© ZooParc de Beauval
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Le ZooParc de Beauval annonce la toute première naissance d’un céphalophe à dos jaune

À la fin du mois de mars, le ZooParc de Beauval a annoncé la naissance exceptionnelle d’un petit céphalophe à dos jaune, une naissance jamais vue pour un zoo en France et un événement en Europe.

Une espèce unique en France arrivée à Beauval en 2022

En juin 2022, le ZooParc de Beauval créé la surprise en annonçant avoir accueilli une nouvelle espèce unique en France : le céphalophe à dos jaune. Cette espèce de bovidé, semblable à une antilope, n’est hébergée que dans une poignée de parcs zoologiques à travers l’Europe et les deux individus arrivés à Beauval viennent de zoos outre-Atlantique. « Ils viennent tous les deux des États-Unis, raconte Jonathan Payet, responsable animalier du secteur Plaine asiatique au ZooParc de Beauval. Ils sont arrivés en juin 2022, par avion, depuis deux parcs différents mais ils ont d’abord fait plusieurs mois de quarantaine dans un autre zoo aux États-Unis avant de venir ici. » Faire venir des animaux en provenance d’un autre continent requiert de longues démarches administratives mais aussi sanitaires, allongeant le temps d’attente avant de voir débarquer ces deux nouveaux pensionnaires. « Les démarches sanitaires ne sont pas les mêmes en Europe et aux États-Unis, il fallait faire une quarantaine, faire des tests, des papiers d’importation et d’exportation, c’est beaucoup d’administratif et c’était compliqué de tout coordonner au bon moment. » La femelle, Gale, est né en 2019 au Houston Zoo alors que Kimbo, le mâle, est bientôt âgé de 6 ans et a vu le jour au Gladys Porter Zoo. « Leur adaptation s’est très bien passée, la femelle est plutôt sociable, très proche de l’homme donc cela nous a aidé a créer des liens très rapidement avec elle. Le mâle est un peu plus farouche mais au final, nous avons quand même réussi à travailler un petit peu avec lui, il nous tolère auprès de lui. »

La première naissance d’un bébé céphalophe à dos jaune en France

Lors de leur quarantaine aux États-Unis, les deux céphalophes n’étaient pas en contact afin de privilégier une rencontre une fois arrivés en France. L’espèce est particulièrement sensible au stress, il a fallu beaucoup de patience et de précautions de la part des soigneurs pour garantir une mise en contact dans les meilleures conditions possibles. « Ils étaient en quarantaine chacun de leur côté, ils ne se voyaient pas, ne se sentaient pas non plus, donc ils ne se connaissaient pas du tout, mais leur mise en contact s’est très bien passée. » De nature solitaires, les mâles céphalophes à dos jaune ont tendance à être agressifs envers les femelles et la plupart des zoos en Europe et aux États-Unis choisissent de mettre le mâle et la femelle ensemble uniquement au moment de la reproduction, lorsque la femelle est en période de chaleurs. « Nous avons quand même tenté de les mettre ensemble dès que nous le pouvions, dès que les deux étaient sociabilisés avec nous mais aussi avec les okapis, puisqu’ils partagent le même enclos. Et depuis ça se passe très bien, ils passent toute leur vie ensemble, tous les jours, nous avons eu beaucoup de chance sur le tempérament des individus. »

Le 8 mars dernier, après avoir placé beaucoup d’espoir en ces deux animaux, le ZooParc de Beauval est récompensé de la plus belle des manières et enregistre alors la toute première naissance d’un petit céphalophe à dos jaune pour un zoo français. « C’est une petite femelle qui s’appelle Malia, un prénom choisit par l’équipe, poursuit le chef animalier. La gestation dure entre 5 et 6 mois, et l’avantage que nous avons à Beauval, c’est que nous faisons des prélèvements de selles sur certaines femelles pour suivre les cycles hormonaux, comme chez les okapis par exemple. » Les équipes vétérinaires de Beauval ont ainsi pu réaliser ces prélèvements auprès de la femelle céphalophe à dos jaune, envoyés par la suite dans un laboratoire spécialisé en Suisse pour connaître le taux de progestérone et évaluer la date d’une éventuelle naissance. « Grâce à cela, nous avons pu savoir que la femelle allait mettre bas autour du mois de février, elle a attendu début mars mais nous savions que cela allait arriver et nous étions prêt. »

