© Victor Lahcen - Nature et Zoo
© Victor Lahcen - Nature et Zoo

Le ZooParc de Beauval présente quatre nouveautés animalières en 2025

À l’occasion de son 45ème anniversaire, le ZooParc de Beauval voit une nouvelle fois les choses en grand et a inauguré plusieurs nouveautés animalières au cours des dernières semaines.

Les Rocs de Dodoma : un nouvel espace pour quatre espèces africaines

À proximité de l’entrée du bâtiment des éléphants, un tout nouvel espace est sorti de terre ce printemps 2025. Baptisé les Rocs de Dodoma, un nom inspiré de la capitale de la Tanzanie, ce nouveau territoire accueille plusieurs espèces pour la plupart originaires du continent africain dans un environnement créé avec soin. Au cœur de cet espace, tout a été pensé pour plonger les visiteurs dans l’ambiance chaude et rocailleuse des savanes africaines grâce à des rochers escarpés et de la végétation clairsemée typique des zones semi-arides. L’ensemble vise également à répondre aux besoins des différentes espèces que les visiteurs vont pouvoir observer. « Comme pour tous nos territoires, nous avons pensé cet espace en nous rapprochant au maximum du décor naturel afin d’optimiser le bien-être animal pour nos futurs pensionnaires, explique Rodolphe Delord, directeur du ZooParc de Beauval. Ils y vivront en mixité. Les Rocs de Dodoma conjuguent esthétisme et un maximum de visibilité pour les visiteurs. »

Au sein de cet environnement vivent quatre espèces assez discrètes que Beauval abritait déjà dans d’autres enclos du parc. Seuls représentants asiatiques des Rocs de Dodoma, les porcs-épics à crête, autrefois installés dans la zone centrale du parc, ont quitté leur ancien enclos pour rejoindre ce nouveau territoire, plus adapté à leurs besoins. Un groupe de deux mâles et quatre femelles ont été installés dans leur nouveau lieu de vie au début du printemps. À leurs côtés, deux espèces qui bénéficient elles aussi d’un nouveau lieu de vie : les suricates et les otocyons qui vivaient jusque là près de la Savane Africaine de Beauval. Enfin, pour compléter le tableau, un couple de dik-dik de Kirk, récemment arrivé du Zoo de Montpellier a également été installé dans les Rocs de Dodoma. Les quatre espèces ont été progressivement familiarisées les unes avec les autres et cohabitent désormais en parfaite harmonie, visibles depuis quelques jours. Le nouvel espace des Rocs de Dodoma a été aménagé à l’emplacement de l’ancien enclos des mangoustes naines. Le groupe qui y vivait depuis quelques années, composé de sept mâles et deux femelles, a récemment déménagé près de la Savane Africaine, à la place des otocyons et des suricates, bénéficiant eux aussi de plus d’espace.

Deux nouvelles espèces à découvrir au cours de la visite

L’année 2025 marque également l’arrivée de deux nouvelles espèces de petits mammifères au ZooParc de Beauval. Du côté de la Terre des Lions, dans l’un des grands terrariums aménagés au cœur du tunnel, juste avant l’espace des rats-taupes nus, les visiteurs peuvent désormais observer trois jeunes damans des rochers. Originaire d’Afrique et du Moyen-Orient, ce petit mammifère au faux air de marmotte surprend par une parenté inattendue avec les éléphants et les lamantins. Parfaitement adaptés à la vie dans les environnements rocheux, ils utilisent les moindres fissures pour se cacher et évoluer avec agilité. Leur pelage brun, leurs grands yeux et leur comportement social très organisé en font des animaux aussi discrets qu’attachants. Le petit groupe est composé de trois individus, deux femelles nées en juin 2024 au Zoologicka Garden & Chateau Zlín-Lešná en République Tchèque, et un mâle du même âge arrivé en provenance du Zoo de Rotterdam aux Pays-Bas. Visibles depuis la mi-avril, ils cohabitent avec deux espèces de reptiles, le lézard impérial plat et la tarente annelée, déjà présentes au parc dans ce même espace.

Une autre nouvelle espèce est également à découvrir dans la partie historique du parc, entre les deux enclos des pumas. Trois femelles chiens de prairie à queue noire se sont installées à la place des porcs-épics, partis pour les Rocs de Dodoma. L’enclos, qui date des débuts de Beauval, a été entièrement réaménagé pour répondre aux besoins spécifiques de cette espèce avec des rochers, de la végétation et de nombreux terriers. Ces petits rongeurs, originaires d’Amérique du Nord, peuplent les grandes plaines du sud du Canada au nord du Mexique et doivent leur nom à leur cri semblable à un aboiement ainsi qu’à l’extrémité noire de leur queue. Ces animaux très sociaux vivent en colonies organisées et utilisent une communication complexe pour interagir et se protéger. Mais au-delà de leur comportement spectaculaire, ils jouent un rôle écologique essentiel dans leur habitat naturel, fertilisant le sol en creusant des terriers, contribuant ainsi à maintenir une diversité végétale essentielle à d’autres espèces. Les trois femelles sont arrivées en provenance du Zoo d’Asson dans les Pyrénées-Atlantiques et pourraient être prochainement rejointes par d’autres congénères.

