnivores du plan de réaménagement débuté en 2019 au sein du parc : les loups du Canada. « Nos loups sont passés d’un enclos de 1500 m² à 15 000 m², la surface est multipliée par 10, annonce fièrement Sébastien Laurent, directeur du Zoo de La Boissière du Doré. C’est une vraie forêt en montagne. Il faut encore que la végétation pousse, mais avec tout ce que nous avons planté, ça va être superbe d’ici deux ou trois ans. » Pour faire face aux aléas climatiques qui ont quelque peu perturbé les précédents chantiers, les travaux se sont étalés sur plusieurs mois, avec la pose de la clôture en point d’orgue, débutée avant l’hiver. « Nous étions en avance, nous faisons toujours en sorte d’être prêts pour le début des vacances scolaires d’hiver. Et là, à Noël, nous étions presque prêts ! Nous avons pris beaucoup d’avance en fin de saison l’été dernier et cela nous a permis de déménager nos loups dès le 27 janvier, juste avant la réouverture du parc. »

Dans ce nouvel enclos de 1,5 hectare, la meute de loups du Canada bénéficie également d’un nouveau bâtiment ainsi que d’abris creusés au cœur de l’enclos. « Ils ont accès à un bâtiment en bois, avec de la paille et un abreuvoir, détaille le directeur du parc. Ils ont tout ce qu’il faut. Nous les avons installés dedans lors de leur transfert et, curieusement, alors qu’ils n’avaient pas de bâtiment avant, comme il ne faisait pas beau ce jour-là, ils se sont mis dans la paille et ils étaient tout heureux ! Nous avons aussi creusé deux grottes avec des pierres et des troncs d’arbres. Nous avons un peu le même modèle chez les gorilles, mais ils en creuseront eux-mêmes également. » À l’arrière de l’enclos, dans une zone non visible du public, deux enclos de plus petite taille ont été conçus pour permettre aux soigneurs de nourrir quotidiennement les animaux afin de les habituer à y entrer en cas de besoin. « Si jamais nous avons besoin de les enfermer ou d’isoler un individu, nous avons créé deux paddocks de 100 m² chacun, accessibles avec des trappes. Dans l’ancien enclos de 1 500 m², nous avions l’habitude de les attraper à l’épuisette, c’était assez facile. Mais sur 1,5 hectare, c’est différent. Là, ils sont habitués à y passer tous les jours, et ce sera plus facile de cette façon. »

Une meute à l’histoire particulière
La meute de loups du Canada du Zoo de La Boissière du Doré est composée de 9 individus issus de la même famille. « Il y a le père, sa fille âgée de 2 ans, et les autres petits qui ont presque un an, explique Sébastien Laurent. Ils se sont très vite accaparé le territoire, on a l’impression qu’ils sont là depuis 10 ans ! Les 7 jeunes sont encore très joueurs : ils ont arraché quelques plantes et fait quelques bêtises, mais nous allons replanter ce qu’ils ont arraché. » Malheureusement, l’an dernier, après la mise bas de sa portée de 7 louveteaux, la femelle reproductrice de la meute est tombée gravement malade et a succombé quelques semaines après la naissance de ses petits. « Nous avons hélas perdu la mère alors que les petits étaient encore aveugles. Ils avaient deux semaines quand cela a commencé. Nous avons réussi à lui prolonger la vie, car, pour tous les experts des loups que nous avons contactés, il était impératif de garder la mère en vie le plus longtemps possible. Elle était infirme, elle ne pouvait plus se lever, mais elle a réussi à les élever jusqu’à 4 semaines. » L’équipe animalière a ensuite pris le relais pour l’alimentation, épaulée par les deux loups adultes, le père et la grande sœur, qui ont élevé les petits. « Pour éviter des liens trop forts et qu’ils ne soient pas humanisés, nous n’allions pas les voir, raconte le directeur. Nous avions trouvé une technique pour qu’ils ne nous voient pas lorsque nous passions les gamelles de viande hachée. Mais les autres membres de la meute pouvaient y avoir accès toute la journée pour ne jamais couper le lien entre eux. Ils ont été sevrés très rapidement et aujourd’hui, ils sont tous très proches les uns des autres, et plutôt timides envers les humains, comme des loups normaux. »