Pour le mâle comme pour la femelle, il s’agit du tout premier petit. Le mâle ne prenant pas part à l’élevage de la progéniture, toute la charge revient à la femelle qui est restée quelques jours sous la surveillance de ses soigneurs. Ces derniers ont été particulièrement surpris par la rapidité à laquelle Gale a donné naissance à la petite Malia. « Nous sommes arrivés le matin vers 8h, tout allait bien, il ne s’était rien passé de particulier dans la nuit. Les soigneurs sont repartis du bâtiment pour aller faire autre chose, et quand ils sont revenus à 10h, la petite était née ! Parfois les premières naissances sont un peu délicates chez les herbivores, mais notre femelle a mis bas toute seule et tout s’est très bien passé. » Grâce à un système de vidéosurveillance, l’équipe animalière du secteur a pu revisionner les images de la naissance de la petite Malia et constater l’heure exacte de sa venue au monde. « Comme elle est primipare, nous étions un peu sur le qui-vive au cas où il fallait réagir vite. Nous avons surveillé les tétées, nous relevions le nombre de tétées chaque jour, tout était régulier et la petite se développait doucement, et puis maintenant tout va bien. »

Un événement très rare en Europe

Le céphalophe à dos jaune est une espèce très rare au sein des parcs zoologiques européens. Présent uniquement au Zoo de Beauval en France, il faut se rendre dans trois autres institutions en Allemagne pour avoir observer l’intégralité de la population européenne. « On dénombre seulement 10 céphalophes à dos jaune en Europe actuellement, explique Jonathan Payet. Il y a 8 adultes, un couple en France et 3 couples en Allemagne, à Francfort, Nuremberg et Wuppertal, et deux jeunes nés récemment. » Depuis notre interview, le Zoo de Francfort a lui aussi annoncé une naissance chez les céphalophes à dos jaune. Un petit est né le 25 mars dernier ce qui porte à 11 le nombre total d’individus dans les zoos européens. Après plus de 20 ans sans aucune naissance enregistrée en Europe, trois petits ont donc vu le jour dans trois parcs différents en un peu plus d’un an. La première est née au Zoo de Nuremberg en mars 2023, transférée depuis peu au Zoo de Francfort, là où le dernier petit est né, quelques semaines seulement après la naissance de la petite Malia à Beauval.

Le céphalophe à dos jaune fait aujourd’hui l’objet d’un Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) qui est coordonné depuis 2022 par le Zoo de Francfort. « Ils ont toutes les connaissances sur cette espèce et c’est chez eux que nous sommes allés pour nous former sur cet animal. » Lorsqu’elle aura atteint l’âge adulte, la jeune Malia pourrait soit quitter le Zoo de Beauval pour un autre parc zoologique européen, soit rester dans le Loir-et-Cher et renforcer le présence de l’espèce en France. « C’est une grande discussion que nous avons lancé il y a peu. Il faudrait que de nouveaux zoos aient envie de créer une installation pour cette espèce, qu’ils aient les moyens et les connaissances pour l’élever et cela demande beaucoup d’implication au début. Étant donné que c’est une petite femelle, nous réfléchissons à la garder à Beauval pour faire venir un nouveau mâle et pourquoi pas créer un deuxième couple pour pérenniser l’espèce en France et voir par la suite. Mais pour l’instant, ce ne sont que des suppositions. » Dans les prochaines années, afin de renforcer la population présente en Europe, d’autres céphalophes à dos jaune pourraient être importés en provenance de zoos des États-Unis où l’espèce est davantage présente avec près d’une vingtaine de parcs qui abritent un ou plusieurs individus.

