Pour bien l’identifier…
- Corps long recouvert d’une peau rugueuse, grisâtre à brun foncé, et de poils clairsemés.
- Pattes fines et plutôt courtes par rapport au corps, terminées par une paire de sabots.
- Crinière de poils longs et foncés courant le long de la colonne vertébrale, du cou à la croupe.
- Longue et large tête rectangulaire.
- Paire de défenses incurvées chez les deux sexes.
- Petits yeux ronds et noirs ; oreilles en amande.
- Queue plutôt longue et fine, terminée par un pinceau de poils foncés.
- Mâle : défenses plus longues et présence de protubérances cartilagineuses sur le visage.
- Femelle : défenses plus courtes et joues ornées de favoris clairs plus ou moins longs.
Fiche d’identité
Généralités
Le phacochère commun, ou phacochère d’Afrique, est un membre de la famille des Suidés. Il est l’un des cousins sauvages de nos cochons domestiques, aux côtés des sangliers notamment. Cependant, il présente des différences qui lui sont caractéristiques et qui permettent de le distinguer aisément de ses cousins.
On le reconnaît notamment à sa couleur grisâtre et à sa crinière de longs poils foncés qui coure le long du dos et qui forme un contraste distinct avec le reste du corps. L’une des principales autres caractéristiques du phacochère est sa paire de défenses. Celles-ci sont en réalité des canines à croissance continue qui se sont transformées en défenses en faisant saillie en dehors de la bouche. Bien qu’elles soient présentes chez les deux sexes, celles des mâles sont plus longues et imposantes. Elles peuvent atteindre une soixantaine de centimètres chez les plus vieux alors qu’elles ne dépassent pas 25 centimètres chez les femelles.
D’autres différences s’observent entre mâle et femelle. Les mâles sont plus lourds et plus imposants, les femelles étant 15 à 20 % plus légères que les mâles. Ces derniers présentent également des sortes de bosses sur leur visage, appelées « verrues », qui sont en réalité des excroissances faites de cartilage. Elles confèrent une grande résistance à la tête de l’animal et sont utilisées par les mâles pendant les combats, en servant notamment à protéger les yeux des coups de défenses. Les femelles en sont partiellement voire complètement dépourvues. Pour finir, ces dernières arborent souvent de longs favoris au niveau des joues dont les mâles sont généralement dépourvus.
Dans le genre Phacochoerus, il existe une autre espèce : le phacochère du désert ou phacochère de Somalie (Phacochoerus aethiopicus). Il est légèrement plus petit que le phacochère commun et se rencontre uniquement en Éthiopie, en Somalie et au Kenya. Bien que les deux espèces semblent identiques, une différence s’observe au niveau de la formule dentaire : le phacochère du désert est systématiquement dépourvu d’incisives supérieures alors que le phacochère commun possèdent deux incisives à la mâchoire supérieure.
Répartition et habitat
Le phacochère commun se rencontre dans une quarantaine de pays à travers l’Afrique subsaharienne. Quatre sous-espèces sont reconnues au sein de cette vaste aire de répartition. C’est un animal qui fréquente essentiellement les savanes ouvertes ou arbustives, les broussailles et les forêts ouvertes. Il affectionne également les zones humides et boueuses. Il peut évoluer jusqu’à 3 000 mètres d’altitude notamment dans les montagnes éthiopiennes ou encore près du Kilimanjaro, en Tanzanie.
Régime alimentaire
À l’image de ses cousins, le phacochère est un animal omnivore. Cependant, il consomme beaucoup plus d’herbe que les autres cochons. Celle-ci représente la majeure partie de son alimentation. Il peut également se nourrir de baies, de fruits, de racines et autres tubercules. Il complète son régime végétarien avec des œufs, des insectes et autres petits invertébrés voire même des charognes.
Pendant la saison sèche, le phacochère se rabat sur du feuillage et des écorces d’arbres. Il utilise son groin large et solide ainsi que ses défenses acérées pour fouiller le sol à la recherche de nourriture. Lors des sécheresses, il est même capable de creuser des trous profonds pour atteindre des racines ou des bulbes enfouis qui représentent des sources d’eau essentielles. Sa capacité à diversifier son alimentation fait du phacochère un animal apte à survivre dans des environnements variés.
Quand il broute, le phacochère se met « à genoux » sur ses pattes antérieures. Il adopte cette position caractéristique car son cou est trop court pour atteindre le sol !
Mode de vie et reproduction
Le phacochère commun est un animal diurne qui passe ses journées à rechercher de la nourriture. Pendant les heures les plus chaudes, il se baigne dans l’eau ou se roule dans la boue, ce qui lui permet de se débarrasser des parasites et de se protéger des fortes températures. À l’inverse, lorsqu’il fait plus froid, les phacochères se cachent dans des terriers, souvent creusés par des oryctéropes, et se blottissent les uns contre les autres. C’est aussi dans ces terriers qu’ils passent souvent leurs nuits, à l’abri des prédateurs.
