© Suzanne Outan
© Suzanne Outan

Un petit orang-outan est né au Zoo de La Boissière du Doré !

C’est l’une des grandes nouvelles de ce début d’année 2023 : le 23 décembre dernier, un petit orang-outan de Sumatra est né au Zoo de La Boissière du Doré !

Un petit mâle qui attire toute l’attention

Le 23 décembre 2022, comme un cadeau de Noël avant l’heure, un petit orang-outan de Sumatra est venu au monde au Zoo de La Boissière du Doré après environ 8 mois de gestation. Une nouvelle réjouissante quand on connaît la situation de cette espèce dans son milieu naturel. Le nouveau-né est un petit mâle et ce dernier ne porte pas encore de prénom. « Cela ne saurait tarder, annonce Sébastien LAURENT, directeur du Zoo de La Boissière du Doré, nous avons fait une pré-liste donc normalement, nous l’annoncerons dans les prochains jours ou les prochaines semaines. » Le petit mâle est le fruit de l’union entre Becky, une jeune femelle de bientôt 13 ans, elle-même née à La Boissière du Doré, et de Jaya, le mâle reproducteur du groupe d’orang-outans du parc. « Jaya c’est celui qui a remplacé Major, il vient du Zoo de Jersey et il a maintenant 19 ans. » Becky avait déjà donné naissance à un premier petit à la fin de l’année 2021 mais ce dernier n’a vécu que quelques jours. « C’était son premier petit, elle était hyper stressée et Jaya aussi. Le petit est mort à 9 jours, son ventre était vide mais on pense que c’est plutôt un choc à la tête qui a créé une petit hémorragie. » La jeune femelle est très vite redevenue gestante et le stress généré lors de sa première mise-bas a aujourd’hui laissé place à un bel instinct maternel. « Elle est hyper zen, c’est complétement différent de l’année dernière, elle s’en occupe super bien et Jaya est lui aussi beaucoup plus calme. »

Bientôt un partenaire de jeu pour Tahura

Becky et son petit sont restés quelques temps au calme, à l’abri des regards, avant de rejoindre le reste du groupe. « Elle était vraiment fatiguée le matin de la naissance, nous avons donc décidé de la laisser dans son box, vraiment au calme, et les autres orang-outans étaient hyper respectueux, ils ne venaient pas la déranger, ajoute Sébastien LAURENT. Et puis en plus, le cordon n’était pas coupé, nous n’étions pas à l’abri qu’un autre orang-outan vienne arracher le cordon, surtout Tahura qui n’a que 4 ans et qui pense à jouer avant tout. » Après quelques jours de repos, la femelle a pu présenter son petit au reste du groupe, dans leur bâtiment intérieur et dans une atmosphère très sereine. « Nous l’avons laissé dans son box de nuit jusqu’au 26 janvier, elle était zen, et les autres sont venus la voir. Tout s’est passé vraiment du mieux que ça pouvait. »

Parmi les autres orang-outans vit donc Tahura, une petite femelle de 4 ans qui est née au Zoo de La Boissière du Doré en janvier 2019. « Tahura c’est le premier petit de Jaya et de Moni, la sœur de Jane. Moni et Jane étaient les deux femelles de Sumatra arrivée de Zurich en 1996 et qui ont fait tous les bébés chez nous depuis. » Cette naissance est une excellente nouvelle pour la jeune femelle, qui pourra voir en elle un futur partenaire de jeu. Mais Tahura devra être un peu patiente car le nouveau-né ne quittera pas sa mère avant quelques mois encore. « Il y a un léger décrochage entre 6 et 9 mois après la naissance, et ça s’accentue entre 9 et 12 mois, pas avant. Mais dès qu’il va se détacher des bras de sa mère, ça va être génial ! » Le petit mâle vit aujourd’hui au sein du groupe d’orang-outans du parc et il est possible pour les visiteurs de l’observer. « Nous avons eu beaucoup de mauvais temps ces derniers jours mais ils devraient être très bientôt dehors. Les visiteurs peuvent quand même bien le voir parce que Becky vient montrer son bébé à la vitre, elle est vraiment mignonne. »

Une naissance suivie d’un décès chez les orang-outans

Malheureusement, le quotidien d’un parc zoologique n’est pas fait que de bonnes nouvelles. Le Zoo de La Boissière du Doré a annoncé dans le courant du mois de février le décès de Jane, l’une des femelles orang-outans. Elle souffrait depuis plusieurs années d’une insuffisance rénale pour laquelle elle était suivie médicalement et qui nécessitait notamment des contrôles vétérinaires réguliers. Un bilan de santé complet a été effectué mais Jane, très fatiguée après son anesthésie est malheureusement décédée quelques jours plus tard des suites de sa maladie rénale. Une triste nouvelle difficile à encaisser pour les équipes du parc comme pour le groupe d’orang-outans. « Il faut absolument que les autres la voient morte, explique Sébastien LAURENT, c’est vraiment une façon de faire le deuil comme chez un humain, c’est hyper hyper important. » Pensionnaire emblématique du parc, Jane était âgée de 39 ans et devait fêter son quarantième anniversaire en juin prochain. Elle a donné naissance à plusieurs petits depuis son arrivée en 1996 et était notamment la mère de Becky.

