En toute fin d’année 2021, le plus jeune couple de paresseux à deux doigts de Biotropica a donné naissance à son premier petit.
Capitale européenne des paresseux à deux doigts
Depuis l’arrivée du premier couple de paresseux à deux doigts à Biotropica, Willem et Gema, le parc zoologique normand ne cesse de voir naître des petits. Le dernier en date a vu le jour le 31 décembre dernier, en plein après-midi. Gaïa, elle-même née à Biotropica en 2019, a donné naissance à son premier bébé. « Le premier d’une longue série, je croise les doigts ! », espère Rachel Delarivière, leur soigneur référent. Pour François Huyghe, vétérinaire et directeur de Biotropica, « qu’une jeune femelle née chez nous mette au monde à son tour un petit et s’en occupe parfaitement, cela confirme que nos conditions d’hébergement satisfont parfaitement leurs besoins. Ils apprécient la Normandie ! » Et c’est le moins que l’on puisse dire ! Il s’agit de la septième naissance de paresseux à deux doigts en sept ans pour Biotropica, un record qui fait du parc la capitale européenne de l’espèce avec sept individus hébergés actuellement.
Deux couples depuis fin 2020
En 2015, à peine un an après leur arrivée, Willem et Gema donnaient naissance à leur premier petit. Ce fût une grande joie pour toute l’équipe tant la reproduction de cette espèce reste exceptionnelle en France. Avant cette naissance, cela faisait plus de 30 ans qu’il n’y avait pas eu de naissances dans un parc zoologique français. « Mais ce que personne ne savait encore à l’époque c’est que ce n’était que le début d’une belle saga, se réjouit François Huyghe. On s’est bien rattrapé depuis ! » Depuis, les naissances se sont enchainées, à tel point que le coordinateur européen en charge du programme d’élevage de cette espèce a décidé de créer un second couple de paresseux à Biotropica, avec l’objectif de se reproduire également. C’est ainsi qu’à la fin de l’année 2020, Juan, un magnifique mâle né à Vienne en Autriche, a rejoint Gaïa au sein de la serre tropicale. Profitant du confinement, l’équipe technique du parc a eu la possibilité de créer de nouvelles structures suspendues en bois, passant au dessus des visiteurs, pour permettre au jeune couple de déambuler naturellement. « Ce nouvel espace leur correspond parfaitement et semble réellement leur plaire ! » constate Rachel Delarivière.
Si aujourd’hui tout se passe bien dans l’élevage des nouveau-nés de Biotropica, cela n’a pas toujours été facile. En 2016, une petite femelle, nommée Flash par ses soigneurs, voyait le jour. Ces derniers ont dû l’élever au biberon car sa mère s’occupait toujours de son précédent petit. « Ça a été une expérience exceptionnelle ! » se rappelle Laëtitia Lassalle, assistante zoologique et responsable de la conservation à Biotropica. « Évidemment, un bébé paresseux est super mignon, mais l’élever comme cela a été épuisant pour tout le monde. Imaginez, lui faire boire 5ml de lait prenait parfois 1h, et il lui fallait 6 biberons par jour ! » Au total, six soigneurs plus le vétérinaire se sont à l’époque relayés pour prendre soin de la jeune femelle. Aujourd’hui, Flash est en parfaite santé et vit avec un mâle dans un zoo au Royaume-Uni. « Élever un jeune animal au biberon c’est attendrissant mais doit rester hyper-exceptionnel : on ne remplacera jamais la qualité de l’élevage d’une femelle allaitant elle-même son petit, comme c’est le cas actuellement. Nous faisons tout pour éviter qu’un tel cas se reproduise », conclut Laetitia Lassalle.
Zoom sur le paresseux à deux doigts
Le paresseux à deux doigts (Choloepus didactylus) est actuellement classé en « Préoccupation mineure » (LC) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). En France, il est possible d’en observer dans une dizaine de parcs zoologiques. L’espèce est originaire de la forêt Amazonienne où elle passe l’intégralité de son temps accrochée dans les arbres. Même si les chiffres de la population sauvage de paresseux à deux doigts sont inconnus, ils restent fragiles et subissent de nombreuses menaces. Les paresseux font partie des principales victimes de la déforestation qui fractionne leur habitat et qui les obligent à descendre des arbres pour se déplacer au sol. Ce phénomène, en plus de les rendre extrêmement vulnérables face aux prédateurs, fait des paresseux des victimes des accidents de la route.
Mais Laëtitia Lassalle rappelle également qu’une autre menace, grandissante actuellement, existe pour les différentes espèces de paresseux. « Malheureusement de plus en plus d’espèces sont menacées par la mode des selfies et du tourisme animalier. » De nombreux bébés paresseux sont arrachés à leur milieu naturel par des braconniers qui n’hésitent pas à tuer les mères auxquelles les petits sont accrochés. Lorsque ceux-ci survivent, ils sont utilisés pour faire des photos avec les touristes. Mais une fois devenus trop grands ou trop agressifs, ils sont à leur tour tués puis remplacés par de nouveaux bébés ayant subit le même processus. « Nous espérons vivement que nos visiteurs prendront conscience grâce à leur visite à Biotropica, que les animaux sauvages ne sont pas des jouets et qu’il est plus important de les protéger que de faire des photos avec un bébé paresseux, un bébé singe ou un oiseau dans les bras, ou de faire une balade sur le dos d’un éléphant ! »