La Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris a récemment annoncé la naissance de petits tamarins-lions dorés mais aussi celles d’autres espèces menacées et méconnues du grand public.
Une première en France cette année
Le 12 avril 2022, les équipes de la Ménagerie du Jardin des Plantes ont vu naître des jumeaux chez les tamarins-lions dorés. Actuellement, les deux petits sont visibles avec le reste de la famille formée autour d’un jeune couple soudé et aguerri. Les deux parents en sont déjà à leur troisième portée en seulement 3 ans avec les naissances d’autres jumeaux en 2020 puis en 2021. Chez le tamarin-lion doré, la gestation dure entre 4 mois et 4 mois et demi, la mère s’occupe des jeunes durant les deux premières semaines, les nourrissant d’un lait riche en protéines. Par la suite, elle partage la garde de ses petits avec les autres membres du groupe, notamment le père qui en assure la plus grande partie mais aussi les frères et sœurs des précédentes portées, plus âgés. Ce mode d’élevage est largement répandu chez les espèces de tamarins et de ouistitis, vivant en petits groupes pouvant compter jusqu’à une douzaine d’individus. La reproduction du tamarin-lion doré est plutôt rare et la Ménagerie du Jardin des Plantes est pour l’instant le seul parc zoologique en France à avoir obtenu une naissance en 2022. Le parc accueille un groupe familial dans le cadre de sa participation au Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) dédié au tamarin-lion doré qui maintient une population de secours dans les parcs zoologiques du continent.
Un primate passé tout prêt de l’extinction
Même si le tamarin-lion doré fait aujourd’hui partie des primates les plus menacés de la planète, l’espèce a connu des jours bien plus sombres. Dans les années 1970, on estime qu’il restait moins de 30 tamarins-lions dorés dans la nature. Un ambitieux programme de conservation a alors été mis en place entre plusieurs institutions dans le but de préserver les espaces où vivent les derniers tamarins lions-dorés sauvages. Le programme a également pour projet un important dispositif de reproduction de l’espèce en captivité, dans le but notamment de réintroduire un maximum d’individus, auquel participeront de nombreux parcs zoologiques du monde entier.
Grâce aux efforts de conservation et de réintroduction, le tamarin-lion doré qui était considéré comme « En danger critique d’extinction » (CR) sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) dans les années 1990, est aujourd’hui classé « En danger d’extinction » (EN). On estime d’ailleurs les effectifs sauvages à environ 3000 individus de nos jours. Le tamarin-lion doré possède une aire de répartition très restreinte, on le retrouve dans la Mata Atlantica, une importante forêt tropicale au Brésil, près de Rio de Janeiro.
Le média Antenne Zoologie a consacré un épisode de podcast au tamarin-lion doré
Deux bébés chez les oryx d’Arabie
Au fil des années, la Ménagerie du Jardin des Plantes s’est spécialisée dans la reproduction et l’élevage d’espèces menacées et peu connues du grand public. Les équipes du parc comptent d’autres naissances ailleurs dans le parc et plus particulièrement chez les oryx d’Arabie. L’espèce est peu présente en captivité, elle se rencontre dans seulement deux autres parcs en France. La Ménagerie coordonne l’EEP de l’espèce et a enregistré deux nouvelles naissances cette année. Le groupe, qui a récemment vu arriver une femelle en provenance du Zoo de Berlin en Allemagne, est composé d’un mâle et de trois femelles reproductrices ainsi que leurs petits. L’oryx d’Arabie est le plus petit des oryx, il peut rester plusieurs jours sans boire, se contentant de l’eau contenu dans les végétaux qu’il mange. C’est également la seule espèce d’oryx à ne pas vivre en Afrique puisqu’on la rencontre, comme son nom l’indique dans la péninsule arabique, en Arabie Saoudite et à Oman. À l’image du tamarin-lion doré, l’oryx d’Arabie doit sa survie aux programmes de reproduction internationaux en captivité, notamment dans les parcs zoologiques, qui ont permis à des centaines d’individus d’être réintroduits dans des réserves de la péninsule arabique. Les naissances y sont désormais nombreuses et plus d’un millier d’oryx vivent aujourd’hui dans ces déserts, parfois en troupeau de plusieurs dizaines d’individus. L’espèce, qui était auparavant classée comme « Éteinte à l’état sauvage » (EW) est aujourd’hui considérée comme « Vulnérable » (VU) sur la liste rouge de l’UICN.
La naissance d’un petit binturong
Un autre petit animal méconnu et menacé, dont la Ménagerie du Jardin des Plantes gère également le programme européen d’élevage, a vu le jour récemment : un bébé binturong. Au premier abord, ce mammifère aux allures de « chat-ours » n’est en fait ni un chat ni un ours, il fait partie de la famille des Viverridés, au même titre que la civette ou la genette d’Europe. Omnivore à forte tendance frugivore, le binturong est un excellent grimpeur qui utilise sa queue préhensile comme d’un cinquième membre pour s’équilibrer et s’accrocher aux branches. Le 26 juillet dernier, les équipes du parc ont eu l’immense joie d’enregistrer la naissance d’un nouveau petit. Même s’il est encore très discret, il devrait rapidement montrer le bout de son nez aux visiteurs qui pourront par ailleurs observer les deux précédents petits, nés en 2021, avant leur départ pour d’autres parcs zoologiques en septembre. Une étude, menée par ABConservation, la seule association dédié entièrement au binturong, est en cours sur l’île de Palawan aux Philippines avec pour objectif l’amélioration des connaissances sur l’écologie de l’espèce et sur ses effectifs. Les comptages sont réalisés grâce à des pièges photographiques et le radiopistage permet d’étudier le domaine vital. Ces informations sont capitales afin de bien gérer le programme de conservation et permet de nombreuses actions dans les écoles et universités des Philippines afin de sensibiliser les jeunes à la préservation des écosystèmes.