Au PAL, un couple de mystérieuses et discrètes panthères nébuleuses est arrivé en début d’année, faisant partie des nouveautés animalières pour l’année 2024 du parc.
Le couple de panthères des neiges transféré vers un autre parc zoologique
Cela faisait plusieurs années que l’idée d’accueillir des panthères nébuleuses figurait dans les plans des équipes animalières du PAL. « La panthère nébuleuse est une espèce qui est dans nos petits papiers depuis très longtemps, détaille Nicolas Géli, Responsable zoologique au PAL. Malheureusement, nous n’avons pas toujours eu la bonne occasion, quand nous étions prêts nous n’avons pas réussi à avoir les disponibilités, tout n’était pas aligné. Mais là c’était l’occasion ! » Cette occasion, c’est le départ du couple de panthères des neiges au cours de l’hiver dernier vers un autre parc zoologique français, libérant de l’espace pour y présenter une nouvelle espèce. « Il y a deux raisons essentielles au départ des panthères des neiges. La première, c’est que nous avons estimé qu’aujourd’hui, après quelques années de présence, que cet enclos ne répondait plus à nos exigences en terme d’espace disponible pour les individus. C’est une grosse panthère et nous avons considéré que dans notre effort de vouloir toujours donner un maximum de place à nos animaux, il était préférable de les faire partir car elles étaient dans une situation un peu précaire. La deuxième raison, elle est plutôt liée au retour que nous avions des visiteurs, qui considéraient qu’avec les étés assez caniculaires que nous avons essuyé jusqu’à présent, ce n’était pas le bienvenue d’avoir des panthères dans cet environnement. Ce qui n’est pas forcément recevable dans le sens où une panthère des neiges, dans son milieu d’origine, subit de grandes variations de températures positives comme négatives. Mais la décision a d’abord été prise pour des questions de place. »
Le transfert de Maléo et Mayala, les deux panthères des neiges, a été organisé en janvier dernier dans le cadre du Programme d’Élevage Européen (EEP) de l’espèce dans les zoos européens. Les deux félins ont rejoint EcoZonia près de Perpignan où un nouvel enclos qui leur est dédié a été créé cet hiver par le parc. « Nous n’avions aucune pression, il y avait suffisamment de flexibilité pour leur départ et nous avons pris le temps de faire un training pour la mise en caisse. Mais c’est quelque chose que nous effectuons assez systématiquement, dans le quotidien des animaux. Chez nos panthères par exemple, nous avons trois loges dont une qui est équipée d’une caisse d’entraînement, de sorte que nous pouvons les habituer et cela facilite grandement les choses le jour d’un départ. » Le PAL hébergeait des panthères des neiges depuis 2017 avec l’arrivée de Maléo et de son frère Ascari, parti dans un autre parc zoologique en 2019. Maléo, resté sur place, a été rejoint en mars de la même année par Mayala, une femelle née au Zoo du Bassin d’Arcachon en 2017. Aujourd’hui, Maléo et Mayala sont toujours ensemble à EcoZonia mais ne devrait pas se reproduire pour le moment.
Réaménager l’enclos et se préparer à y accueillir une nouvelle espèce
À la suite du départ des deux panthères des neiges, les équipes animalières et techniques du PAL se sont penchées sur le réaménagement de l’enclos afin de l’adapter à l’accueil des panthères nébuleuses. « La panthère nébuleuse est beaucoup plus arboricole que la panthère des neiges, donc il nous a fallu rejouer sur les volumes, ajouter des agrès en hauteur et des troncs pour qu’elles puissent profiter de tout l’espace, poursuit le Responsable Zoologique. C’est un enclos qui fait un peu moins de 1000 m², il est couvert d’un filet et nous n’avons pas eu besoin de toucher à la clôture, il était déjà bien équipé sur le plan de la sécurité. » Par le passé, cet enclos a également été le lieu de vie de panthères du Sri Lanka et il est envisagé d’en préparer un nouveau dans les années à venir. « C’est une installation qui a quelques années, nos panthères nébuleuses sont amenées à être déménagées. Cela fait partie de nos priorités animalières, il y a deux espèces sur lesquelles nous voulons mettre le paquet, ce sont les panthères et les lynx. Nous en avons d’autres mais ce sont deux nouvelles installations qui sont au cœur de nos réflexions. » Du côté des soigneurs, le secteur des carnivores du PAL était déjà très expérimenté avant l’arrivée de cette nouvelle espèce. « Nous avons des soigneurs qui sont là depuis longtemps, ils ont travaillé dans d’autres parcs avant, ils ont une très bonne expérience avec les carnivores et ils ont déjà connu beaucoup d’arrivées et de départs d’animaux. Mais c’est une nouvelle espèce donc il y a forcément de nouveaux comportements, de nouveaux caractères et il faut apprendre à les connaître. »
Sao et Earth, les deux panthères nébuleuses arrivées au PAL en début d’année