Une petite femelle à découvrir aux côtés des okapis

Âgée d’un peu plus de deux mois et après avoir passé ses premières semaines de vie à l’abri des regards, Malia se porte très bien. « Au tout début, nous l’avons gardé en box avec sa maman, et puis nous avons commencé à leur donner accès à un petit espace extérieur, une petite zone fermée, pour qu’elle puisse commencer à prendre le soleil et avoir des interactions à travers le grillage avec son père et les okapis qui sont à côté. » Même si le mâle ne prend pas part à l’élevage du petit, les équipes de Beauval ont tout de même fait le choix de réunir Kimbo et Gale avec le nouveau-né. « La petite a découvert la plaine, elle a aussi découvert ce qu’étaient les okapis qui sont immenses à côté d’elle, et elle a rencontré son père avec qui ça se passe très bien. » Depuis leur arrivée, les céphalophes à dos jaune du ZooParc de Beauval vivent en cohabitation avec les okapis, une mixité assez rare mais très intéressante. « Pour l’instant, Malia n’a pas d’interactions avec les okapis, indique le responsable animalier. Elle en aura plus tard au moment du nourrissage, nous mettons des branches dans l’enclos et c’est là que les okapis et les céphalophes viennent tous manger en même temps. En dehors de ces moments, les deux espèces n’ont pas plus d’interactions, ils font leur vie chacun de leur côté mais ils cohabitent très bien. »

Depuis sa première sortie dans la grande plaine des okapis, Malia est donc visible aux côtés de ses parents et des okapis de Beauval. « En général, elle fait quelques pas dehors et elle a tendance à retourner dans son box. Nous lui laissons l’accès pour l’instant, nous ne voulons pas la coincer dehors, le but étant de ne pas de la stresser. Donc elle sort un peu dans la journée, quand elle en a envie ou quand il fait bon à l’extérieur. » À l’image de nombreuses espèces d’herbivores, la femelle passe finalement peu de temps avec sa progéniture, préférant la cacher des prédateurs et se concentrer sur l’allaitement. « C’est le même comportement que les okapis, la mère laisse en général son petit dans un nid, elle va faire sa vie, elle revient pour les tétées et puis elle repart. C’est comme ça que ça se passe pendant les premières semaines de vie du bébé. » Les visiteurs du Zoo de Beauval auront donc peut-être la chance d’observer cette nouvelle pensionnaire mais aussi de la voir évoluer au fil des semaines. « Elle grandit relativement vite, on commence à voir l’apparition des petites cornes, elle n’a pas encore le pelage comme les parents mais on estime qu’elle aura l’aspect d’un céphalophe adulte vers ses 8 mois. »

Un bovidé omnivore et opportuniste

Facilement reconnaissable grâce à ses poils jaunes sur le dos en forme de triangle qui se hérissent dès qu’il est stressé, le céphalophe à dos jaune est sans aucun doute l’un des petits bovidés les plus mystérieux. Chassés notamment pour leur viande en Afrique, ils sont passés de la catégorie « Préoccupation mineure » (LC) à la catégorie « Quasi menacé » (NT) en 2016 selon l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). « Ils sont originaires de toute la région centrale de l’Afrique, dans les forêts denses où ils sont difficiles à observer, détaille Jonathan Payet. Ils sont chassés pour la viande de brousse et font face à la déforestation et à l’expansion de l’agriculture locale. Comme ils sont sur de vastes territoires, ils sont un peu moins impactés que les okapis ou d’autres espèces qu’on ne retrouve qu’à un seul endroit. » Le régime alimentaire du céphalophe à dos jaune est assez unique puisque c’est un animal opportuniste et omnivore. « C’est un herbivore à tendance omnivore et folivore, cela veut dire qu’il va manger beaucoup de verdure, des feuilles, des petites baies ou des petits fruits, et il est opportuniste car il peut aussi manger un peu de viande. » Il s’agit en fait de l’un des seuls herbivores décrit comme pouvant consommer de la viande. Et pour respecter ce régime alimentaire un peu atypique, les équipes du Zoo de Beauval ce sont adaptées à leurs pensionnaires. « Dans les autres zoos notamment aux États-Unis, chacun y va de son hypothèse. Certains vont en donner tous les jours, d’autres une fois par semaine et d’autres encore deux fois par mois. À Beauval nous avons pris la décision de leur apporter des protéines animales deux fois par mois, ils ont un œuf et une souris chacun. Et pour l’instant, cela à l’air de leur suffire, ils n’ont pas de carences. »

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