© Jean-Jacques Stockli - Zoo d'Asson
© Jean-Jacques Stockli - Zoo d'Asson

Le Zoo d’Asson inaugure un espace dédié aux hippopotames pygmées

Une femelle hippopotame pygmée vient de rejoindre le Zoo d’Asson pour s’installer dans la nouveauté 2023 du parc. Une arrivée exceptionnelle ayant nécessité de longues années de préparation et la construction d’un nouvel espace.

L’arrivée d’une première femelle

Au début de l’été, après un trajet de quelques heures entre le Portugal et la France, Valentina a fait son entrée au Zoo d’Asson. Valentina est une femelle hippopotame pygmée qui est née le 14 février 2021 au Zoo de Santo Inacio à Porto. C’est une arrivée de taille pour le Zoo d’Asson qui prépare son installation depuis de nombreuses années. « Le projet a plus de 10 ans, indique Luc Lorca, directeur du Zoo d’Asson. L’hippopotame pygmée s’inscrit parfaitement dans nos collections, notre site et notre climat. En outre, son statut d’espèce menacée est un argument important pour choisir cette espèce. » Le transfert de Valentina vers la France a été planifiée par le Programme Européen d’Élevage (EEP), coordonné par le Zoo de Bâle en Suisse et mis en place dans les zoos et parcs animaliers européens. Elle a été prise en charge par un transporteur spécialisé et est arrivée à Asson le 29 juin dernier pour s’installer dans un tout nouvel habitat construit par les équipes du parc animalier. Le projet « hippopotame pygmée » au Zoo d’Asson a nécessité de longues années de réflexion et une longue attente pour obtenir toutes les autorisations nécessaires avant de voir débarquer Valentina. « Il y a eu 14 mois de travail entre la naissance du projet et l’arrivée de Valentina. Il fallait concevoir le projet, le proposer au coordinateur qui le propose à l’assentiment du species committee de l’EEP, solliciter une modification de notre autorisation d’ouverture et un permis de construire, planifier les travaux, trouver le mode de filtration adapté… » Pour les accueillir dans les meilleures conditions possibles et se préparer à s’occuper quotidiennement de cette nouvelle espèce, Luc Lorca et le soigneur en charge du secteur ont effectué des stages dans d’autres parcs zoologiques qui élèvent déjà des hippopotames pygmées, en France et à l’étranger.

Deux femelles plutôt qu’un couple

Après quelques jours d’acclimatation, Valentina a été présentée aux visiteurs le 7 juillet dernier et se trouve désormais visible dans son nouvel espace. Dans quelques semaines, elle sera rejoint par Quilla, la jeune femelle née au Bioparc de Doué-la-Fontaine en novembre 2021, qui occupera le second enclos de ce nouvel environnement. « La population en parc zoologique comprend peu de mâles, nous commençons avec deux femelles et gardons l’installation à la disposition de l’EEP pour faire de la reproduction. » L’EEP (Programme Européen pour les Espèces menacées) dédié aux hippopotames pygmées comptabilise aujourd’hui 126 individus à travers les parcs zoologiques européens, parmi lesquels vivent seulement 53 mâles. En France, le Zoo d’Asson devient le 9ème parc à héberger cette espèce et le second à en accueillir de nouveaux individus cette année. Dans les prochains mois, les jeunes femelles pourraient cohabiter avec deux espèces que le Zoo d’Asson abrite déjà. « Elles cohabiteront certainement avec un couple de céphalophes du Congo et notre dernière vieille femelle guib d’eau. »

Une installation sur mesure

Pour accueillir Valentina et prochainement Quilla, le Zoo d’Asson a du investir pour créer une installation sur mesure à cette nouvelle espèce. Et ce n’est pas parce qu’elles sont « pygmées » que le nouvel espace devait l’être aussi. Celui-ci doit ouvrir au public en deux phases successives et comprend une serre de 100 m², agrémentée de deux bassins, servant de maison tropicale pour les animaux ainsi qu’un extérieur séparé en deux enclos paysagers comprenant un bassin chacun également. « La serre sera visible depuis l’extérieur à travers des baies vitrées, ajoute Luc Lorca. Nous sommes ouverts au public toute l’année, les hippopotames doivent donc être visibles même en plein hiver si le temps est froid. » À l’extérieur, les hippopotames bénéficient également de deux bourbiers pour des bains de boue indispensables à leur peau délicate. Le climat du Zoo d’Asson, situé au pied des Pyrénées, ne représente pas une entrave à la sortie des jeunes femelles en extérieur. « Sous notre climat, la sortie sera possible toute l’année, mais elle se fera en fonction des températures. » En plus du point de vue sur la serre, les visiteurs pourront profiter d’un observatoire panoramique sur l’espace de Valentina, d’une passerelle, d’une pergola « africaine » pour observer Quilla et d’une pédagogie sur-mesure pour en savoir plus sur cette incroyable espèce.

Des bassins à la filtration high-tech

Les hippopotames pygmées aiment la chaleur et ont besoin d’une eau de qualité, des critères indispensables sur lesquels le parc n’a pas fait d’impasse. Pour assurer aux hippopotames des conditions de baignade excellentes, les quatre bassins des espaces intérieurs et extérieurs disposent d’un système de filtration unique et indépendant. Traitée en circuit fermé, l’eau y est économisée, les rejets presque nuls et l’eau de pluie collectée dans le but d’alimenter les bourbiers des enclos extérieurs. Les équipes du Zoo d’Asson ont opté pour une filtration en air-flow, un système sans pompes à eau qui auraient été gourmandes en énergie. Pour le bâtiment des hippopotames, le parc a choisi de construire une serre très isolée et orientée pour capter au mieux l’énergie solaire et réduire considérablement la consommation d’énergie. La réalisation de ce nouvel espace a mobilisé des entreprises locales qui s’y sont pleinement investies pendant toute la durée du chantier. Les trois quarts du budget ont concerné deux artisans locaux en charge du terrassement, de la maçonnerie, de la conception du bâtiment et des aménagements. La filtration a été réalisée par une société basée à 50km du parc et les structures en bois d’eucalyptus, d’origine durable, proviennent d’une entreprise italienne.

Protéger l’espèce dans son milieu naturel

L’hippopotame pygmée est quinze fois plus petit que son cousin l’hippopotame amphibie, ne mesurant, au garrot, que la moitié de la taille de son cousin et pesant moins du quart de son poids. L’hippopotame nain diffère aussi de son cousin amphibie par un mode de vie solitaire et une préférence notable pour les forêts tropicales humides. Avec moins de 2 500 individus à l’état sauvage, l’espèce est considérée comme « En danger d’extinction » (EN) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Avec l’arrivée des hippopotames pygmées, le Zoo d’Asson a décidé de soutenir un programme de conservation sur le long terme afin d’assurer la pérennité de l’espèce dans son milieu naturel. Le Parc national de Taï, à l’ouest de la Côte d’Ivoire est l’un des derniers bastions de l’espèce. Pour endiguer la détérioration de la situation, le Centre Suisse de Recherche Scientifique en Côte d’Ivoire et l’Université Houphouet Boigny d’Abidjan, collaborent pour mener des actions de recherche et de conservation à Taï. « Nous allons fournir aux chercheurs travaillant sur place des pièges photographiques qui aideront à connaître les habitudes naturelles d’une espèce sur laquelle on ne sait presque rien. » Ces données leur donneront des informations très importantes sur la répartition des hippopotames pygmées, sur la densité de l’espèce en fonction des zones mais aussi sur le ratio mâles/femelles dans celles-ci. Des informations clés pour mettre en place une stratégie de conservation efficace.

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