L’enclos remis au goût du jour et correspondant davantage au mode de vie de la panthère nébuleuse, les équipes du PAL ont pu accueillir le premier couple de ce félin plutôt méconnu, quelques semaines avant la réouverture du parc programmée en avril. « Ils arrivent tous les deux du Attica Zoological Park à Athènes en Grèce, indique Nicolas Géli. Nous avons eu une fenêtre de quelques semaines pour repenser l’enclos. » La femelle, Earth, est née en 2008 au Al Bustan Zoological Center aux Émirats arabes unis, quant au mâle, Sao, il est né en 2014 au Zoo d’Howletts en Angleterre. « Ils sont quand même un peu âgés et pour la reproduction c’est un peu compromis. Mais ce n’était pas notre priorité de toute façon parce que nous voulons « apprivoiser » l’espèce avant de nous lancer dans des challenges un peu compliqués. Les coordinateurs laissent en général l’opportunité aux nouveaux parcs de se former, soit avec des très jeunes animaux soit avec des plus anciens, avant de se mettre en situation de reproduction. Mais ce sera l’un de nos futurs objectifs puisque cette espèce en a réellement besoin. »
À leur arrivée, Sao et Earth, qui vivaient déjà ensemble en Grèce, ont mis un peu de temps pour prendre leurs marques dans leur nouveau territoire et il a fallu un peu de patience aux soigneurs du secteur pour les voir sortir pour la première fois. « Leur adaptation est passée par plusieurs étapes, et cela passe déjà par ce que ces animaux ont connu avant d’arriver chez nous. Au Zoo d’Attica ils étaient toute l’année en accès libre, ils ont passé du temps à l’intérieur parce qu’il fait souvent chaud là-bas. Ils boudent un peu l’extérieur et ils reproduisent ce schéma là chez nous. Ils vont aussi reproduire leur comportement naturel, c’est une espèce qui est plus crépusculaire ou nocturne que diurne, en tout cas sur le plan du dynamisme. » Présenter au public une espèce discrète nécessite une adaptation à tous les niveaux pour permettre aux visiteurs de pouvoir la découvrir et la connaître. « Il faut laisser aux animaux l’opportunité de se cacher, de s’isoler, de rester à l’ombre ou au frais. Pouvoir la montrer à nos visiteurs est un défi qui est notamment lié à l’aménagement de l’enclos mais aussi aux horaires de nourrissages qui sont différents d’un jour à l’autre. Nous réfléchissons aussi à mettre en place une animation pédagogique, ce qui n’est pas simple, pour pouvoir montrer cette espèce car c’est une panthère très discrète, elles sont en plus dans un environnement hyper dense en végétation. Notre objectif ce n’est pas des les avoir sur une pelouse avec un caillou au milieu, mais il faut quand même que le public puisse avoir une possibilité de les observer. »
Un félin difficilement observable dans la nature et peu visible en parc zoologique
Vivant en Asie du sud-est à l’état naturel, principalement dans les forêts ou dans les zones à la végétation de taille intermédiaire, la panthère nébuleuse est une excellente grimpeuse et passe beaucoup de temps dans les arbres. « C’est une petite panthère qui mesure autour de 60 cm au garrot et qui pèse entre 15 et 22 kg, explique Nicolas Géli. Elle se nourrit principalement de rongeurs, de singes, d’oiseaux, de pangolins ou de cerf-cochons. » L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) considère malheureusement la panthère nébuleuse comme une espèce « Vulnérable » (VU) sur la liste rouge des espèces menacées. En cause notamment, la réduction de son habitat par la déforestation et le braconnage, réduisant l’effectif total de l’espèce d’années en années, atteignant aujourd’hui entre 3500 et 5500 individus à l’état sauvage. « Aujourd’hui, cette espèce est menacée. Elle a en plus deux prédateurs que sont le tigre et le léopard mais on peut aussi évidemment ajouter l’Homme. Elle est présente du sud de la Chine jusqu’en Malaisie, au Laos, au Vietnam, au Bangladesh, mais elle est éteinte dans pas mal de régions, possiblement éteinte dans d’autres ou possiblement existante aussi, mais c’est très clairsemé et les animaux sont très discrets donc pas facile à observer. Son aire de répartition aujourd’hui est assez réduite et fragmentée. » Celle que l’on appelle également la panthère longibande est inscrite dans un Programme Européen pour les Espèces menacées (EEP) qui est mené par le Howletts Wild Animal Park en Angleterre et qui a permis au PAL d’accueillir ce nouveau couple. En parc zoologique, la reproduction est complexe, les naissances sont plutôt rares et pour accroître les chances d’accouplements, il est nécessaire de trouver des animaux compatibles et qui s’entendent bien. « Nous avons de la chance car ici c’est un vieux couple, ce sont des individus qui s’entendent bien ce qui est plutôt sympa car ce n’est pas évident pour cette espèce. C’est un animal qui vit plutôt seul, les individus sont mis en contact occasionnellement et quand le couple n’est pas formé c’est beaucoup de contraintes. »