© Bioparc - E.FLAUTRE
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Le Bioparc de Doué-la-Fontaine annonce la naissance d’un petit okapi !

C’est une grande première pour le Bioparc de Doué-la-Fontaine qui a annoncé la naissance d’un petit okapi le 5 avril 2023 !

Sabu, un petit mâle en pleine forme

C’est au petit matin du 5 avril 2023, après 14 mois de gestation, qu’un petit okapi a vu le jour au Bioparc de Doué-la-Fontaine. Prénommé Sabu, du nom d’un village de République Démocratique du Congo, pays d’origine de l’espèce, le petit mâle est le tout premier de son espèce à voir le jour au parc. La mise-bas s’est déroulée à merveille, en moins de 30 minutes, et le nouveau-né se porte aujourd’hui très bien. « Il est timide et il aime se cacher, explique Élodie FLAUTRE, la responsable animalière du Bioparc. Mais si on l’embête par exemple pour la pesée, il n’hésite pas à charger et ne se laisse pas du tout faire. Cela montre qu’il est vif et qu’il a du caractère. » La naissance de ce petit okapi est exceptionnelle à plus d’un titre puisqu’il s’agit également du premier okapi à naître en Europe en 2023 et seulement le quatrième en France depuis 25 ans. Selon où il se couche, le jeune okapi est visible des visiteurs du parc qui peuvent déjà l’apercevoir à travers les vitres du bâtiment des okapis.

Même s’il est en très bonne santé, Sabu reste pour le moment au chaud dans son bâtiment, auprès de Beni, sa mère. Les naissances chez cette espèce sont souvent délicates et nécessitent beaucoup de calme. Pour ne pas prendre de risques, l’équipe animalière préfère donc attendre que les températures printanières soient au rendez-vous avant de lui faire découvrir son environnement extérieur. « Il fait encore trop frais dehors, il faut 20 degrés à l’ombre. Nous pensions que la météo allait être favorable mais finalement elle a bien bien changé. » Dans la nature, le petit okapi passe les premières semaines de sa vie caché dans la végétation pour éviter les prédateurs, parfois loin de sa mère. « Dans la nature la mère le laisse dans un bosquet et part manger avant de revenir plusieurs heures plus tard, poursuit Élodie FLAUTRE. Nous c’est un peu ce qu’il se passe, elle le laisse dormir et puis elle revient de temps en temps pour voir s’il est toujours là. » Et c’est l’une des raisons principales qui poussent les équipes à patienter avant de faire sortir la mère et son petit. « En fait, il faut s’assurer qu’il puisse rentrer dans son bâtiment, ajoute Aurélie GUERRY, responsable des relations presses au Bioparc. Et comme nous ne savons pas encore comment il va réagir, il faut choisir un jour où il fait suffisamment chaud pour qu’il est la possibilité de se coucher à l’extérieur sans avoir froid. »

Une gestation et une mise bas sous étroite surveillance

La naissance de Sabu est un événement que les soigneurs du Bioparc n’ont pas manqué de préparer en amont, bien avant la mise-bas. « Au tout début évidemment il y a les mises en contact avec le mâle, pour voir s’il y a des accouplements, raconte Élodie FLAUTRE. Et pour être sûr qu’elle soit gestante, nous avons fait des prélèvements de crottes que nous avons envoyé en Angleterre pour tester la progestérone. » Une fois les résultats obtenus et la gestation de Beni confirmée, les soigneurs du parc se sont rendus au Zoo d’Anvers en Belgique afin de se former avant l’arrivée du petit. « À Anvers, ils ont une grosse expérience dans la gestion et la reproduction des okapis. Nous sommes partis une semaine puis nous avons préparé le bâtiment et installé des caméras pour pouvoir la laisser tranquille au maximum et ne pas la déranger. » La fin de la gestation tout comme la mise-bas ont ainsi été observées attentivement et à distance grâce à ce dispositif de vidéo-surveillance. Pour accueillir la naissance dans les meilleures conditions, le substrat a également été modifié afin de le rendre plus épais et plus moelleux.