Le phacochère est un animal plutôt grégaire et sociable. Les femelles vivent avec leurs petits en hardes pouvant compter de trois ou quatre individus à près d’une vingtaine. En revanche, les mâles sont de nature solitaire. Une fois matures, ils quittent le groupe et entament généralement une vie de solitaire ou alors en petits groupes de célibataires. Au cours de leur vie, ils rejoignent les groupes de femelles uniquement lors de la saison de reproduction. Celle-ci a lieu quatre à cinq mois après la saison des pluies.
Malgré le fait que les phacochères ne soient pas spécialement territoriaux, des combats entre mâles sont observés à la saison des amours. Les rivaux se poussent et se battent entre eux à coups de défenses sur la tête, afin de gagner un statut et la possibilité de s’accoupler avec les femelles présentes sur le territoire. Car oui, toujours malgré leur comportement non territorial, chaque harde de phacochères établit un territoire que les individus marquent avec leurs excréments et leurs sécrétions émises par une glande sébacée. Étant des animaux relativement tolérants, plusieurs hardes de phacochères peuvent se partager un même territoire.
Les combats entre mâles aboutissent rarement à des blessures graves ou des accidents mortels. Le phacochère est un animal polygame et le vainqueur s’accouple alors avec plusieurs femelles. Peu avant la mise bas, la femelle s’écarte du groupe pour donner naissance à ses petits dans un terrier creusé par un autre animal. La portée comprend entre 1 et 7 petits, avec une moyenne de 3 bébés. Ils pèsent entre 200 et 600 grammes à la naissance et sont recouverts d’un duvet fin et épars. À ce moment là, ils ne sont pas capables d’autoréguler leur température interne, c’est pourquoi la chaleur du terrier est essentielle pour leur survie durant les premiers jours de leur vie. Ils passent les 6 à 7 premières semaines à l’intérieur de ce terrier, seuls avec leur mère. Ils commencent ensuite à la suivre à l’extérieur et broutent au bout de quelques semaines avant leur sevrage complet vers l’âge de 5 mois. Les jeunes restent cependant auprès de leur mère jusqu’à leurs 2 ans. Bien que la maturité sexuelle soit atteinte entre 18 et 20 mois, les mâles ne pourront prétendre à l’accouplement que vers l’âge de 4 ans.
Menaces et conservation
Pour l’heure, le phacochère commun n’est pas considéré comme une espèce menacée d’extinction. L’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) classe ce cochon sauvage africain en « Préoccupation mineure » (LC). Cependant, la plupart des populations semblent être en déclin.
Cette baisse s’explique d’abord par le réchauffement climatique qui entraîne des sécheresses à répétition et de plus en plus intenses. Des mesures sont prises un peu partout à travers les habitats du phacochère afin de protéger les points d’eau, vitaux pour la faune sauvage. Les petits sont également très sensibles aux variations de températures et beaucoup n’atteignent pas l’âge adulte. D’autant plus que les phacochères ne possèdent pas de graisse sous-cutanée, ce qui les rend davantage vulnérables aux températures extrêmes.
La dégradation et le morcellement de l’habitat du phacochère à cause de l’urbanisation participe aussi au déclin de cet animal. L’expansion de l’agriculture engendre, elle, une concurrence entre les phacochères et le bétail pour l’accès à l’eau et à la nourriture. Par ailleurs, les fermiers considèrent ces animaux comme des nuisibles et n’hésitent pas à les tuer. Les phacochères sont aussi chassés pour leur viande, leur peau et leurs défenses considérées comme des trophées. À cela s’ajoute les maladies et la prédation, les phacochères étant des proies convoitées par tous les grands carnivores africains (lions, léopards, guépards, hyènes, lycaons, crocodiles…). Les jeunes sont bien évidemment les plus vulnérables mais les adultes peuvent aussi être victimes des prédateurs s’ils sont pris par surprise, très âgés ou blessés.
Le saviez-vous ?
- Le phacochère a une mauvaise vue. Par contre, ses sens de l’ouïe et de l’odorat sont particulièrement développés et sont alors utilisés dans la communication entre congénères.
- Les phacochères entretiennent une relation symbiotique avec certains oiseaux, notamment les pique-bœufs. Les suidés fournissent une source de nourriture régulière pour les oiseaux qui se nourrissent des parasites présents sur leur peau. Les pique-bœufs permettent ainsi de réduire les risques d’infestation et, en retour, ils préviennent les phacochères de l’approche d’un prédateur en donnant l’alerte !
- Pour signaler un danger à ses congénères, le phacochère court avec la queue dressée. Pour échapper à un prédateur, cet animal peut courir très vite en faisant des pointes à plus de 50 km/h !
En parc zoologique
Le phacochère d’Afrique est présent dans une poignée seulement de parcs zoologiques à travers la France. Consultez la liste des zoos français qui hébergent cette espèce.
Le phacochère commun fait l’objet d’un EEP (Programme Européen pour les Espèces menacées) coordonné par le Flamingo Land Resort Yorkshire, en Angleterre.
Le phacochère du désert (Phacochoerus aethiopicus) est, lui, complètement absent des parcs zoologiques, que ce soit en France ou ailleurs dans le monde.