Une toute nouvelle installation dans les Hauteurs de Chine

Annoncée pour marquer les 45 ans du parc, l’arrivée historique d’un trio de rhinopithèques de Roxellane constitue la grande nouveauté de l’année 2025 au ZooParc de Beauval. Accueillir pour la première fois en Europe des rhinopithèques de Roxellane, aussi appelés singes dorés à nez retroussé, des primates emblématiques et extrêmement rares des montagnes chinoises, ne s’improvise pas. Il ne suffisait pas de trouver une place dans le parc, il a fallu, en un temps record, concevoir un habitat sur mesure, répondant aux besoins biologiques, comportementaux et sociaux de cette espèce menacée. Dès l’accord officiel signé entre les autorités chinoises et la direction du ZooParc de Beauval à la fin du mois de novembre 2024, les travaux ont démarré près des pandas géants, créant une extension des « Hauteurs de Chine » pour un investissement de près de 2 millions d’euros. « Cette nouvelle installation vient compléter les espaces des pandas géants, des takins, des pygargues de Steller et des panthères des neiges, raconte Rodolphe Delord. Elle s’inscrit dans une logique d’extension de cette zone du parc, il s’agissait d’une extrémité du parc que nous relions désormais aux territoires des ours bruns et des loups arctiques, pour créer une boucle. »

Il a fallu bâtir en moins de six mois un espace à la fois esthétique, fonctionnel et adapté au bien-être de ces nouveaux animaux. « Nous avons conçu deux installations pour pouvoir éventuellement séparer les animaux et pouvoir garder plus d’animaux lorsqu’il y aura des jeunes. Nous espérons que le groupe va grandir, nous pourrons les passer de l’une à l’autre installation, et s’il y a un animal à isoler un jour, nous le pourrons. » L’installation des singes dorés comprend un bâtiment central qui abrite un vaste observatoire sous lequel se trouvent les loges intérieures elles-mêmes reliées à deux volières extérieures. Celles-ci sont dotées de structures pour permettre aux primates de grimper, de petits abris et d’endroits où se soustraire de la vue du public. Craignant les fortes chaleurs, les primates peuvent également profiter d’un système de brumisation artificielle ainsi qu’une végétation adaptée et originaire de Chine, leur permettant de trouver de l’ombre et de la fraicheur lorsqu’ils en ont besoin. L’ensemble est inspiré des architectures traditionnelles chinoises, avec ses toits vernissés et ses décors élégants. Pour les visiteurs, les passerelles d’accès sont précédées de porches chinois, eux aussi couverts de tuiles vernissées, longent les deux volières et mènent à l’observatoire aménagé en grand espace pédagogique, au centre de l’installation, pour mettre en valeur cette espèce exceptionnelle.

L’arrivée historique des rhinopithèques de Roxellane

Le ZooParc de Beauval est devenu en avril dernier le premier parc zoologique hors du continent asiatique à se voir confier durablement des rhinopithèques de Roxellane. « Quand nous en avions parlé il y a quelques années avec nos collègues chinois, ils nous avaient dit qu’un tel transfert était impossible, détaille Rodolphe Delord. Ils en ont confié il y a très longtemps dans des zoos américains, à Los Angeles ou à San Diego mais aussi en Europe, à Dublin par exemple, mais pour quelques mois seulement. À l’époque c’était différent, il ne s’agissait que d’expositions temporaires, cela ne se fait plus aujourd’hui et heureusement. » Les trois premiers pensionnaires ont été transférés depuis le Shanghai Wild Animal Park, un parc zoologique situé en Chine, au tout début du mois d’avril. L’événement, rarissime, est l’aboutissement d’un partenariat diplomatique et scientifique entre le ZooParc de Beauval, le gouvernement chinois et la China Wildlife Conservation Association (CWCA), dans le cadre d’un programme de conservation de l’espèce. Les nouveaux venus, à l’image des pandas géants arrivés à Beauval en 2012, sont confiés pour une période de 10 ans reconductible et les petits qui naitront en France rejoindront la Chine à l’âge adulte. Le voyage, planifié depuis plusieurs mois, a nécessité une logistique très précise : caisse de transport spécialement conçue, avion affrété, vétérinaire à bord, autorisations sanitaires… « Nous sommes allés les chercher en Chine, ils ont été transportés dans un avion affrété par Air China, poursuit le directeur du ZooParc de Beauval. C’était une opération complexe mais nous avons été très bien accompagnés par l’ambassadeur de France en Chine, par l’ambassadeur de Chine en France également, et puis par le gouvernement français, le Ministère de l’Agriculture et celui de l’Environnement. Nous ouvrons des portes, c’est la première fois que des singes dorés étaient expédiés de Chine vers la France donc il a fallu obtenir des dérogations, suivre de nombreuses formalités sanitaires, administratives, environnementales, c’est une première entre la Chine et la France, avec des cultures différentes, des langues différentes, la procédure a été particulièrement lourde et exigeante. »