Bien que la naissance était estimée entre la mi-mars et la mi-avril, la date exacte ne pouvait être connue avec précision. Cependant, un changement de comportement chez la femelle a confirmé l’approche de la mise-bas. « Deux jours avant, elle était plus agressive que d’habitude, elle n’arrêtait pas souffler, on voyait qu’elle était vraiment plus tendue. » Pour laisser la future mère au calme, les accès au bâtiment ont été fermés aux visiteurs. « Nous avons mis des petits panneaux pour demander aux visiteurs d’être discrets, qu’il y avait une mise bas prochaine, complète Aurélie GUERRY. Et puis les gens ont été très respectueux. » Seule une soigneuse était également habilitée à entrer dans le bâtiment, le moins possible, seulement pour nourrir les okapis et nettoyer les box. « Nous n’avons pas eu besoin d’intervenir, précise Élodie FLAUTRE, notre mot d’ordre c’était de laisser faire, et ça s’est très bien passé, en moins d’une demie heure il était né. Le lendemain toute la journée, personne n’est entré dans le bâtiment, ils avaient assez de luzerne pour tenir toute la journée. »

Une naissance pour célébrer les 10 ans du Sanctuaire des Okapis

Au Bioparc de Doué-la-Fontaine, les okapis occupent depuis juillet 2013 un vaste parc forestier où ils cohabitent avec une vingtaine d’espèces d’oiseaux et des primates originaires des forêts tropicales africaines. Le Sanctuaire des Okapis est un espace unique de 4000 m² situé au cœur d’une carrière et recouvert d’un filet placé à 20 mètres au dessus du sol. Ici, les visiteurs plongent dans une végétation dense et luxuriante pour y découvrir, en plus des okapis, un grande variété d’espèces allant des rolliers à ventre bleu, aux gris du Gabon, en passant par les ombrettes africaines, les pintades huppés, les ibis hagedash et même les cercopithèques à tête de hibou. « Le Sanctuaire c’est un endroit passionnant, résume Aurélie GUERRY, parce qu’ils s’y passe beaucoup de choses et puis les oiseaux sont en train de construire leurs nids, il y a en a qui élèvent déjà des petits et tout est en train de prendre vie avec le printemps donc c’est chouette. » Dans les prochaines semaines, le petit Sabu fera la rencontre des autres habitants du Sanctuaire qui se trouvent justement en pleine période de reproduction. Un petit tantale ibis, élevé par ses parents, a été récemment observé dans son nid et d’autres petits pourraient suivre dans les prochaines semaines. « Nous avons de bons espoirs sur la reproduction des becs-ouverts africains et des touracos géants. » Le printemps apporte souvent avec lui sont lot de naissances et avec la nature qui s’éveille, il est l’une des meilleures saisons pour découvrir les différentes espèces du Sanctuaire des Okapis. « Pour l’observation des oiseaux au niveau du belvédère notamment c’est top, se réjouit Élodie FLAUTRE. Mais d’ici quelques semaines, au niveau végétal tout va exploser ce sera vraiment super beau. Dans un mois, nous serons au dessus de la canopée, dans un autre monde. »

Cette année, cet espace unique au monde fête son dixième anniversaire et célèbre en même temps la naissance de son tout premier bébé okapi. « Cela fait 10 ans que nous avons des okapis mais au départ nous avions deux mâles, donc nous n’attendions pas depuis le début d’avoir des petits. » En 2013, le Bioparc accueille Obasi et Azizi, deux mâles arrivés respectivement du Zoo de Stuttgart en Allemagne et du Zoo de Lisbonne au Portugal. Aujourd’hui, Azizi vit au Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse où il a été transféré en 2020 après un court passage par un zoo italien. Obasi quant à lui, a fait la rencontre de Beni en 2018, alors que la femelle venait de rejoindre le Bioparc en provenance du Zoo de Lisbonne. « Au début ce n’était pas facile, se souvient Élodie FLAUTRE, notre mâle ne connaissait pas les femelles donc il était un peu agressif avec, il n’avait pas tous les codes. Puis au fur et à mesure nous avons rallongé leur temps pour après les laisser toute la journée ensemble et ça se passait super bien. » Obasi et Beni, heureux parents du petit Sabu, sont aujourd’hui séparés pour permettre à la femelle d’élever sereinement son petit. « Cela fait un mois qu’elle est séparée du mâle. Pour sortir, Obasi doit passer devant le box de la femelle et du petit et il s’arrête pour faire des léchouilles à la femelle. » Les okapis du Bioparc disposent d’un grand bâtiment équipé de plusieurs loges et de deux environnements différents à l’extérieur, permettant à chaque individu de profiter pleinement de son espace personnel.