La particularité du loup du Canada, comparé aux autres loups, réside dans la diversité du pelage au sein d’une même meute, allant du noir au gris, en passant même par le blanc crème. Au Zoo de La Boissière du Doré, on observe une dominante noire, avec parfois quelques taches blanches sur le poitrail, notamment chez certaines femelles. En termes de hiérarchie, les meutes de loups sont généralement dirigées par un couple dominant, appelé couple alpha. Ici, le rôle de dominant est endossé uniquement par le père. « Ça reste le père qui est au-dessus, mais il va avoir 12 ans. Parmi les petits, il y a trois mâles et quatre femelles, et l’un des mâles est bien plus costaud que les autres, même plus costaud que son père. Pour moi, il prendra son rôle très naturellement. » Avec une belle meute de neuf loups du Canada, le directeur n’anticipe ni reproduction ni nouveaux individus dans les prochaines années. « Je dirais que 9 loups, c’est une belle meute. Nous n’avons pas la volonté d’avoir d’autres petits pour le moment, ce serait en plus compliqué d’intégrer une nouvelle femelle dans la meute maintenant. Un mois avant de les déménager, nous les avons attrapés pour vasectomiser tous les mâles, afin d’éviter tout risque de consanguinité. Nous devrions rester comme cela pendant encore quelques années. »


La fin du relogement des carnivores du parc
Du côté des visiteurs, le chemin menant à cette nouvelle extension du zoo n’est pas totalement nouveau. À la suite de l’ouverture au public de la Terre sacrée des tigres en 2023, l’itinéraire a été prolongé afin de former une boucle entre les extensions récentes et les zones plus anciennes du parc, supprimant ainsi l’impasse existante. Les habitués du parc ont ainsi pu suivre l’évolution du chantier tout au long de la saison passée, ce qui a contribué à susciter un réel engouement autour de l’ouverture du futur enclos des loups. Afin d’offrir aux visiteurs des conditions d’observation optimales, l’équipe technique du zoo a conçu une nouvelle hutte, reprenant la disposition de celle aménagée pour l’observation des tigres. « Pour les visiteurs, il y a un grand point d’observation couvert, d’une surface de 75 m², un peu comme pour les tigres mais avec une forme différente, explique Sébastien Laurent. Il existe également un autre point d’observation, plus petit, situé sur le côté de l’enclos, qui sera réservé aux instants privilèges, en pédagogie. »

Avec cette nouvelle installation, le Zoo de La Boissière du Doré achève un vaste programme de réhabilitation et d’agrandissement de ses enclos dédiés aux carnivores, initié plusieurs années auparavant. « C’est la fin de notre programme de 5 ans, qui en a finalement duré 6, en raison de la pandémie, rappelle le directeur du parc. En 2019, nous avons commencé avec les panthères noires et les servals, puis il y a eu les lions en 2020, les ours bruns en 2022, et enfin les tigres de Sumatra en 2023. L’an dernier, nous avons aménagé un nouvel enclos pour accueillir les panthères de l’Amour, à l’emplacement des anciens enclos dédiés aux lions, aux tigres et aux ours. Et cette année, nous bouclons ce grand projet avec le déménagement de notre meute de loups, qui a déménagé près des tigres. » Dans quelques semaines, l’ancien enclos des loups du Canada aura lui aussi droit à une seconde vie. « Nous allons réaménager cet espace pour les oiseaux, au cours de l’hiver prochain. Dès cette année, le côté droit de la grotte offrira une vue sur la nouvelle volière des harfangs des neiges. Ensuite, l’autre côté de la grotte devrait accueillir des vautours, notamment nos oiseaux de spectacle qui jusqu’à présent ne sont visibles que lors des représentations. Désormais, ils le seront, et nous envisageons de présenter plusieurs espèces de vautours africains ensemble. »