© Philippe Rivier

Ours à lunettes

Pour bien l’identifier…

  • Corps imposant.
  • Fourrure globalement noire à brun foncé, parfois rougeâtre.
  • Poitrine et face recouvertes d’une grande tache beige à blanchâtre, entourant parfois les yeux en ayant une forme de lunettes.
  • Face arrondie dotée d’un museau assez court et large, terminé par une truffe grise.
  • Petits yeux ronds et noirs.
  • Grosses pattes munies de grandes griffes.
  • Queue courte.

Fiche d’identité

Généralités

Parmi les 8 espèces d’Ursidés existantes, l’ours à lunettes est la seule espèce appartenant au genre Tremarctos. C’est aussi le seul ours que l’on retrouve en Amérique du Sud. Il fait d’ailleurs partie des mammifères les plus imposants du sous-continent avec le tapir terrestre.

L’ours à lunettes doit son nom aux taches qui entourent ses yeux qui évoquent la plupart du temps la forme de lunettes. Celles-ci sont uniques à chaque individu, ce qui permet de les identifier facilement !

Répartition et habitat

Comme évoqué précédemment, l’ours à lunettes vit en Amérique du Sud. On le rencontre plus précisément à l’ouest, dans la chaîne montagneuse de la cordillère des Andes. Son aire de répartition englobe plusieurs pays et s’étend du Venezuela à la Bolivie, en passant par la Colombie, l’Équateur et le Pérou. Sa présence va peut-être même jusqu’à l’extrême nord de l’Argentine mais sans certitude.

Cet ours a une préférence pour les forêts tropicales denses et humides où il passe la majeure partie de son temps dans les arbres. Cependant, il peut aussi bien fréquenter des habitats plus secs et ouverts comme les broussailles, notamment dans le nord du Pérou.

Régime alimentaire

L’ours à lunettes a un régime alimentaire omnivore à prédominance herbivore, bien qu’il soit classé dans l’ordre des Carnivores ! C’est même le plus végétarien des ours après le panda géant. Il consomme divers aliments d’origine végétale tels que des noix de palme, des cactus, des bulbes d’orchidées, des fruits, des baies, des feuilles juteuses et certaines plantes comme les broméliacées dont il raffole. Il peut aussi se rabattre sur certaines denrées cultivées comme le maïs, le miel ou la canne à sucre.

Les noix, les cactus et les bulbes sont des aliments souvent délaissés par les autres animaux que l’ours à lunettes parvient à mâcher grâce à ses puissantes molaires plates. En ayant ce type de régime alimentaire, cet ours a un véritable rôle écologique puisqu’il participe à la régénération des forêts en dispersant les graines qui se trouvent dans les végétaux qu’il consomme.

Néanmoins, en moyenne 5 à 7 % de l’alimentation de l’ours à lunettes se compose d’animaux tels que des lapins et des rongeurs ou des oiseaux de petite taille. Il peut s’attaquer, mais plus rarement, à de plus gros animaux comme les cerfs et les lamas, voire même consommer des charognes.

Mode de vie et reproduction

L’ours à lunettes peut être actif aussi bien de jour que de nuit. C’est un animal essentiellement arboricole qui aime beaucoup grimper aux arbres où il va y construire des nids sous forme de plates-formes pour s’y cacher, y dormir et y stocker de la nourriture. Cela en fait l’un des rares carnivores à construire un nid dans les arbres !

Comme tous les Ursidés, l’ours à lunettes est un animal principalement solitaire. Il est cependant fréquent de l’observer en train de se nourrir à plusieurs. En effet, cet ours n’est pas territorial et tolère d’autres congénères qui s’avèrent être assez dociles lors des rencontres. En revanche, comme chez les autres ours, les mères sont très protectrices envers leurs petits et peuvent se montrer agressives.

Il n’y a pas de réelle saison des amours chez l’ours à lunettes, bien que des pics semblent avoir lieu au printemps, entre avril et juin. Les deux sexes se rencontrent uniquement lors de cette période et vont rester unis quelques semaines durant lesquelles ils vont fréquemment s’accoupler. Ensuite, la durée de la gestation peut fortement varier en fonction des conditions environnementales. En effet, la femelle peut mettre en pause le développement de l’embryon en début de gestation et le relancer plus tard, de sorte que le petit naisse à une période plus favorable. La mise bas a très souvent lieu en amont de la période de l’année où les fruits commencent à mûrir, les jeunes ayant alors le temps d’être sevrés avant de pouvoir profiter de l’abondance des fruits. À noter que si pendant une saison la nourriture s’avère être extrêmement rare, les embryons peuvent être absorbés dans le corps de la mère qui ne donnera alors pas naissance cette année-là.

Les oursons naissent dans une tanière au nombre de un à quatre par portée, avec souvent une moyenne de deux petits, entre novembre et février. Ils viennent au monde nus et aveugles et ne pèsent que quelques centaines de grammes. Ils resteront aux côtés de leur mère jusqu’à l’âge de 8 mois voire un an avant de devenir complètement indépendants.

Menaces et conservation

L’ours à lunettes est l’une des espèces d’ours les plus menacées au monde. Sa survie est mise en péril par la dégradation de son habitat à cause de la déforestation pour l’implantation de terres agricoles ou le développement de projets miniers. 

Cet ours est aussi menacé par la chasse pour sa viande, particulièrement appréciée au Pérou, mais aussi pour certaines parties de son corps utilisées dans la médecine traditionnelle asiatique, notamment sa bile et sa graisse. Il est aussi parfois abattu par les fermiers en représailles des dégâts qu’il peut causer dans les cultures ou parce qu’il représente une menace pour le bétail.

Un recensement effectué au début des années 2000 évaluait la population de l’ours à lunettes à seulement 2 000 individus sauvages. Des problèmes de consanguinité affectant la viabilité génétique de l’espèce ont été remarqués, ces derniers ayant été causés par l’isolement et la fragmentation des populations d’ours.

À ce jour, les effectifs de l’ours à lunettes sont estimés à moins de 10 000 individus et l’espèce est classée « Vulnérable » (VU) sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Heureusement, elle est présente dans quelques zones protégées comme la Réserve Écologique de Chaparri au Pérou qui est à l’origine d’initiatives communautaires visant la protection de l’espèce et le développement local.

Le saviez-vous ?

Contrairement à ses cousins des régions nordiques, comme l’ours brun et l’ours noir, qui passent l’hiver dans un état de somnolence au fond d’une tanière, l’ours à lunettes n’hiverne pas. En effet, dans la cordillère des Andes la saisonnalité est différente, il n’y a pas de période vraiment très froide et la nourriture est omniprésente à l’année. L’ours à lunettes n’a donc pas besoin d’hiverner, n’y de s’engraisser pour passer l’hiver.

En parc zoologique

L’ours à lunettes n’est présent que dans une poignée de parcs zoologiques à travers la France. Consultez la liste des zoos français qui hébergent cette espèce.

L’ours à lunettes fait l’objet d’un EEP (Programme Européen pour les Espèces menacées), coordonné par le Zoo de Berlin, en Allemagne.

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