Une espèce rare et mystérieuse

L’okapi (Okapia johnstoni) a été l’un des derniers grands mammifères découverts par la science, puisqu’il ne fut officiellement décrit qu’en 1901. D’abord considéré comme une nouvelle espèce de zèbre, en raison des rayures noires et blanches qu’il arbore sur les pattes et la croupe, l’okapi a finalement été classé dans la famille des girafes. Rare et endémique des forêts denses de République Démocratique du Congo, il est malheureusement victime de nombreuses menaces. « Il est menacé par plusieurs choses, notamment le braconnage pour sa fourrure, rappelle Aurélie GUERRY. Il est aussi menacé indirectement par l’instabilité politique qu’il y a dans la région dont il est originaire, puisqu’il ne vit que dans une seule région au Congo, et il subit aussi l’exploitation minière et la déforestation. » Aujourd’hui, l’okapi est considéré comme une espèce « En danger d’extinction » (EN) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Les effectifs de l’espèce en témoignent avec la disparition de 50% des individus depuis 1995. Il resterait aujourd’hui moins de 10 000 okapis dans la nature et le déclin continu jour après jour.

Dans les zoos et parcs animaliers européens, l’okapi fait l’objet d’un Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) mené par l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums) et dont le coordinateur se trouve au Zoo d’Anvers. « Les okapis ne sont pas très répandus en Europe, donc c’est important que les individus présents soient bien mis en avant. Il y a plein de gens qui ne connaissent pas cette espèce, et c’est à cela que sert un parc zoologique, à faire connaître une espèce et à parler de son milieu naturel. » En Europe, il n’est possible d’observer cette espèce mythique que dans environ 26 parcs zoologiques parmi lesquels 5 d’entre eux se trouvent en France : le Bioparc de Doué-la-Fontaine, le ZooParc de Beauval, le Zoo du Bassin d’Arcachon, le Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse ainsi que le Parc de Branféré depuis 2022. Avant la naissance du petit Sabu, la dernière naissance d’un okapi en France a eu lieu au Zoo du Bassin d’Arcachon où un autre petit mâle a vu le jour en octobre 2022. « Sabu va rester ici pendant un an et demi environ, ajoute Élodie FLAUTRE. Après c’est le coordinateur qui décidera, à son sevrage. »

Protéger l’okapi dans son milieu naturel

Afin de préserver les okapis vivant dans la nature, le Bioparc de Doué-la-Fontaine et son Fonds de Dotation Bioparc Conservation, soutiennent depuis 2014 l’association Okapi Conservation Project, une association congolaise qui protège l’okapi dans son milieu naturel. L’OCP, en coopération avec l’état congolais, est à l’origine de la création de la Réserve forestière d’Ituri, une vaste zone de 13 700 km2 classée au patrimoine mondial de l’humanité, abritant plus de 3000 okapis et reconnu comme l’un des centres les plus importants de diversité végétale et animale de toute l’Afrique. « On estime qu’il y a entre 3000 et 3500 okapis dans cette réserve, poursuit Aurélie GUERRY. Elle protège aussi d’autres espèces emblématiques de la forêt du Congo comme les éléphants de forêt, les chimpanzés, les buffles de forêt ou les bongos, d’autres espèces importantes. » L’association défend cette réserve, considérée comme la plus importante réserve d’okapis du pays, avec une équipe de 110 rangers armés et entraînés. Elle aide également les populations locales (pygmés Mbuti et chasseurs Efe) à gérer durablement leurs ressources, à améliorer leurs conditions de vie, de santé et d’éducation et à maintenir la stabilité entre les peuples de la zone. « C’est un programme qui est très complet, qui marche bien puisqu’il parvient à sauvegarder ces animaux là dans la réserve, mais l’espèce continue d’être en déclin parce que les animaux qui vivent autour continuent d’être décimés et ont de moins en moins de petits. » Pour aider au fonctionnement global de l’association, le Bioparc et Bioparc Conservation ont versé un total de 5100 € à Okapi Conservation Project en 2022. « Ils se battent chaque année à mort pour sauver la réserve. C’est important d’en parler, en même temps que nous avons une bonne nouvelle ici. »

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