Le transfert n’a duré que quelques heures et à leur arrivée à l’aéroport de Roissy – Charles de Gaulle le matin du 3 avril 2025, un convoi escorté par la gendarmerie a pris la route vers Beauval. Les camionnettes climatisées du zoo, dont l’une était décorée aux couleurs des singes dorés, ont transporté les animaux en toute sécurité jusqu’à leur nouveau lieu de vie. À leur arrivée à Beauval, les trois rhinopithèques de Roxellane ont été placés en quarantaine dans leurs loges intérieures et une phase d’observation comportementale a débuté pour s’assurer de leur bonne santé et de leur bonne acclimatation. « Nous avons des soigneurs extrêmement compétents qui sont allés en Chine en stage et nous avons une équipe d’une douzaine de vétérinaires et assistants vétérinaires dans notre clinique, à Beauval. Nous avons tout prévu, ce sont des singes qui ont en plus une alimentation particulière donc nous avons mis en place le meilleur partout : le meilleur habitat, les meilleurs soins et la meilleure alimentation. » Très vite, les premiers signes positifs sont apparus : appétit, curiosité, vocalises, interactions. Ce n’est qu’au bout de deux semaines que les trois individus, un mâle et deux femelles âgés de 6 à 7 ans, ont été mis en contact, avant de découvrir leur environnement extérieur au début du mois de mai. « Les deux femelles se connaissent mais le mâle ne les connaissait pas, ils ont été présentés ici et les premiers contacts ont été parfaits. Tout va très bien aujourd’hui, ils s’épouillent régulièrement, les femelles ne sont pas jalouses entre elles, c’est une vraie réussite ! Le mâle s’accouple avec les deux femelles donc je pense que tous les espoirs sont permis pour les prochains mois… »

Les trois primates sont visibles depuis le mois de mai

Après les votes en ligne du public sur le site internet du Zoo de Beauval, les trois rhinopithèques ont été baptisés Jindou (graine d’or) et Jinhua (fleur dorée) pour les femelles, et Jinbao (trésor doré) pour le mâle. Leurs noms ont été révélés lors d’une petite cérémonie organisée le 7 mai 2025 pour l’ouverture de la nouvelle zone et la présentation officielle des trois singes dorés au public, en présence de Rodolphe et Sophie Delord, Laure Pelletier (Directrice Zoologique), Delphine Leroux (Directrice Adjointe Animalière), Grégory Martin (Responsable Zootechnique) et Margot Renault (Assistante de Responsable à la Direction Animalière). Ce projet dépasse largement le cadre zoologique, il s’inscrit dans une démarche de conservation d’une espèce menacée dans son milieu naturel. Un dispositif pédagogique a de plus été conçu pour accompagner les visiteurs dans leur découverte du singe doré à nez retroussé. Avec des panneaux interactifs, des vidéos, de nombreuses informations et des animations proposées tout autour de l’enclos, les visiteurs peuvent ainsi en apprendre davantage sur la biologie, l’écologie et le comportement de cette espèce, ainsi que sur les enjeux environnementaux et politiques liés à leur préservation.

Originaire des forêts de montagnes du centre de la Chine, comprises entre 1400 et 3000 mètres d’altitude, le rhinopithèque de Roxellane est considéré comme « En danger d’extinction » (EN) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). L’espèce est confrontée à la déforestation au profit de l’expansion agricole et le développement des villes, ainsi qu’aux effets du changement climatique et au développement du tourisme. Face aux menaces qui pèsent sur l’espèce, la Chine a renforcé sa législation et créé de grandes réserves naturelles au sein desquelles se trouvent une grande partie des populations de singes dorés. Partageant leur habitat avec les pandas géants, ces primates bénéficient d’efforts de conservation communs, notamment la préservation des forêts montagneuses essentielles à leur survie, et des mesures ont également été prises pour encadrer le tourisme et réduire l’impact humain sur leur milieu. L’arrivée des singes dorés à Beauval prolonge le partenariat historique entre la France et la Chine, déjà illustré par la venue des pandas géants en 2012. En rejoignant la France, les trois rhinopithèques de Roxellane deviennent les ambassadeurs de leur espèce auprès du public européen et pourront contribuer au programme de reproduction mis en place dans les parcs zoologiques internationaux. Peut-être verra-t-on bientôt naître un petit singe doré dans les Hauteurs de Chine du ZooParc de Beauval…

Articles similaires