Les orang-outans du Zoo de La Boissière du Doré : une grande histoire

Au Zoo de La Boissière du Doré, les orang-outans font partie des pensionnaires les plus emblématiques. Une grande histoire qui a débuté avec Major et Manis, un couple arrivé au parc en mars 1989 et qui a rapidement donné naissance à une petite femelle en juillet 1990. Nommée Flora, sa naissance fut un événement puisqu’elle était le premier bébé orang-outan femelle élevé par sa mère dans un parc zoologique en France. Deux femelles ont ensuite rejoint ce trio en 1996 en provenance du Zoo de Zurich : Jane, née en juin 1983 et Moni, née en janvier 1986. Moni a depuis donné naissance à quatre petits, dont Tahura mais aussi Jari et Joko, deux mâles nés respectivement en 2007 et en 2011. Quant à Jane, elle avait donné naissance à 3 petits dont Becky, la mère du petit né en décembre dernier. Major est mort le 26 septembre 2012 à l’âge de 50 ans, faisant de lui le plus vieux mâle reproducteur d’Europe et laissant derrière lui une belle descendance. « Aujourd’hui, nous avons Jaya, Moni, Tahura, Becky et son petit. Nous avons aussi notre vieille femelle Manis qui va avoir 54 ans le 28 mars prochain. »

« L’homme de la forêt », symbole d’un milieu en péril

L’orang-outan de Sumatra (Pongo abelii) est l’une des trois sous-espèces d’orang-outans aujourd’hui reconnues dans le monde, chacune vivant soit sur l’île de Sumatra, soit sur celle de Bornéo en Indonésie. Il y a encore quelques années, seules deux espèces d’orang-outan étaient connues mais dernièrement, une troisième a été décrite. « Il y a une nouvelle espèce qui a été découverte à Sumatra où il y a en fait deux espèces, détaille le directeur du Zoo de La Boissière du Doré. Il y a l’orang-outan de Sumatra que l’on a en parc zoologique et que nous accueillons chez nous, et l’orang-outan de Tapanuli qui a été confirmé comme une espèce différente il y a seulement quelques années. » Dans les parcs zoologiques français, c’est l’autre espèce, l’orang-outan de Bornéo, qui est la plus représentée. Seuls deux établissements en France abritent et reproduisent des orang-outans de Sumatra ; le Zoo de La Boissière du Doré et le Zoo d’Amnéville qui a également vu naître un petit en février 2022. Cette espèce est aujourd’hui considérée comme « En danger critique d’extinction » (CR) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). « Dans la nature à Sumatra, on estime qu’il reste entre 5 000 et 10 000 individus, c’est assez flou mais il n’y a pas de chiffres précis. Ce qui est certain, c’est qu’étant donné la déforestation qui continue, ça ne s’améliore pas. » Les orang-outans sont en effet fortement menacés par la déforestation sur l’île de Sumatra mais aussi par le braconnage des petits. Ces derniers sont vendus comme animaux de compagnie, symbole d’appartenance à une certaine classe sociale, et la capture d’un seul jeune conduit souvent au massacre de plusieurs individus.

Le Zoo de La Boissière du Doré s’engage auprès des orang-outans

Dans les parcs zoologiques européens, les orang-outans font l’objet de programmes de reproduction (EEP) menés par l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums). Ces programmes ont pour objectif de favoriser la reproduction de chacune de ces espèces tout en évitant la consanguinité grâce à un suivi de la situation génétique de chaque animal. Avec l’association Boissière-Mervent Conservation, créée en 2013, le Zoo de La Boissière du Doré participe également à la conservation des orang-outans directement dans leur milieu naturel. « On soutenait SOCP (Sumatran Orangutan Conservation Programme), une association basée à Sumatra, en dessous de la province de Jantho, où vit la plus grande concentration d’orang-outans de Sumatra. Et depuis cette année, nous avons redémarré un autre partenariat avec la BNF (Bornean Nature Foundation) qui vient en aide aux orang-outans mais pas seulement, et c’est ce qui nous a plu. » En 2022, Sébastien LAURENT décide de mettre en place « l’Euro Nature », une démarche qui permet à chaque visiteur du parc de prendre part à la conservation des espèces menacées. « L’Euro Nature c’est génial, nous n’avons aucun regret, se réjouit le directeur du parc. Les visiteurs se sentent plus investit et concrètement, sur le prix de leur billet d’entrée, 1€ va directement pour la protection de la nature. C’est un moyen assez simple et qui marche très bien. » Avec la mise en place de « l’Euro Nature », le budget alloué à la conservation au Zoo de La Boissière du Doré a plus que triplé d’une année sur l’autre. « Nous sommes passés de 40 000 € à 130 000 € en 2022. Cela nous a permis non seulement d’augmenter nos soutiens aux associations que nous aidions déjà, mais aussi d’avoir de nouveaux partenariats. »

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